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Revue égyptologique — 13.1911

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Nr. 1-3
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Revillout, Eugène: Supplément sur le décret de Philée et le classement historique des diverses versions de Rosette
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https://doi.org/10.11588/diglit.11502#0138
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128

Eugène Revillout.

Conclusions et conjectures.

Tout d'abord une question frappe. Comment se fait-il que les trois conciles successifs réunis en
l'an 9, en l'an 21 et en l'an 23 dans le même temple de Memphia et avec des décisions également générais
dans la forme, puisqu'elles devaient être affichés dans (tous) les temples de lre, de 2mc et de 3,n0 ordre,
aient cependent établi des régimes entièrement différents pour la province ou épistratôgie de Thébaïde
et pour l'Égypte proprement dite? Or, il faut bien admettre cette conclusion qu'impose la comparaison
de nos trois décrets. Nous n'avons pas affaire, en effet, à une simple question de date entraînant des
modifications partout, puisqu'en Thébaïde, en l'an 21, on associe la reine au roi, tandis qu'en l'an 23, à
Naucratis, on en est resté sous ce rapport à ce qu'avait établi le décret de Kosette en l'an 9, quand il
décrétait certains honneurs au roi seul. Il est vrai que ces honneurs royaux sont un peu sabrés dans le
décret de Naucratis, tandis qu'ils sont longuement développés dans le décret de Philée, comme à Rosette.
C'est donc bien une question de régime local qu'on a en vue, et qu'on simplifie, même dans lÉgypte
proprement dite, dans certains lieux 'déterminés.

Et ce que nous avons dit des honneurs royaux, nous le remarquons aussi dans l'exposé historique
qui précède.

A Philée on ne cite que les événements récents de Thébaïde. Dans le décret postérieur de Naucratis
on en revient aux faits de guerre déjà bien anciens du décret de Rosette de l'an 9, à la campagne de
Lycopolis etc. D'où vient cette double différence : suppression à Naucratis de la plupart des détails du
culte royal réduit a l'indispensable; rappel des événements si anciens de Lycopolis qu'on avait passés sous
silence à Philée?

Pour la 1ro on peut penser que la vieille république grecque de Naucratis fondée sous Psammétique,
ayant le Panhelléneion décrit par Hérodote etc., avait gardé certaines susceptibilités qui allaient mal avec
la nouvelle liturgie royale. Il est probable que, dans les trois décrets, on vise trois victoires de la puissance
d'Épiphane, et que celui de l'an 23 se rapporte à une soumission effective de la dite république grecque.
Or, lors de cette soumission, il pouvait être bon de ne pas trop insister sur certains points idolatriques en-
traînant une vieille répugnance chez les Grecs. Il pouvait être bon, au contraire, de rappeler à des gens
peu soumis d'habitude que le roi savait châtier, comme il l'avait fait pour la ville de Lycopolis très
voisine de Naucratis.

En effet, cette Lycopolis-là était celle du nome de Busiritc et le dernier atlas anglais nous montre
Busiris directement en face de Naucratis.

Nous avons dit que la dernière étape des progrès d'Épiphane paraît avoir été, en l'an 23, la sou-
mission définitive do la vieille république grecque de Naucratis, dont parle tant Hérodote. Depuis lors, on
effet, la citée grecque fondée par Alexandre, l'ancienne Racoti devune Alexandrie, eut seul le rôle de répu-
blique grecque quasi indépendente en Égypte. Elle l'avait eu sons les Ptolémées probablement depuis
Alexandre. Elle l'eut encore sous les Romains; Trajan, dans sa lettre à Pline, nous apprend même qu'Au-
guste, en interdisant de donner jamais la citée romaine à un égyptien, n'avait laissé pour ceux-ci qu'un
seul moyen d'y arriver — se faire nommer d'abord citoyens de la ville grecque libre d'Alexandrie. Nous
n'insisterons pas sur les milliers de documents contemporains qui viendraient illustrer ce que nous disons
sur Alexandrie.

Il serait utile maintenant d'examiner les étapes précédentes des progrès de cet Épiphane qui, au
début de son règne, avait vu, en dehors d'Alexandrie, l'Egypte presque entière lui échapper. Nous avons
déjà dit plus haut que nous avions tendance à nous écarter de notre première opinion, d'après laquelle
les rois révoltés de Thébaïde auraient été soumis en môme temps que les dynastes Athinis, Pausiris,
Chesouphos et Irobastos, envers lesquels Épiphane avait manqué a ses promesses, quand il avait 25 ans.
Il n'en avait que 24 en l'an 19, quand il reprit possession de la Thébaïde jusque-là occupée par les
Anch (Anchmaehis etc.) selon les termes du décret de Philée. Les phrases qui nous restent de cette
partie du décret semblent nous prouver que cette prise de possession eut lieu à la suite d'une capitulation.
Anchmaehis retourna dans son pays de Nubie, dont il eut le gouvernement sous le titre de préfet, c'est-
à-dire en reconnaissant, même en Nubie, l'hégémomie théorique du roi lagide.
 
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