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Monuments des VIIIe—Xe dynasties.
sur laquelle figure nu |l J , nom fort rare et qui est celui d'un des rois de cette époque
sur la liste d'Abydos.
Je ne puis aussi que renvoyer aux recherches de M. Maspero dans les nécropoles
memphites,1 où il a rencontré des tombeaux d'une construction particulière qu'il n'est pas
invraisemblable d'attribuer aux dynasties intermédiaires entre l'ancien et le moyen empire.
M. SchiapareijLi de son côté, dans son Catalogue du Musée de Florence (p. 190—191),
a décrit certains monuments qu'il attribue aussi à cette époque. Il s'appuie sur des con-
sidérations de style dont on ne peut .juger qu'en face des stèles elles-mêmes. Mais je ne
puis m'empécher de dire, qu'il renvoie à la XIe dynastie un des monuments qu'on peut
donner avec le plus de probabilité aux temps antérieurs.
C'est une statuette d'un caractère tout-à-fait spécial : « Elle représente le défunt.
assis sur un siège très singulier à haut dossier. Les bras sont adhérents aux flancs et les
mains sont appliquées sur le bord de la shenti, qui est blanche et plissée à plis fins et réguliers ;
sa taille est serrée dans une ceinture de couleur jaune ; les cheveux sont courts et réunis en
petites boucles : au cou il porte un collier qui paraît formé de pièces de verre. Le reste du
corps est nu et coloré en rouge foncé, tel qu'on représente la carnation des hommes de l'ancien
empire. Les yeux sont gros et paraissent sortir de leur orbite, comme ceux d'un homme en
fureur. Les muscles de la poitrine sont très développés; les pieds sont démesurés : les lignes
sont très anguleuses, mais pleines de vigueur. Cette statue n'a de conventionnel que la pose
et révèle en celui qui l'a sculptée un artiste peu habile, mais imitateur soigneux de la
nature. L'inscription horriblement gravée et peinte en rouge couvre le côté postérieur du
siège et se poursuit sur le côté droit : f= ^ ] ^ g ^ Çj? J » ^JJ ^ ^
yy* j t I m?I't ® <<^)on ^e r°y'e^e offrande à Osiris, seigneur
d Abydos. Qu'il accorde le për-kkrou au double de Thoti, fils d'Anou. Par son frère2 Snibef
qui fait vivre son nom. » — Calcaire peint, h. 0m 22. (
Deux choses frappent dans ce petit monument : son caractère artistique et les noms
des personnages.
La rudesse du travail, mais sa liberté dans Toubli des formes conventionnelles le pla-
ceraient bien à une époque telle que nous nous figurons l'intervalle qui sépare la VI" dynastie
de la XIIe, période de division de l'Egypte partagée probablement entre plusieurs dynasties
rivales (la VIIIe à Memphis, la IXe et la Xe à Héracléopolis) sans compter les princes
féodaux, plus ou moins indépendants, comme les —» de Thèbcs du nom d'Antuf et de
Menfhouhotep origine de la XIe dynastie. Les égyptologues ont constaté à cette époque
une éclipse de l'art des premières dynasties, suivie de tentatives qui préparent la renais-
sance sous la XII" dynastie. Aussi M. Schiaparelli attribue-t-il la statuette du Musée à la
XIe—XIIe dynastie. Je la regarde comme un monument des dynasties intermédiaires entre
la VI" et la XIe.
Un deuxième indice de cette attribution se tire du nom ~ " %> Ce nom ne se
trouve ni au catalogue d'Abydos de Mariette, ni au Dictionnaire des noms de M Lieblein.
1) Trois années de fouilles dans les Mémoires de la mission au Caire, t. i, p. 194 sqq.
est tracé en écriture hiératique. M. Schiaparelli l'a lu, à tort, selon moi, £^ et
traduit «Per parte del suo nipote Senbef».
Monuments des VIIIe—Xe dynasties.
sur laquelle figure nu |l J , nom fort rare et qui est celui d'un des rois de cette époque
sur la liste d'Abydos.
Je ne puis aussi que renvoyer aux recherches de M. Maspero dans les nécropoles
memphites,1 où il a rencontré des tombeaux d'une construction particulière qu'il n'est pas
invraisemblable d'attribuer aux dynasties intermédiaires entre l'ancien et le moyen empire.
M. SchiapareijLi de son côté, dans son Catalogue du Musée de Florence (p. 190—191),
a décrit certains monuments qu'il attribue aussi à cette époque. Il s'appuie sur des con-
sidérations de style dont on ne peut .juger qu'en face des stèles elles-mêmes. Mais je ne
puis m'empécher de dire, qu'il renvoie à la XIe dynastie un des monuments qu'on peut
donner avec le plus de probabilité aux temps antérieurs.
C'est une statuette d'un caractère tout-à-fait spécial : « Elle représente le défunt.
assis sur un siège très singulier à haut dossier. Les bras sont adhérents aux flancs et les
mains sont appliquées sur le bord de la shenti, qui est blanche et plissée à plis fins et réguliers ;
sa taille est serrée dans une ceinture de couleur jaune ; les cheveux sont courts et réunis en
petites boucles : au cou il porte un collier qui paraît formé de pièces de verre. Le reste du
corps est nu et coloré en rouge foncé, tel qu'on représente la carnation des hommes de l'ancien
empire. Les yeux sont gros et paraissent sortir de leur orbite, comme ceux d'un homme en
fureur. Les muscles de la poitrine sont très développés; les pieds sont démesurés : les lignes
sont très anguleuses, mais pleines de vigueur. Cette statue n'a de conventionnel que la pose
et révèle en celui qui l'a sculptée un artiste peu habile, mais imitateur soigneux de la
nature. L'inscription horriblement gravée et peinte en rouge couvre le côté postérieur du
siège et se poursuit sur le côté droit : f= ^ ] ^ g ^ Çj? J » ^JJ ^ ^
yy* j t I m?I't ® <<^)on ^e r°y'e^e offrande à Osiris, seigneur
d Abydos. Qu'il accorde le për-kkrou au double de Thoti, fils d'Anou. Par son frère2 Snibef
qui fait vivre son nom. » — Calcaire peint, h. 0m 22. (
Deux choses frappent dans ce petit monument : son caractère artistique et les noms
des personnages.
La rudesse du travail, mais sa liberté dans Toubli des formes conventionnelles le pla-
ceraient bien à une époque telle que nous nous figurons l'intervalle qui sépare la VI" dynastie
de la XIIe, période de division de l'Egypte partagée probablement entre plusieurs dynasties
rivales (la VIIIe à Memphis, la IXe et la Xe à Héracléopolis) sans compter les princes
féodaux, plus ou moins indépendants, comme les —» de Thèbcs du nom d'Antuf et de
Menfhouhotep origine de la XIe dynastie. Les égyptologues ont constaté à cette époque
une éclipse de l'art des premières dynasties, suivie de tentatives qui préparent la renais-
sance sous la XII" dynastie. Aussi M. Schiaparelli attribue-t-il la statuette du Musée à la
XIe—XIIe dynastie. Je la regarde comme un monument des dynasties intermédiaires entre
la VI" et la XIe.
Un deuxième indice de cette attribution se tire du nom ~ " %> Ce nom ne se
trouve ni au catalogue d'Abydos de Mariette, ni au Dictionnaire des noms de M Lieblein.
1) Trois années de fouilles dans les Mémoires de la mission au Caire, t. i, p. 194 sqq.
est tracé en écriture hiératique. M. Schiaparelli l'a lu, à tort, selon moi, £^ et
traduit «Per parte del suo nipote Senbef».