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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 1.1870

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Nr. 3
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Grébaut, Eugène: Des deux yeux du disque solaire, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.12056#0137

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Des deux yeux du disque solaire.

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soit nettement séparée du disque, cet œil droit de la Divinité. Tout hymne un peu développé
établit la distinction avec soin '. Nous comprenons le rôle que joue maintenant une déesse,
œil de Ra, qui personnifie le disque, «sert de parure au dieu, est la lumière» — dit un
texte relatif à Neyeb, rapporté plus loin. Son intervention rend sensible la distinction entre
le disque et la Divinité cachée. Cependant, confondue avec les coiffures et autres attributs
de la lumière solaire, elle n'altère pas la conception monothéiste. Quand il n'était pas
donné de faire disparaître l'image traditionnelle de l'astre rayonnant, cette déesse, en la
représentant par son personnage symbolique, favorisa l'idée pins élevée qu'on se formait de
la Divinité.

On reconnaît une création relativement récente. Les formules du sabéisme ne sont
pas encore oubliées. A côté de passages qui la décrivent entourant le dieu invisible, assurant
son lever et son triomphe, très-souvent, dans le même texte, le dieu se lève, brûle, éclaire,
par lui-même: on le croirait toujours le disque matériel, si le scribe ne nous avertissait pas
qu'il cache l'âme mystérieuse du père des dieux, venant chaque matin dans le disque vivifier
ses créations.

L'étude complète des formes de la déesse-lumière nous obligerait à passer en revue
sa presque totalité des figures féminines, grandes et petites, qui se pressent dans le Panthéon.
Presque toutes — toutes, peut-être — arrivaient à usurper le rôle de la lumière.

Le fait demeure indépendant de son explication. Toutefois, avec ce que j'ai dit de
sa raison d'être, la prépondérance d'une déesse-lumière se justifierait d'elle-même. Les prêtres,
en imposant son type à toutes les formes féminines, obtenaient que les personnages mytho-
logiques des déesses non-seulement ne fissent plus obstacle au dogme monothéiste, mais qu'ils
servissent à le démontrer ! Cette transformation rentrait d'ailleurs dans les développements
réguliers, presque inconscients, de la religion. Nous verrons les déesses de triades, compagnes
du Soleil, opérer si naturellement leur changement en figure symbolique de la lumière qu'on
serait tenté d'y chercher le type premier de cette déesse. Or, de même que les anciens dieux
le confondaient dans le dieu solaire, ou s'y rattachaient plus ou moins étroitement, les déesses
placées à leur côté devenaient compagnes du Soleil, ou étaient toujours mêlées à ses mythes.
Dès lors elles partageaient le sort de toutes les compagnes du Soleil.

Les étudier l'une après l'autre laisserait la chance de retrouver les procédés parti-
culiers et les changements successifs qui les amenèrent, chacune à son tour, au rôle commun ;

1) Je ine bornerai à un exemple remarquable, tiré des Etudes égyptologiques de M. Pierret (I, 66):

«Salut à toi, ô maître puissant, élevant la double plume!......Tu es le maître des devenirs nombreux

(les naissances quotidiennes du Soleil), et, des apparences (littéralement: des couleurs) qui le cachent dans

Vut'a à sa naissance

Loin d'adorer le disque, l'auteur de cette prière salue le maître des naissances solaires, sous
Yapparence de Vut'a, dans lequel il se cache, au lever du Soleil. Rapprochons des derniers mots le passage
de l'hymne de Boulaq: «ô dieu Râ! . . . . ton nom est un mystère à ta naissance». La Divinité, que le
Soleil révèle, lorsqu'il émerge de l'horizon, ne se dévoile pas; elle accomplit une naissance nouvelle, un
«devenir», yeper, venant dans le disque: néanmoins son nom reste inconnu. Ce qui apparaît n'est pas le
dieu, c'est ce qui le cache: nous dirions, ce qui le manifeste.

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