Rocznik Historii Sztuki (10.1974)

O TYTUŁACH DZIEŁ SZTUKI

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suivant un ordre chronologique, en appliquant le terme ,,opus" accompagné du numéro approprié. A la fin du XVII-e siècle,
apparaissent des titres complexes qui réunissent le nom, de la forme musicale, les différents instruments pour lesquels l'oeuvre
a été composée, la tonalité et un chiffre précédé de l'abréviation ,,op" — opus — qui situe le morceau dans l'ordre chronologique
des premières éditions des oeuvres du compositeur. Au XIX-е siècle, on ajoute parfois un titre poétique destiné au public. Les
oeuvres de la musique dite ,,de programme" portent le titre des oeuvres littéraires qui les inspirent. Les transformations consi-
dérables, qui marquent l'évolution musicale au début du XX-e siècle, entraînent des changements dans le mode d'intituler les
oeuvres. Celles-ci ne sont plus numérotées ; parfois, leur titre se borne à indiquer pour quels instruments l'oeuvre est écrite ou
simplement la durée de son exécution. Certains compositeurs font cependant preuve d'une vive imagination à trouver des titres
ingénieux dont ils puisent les éléments aux sources les plus diverses.

Les titres des oeuvres poétiques, comme ceux des oeuvres musicales et picturales, sont d'une création récente. Dans l'Anti-
quité, au lieu de dénommer les poèmes, on les décrit. Au Moyen Age, les chants religieux sont désignés par leurs premiers mots.
Aux temps de la Renaissance, c'est le nom de la forme poétique ou une dédicace qui sert de titre. Les titres succincts qui pré-
sentent le sujet de l'oeuvre n'apparaissent qu'au XVI-e siècle. Aux XIX-е et XX-e siècles, les titres des oeuvres poétiques ont
des objets multiples, hors celui de l'identification. Ils préparent l'auditeur ou le lecteur à la perception de l'oeuvre. Ils éveillent
en lui un intérêt bien défini et lui donnent en somme ,,le ton". Ils annoncent le sujet, déterminent la situation spatiale et tempo-
relle, le fond, le cadre de l'action. Ils désignent le destinataire, réel ou fictif. Ils attirent l'attention sur la composition de l'oeuvre
ou dévoilent les intentions les plus secrètes de l'auteur. Ils présentent l'idée essentielle de l'oeuvre (titres métaphoriques). Ils cha-
toient parfois de tous les feux de leurs diverses significations ou pétillent d'ironie. D'autres fois, ils font allusion à des titres d'oeuv-
res déjà parues ou revêtent la forme de citations, ce qui permet à l'auteur d'établir un contact avec les destinataires d'un milieu
littéraire défini.

Est-ce que le titre d'une oeuvre d'art en constitue une partie intégrante? La réponse à cette question ne peut être univoque.
Le titre d'une oeuvre poétique, créé de la même matière, avec les mêmes signes que l'oeuvre, en fait indubitablement partie,
bien que les liens entre le titre et l'oeuvre soient, ici aussi, plus ou moins étroits. En peinture ou en musique, l'affinité du titre
avec l'oeuvre est démontrée par le degré dans lequel il modifie les sentiments du spectateur ou de l'auditeur à l'égard de l'oeuvre.
Le titre d'une oeuvre picturale ne vise parfois qu'au but d'ientification et peut être, sans préjudice, remplacé par un autre. Dans
ce cas-là, il ne fait pas partie de l'oeuvre. S'il en facilite l'idnterprétation ou s'il constitue un commentaire de sévénements qu'elle
représente, les liens qui l'y rattachent se resserrent. Au moment où le titre suggère un ton affectif, comme dans la peinture sym-
boliste par exemple, ou qu'il contribue à surprendre et à choquer le spectateur, comme dans la peinture des dadaïstes et des sur-
réalistes, il influe considérablement sur les sentiments du public et fait partie de l'oeuvre. Il en va de même pour les titres des
pièces de musique.

Cette étude se borne à analyser les titres d'oeuvres picturales, musicales et poétiques. Les oeuvres sculpturales, choréographi-
ques, théâtrales et cinématographiques ont aussi leurs titres qui devraient également faire l'objet de recherches scientifiques.