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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0010
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6 SCULPTURE.

Dans tics Statues d'un travail un peu moins informe, que nous présentent le recueil que ic
viens de citer, celui du P. Kircher, et le Muséum Etruscum de Dempster, on apperçoit claire-
ment les tentatives de l'ouvrier pour sortir d'une routine grossière. Mais l'ignorance de l'Art tient
ses mains encore liées , quand son imagination ne l'est plus. Dans cet état, on l'a, je crois, déjà
comparé à l'insecte qui s'efforce de briser l'enveloppe où s'est opérée sa dernière métamorphose-
et la comparaison me parait d'autant plus juste, que, pour vaincre l'obstacle qui s'oppose à son
essor, l'ouvrier et l'insecte n'ont besoin ni d'imitation ni de préceptes; la nature et le tems leur
suffisent.

On peut croire que, si les statues de bronze dont les Romains transportèrent à Home une si
grande quantité, après la destruction de Vokmium, l'une des principales villes de's Etrusques fus-
sent parvenues jusqu'à nous, elles nous auroient donné une idée plus avantageuse de ce que Je style
statuaire devint, chez ce peuple, à une époque plus avancée. Mais il est certain que le petit nombre
de celles que nous connaissons, tout en montrant plus de science et de mouvement dans la dis-
position générale des membres et dans le jet des draperies, que les productions dont nous avons
parlé précédemment, porte toujours un caractère âpre et rigide, une sorte d'empreinte de sau-
vagerie.

Ce qui prouve encore que les Etrusques ont eu un style à eux, tenant probablement aux mœurs
rudes qu'ils contractèrent, à l'époque où les habitudes laborieuses de la vie des champs et de la vie
guerrière leur avaient valu l'empire de l'Italie, c'est le genre de leur scuplture en creux sur les meu-
bles et sur les patères, et particulièrement celui de leur gravure eu pierres fuies, dès les tems les plus
reculés. Un outil fier y trace d'un profond sillon une figure à contours anguleux, aigus et toujours à
vive-arrète. L'agencement des draperies est austère, ainsi que la forme des armes ; les attitudes des
hommes et même celles des femmes sont plus que fortes; les articulations et les muscles sont pro-
noncés avec exagération. Bien loin de cette timidité des Egyptiens, à qui les lois et les mœurs
interdisaient l'étude de l'anatomie humaine, tout décèle l'usage et même l'abus de la science, dans
les balancemens outrés et dans les mouvemens désordonnés des figures étrusques. Leurs artistes
s'efforçaient de rendre au-dehors les senlimeus impétueux tournés en habitude chez une nation
audacieuse et violente : de là le faire maniéré de leur Ecole.

L'énergie, qui formait le trait principal du caractère des Etrusques, fut donc aussi le caractère
spécial de leur Sculpture, comme la beauté fut celui de la Sculpture grecque: ils n'adoucirent en
quelque sorte ce style qu'au tems qui pourrait s appeler le dernier âge de VArt étrusque. Nous trou-
vons alors, dans leurs pierres gravées, quelques indices sensibles d'amélioration qui nous conduisent
à penser que, si cette nation intéressante n'eût jias été détruite par les Romains, elle eût pu s'appro-
prier de plus en plus les principes des Ecoles grecques, qui, à cette époque, avaient atteint leur
plus haut degré de perfection. Cette influence de l'imitation ne contredit pas l'idée générale que
nous cherchons à établir, d'une première direction donnée à chaque peuple, dans la carrière des
arts, par la nature seule. Car ce n'est que quand un peuple ou un ouvrier, après avoir de lui-même
marché d'abord et pendant quelque tems vers le perfectionnement, est arrivé à un certain degré
do science et de pratique, qu'il est capable de profiter des instrumens et du savoir des autres. Du
reste, c'est principalement dans la composition des groupes, dans leur mouvement plus régulier et
plus facile, que quelques pierres gravées, quelques bas-reliefs, quelques patères étrusques des der-
niers tems, laissent appcrcevolr un progrès vers le mieux. L'Art, dans cette partie, se rapproche
un peu du style des Grecs; mais il en diffère toujours essentiellement dans le choix et le caractère
des sujets. C'est ce que l'on remarque sur-tout sur les urnes cinéraires : au lieu de ces scènes douces
et voluptueuses dont les Grecs voulaient que leurs ombres même fussent environnées, les Etrus-
ques, entraînés par le goût qui leur est propre, se plaisent presque toujours à retracer les images
meurtrières de combats à outrance, ou celles des jeux atroces de leurs gladiateurs.

Hâtons-nous donc de nous éloigner d'un peuple sur le sol duquel les productions de l'Art ne
perdirent jamais uue certaine àpreté : allons les recueillir dans cette belle contrée où, grâce à une
 
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