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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0030
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26 SCULPTURE.

mortalité, se développant avec autant de grâce que de dignité, soutient sur ses ailes et porte vers
l'Olympe les images de l'empereur et de l'impératrice, que précède l'oiseau, symbole delà puissance
romaine. A gauche, une figure à demi-couehée, embrasse un obélisque qui rappelle celui que l'on
érigea au champ de Mars, sur remplacement du bûcher où furent déposés les restes mortels d'An.
tonin; tandis que de l'autre côté, Rome, dans toute sa majesté, appuyée sur de riches trophées
applaudît aux honneurs rendus à l'empereur dont elle regrette la perte.

Telles étaient les grandes et sublimes images auxquelles s'élevait la Sculpture antique, lorsque
étrangère à la flatterie qui défigura trop souvent celte partie de ses travaux, elle s'occupait de
retracer les époques glorieuses de l'histoire d'un peuple, ou les beaux momens de la vie d'un
homme; c'est ainsi qu'en créant pour l'Art des modèles parfaits, elle transmettait à la postérité de
touclians souvenirs et d'utiles exemples.

La statuaire consacrait aussi à la gloire des princes ou des hommes célèbres, une autre espèce
de monnmens, que l'avidité destructive des couquérans a malheureusement réduils à un bien petit
nombre. C'étaient des statues de bronze, des bas-reliefs, des chars attelés de deux ou de quatre
chevaux, de la même matière, qui attestaient, dans cette partie de l'Art, un savoir égal à celui que
l'on admire dans la Sculpture en marbre. La statue équestre de Marc-Aurèle, N" 21, est la seule qui
se trouve à Rome, II semble que le tems ait respecté dans ce monument l'hommage de la recon-
naissance publique, et qu'il se soit plu à conserver à la vénération de tous les âges l'image du meil-
leur des empereurs. Dans une attitude et sous des traits qui peignent admirablement sa sagesse et
sa bonté, on croit le voir encore, du haut du Capitale, assurer le peuple romain de ses soins
paternels'; tandis que son coursier, plein de vigueur et de vie, semble être l'emblème de la vigilance*
et de l'activité que ce prince joignait à la bienfaisance.

La Sculpture antique, toujours si étonnante par la beauté de la pensée et de l'exécution, ne l'est
pas moins par le goût exquis et l'inconcevable variété avec lesquels elle adaptait ses travaux à
la forme diverse de tous les objets qu'elle se chargeait de décorer. Parmi le grand nombre de mo-
numens, bien connus de tous les amateurs, qui donnent lieu à cette observation, nous nous con-
tenterons d'offrir, quoique dans une très petite dimension, un beau vase de la collection Borghèsc,
N" 3i, orné d'un bas-relief qui représente une Bacchanale. Mais pour prouver jusqu'à quel
point l'Art savait faire oublier, par le choix du sujet, et par la grâce de l'ordonnance, ce qu'il y
avait d'ingrat dans les dimensions de l'espace qui lui était assigné, nous choisirons deux bas-reliefs,
qui, sur un champ long et étroit, ornent, l'uu une urne antique de la même forme, l'autre les
bords du couvercle d'une urne semblable. Le premier, N° 3o, représente les Néréides chargées des
armes que leur sœur Thétis destine à son fils : ces armes sont toutes défensives, comme le voulait la
tendre inquiétude d'une mère. Le sujet du second, N° 3a, en rappelant une des fictions les plus
touchantes de la Mythologie, nous dit que toutes les jouissances ont leur orgueil, et tous les amours
leur jalousie : Latonc offensée immole à sa vengeance les filles de Niohé. Une longue ligne offre
ici le champ de la mort, où ces jeunes princesses linquebant dulees animas, comme le dit Ovide;
leurs corps inanimés y sont enlacés, pour ainsi dire, d'une manière si variée, si naturelle, si expres-
sive, qu'en les considérant sur l'original, on ne peut se défendre d'un sentiment douloureux de
regrets et de pitié.

Quelles étaient donc l'âme et la main de ces artistes qui, par l'expression générale de l'ordon-
nance, ou par une exécution qui ne laissait ni au marbre sa dureté, ni au bronze sa roideur,
savaient produire à leur gré ces impressions vives et profondes, ou riantes et gracieuses, dont les
exemples viennent de passer sous nos yeux? Ah! sans doute, ce n'était pas dans les subtilités de
l'esprit qu'ils trouvaient la source et l'aliment de ce génie créateur; c'était dans la sensibilité du
cœur et dans la richesse de l'imagination.

L'étendue des détails dans lesquels nous venons d'entrer, relativement aux monunicns nombreux
que présente celte première planche, obtiendra peut-être quelque indulgence, si l'on veut bien se
rappeler quelle a été noire principale intention, en retraçant ainsi à nos lecteurs quelques uns de*
 
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