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LES INSCRIPTIONS DU WADI BRISSA ET DU NAHR EL-KELB
nouveau, en changeant parfois seulement l'ordre de plusieurs sections, en arrangeant
les phrases qui forment les transitions. Pour la démonstration de ces procédés, il faudra
consulter les notes et l'introduction critique dans mon prochain travail. Comment le
rédacteur modifiait-il un récit au profit d'un dogme religieux ou d'une tendance poli-
tique? On le verra par la méthode unique du n° 15. ■
Avant d'étudier les sources littéraires de l'inscription du Wadi Brissa, je veux dis-
cuter quelques questions matérielles. D'après Pognon (p. 3), le graveur a creusé dans
le rocher une niche de 5 mètres 50 de longueur sur 3 mètres de hauteur, beaucoup plus
profonde à gauche qu'à droite. Dans cette niche énorme pour une inscription, il a com-
mencé par la gauche, après avoir placé dans cette partie de la niche un bas-relief re-
présentant un homme debout, la face tournée à droite, saisissant de son bras un lion
qui se dresse pour terrasser son adversaire. Derrière l'homme est gravée la dédicace à
Gula cle Borsippa. Entre le lion et l'homme, le lapicide a gravé la première colonne au-
dessus et au-dessous du bras qui saisit le lion, et la seconde au-dessus de la tête du lion.
Vers la droite suivent sept autres colonnes, qui remplissent la niche. Malgré la grande
étendue de cette niche, d'après mes calculs, la neuvième colonne se terminait par le
récit des constructions de temples dans Babylone (voir plus loin mon analyse), c'est-à-
dire que, un peu plus que la moitié de cette inscription a été écrite en caractères ar-
chaïques, dans cette grande niche. Mais pourquoi le sculpteur n'a-t-il pas fini son
travail? Je crois qu'il désespéra de finir cette tâche difficile et choisit le rocher du
Nahr el-Kelb pour sculpter les dernières colonnes. Au moins j'ai démontré, dans le
commentaire cle l'inscription du Nahr el-Kelb, que cette inscription commence où la
colonne 9 cle l'inscription archaïque du Wadi Brissa se termine, et que les quatre
colonnes clu Nahr-el-Kelb la continuent jusqu'à la fin en caractères néo-babyloniens.
Mais l'inscription tout entière se trouve écrite en caractères néo-babyloniens, sur
un rocher vis-à-vis de l'inscription archaïque. Le sculpteur a creusé une niche beau-
coup moins vaste, d'une longueur de 3 mètres 50 sur une hauteur de 2 mètres 80. Il
a gravé six colonnes dans cette niche et sculpté un bas-relief, entre la cinquième et la
sixième, un homme debout devant un arbre. Encore le sculpteur a-t-il mal calculé,
car il a rempli la niche avec six colonnes; les quatre dernières sont écrites sur la sur-
face clu rocher, à droite cle la niche. D'après mes calculs ultérieurs, ce bas-relief est
placé au milieu clu récit relatif aux temples cle Babylone. Cette position a-t-elle une
signification, je l'ignore; mais j'observe que la cinquième colonne, vers laquelle l'homme
se tourne, parle clu temple Eharsagella à Gula, et qu'immédiatement après la sixième
parle clu temple Esabi à Gula. De plus l'inscription en caractères archaïques est dédiée
à Gula cle Borsippa. L'arbre qui est au milieu cle la colonne 5 est dépourvu cle feuilles.
Implorait-on Gula, maîtresse cle la vie, pour rendre la vie même aux arbres?
En général, les inscriptions clu Wadi Brissa sont numérotées A, B, C : A pour la
dédicace à Gula, B pour l'inscription archaïque et C pour l'inscription néo-babylo-
nienne. Dans ce travail, j'appelle A l'inscription archaïque et B la néo-babylonienne.
Le texte de A est mieux conservé que celui cle B clans la première moitié de l'inscrip-
tion; c'est pourquoi les chiffres des lignes et le texte sont ceux cle A jusqu'à la fin cle
LES INSCRIPTIONS DU WADI BRISSA ET DU NAHR EL-KELB
nouveau, en changeant parfois seulement l'ordre de plusieurs sections, en arrangeant
les phrases qui forment les transitions. Pour la démonstration de ces procédés, il faudra
consulter les notes et l'introduction critique dans mon prochain travail. Comment le
rédacteur modifiait-il un récit au profit d'un dogme religieux ou d'une tendance poli-
tique? On le verra par la méthode unique du n° 15. ■
Avant d'étudier les sources littéraires de l'inscription du Wadi Brissa, je veux dis-
cuter quelques questions matérielles. D'après Pognon (p. 3), le graveur a creusé dans
le rocher une niche de 5 mètres 50 de longueur sur 3 mètres de hauteur, beaucoup plus
profonde à gauche qu'à droite. Dans cette niche énorme pour une inscription, il a com-
mencé par la gauche, après avoir placé dans cette partie de la niche un bas-relief re-
présentant un homme debout, la face tournée à droite, saisissant de son bras un lion
qui se dresse pour terrasser son adversaire. Derrière l'homme est gravée la dédicace à
Gula cle Borsippa. Entre le lion et l'homme, le lapicide a gravé la première colonne au-
dessus et au-dessous du bras qui saisit le lion, et la seconde au-dessus de la tête du lion.
Vers la droite suivent sept autres colonnes, qui remplissent la niche. Malgré la grande
étendue de cette niche, d'après mes calculs, la neuvième colonne se terminait par le
récit des constructions de temples dans Babylone (voir plus loin mon analyse), c'est-à-
dire que, un peu plus que la moitié de cette inscription a été écrite en caractères ar-
chaïques, dans cette grande niche. Mais pourquoi le sculpteur n'a-t-il pas fini son
travail? Je crois qu'il désespéra de finir cette tâche difficile et choisit le rocher du
Nahr el-Kelb pour sculpter les dernières colonnes. Au moins j'ai démontré, dans le
commentaire cle l'inscription du Nahr el-Kelb, que cette inscription commence où la
colonne 9 cle l'inscription archaïque du Wadi Brissa se termine, et que les quatre
colonnes clu Nahr-el-Kelb la continuent jusqu'à la fin en caractères néo-babyloniens.
Mais l'inscription tout entière se trouve écrite en caractères néo-babyloniens, sur
un rocher vis-à-vis de l'inscription archaïque. Le sculpteur a creusé une niche beau-
coup moins vaste, d'une longueur de 3 mètres 50 sur une hauteur de 2 mètres 80. Il
a gravé six colonnes dans cette niche et sculpté un bas-relief, entre la cinquième et la
sixième, un homme debout devant un arbre. Encore le sculpteur a-t-il mal calculé,
car il a rempli la niche avec six colonnes; les quatre dernières sont écrites sur la sur-
face clu rocher, à droite cle la niche. D'après mes calculs ultérieurs, ce bas-relief est
placé au milieu clu récit relatif aux temples cle Babylone. Cette position a-t-elle une
signification, je l'ignore; mais j'observe que la cinquième colonne, vers laquelle l'homme
se tourne, parle clu temple Eharsagella à Gula, et qu'immédiatement après la sixième
parle clu temple Esabi à Gula. De plus l'inscription en caractères archaïques est dédiée
à Gula cle Borsippa. L'arbre qui est au milieu cle la colonne 5 est dépourvu cle feuilles.
Implorait-on Gula, maîtresse cle la vie, pour rendre la vie même aux arbres?
En général, les inscriptions clu Wadi Brissa sont numérotées A, B, C : A pour la
dédicace à Gula, B pour l'inscription archaïque et C pour l'inscription néo-babylo-
nienne. Dans ce travail, j'appelle A l'inscription archaïque et B la néo-babylonienne.
Le texte de A est mieux conservé que celui cle B clans la première moitié de l'inscrip-
tion; c'est pourquoi les chiffres des lignes et le texte sont ceux cle A jusqu'à la fin cle