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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 12.1890

DOI issue:
Nr. 1-2
DOI article:
Amélineau, Émile: Lettre à M. Maspero sur la prononciation et la vocalisation du copte et de l'ancien égyptien, [1]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12262#0031
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Lettre a M. Maspero, etc.

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voir arriver à des résultats assez complets pour le but que je me proposais d'atteindre,
lorsqu'un jour, au British Muséum, en copiant un manuscrit tliébain appartenant à Lord
Zouche, la chose me sauta aux yeux.

Ce manuscrit était riche en petites lignes et en points au-dessus des lettres. Je savais,
comme tout le monde, que la petite ligne marquait l'emploi de la lettre e dans la vocali-
sation de la consonne qu'elle affectait; quant aux autres points ou signes, je ne m'en étais
jamais occupé, comme tous les avaient négligé avant moi. On a même pu observer que dans
mes publications j'avais complètement omis la ligne, parce que je connaissais un certain
nombre de très bons manuscrits, les meilleurs à mon sens, où la ligne n'était pas employée :
je crois encore aujourd'hui que c'est la meilleure méthode à employer. Quoi qu'il en soit,
je me demandai ce que signifiaient ces autres signes : il me vint à l'esprit une hypothèse
et je la vérifiai par les faits. Je continuai cette vérification à Oxford sur les fragments de
la Clarendon Press déposés à la Bodléienne; mais c'était à la Bibliothèque nationale que je
devais préciser la plupart de mes résultats, car en classant tous les parchemins coptes qui
ont été rapportés d'Ég}q)te, je trouvai un vaste champ ouvert à mes recherches. Peu à
peu les nuages se dissipaient à mes yeux, le mécanisme de la vocalisation copte se révéla
et je pus mettre la main sur ces règles d'orthographe qui m'étaient nécessaires. Mais en
même temps, comme j'avais présentes à l'esprit la plupart de vos observations personnelles,
je soumis mes propres observations sur le copte à une pierre de touche qui pouvait mon-
trer qu'elles étaient de mauvais aloi : je voulus me justifier à moi-même mes règles ortho-
graphiques du copte par l'orthographe de l'ancien égyptien, hiéroglyphique, hiératique ou
démotique. Mais ici je dois faire une observation préalable.

Vous avez jadis montré que non-seulement le démotique n'était point une langue nou-
velle, mais que l'écriture elle-même qu'on nomme démotique n'était qu'une déformation
abrégée de l'écriture hiératique, et que les scribes égyptiens, usant de l'une ou l'autre forme
d'écriture, employaient toujours la même orthographe, c'est-à-dire le même nombre de signes
pour le même mot. Quand vous fîtes cette démonstration dans votre article : Une page du
roman de Setna transcrite en hiéroglyphes,1 il n'y eut pas assez de voix pour crier au scan-
dale : vous renversiez en effet toutes les théories ambitieuses qu'on avait péniblement écha-
faudées. Depuis, le silence s'est fait et tout le monde, ou à peu près, s'est rangé à votre
manière de voir. Il n'en pouvait être autrement, car elle est rationnelle : un peuple ne fait
pas usage de plusieurs langues pour le simple plaisir d'en avoir deux ou trois à son service,
et n'invente pas un nouveau système d'écriture pour embarrasser les écoliers ou les scribes,
surtout un peuple aussi obstinément attaché à ses anciennes coutumes que le peuple égyptien.
11 en a été de même pour vos essais de vocalisation : on a crié contre le principe et cepen-
dant chacun y vient en sourdine. On s'est élevé contre l'usage que vous avez fait des
transcriptions grecques et autant contre les preuves tirées du copte. Je citerai ici les paroles
de votre protagoniste, car elles vont droit à l'encontre de la thèse que je vais soutenir. «On
cherche trop, dit M. Naville, à retrouver tels quels en copte les mots et les formes de
l'ancien égyptien. Il semble que le copte ne soit qu'une transcription en lettres grecques de
la langue des Pharaons, et l'on passe trop facilement sur ce qui sépare ces idiomes et sur

1) Zeitschrift fur egyptische Sprache, 1874.
Recueil. XII.

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