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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0301
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RENOUVELLEMENT. 199

les ressources du coloris, a porté cette partie de la Peinture à un si haut degré de mérite, que per-
sonne jusqu'à présent n'est parvenu à l'égaler.

Doué de l'esprit d'observation plutôt que du talent d'inventer, constamment attache ù une imita-
tion exacte et judicieuse de la nature, il sut reconnaître dans chaque objet la couleur propre qui en
détermine au-dchors le caractère essentiel. 11 étudia en même tems l'essence de chacune des matiè-
res colorantes que l'Art doit employer pour parvenir le plus sûrement à donner à ses productions
l'apparence de la réalité; et il sut comment on doit tempérer l'éclat trop vif des unes, ou ranimer
par des reflets la langueur des autres, soit dans les ombres, soit au milieu des lumières- Ses recher-
ches sur le coloris des chairs ne furent pas moins profondes que sur celui des draperies. Elles s'é-
tendirent pareillement sur les effets des paysages, et il est demeuré en ce genre le plus distingue de
tous les peintres modernes-. Ses différentes études le conduisirent enfin à une théorie, qui est deve-
nue dans tous ses ouvrages une source iuépuîsablc d'instruction.

S'il n'eut pas tout le savoir du Corrège dans le clair-obscur, il n'était pas possible que ses médita-
tions sur le coloris en général ne lui en eussent fait découvrir les grands principes. 11 avait dû lui
suffire de remarquer que la seule opposition des couleurs propres de chaque objet les fait détacher
les unes des autres. Il savait, qu'en adoucissant ces contrastes par la sage économie des dégradations,
on fait naître l'harmonie, et il avait l'adresse de rendre cet accord piquant sans qu'il fût jamais
interrompu. D'un pinceau toujours sûr, il posait hardiment des touches fraîches et vives sur les
lumières et même dans les ombres; en un mot, les concordances, les passages, l'empâtement des
couleurs, et les pièges adroits qu'elles tendent à l'œil, tous ces secrets lui étaient familiers (a).

Une telle excellence dans un genre de mérite dont l'ignorant jouit comme le connaisseur (b), une
ardeur infatigable pour le travail, une longue vie (Titien mourut de la peste à 99 ans), répandirent
ses productions dans l'Europe entière (c). Toutes les nations furent îi portée de les counaitre, et
par la même raison, tniir^s lui doivent de la reconnaissance. II a semé d!exo«Ilepe modèles dans les
Ecoles des divers pays. Celle d'Espagne en possède uue suite très précieuse, et elle doit vraisembla-
blement ;'i ce maître les trois grands coloristes dont elle se glorifie.

Séduit lui-même par les succès qu'il devait à ce genre de talent, Titien, sauf quelques peintures
à fresque, n'a choisi que des sujets simples, des Vierges, des Madeleines, des traits de l'histoire de
Danaé, de Vénus, d'Adonis, des jeux d'enfaus, des compositions en un mot propres à laire briller
son habileté dans le coloris des chairs.

Malgré les incorrections qu'on lui reproche dans le dessin, il faut se garder de croire qu'il igno-
rât les principes de cette partie de l'Art. Il en avait acquis la connaissance par l'étude de l'anato-
mie (d).

On ne-saurait douter du profit qu'il retira de cette étude, non seulement pour la connaissance
des formes , mais encore pour l'expression, quand on voit le tableau oit il n'a rien laissé à désirer
sur aucune des parties de la Peinture, et qui prouve qu'il pouvait atteindre à tous les genres de

(«) .....stmiciiîam, gradusi/uc, dolost/uc colorum, loin- première jeunesse ne méritent souvent .1111:11110 attention ; souvent

.....Compagcmijue..., dis/iotuit Tilinnus. aussi c'estlecharlatanisme des marchands <|iii suppose île prétendues

De Kkuîoï, v. 53$. différences de manière, pour tromper les demi-connaissants.
(b) ltidolli marqua avec exactitude ee qui caractérise le latent de (d) Celte manière de parlerdes talons du Titien, ù l'égard du dessin,

CCI excellent peintre. Y oyat la fie du Titien, dans le tome I (le ses nanti la plus propre à concilier ce qu'on trouverait do contradictoire

fies des peintres, pag. i35, i3G, i3j. dans diverses anecdotes historique*.

(e) Il lerait possible île faire sur les productions des diverses pério- Michel-Aiij;c cl Y.isari reprenaient ipit-diins Home même, au milieu

des de la vie du Titien de* rétlu\ions auxquelles je me suis livré rare- des modèles antiques, il ne s'en Wt pM**M» occupé. Il se félicitait au

ment au sujet des autres maîtres; mais elles se pi é.-cuteiii ici naturelle- contraire Ini-iucine d'y avoir lait des études dont il se llottait d'avoir

meut, et elles deviennent indispensables à cause du la longue vie dont prolito, et il attribuait.'ieu\oyugtMiiiegi\imloninéUovaiioii qu'il croyait

ce peintre a joui. Vasarî le trouva tenant encore le pinceau, en i56G, s'être opérée dans son stylo, ncilo cosa juo. C'est ce que l'on voit dans

et il était né en 1477. les Lettere Piltoriehc, tom. V, pag.33, n" 11, et pag. i4o,n06a. Il

Il est résulté du long enchaînement do ses travaux, que les premiers semble, d'un autre coté, qu'il eut peu de v.iiii.uiou pour l'antique, si

appartiennent à une époque 0Î1 la Peinture renaissante touchait encore toutefois on i'm rappelle .1 l-Ylibim, lm-qn'il dit dans sa i< confJ-

rs; que ceux do sou Sfl«mûr offre»! la perfection du renec, que le Titien lit une caiic.ituie du groupe duLaocoou.etdu st

colons qu'on peut regarder connue un produit do son propre talent, enfaiis, pour tourner en ridicule, lessptntros. qui s'.m.icliaiep' avec trop

et que les ouvrages do sa vieillesse, prolongée jusqu'à 99 ans, aiingn- d'affection, suivant lui, il l'étude de ce monument, l'apiilou, dans son

cent I aBaibliwemenl de sou génie. Traité do la gravure en bois, dit posséder iiHecsiot>i|WCruv<':e ""P1**

Lt lal'P'"eh em eut est moins iuteVcssaut et moins utile pour les pein- ce dessin par le Titien lui-uièiue; toiu.l, pag. 161.
ire* qui n'ont parcouru que le cours d'une vie ordinaire. Les fruits de
 
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