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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0024
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ao SCULPTURE.

Phidias, la Junon de Polyclète, la Sculpture grecque, allant au-delà des formes humaines, dontell
avait fixé la beauté idéale par la réunion de toutes les perfections éparses dans la nature, s'éleva»
jusqu'à la beauté divine; l'imagination des poètes peuplait les eaux et les bois de divinités sul)a|
ternes, telles que les nymphes, les néréides, les faunes, les sylvains, et appelait le ciseau du
sculpteur pour réaliser l'existence de ces êtres fantastiques (a).

Le faune ou Sylvain représenté sous le N" 6, est composé d'une nature un peu mixte : on y voit
en quelque sorte le premier degré de l'association des formes des animaux à la forme humaine
tandis que les satyres ou capripèdes en sont le dernier terme. Trouvant, dans les formes animales
des signes plus prononcés de force ou d'agilité, l'Art s'exerçait à les fondre habilement dans ces
êtres imaginaires, et à les faire 'servir au profit de l'expression, et de la vérité, sans jamais con.
fondre les espèces, et sans les dépouiller de la beauté qui convenait à chacune d'elles.

Les mêmes règles le dirigeaient encore, et elles relevaient jusqu'au sublime, quand, rapprochant
des caractères de natures plus nobles, il voulait former les images d'êtres qui nous intéresseut à bien
plus de titres ; celles des hommes que leurs actions glorieuses et bienfaisantes élevaient au-dessus des
simples mortels, et mettaient dans la classe des héros, voisine de celle des dieux. Tels sont lier-
cule, Thésée, et ce Méléagre dont la statue, retracée sous le !N° 7, donne, sous les formes les plus
nobles, l'idée parfaite de la beauté unie à la force et au courage qu'exigent des travaux héroïques,
Son attitude tranquille, maïs non insignifiante, peint admirablement le repos d'un être supérieur.
L'Art ancien croyait que si cet état de Vàme n'était pas empreint sur les traits du visage et dans l'en-
semble du corps, la beauté n'y pouvait plus résider.

Lorsque le même Art s'occupait d'événemens ou de passions qui touchaient de plus près à la
nature humaine, c'était toujours en choisissant des sujets qui pussent être présentés sous les aspects
les plus relevés ou les plus touchans. Quelle étendue de savoir, quelle justesse de goût n'a-t-il pas
déployées, dans la pensée et dans l'exécution du groupe de Laocoon et de ses enfans ! N° 4. Il est
la gloire de la Sculpture antique, comme il a fait celle des mortels qui y sont représentés. Aucune
autre circonstance ne pouvait réunir au même degré la douleur physique et la douleur morale;
et jamais les plus vives émotions de l'âme n'ont été offertes accompagnées de plus de fermeté et
même de dignité, sans dégrader les formes, sans en altérer la beauté : car il en est uue pour
chaque être et pour chaque situation de la nature. On retrouve ici cette beauté telle que l'Art
grec, guidé par une étude et par une philosophie profonde, apprenait à en concilier les traits avec
l'image des sensations qui s'en éloignent le plus. Réunion presque inconcevable, qui, portant la
nature humaine et l'Art au-delà des bornes communes, forme le sublime, et qui nous place réellement,
dans cette œuvre immortelle, à un point d'élévation dont nous ne nous croyions pas capables. Il est
dans l'expression, ce sublime, et son moyen est dans la perfection du dessin, qui sait rendre les
attitudes et les formes d'une manière aussi convenable au sujet. Où peuvent donc s'arrêter l'admi-
ration que mérite ce groupe, et l'éloge dû aux trois sculpteurs qui l'ont exécuté? Qu'ont-ils laisses
faire à la postérité? «Le Dieu créateur de l'univers, dit Platon, ne daigne s'occuper que de la for-
te mation de l'âme ; il laisse celle du corps à des génies inférieurs : » Hélas ! peut-être la Sculpture
antique en a-t-cllc agi de même envers la Sculpture moderne.

Les ressources de l'Art pour intéresser, émouvoir, troubler le cœur, sont variées et graduera
comme celles de la nature. Dans la composition du groupe de Laocoon, le spectateur est appelé au
milieu de l'action; celui d'Arria et de Pcetus, N° i3, produit un autre effet sur son imagination-
Arria est tombée; elle est perdue pour son époux, qui se rend à sa cruelle invitation. L'acuon
touche à sa fin, et presque terminée, elle n'excite que des regrets. En face du grand-prêtre dApollon

(a) Lea noms sous lesquels las auteurs anciens, grecs et latins, et les servatious intéressantes: Heync, dans un Mémoire traduit (Un* b
écrivains modernes désignent les dieux des foi Ois, les compagnons de toiu. I du Kecucil de pièces intéressantes, publié ù Pari*, par M- J**

Ilacclius et de l'un, différent entre euv, autant que les caractères no- sen, en i^yti; Visconti, dans lu Mas. Pio Clem., ton». Ill, pi- **■
turcls qu'ils assignent à ces personnages fabuleux. Les monumens an- et Lanzi, dans des Bisse nations sur les Vases dits étrusques, i»^*

tiques présentent également des incertitudes ù cet égard. Trois savuns dans le tom. I, delta Memorie degli Aeademici Italien); Fin
du premier ordre ont assez récemment essayé de les lever, par des ob-
 
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