Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue égyptologique — 13.1911

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Revillout, Eugène: Lettre à M. Clermont Ganneau de l'Institut sur les monnaies mentionnées dans les papyrus araméens d'Éléphantine
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11502#0172
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
162

Eugène Eevillout.

en traitant des plus anciennes monnaies hébraïques, nous en avons montré les nombreuses
applications dans le système pondéral-monétaire phénico-grec. Les Araméens d'Egypte avaient
dû y avoir recours pour calculer, d'après des unités monétaires bien connues, le taux de
l'intérêt, qu'ils ne pouvaient évaluer, comme les Chaldéens, d'après la mine (un sekel par
mine et par mois), puisque la mine n'était pas connue alors en Egypte,1 et que l'argent
était, du reste, plus cher dans ce pays que dans la Mésopotamie. Il faut remarquer que
cette division par 3 des poids monnaies ne devait pas étonner les Égyptiens (qui cependant
calculaient l'intérêt à 30 pour cent d'après la proportion d'un kati par tétramenie et par
outen); car à côté de la division par 2 et de la division par 5 ou 10, que les Hébreux ont
aussi connue l'une et l'autre, les Égyptiens, bien avant Alexandre conquérant d'Égypte,
avaient parallèlement la division par 3,2 c'est-à-dire le diobole 6e de kati, l'obole (12e), etc.
Le triobole et le diobole avaient même chacun en démotique une sigle spéciale non purement
fractionnaire; ils étaient d'un très fréquent usage dans l'administration et dans la banque.
Un compte démotique de l'an 19 d'Amasis, que j'ai donné en entier avec son addition, p. 33
et 34 de mon mémoire sur un papyrus bilingue du temps de Philopator, fournit (comme
beaucoup d'autres d'ailleurs) pour le kati dixième d'outen la division par 2/s, 1/12, etc.,
aussi bien que par x\2, etc.3 J'ajouterais que c'est à l'aide d'un papyrus provenant
d'Égypte, mais cette fois grec, le papyrus Sakkakinis, dont Egger n'avait pas compris les
indications monétaires, que j'ai pu, le premier, fixer à l'aide des additions toute l'échelle des
sigles : du chalque (48e de la drachme), du tétartemorion 1jl d'obole, de l'hémiobole, de
l'obole, du diobole, du triobole, des 4 oboles et des 5 oboles, telles qu'elles sont maintenant
admises par l'École allemande qui, disons-le, m'a cité.

Excusez moi, cher Monsieur, de vous livrer ainsi, sans façon, avec ces souvenirs, ces
assimilations (permettant peut-être de mieux comprendre les divers systèmes de raccorde-
ment qui se sont succédés en Egypte entre les poids monnaies sémitiques, égyptiens et
grecs), en vous laissant parfaitement libre, dans le cas où le tout vous semblerait mériter
attention, de faire l'usage qui vous conviendra de cette lettre, même pour en discuter les
conclusions, ce qui me ferait grand honneur.

Agréez, cher Monsieur, l'expression de mes meilleurs sentiments

Eugène Revillout,
conservateur honoraire des Musées Nationaux.

Paris, 4 février 1911.

APPENDICE.

Dans deux lettres successives, M. Clermont Ganneaux me dit avoir lu avec beaucoup
d'intérêt les observations précédentes qu'il m'engage à publier, tout en me conseillant d'en
changer la forme et de fondre les notes dans le texte. Il ajoute : «Je vous engage à revoir

1 Ajoutons que même du temps des Ptolémées, quand la mine grecque intervient sans cesse dans
les calculs grecs, elle est complètement absente des calculs égyptiens. On ne connaît alors en démotique
que le talent phénicien (kerker ou n32), l'outen. le kati-sekel-tétradrachme et ses subdivisions.

2 Un poids de Berlin se réfère, déjà à l'époque antique, à une autre division par S, s'appliquant non
au kati. mais à l'outen, et dont on donne le nombre comme unité particulière (voir Bévue ég. II, p. 179).

8 La dette contractée entre araméens en Égypte sous les Perses a donc pu y être payée en monnaies
égyptiennes, en usage général alors, ce qui est, vous l'avouerez, une condition indispensable du contrat.
 
Annotationen