Quelques documents, etc.
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cision la durée des règnes des souverains égyptiens, ne nous permet pas de rabaisser la dernière année
de Tahraku en dessous de la première année d'Assourbanipal. En effet, le canon des rois inséré en tête
des ouvrages de l'astronome-géographe Ptolémée, canon dont l'exactitude est absolue, ainsi qu'on a pu le
vérifier par les contrats babyloniens, 'fixe à 138 ans l'intervalle qui sépare la fin du règne d'Assuraddon
à Babylone, c'est-à-dire le commencement du règne d'Assurbanipal à Ninive, de la fin du règne de Cyrus,
autrement dit de l'avènement de Cambyse. Or, la durée du règne de Psammétiku Ier est de 54 ans, au
lieu de 45 qu'en indiquait le Manétlion d'Eusèbe, celle de Néchao de 16 ans au lieu de 6 qu'indiquait
Manéthon,1 celle de Psammétiku II de 5 ans au lieu de 6 qu'indiquait Manéthon,2 celle du règne d'Apriès
de 19 ans au lieu de 21 qu'indiquait Manéthon,3 ainsi que la montré notre cher maître M. de Rougé par
des preuves documentaires incontestables. Nous avons donc déjà 94 ans pour quatre règnes. De son côté,
Amasis a atteint la 44e année de son règne, une inscription hiéroglyphique le démontre, et cela ne fait
pas 44 ans, comme l'avait dit Hérodote, car la première coïncide avec la dernière d'Apriès. Mais son fils
Psammétique III, qui était encore reconnu comme roi à Thèbes au moins jusqu'à la fin de sa 4e année —
un contrat démotique que nous reproduirons bientôt le prouve et d'ailleurs on fit sous son nom dans
cette ville des constructions qui devaient demander du temps — a certainement régné d'une façon effective
sur toute l'Egypte, plusieurs mois pour le moins. L'intervalle qui sépare l'avènement de Psammétique Ier
du renversement de Psammétique III étant d'au rnoins 137 ans égale donc presque l'intervalle de 138 qui
sépare la mort d'Assaraddon de la mort de Cyrus. Reste à déterminer le moment de son règne où Cam-
byse conquit l'Egypte : une stèle du Sérapéum, dont j'ai le premier fait remarquer (en 1888—1889) les indi-
cations historiques dans mon catalogue de la sculpture égyptienne, nous apprend qu'un Apis, mort la
quatrième année de Darius, était né la cinquième année d'un roi précédent dont le nom est effacé, mais
qui ne peut être que Cambyse, et elle ajoute que la durée totale de sa vie fut de huit ans. Pour que huit
ans séparent ainsi la cinquième année de Cambyse de la quatrième de Darius, il faut que le règne égyptien
de Cambyse n'ait pas été moindre de beaucoup de son règne asiatique, qui atteignit, selon le calcul tou-
jours si exact du canon des rois de Ptolémée, confirmé du reste par toute la série des tablettes babyloniennes,
la huitième année, en dehors de l'année d'avènement toujours mise à part chez les Babyloniens. En effet
si le mage Smerdis, en babylonien Barzia, dont le canon ne tient pas compte, parce que Darius se con-
sidérait comme le successeur légitime de Cambyse, fut, au contraire, conservé sur la liste des règnes en
Egypte où le satrape Aryandès établi par Cambyse se conduisait d'une façon si indépendante que Darius
finit par le mettre à mort, si, par conséquent, le règne de Darius n'y commença officiellement qu'après
l'assassinat de Barzia, le prétendu mage, cela ne nous donnerait encore qu'un intervalle de dix ans au
plus entre l'avènement de Cambyse et l'avènement de Darius sur le trône égyptien, puisque le règne de
Barzia ne paraît pas avoir dépassé en Asie sa première année après son année d'avènement. L'Apis, mort
en Payni, a vécu prés de quatre ans sous Darius. En admettant qu'Aryandès eut retardé de deux ans
le comput égyptien de Darius après la mort de Cambyse, il faudrait encore que cet Apis eut vécu plus
de deux ans sous Cambyse depuis la cinquième année de ce règne, ce qui obligerait à supposer que Cam-
byse conquit l'Egypte , dans l'année qui suivit celle de son avènement en Asie. Nous possédons d'ailleurs
aussi au Louvre une stèle de l'an 6 de Cambyse.
parfaite avec les stèles d'Apis, il faut compter les chiffres particuliers de ces trois règnes d'une autre manière que ne l'ont fait Rosellini
d'une part et M. de Bunsen de l'autre. Il faut attribuer chronologiquement 15 ans à Nékao (sa 16e année se confond avec la première
de Psammétik II), 6 ans à Psammétik II et conserver à Apriès les 19 ans entiers que lui donne l'Africain. Ces chiffres satisfont aux
exigences des divers monuments, comme on peut s'en convaincre dans le tableau de concordance que je joins à cette notice. »
Nous ne reproduirons pas ici ce tableau de concordance, fort bien calculé du reste, mais seulement les données qui en sont
le point de départ — en dehors; bien entendu, de la stèle d'Apis que nous traduisons ici. Un autre Apis, né le 19 Méchir de l'an 53 de
Psammétique Ier, est mort le 6 Paophi de l'an 16 de Nékao après 16 ans, 7 mois et 17 jours de vie. Un Égyptien, né le 1er Epiphi de
l'an Ier de Nékao, est mort le 28 Pharmouthi de l'an 27 d'Amasis à 68 ans, 10 mois, 2 jours. Un Égyptien, né le 1er Payni de l'an 3
de Nékao, est mort le 6 Paophi de l'an 35 d'Amasis à 71 ans, 4 mois, 6 jours. Un Apis, né le 7 Paophi de l'an 16 de Nékao, est mort
le 6 Phaménoth de l'an 23 d'Amasis à 18 ans, 6 mois,
1 A propos de l'Apis, né le 10 Méchir de l'an 53 de Psammétique Ier et mort le 6 Paophi de l'an 16 de Néchao après 16 ans,
7 mois, 17 jours. M. de Rougé fait observer : «Cette énonciation dans l'épitaphe est rigoureusement exacte ; dans cette manière de compter
on a omis exprès les 5 jours épagomènes de la dernière année ; c'était la manière sacrée de compter les jours.
2 A propos de l'Apis, né le 7 Paophi de l'an 16 de Néchao et mort le 12 Pharmouthi de l'an 12 d'Apriès après 17 ans, 6 mois
et 5 jours, M. de Rougé dit : «Cette 16e année de Néchao II fut interrompue par le changement de règne arrivé entre les mois de
Paophi et de Phaménoth; chronologiquement elle doit compter à Psammétique.»
3 Voici comment M. de Rougé comprend les trois dernières inscriptions. A propos de l'Apis, né le 7 Paophi de l'an 16 de Né-
chao et mort le 6 Phaménoth de l'an 23 d'Amasis à 18 ans et 6 mois, il dit : « Pour que cette durée de la vie du taureau soit parfaite-
ment exacte, il faut admettre qu'on a compté jusqu'au jour de sa mort inclusivement.» Pour l'Égyptien né le 1er Epiphi de l'an 3
de Néchao et mort le 28 Pharmouthi de l'an 27 d'Amasis à 65 ans, 10 mois, 2 jours, il dit : «Pour retrouver ce total, il faut compter
ici les épagomènes de la dernière année et laisser en dehors le jour de la mort.» Enfin pour l'Égyptien né le 1er Payni de l'an 3 de
Néchao et mort le 6 Paophi de l'an 35 d'Amasis à 71 ans, 4 mois, 6 jours, il dit : «Ce calcul laisse au contraire en dehors les épagomènes
de la dernière année et comprend le jour de la mort. » Nous avons tenu, pour une question aussi importante que la chronologie de la
XXVIe dynastie, à donner tous les résultats, fort exacts d'ailleurs, des calculs de M. de Rougé sur les stèles en question.
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cision la durée des règnes des souverains égyptiens, ne nous permet pas de rabaisser la dernière année
de Tahraku en dessous de la première année d'Assourbanipal. En effet, le canon des rois inséré en tête
des ouvrages de l'astronome-géographe Ptolémée, canon dont l'exactitude est absolue, ainsi qu'on a pu le
vérifier par les contrats babyloniens, 'fixe à 138 ans l'intervalle qui sépare la fin du règne d'Assuraddon
à Babylone, c'est-à-dire le commencement du règne d'Assurbanipal à Ninive, de la fin du règne de Cyrus,
autrement dit de l'avènement de Cambyse. Or, la durée du règne de Psammétiku Ier est de 54 ans, au
lieu de 45 qu'en indiquait le Manétlion d'Eusèbe, celle de Néchao de 16 ans au lieu de 6 qu'indiquait
Manéthon,1 celle de Psammétiku II de 5 ans au lieu de 6 qu'indiquait Manéthon,2 celle du règne d'Apriès
de 19 ans au lieu de 21 qu'indiquait Manéthon,3 ainsi que la montré notre cher maître M. de Rougé par
des preuves documentaires incontestables. Nous avons donc déjà 94 ans pour quatre règnes. De son côté,
Amasis a atteint la 44e année de son règne, une inscription hiéroglyphique le démontre, et cela ne fait
pas 44 ans, comme l'avait dit Hérodote, car la première coïncide avec la dernière d'Apriès. Mais son fils
Psammétique III, qui était encore reconnu comme roi à Thèbes au moins jusqu'à la fin de sa 4e année —
un contrat démotique que nous reproduirons bientôt le prouve et d'ailleurs on fit sous son nom dans
cette ville des constructions qui devaient demander du temps — a certainement régné d'une façon effective
sur toute l'Egypte, plusieurs mois pour le moins. L'intervalle qui sépare l'avènement de Psammétique Ier
du renversement de Psammétique III étant d'au rnoins 137 ans égale donc presque l'intervalle de 138 qui
sépare la mort d'Assaraddon de la mort de Cyrus. Reste à déterminer le moment de son règne où Cam-
byse conquit l'Egypte : une stèle du Sérapéum, dont j'ai le premier fait remarquer (en 1888—1889) les indi-
cations historiques dans mon catalogue de la sculpture égyptienne, nous apprend qu'un Apis, mort la
quatrième année de Darius, était né la cinquième année d'un roi précédent dont le nom est effacé, mais
qui ne peut être que Cambyse, et elle ajoute que la durée totale de sa vie fut de huit ans. Pour que huit
ans séparent ainsi la cinquième année de Cambyse de la quatrième de Darius, il faut que le règne égyptien
de Cambyse n'ait pas été moindre de beaucoup de son règne asiatique, qui atteignit, selon le calcul tou-
jours si exact du canon des rois de Ptolémée, confirmé du reste par toute la série des tablettes babyloniennes,
la huitième année, en dehors de l'année d'avènement toujours mise à part chez les Babyloniens. En effet
si le mage Smerdis, en babylonien Barzia, dont le canon ne tient pas compte, parce que Darius se con-
sidérait comme le successeur légitime de Cambyse, fut, au contraire, conservé sur la liste des règnes en
Egypte où le satrape Aryandès établi par Cambyse se conduisait d'une façon si indépendante que Darius
finit par le mettre à mort, si, par conséquent, le règne de Darius n'y commença officiellement qu'après
l'assassinat de Barzia, le prétendu mage, cela ne nous donnerait encore qu'un intervalle de dix ans au
plus entre l'avènement de Cambyse et l'avènement de Darius sur le trône égyptien, puisque le règne de
Barzia ne paraît pas avoir dépassé en Asie sa première année après son année d'avènement. L'Apis, mort
en Payni, a vécu prés de quatre ans sous Darius. En admettant qu'Aryandès eut retardé de deux ans
le comput égyptien de Darius après la mort de Cambyse, il faudrait encore que cet Apis eut vécu plus
de deux ans sous Cambyse depuis la cinquième année de ce règne, ce qui obligerait à supposer que Cam-
byse conquit l'Egypte , dans l'année qui suivit celle de son avènement en Asie. Nous possédons d'ailleurs
aussi au Louvre une stèle de l'an 6 de Cambyse.
parfaite avec les stèles d'Apis, il faut compter les chiffres particuliers de ces trois règnes d'une autre manière que ne l'ont fait Rosellini
d'une part et M. de Bunsen de l'autre. Il faut attribuer chronologiquement 15 ans à Nékao (sa 16e année se confond avec la première
de Psammétik II), 6 ans à Psammétik II et conserver à Apriès les 19 ans entiers que lui donne l'Africain. Ces chiffres satisfont aux
exigences des divers monuments, comme on peut s'en convaincre dans le tableau de concordance que je joins à cette notice. »
Nous ne reproduirons pas ici ce tableau de concordance, fort bien calculé du reste, mais seulement les données qui en sont
le point de départ — en dehors; bien entendu, de la stèle d'Apis que nous traduisons ici. Un autre Apis, né le 19 Méchir de l'an 53 de
Psammétique Ier, est mort le 6 Paophi de l'an 16 de Nékao après 16 ans, 7 mois et 17 jours de vie. Un Égyptien, né le 1er Epiphi de
l'an Ier de Nékao, est mort le 28 Pharmouthi de l'an 27 d'Amasis à 68 ans, 10 mois, 2 jours. Un Égyptien, né le 1er Payni de l'an 3
de Nékao, est mort le 6 Paophi de l'an 35 d'Amasis à 71 ans, 4 mois, 6 jours. Un Apis, né le 7 Paophi de l'an 16 de Nékao, est mort
le 6 Phaménoth de l'an 23 d'Amasis à 18 ans, 6 mois,
1 A propos de l'Apis, né le 10 Méchir de l'an 53 de Psammétique Ier et mort le 6 Paophi de l'an 16 de Néchao après 16 ans,
7 mois, 17 jours. M. de Rougé fait observer : «Cette énonciation dans l'épitaphe est rigoureusement exacte ; dans cette manière de compter
on a omis exprès les 5 jours épagomènes de la dernière année ; c'était la manière sacrée de compter les jours.
2 A propos de l'Apis, né le 7 Paophi de l'an 16 de Néchao et mort le 12 Pharmouthi de l'an 12 d'Apriès après 17 ans, 6 mois
et 5 jours, M. de Rougé dit : «Cette 16e année de Néchao II fut interrompue par le changement de règne arrivé entre les mois de
Paophi et de Phaménoth; chronologiquement elle doit compter à Psammétique.»
3 Voici comment M. de Rougé comprend les trois dernières inscriptions. A propos de l'Apis, né le 7 Paophi de l'an 16 de Né-
chao et mort le 6 Phaménoth de l'an 23 d'Amasis à 18 ans et 6 mois, il dit : « Pour que cette durée de la vie du taureau soit parfaite-
ment exacte, il faut admettre qu'on a compté jusqu'au jour de sa mort inclusivement.» Pour l'Égyptien né le 1er Epiphi de l'an 3
de Néchao et mort le 28 Pharmouthi de l'an 27 d'Amasis à 65 ans, 10 mois, 2 jours, il dit : «Pour retrouver ce total, il faut compter
ici les épagomènes de la dernière année et laisser en dehors le jour de la mort.» Enfin pour l'Égyptien né le 1er Payni de l'an 3 de
Néchao et mort le 6 Paophi de l'an 35 d'Amasis à 71 ans, 4 mois, 6 jours, il dit : «Ce calcul laisse au contraire en dehors les épagomènes
de la dernière année et comprend le jour de la mort. » Nous avons tenu, pour une question aussi importante que la chronologie de la
XXVIe dynastie, à donner tous les résultats, fort exacts d'ailleurs, des calculs de M. de Rougé sur les stèles en question.
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