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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0031
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DÉCADENCE. a7

chefs-d'œuvre de la Sculpture antique. Au moyen des observations ([ni précèdent, celles que Ton
pourrait faire sur les planches suivantes, seront le plus souvent épargnées aux. amateurs et sur-tout
aux artistes qui daigneront jeter les yeux sur notre ouvrage. Le rapprochement des monumens
des deux époques, suffira presque seul pour faire apprécier, sous les rapports de l'invention,.de
l'ordonnance et même du dessin, ceux dont nous allons nous occuper; et l'on reconnaîtra facile-
ment par quelle dégradation successive, la Sculpture tomba dans l'ignorance et la barbarie où
nous la verrons ensevelie pendant plus de dix siècles, jusqu'au moment de sa renaissance.

Afin de ne pas entrer trop brusquement dans les champs arides que nous avons à parcourir, Pl.ll.

les objets qui composent la planche II, ont été empruntés de monumens dont le parallèle semble r^'j'" ''CS
propre à établir la marche graduée delà décadence de l'Art. On peut y reconnaître, en effet, l'état de <"°™pi'c <1r Tim,-

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la Sculpture a trois époques dtllcrcntcs, en comparant les travaux quelle exécuta pour décorer Conwamin.
trois des principaux arcs de triomphe élevés, à Rome, à la gloire des empereurs. Elle avait ici un '"• "' CI ,v*
devoir spécial à remplir: recevant la loi de l'Architecture, il fallait qu'elle en prit le caractère et
qu'elle en développât l'intention; il fallait, paj" conséquent, que les sujets qu'elle traitait, analogues
au genre d'édifice qu'ils devaient orner, offrissent dans une ordonnance clairement historique,
l'image des exploits et des faits mémorables dont on voulait perpétuer le souvenir.

Le premier de ces arcs, érige en l'honneur de Titus, est le plus simple; mais son ensemble est
noble et élégant: sa magnificence consiste principalement dans la perfection de l'Art, qui n'avait
encore rien perdu à la fin du premier siècle. Les Victoires sculptées au-dessus de l'archivolte, !NTo r,
ne laissent rien à désirer dans leur altitude, leur mouvement, et le jet de leurs draperies. Le bas-
relief qui décore la frise, N" 3, représente parfaitement la marche d'un triomphe, et celle du sacrifice
religieux qui en était ordinairement la suite. La tète gravée en grand, sous le Nu 2, est d'un beau
caractère: elle est tirée de l'un des deux grands bas-reliefs qui décorent les faces intérieures de
Tare, et dont les sujets sont relatifs aux victoires de Titus en Palestine. Le style de ces belles sculp-
tures atteste, qu'alors c'était encore à des artistes grecs ou à leurs élèves que l'on confiait, à Rome,
l'exécution des ouvrages importans.

Les mêmes détails, tirés de l'arc de Septime Sévère, occupent le milieu de cette planche, N° 5,
6, 7. Exécutés un peu plus d'un siècle seulement après les premiers, combien ils leur sont déjà
inférieurs sous tous les rapports! Les Victoires, chargées de lourds trophées, et lourdes elles-mêmes,
ont perdu toute leur élégauce. Une quantité'de figures, entassées confusément, surchargent les bas-
reliefs qui surmontent les arcades latérales. Ceux qui couvrent les faces principales de l'arc, ne
représentent pas avec plus de netteté les actions que l'artiste avait à célébrer, telles que des pas-
sages de fleuves, des sièges, des combats : tout est confus pour l'œil, obscur pour l'intelligence.

Mais ces défauts, déjà trop sensibles, deviennent bien, plus frappants dans la dernière partie de
la planche, où les mêmes objets sont représentés tels que nous les offre l'arc de Constantin, qui
fut élevé au commencement du IV" siècle, époque d'une décadence décidée. Pour reconnaître
celle-ci, il suffit d'observer le style des victoires, N° 9, et de la tète en grand, !STD 10: il est visible-
ment pire que celui des figures semblables, N" 5 et G, qui sont elles-mêmes déjà si loin de celles
que l'on a présentées sous les N° 1 et 2.

Une autre circonstance capitale doit faire regarder l'arc de Constantin comme fixant l'époque de
la décadence bien prononcée de la Sculpture; c'est la nécessité où se trouvèrent ceux qui furent
chargés de son exécution, de prendre, pour l'orner, beaucoup de morceaux dans les débris de faix
de Trajan. Il fallait être arrivé ù un degré bien remarquable d'ignorance et de stérilité d'invention,
pour ne pas sentir que des ouvrages destinés à rappeler les exploits de ce prince, n'avaient aucune
analogie historique avec ceux que devait offrir l'arc élevé à la mémoire de Coustantin.

Les médailles frappées sous Titus, Septime Sévère et Constantin, viennent encore à l'appui des
observations qui précèdent; et c'est pour en faciliter la comparaison, que j'en présente ici une de
 
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