Rocznik Muzeum Narodowego w Warszawie (24.1980)

un decoupage soigneux des concessions sur le terrain, attribuees ensuite aux diverses missions
proclamant leur participation. Au Soudan, on recourut meme a d’excellentes photographies
aeriennes qui permettaient aux missions de prendre connaissance a temps de la stratification.
Cela facilita beaucoup la prospection du terrain avant le debut des fouilles memes.

II est regrettable que ce systeme verifie en pratique, elabore pendant 10 ans — soit sensible-
ment la duree de la campagne de Nubie — ne futpas utiliseplus tard en des actions similaires du
domaine des fouilles. P.ex. 1’appel du Directeur General de 1’UNESCO pour une campagne
archeologique en Irak, afin d’explorer les terres menacćes par les eaux de la riviere Allat, retenues
par la construction d’un nouveau barrage, fut enonce trop tard: le gouvernement irakien ne
laissa aux archćologues qu’un delai d’un an et demi qui est impensable pour mener de serieures
recherches scientifiques. Aucune mission archeologique consciencieuse n’entreprendrait des
fouilles sur un terrain qui ne fut pas auparavant soigneusement prospecte, sans parler d’une
preparation scientifique adequate et la formation d’une equipe de specialistes appropriee aux
resultats de la reconnaissance du terrain. En un si court delai, uniquement les missions disposant
d’une base fixe a Bagdad peuvent tenter de mener des recherches scientifiques valables. Toute
autre entreprise aurait ou un caractere de pillage, ou d’exploration hative du terrain. II est en
effet difficile de croire que puissent etre menees en toute responsabilite des observations com-
petentes de la stratigraphie et d’autres donnees archeologiques d’un role primordial pour 1’analyse
scientifique du site explore. II est aussi surprenant que dans 1’appel lance par les autorites arche-
ologiques d’Irak au monde archeologique international, par 1’intermediaire du Directeur General
de 1’UNESCO, il n’est question d’aucun partage ou equivalent pour les fouilles menees. Par
contrę s’y trouve une affirmation qui ne peut qu’etonner: le gouvernement irakien prevoit une
aide technique et scientifique pour les missions etrangeres. En ce cas, on peut se demander
quełle aide le gouvernement irakien s’attend a recevoir des missions etrangeres si lui-meme est
pręt a fournir 1’aide scientifique et technique? II est difficile de supposer qu’il s’agisse de faire
venir de 1’etranger des ouvriers pour mener les fouilles.

Peut-etre la question des fouilles liees avec le barrage sur 1’Allat est un phenomene curieux
et en quelque sorte isole. Mais il ne fait pas de doute qu’elle comporte les caracteristiques de
certaines tendances regnant actuellement dans 1’archeologie. De quoi s’agit-il? Les pays liberes
du colonialisme, prenant en mains la gestion de leur propre etat, trahissent une tendance a rejeter
toutes les reglementations promulguees par les autorites coloniales d’occupation ou de mandat,
en particulier dans le domaine de la culture. Les douloureux souvenirs de la tradition au XIXe
siecle d’une sortie librę des oeuvres d’art, fruits de fouilles de pillage donnerent naissance a des
ressentiments. De ce fait, meme le partage le plus favorable des objets provenant de fouilles
scientifiques semble a ces pays une tenćative d’appauvrissement de leur richesse culturelle.
Du point de vue psychologique cela est comprehensible, mais cette attitude en soi-meme est
discutable. II est indeniable que dans les pays excluant le partage des objets issus de fouilles
regulieres, les fouilles clandestines prosperent et la sortie illegale des monuments sur le marche

348