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https://doi.org/10.11588/diglit.42449#0011
La Cooperation tuniso-allemande ä Dougga: un apport notable ä la connaissance
et une contribution appreciable ä la sauvegarde du patrimoine
Inidee il y a moins d’une dizaine d’annees, la Cooperation ar-
cheologique entre l’Insdtut Nadonal du Patdmoine (INP) et
PInstitut für Klassische Archäologie / Albert-Ludwigs-Universi-
tät Freiburg ä Dougga, site insigne et joyau du patrimoine ar-
cheologique tunisien, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial
de l’UNESCO, est relativement recente si on la compare ä celle
que l’INP conduit avec le Deutsches Archäologisches Institut
- Rome (DAI) ä Carthage et ä Chimtou et que Ton s’accorde
ä considerer comme exemplaire ä plus d’un titre. Pourtant
eile a en peu de temps debouche sur des resultats qui forcent
l’admiration.
Sur le plan scientifique, son apport est loin d’etre negligeable.
Qu’on en juge! Un tron^on de muraille attribue jusque-lä aux
Numides retrouve sa verkable datation, ä savoir l’Antiquite tar-
dive, des constructions considerees par tout le monde comme
des tours de la muraille numide perdent leur “fonction” defen-
sive et redeviennent ce qu’elles n’ont jamais cesse d’etre: des
monuments funeraires d’epoque preromaine, une necropole
berbere que Ton pensait renfermant uniquement des dolmens
retrouve la variete typologique de son architecture funeraire,
un monument - le maqdes de Massinissa edifie en 139 avant
J.-C., qui n’etait connu que par l’epigraphie voit ses vestiges
archeologiques identifies avec certitude en plein quartier, celui
du forum, qui etait considere ä tort comme de creation romai-
ne. Comme on peut en convenir aisement, ces donnees consti-
tuent une contribution de valeur ä la connaissance de l’histoire
et de l’archeologie du site.
Mais l’apport qui a fourni le plus de nouveautes ä la fois
surprenantes et inattendues et qui a ouvert des perspectives tres
prometteuses est represente par les investigations qui ont ete
menees au sud de la maison du trifolium. La nouveaute sur-
prenante et inattendue a ete la decouverte des deux sepultu-
res prehistoriques datables entre 1800 et 1600 avant le Temps
present. Cette decouverte atteste que l’endroit etait frequente
depuis de la periode neolithique et fait reculer de plusieurs sie-
cles l’occupation de l’endroit meme si cela etait de maniere dis-
continue. Quant aux perspectives prometteuses, ce sont celles
qui ont ete ouvertes par les preuves tangibles de l’urbanisation
de ce quartier depuis l’epoque numide. Cela apporte un de-
menti definitif ä ceux qui continuent ä accorder, contre toute
evidence, un credit ä la vieille et desormais obsolete hypothese
de Louis Poinssot qui faisait de Thugga ä l’epoque romaine une
“ville double” composee de deux parties: l’agglomeration fon-
dee par les autochtones et qui devait se trouver dans la partie
haute du plateau et un quartier cree ex nihilo par les Romains ä
l’endroit oü a ete amenagee la place du forum et qui s’etendait
jusqu’ä la zone du mausolee libyco-punique. Cette decouver-
te corrobore les conclusions dejä emises par l’auteur des ces
lignes, fournit une cle de lecture du tissu urbain de la ville ä
l’epoque romaine et laisse esperer l’etude, pour la premiere fois
en Tunisie, d’un quartier d’habitat d’une agglomeration numi-
de. L’avancee dejä acquise et celle attendue etaient inesperees.
Gräce ä ces resultats, il est possible de dire maintenant qu’apres
les temps de l’etude du monde des morts des autochtones est
venu celui de l’etude et de la connaissance de leur monde des
vivants. A cet egard, la Cooperation tuniso-allemande ä Dougga
est en droit de se flatter d’etre devanciere!
En plus de la recherche scientifique, le programme de Coo-
peration a comporte un volet consacre ä la sauvegarde du pa-
trimoine. Il s’est traduit par une Operation de sauvetage me-
nee dans l’urgence de la salle du trifolium qui menapait de
s’effondrer. Celle-ci fut suivie par un projet de restauration et
de mise en valeur de toute la maison du trifolium. Ce projet
qui fut brutalement interrompu en 2005 pour des raisons qui,
peut-etre, seront exposees un jour ä la communaute des cher-
cheurs, vient de reprendre et contribuera ä ne pas en douter
ä conforter l’exemplarite de la Cooperation tuniso-allemande.
Mustapha Khanoussi
et une contribution appreciable ä la sauvegarde du patrimoine
Inidee il y a moins d’une dizaine d’annees, la Cooperation ar-
cheologique entre l’Insdtut Nadonal du Patdmoine (INP) et
PInstitut für Klassische Archäologie / Albert-Ludwigs-Universi-
tät Freiburg ä Dougga, site insigne et joyau du patrimoine ar-
cheologique tunisien, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial
de l’UNESCO, est relativement recente si on la compare ä celle
que l’INP conduit avec le Deutsches Archäologisches Institut
- Rome (DAI) ä Carthage et ä Chimtou et que Ton s’accorde
ä considerer comme exemplaire ä plus d’un titre. Pourtant
eile a en peu de temps debouche sur des resultats qui forcent
l’admiration.
Sur le plan scientifique, son apport est loin d’etre negligeable.
Qu’on en juge! Un tron^on de muraille attribue jusque-lä aux
Numides retrouve sa verkable datation, ä savoir l’Antiquite tar-
dive, des constructions considerees par tout le monde comme
des tours de la muraille numide perdent leur “fonction” defen-
sive et redeviennent ce qu’elles n’ont jamais cesse d’etre: des
monuments funeraires d’epoque preromaine, une necropole
berbere que Ton pensait renfermant uniquement des dolmens
retrouve la variete typologique de son architecture funeraire,
un monument - le maqdes de Massinissa edifie en 139 avant
J.-C., qui n’etait connu que par l’epigraphie voit ses vestiges
archeologiques identifies avec certitude en plein quartier, celui
du forum, qui etait considere ä tort comme de creation romai-
ne. Comme on peut en convenir aisement, ces donnees consti-
tuent une contribution de valeur ä la connaissance de l’histoire
et de l’archeologie du site.
Mais l’apport qui a fourni le plus de nouveautes ä la fois
surprenantes et inattendues et qui a ouvert des perspectives tres
prometteuses est represente par les investigations qui ont ete
menees au sud de la maison du trifolium. La nouveaute sur-
prenante et inattendue a ete la decouverte des deux sepultu-
res prehistoriques datables entre 1800 et 1600 avant le Temps
present. Cette decouverte atteste que l’endroit etait frequente
depuis de la periode neolithique et fait reculer de plusieurs sie-
cles l’occupation de l’endroit meme si cela etait de maniere dis-
continue. Quant aux perspectives prometteuses, ce sont celles
qui ont ete ouvertes par les preuves tangibles de l’urbanisation
de ce quartier depuis l’epoque numide. Cela apporte un de-
menti definitif ä ceux qui continuent ä accorder, contre toute
evidence, un credit ä la vieille et desormais obsolete hypothese
de Louis Poinssot qui faisait de Thugga ä l’epoque romaine une
“ville double” composee de deux parties: l’agglomeration fon-
dee par les autochtones et qui devait se trouver dans la partie
haute du plateau et un quartier cree ex nihilo par les Romains ä
l’endroit oü a ete amenagee la place du forum et qui s’etendait
jusqu’ä la zone du mausolee libyco-punique. Cette decouver-
te corrobore les conclusions dejä emises par l’auteur des ces
lignes, fournit une cle de lecture du tissu urbain de la ville ä
l’epoque romaine et laisse esperer l’etude, pour la premiere fois
en Tunisie, d’un quartier d’habitat d’une agglomeration numi-
de. L’avancee dejä acquise et celle attendue etaient inesperees.
Gräce ä ces resultats, il est possible de dire maintenant qu’apres
les temps de l’etude du monde des morts des autochtones est
venu celui de l’etude et de la connaissance de leur monde des
vivants. A cet egard, la Cooperation tuniso-allemande ä Dougga
est en droit de se flatter d’etre devanciere!
En plus de la recherche scientifique, le programme de Coo-
peration a comporte un volet consacre ä la sauvegarde du pa-
trimoine. Il s’est traduit par une Operation de sauvetage me-
nee dans l’urgence de la salle du trifolium qui menapait de
s’effondrer. Celle-ci fut suivie par un projet de restauration et
de mise en valeur de toute la maison du trifolium. Ce projet
qui fut brutalement interrompu en 2005 pour des raisons qui,
peut-etre, seront exposees un jour ä la communaute des cher-
cheurs, vient de reprendre et contribuera ä ne pas en douter
ä conforter l’exemplarite de la Cooperation tuniso-allemande.
Mustapha Khanoussi