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Vitruvius; Perrault, Claude [Transl.]
Les Dix Livres D'Architecture De Vitruve: Corrigez Et Tradvits nouvellement en François, avec des Notes & des Figures — Paris, 1673 [Cicognara, 727]

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https://doi.org/10.11588/diglit.1719#0159
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A JLE CINQJJIE'ME LIVRE
D É V I T R U V E.
P R E F A C E.
BIen qu'il soitvray que ceux qui ont composé de grands ouvrages remplis de belles
penséeslk d'excellens préceptes, ont toujours acquis beaucoup d'estime, & que je
peusse .bien ausfi prétendre que mes études soicnt capables de me fournir assez de quoy
amplifier mes écrits, & étendre ma réputation ; il y a néanmoins desraisons qui font que
B cela ne me seroitpas si aisé csst'on le pourroit croire. Car traiter de l'Architecture, écrire
* une Histoire,&composer un Poème, sont des choses bien différentes. l L'Histoiré de soy
attache & divertit le Lecteur, l'entretenant toujours par l'attente de quelque nouvelle
avanture : Dans un Poème la mesure& la cadence des vers &rles ornemens du langage qui
est particulier à la Poësîe, avec les entretiens des différentes personnes que l'on y introduit,
remplisfent l'esprit & les sens d une douceur dont on ne se dégouste point quelque long que
soit l'ouvrage. Il n'en est pas ainsi des traitez d'Architecture , où les termes , dont on
est obligé de se servir, sont lapluspartsî étranges & si éloignez de l'usage ordinaire, qu'il
estimpossible que le langage n'ait beaucoup d'obscurité: de sorte que qui voudroit expli-
quer des préceptes qui sont fort vagues par de longs diseours composezde termes que l'on
n'entend point, ne produirait qu'une confusion dans l'esprit des Lecteurs, qui demandent
C dans ces sortes de matières peu de paroles & beaucoup de clairté.
Estant donc contraint de me servir de termes peu connus pour expliquer les mesures
des Edifices, je suisresolu d'abréger mon diseours autant qu'il me sera pomble, afin de ne
charger pas la mémoire de ceux qui s'apliquent à cette seience. Outre que je considere que
les affaires publiques & particulières occupent tellement tout le monde dans cette ville,qu'il
y. a peu de personnes qui puissent avoir le loisir de lire mon livre, s'il n'est bien court.
C'est pour cette raison que Pythagore & ceux de sa secte se servoient des nombres cubi-
*.ques pour enseigner leurs préceptes, & qu'ils reduisirent leurs vers * au nombre de xi6 ,
mais en sorte qu'ils n'en mettoient pas plus de trois à chaque sentence. Or on sçait
que 4e Cube est un corps composé de six faces , lesquelles par leur égale largeur font
_ un quarré , & quand le cube est jette, sî on n'y touche plus il demeure immobile sur
le costé sur lequel il s'est arresté , comme il arrive aux dez quand les joueurs les ont
jettez. Et cette manière d'expliquer leurs préceptes leur a plu, à cause du rapport que
la siabilité du Cube a naturellement, avec la durée del'impression que ce petit nombre
de vers fait dans la mémoire. . .....
Ausfi les Poètes Comiques Grecs , afin de donner lieu aux Acteurs de se reposer
après de longs récits , partageoient leurs fables en plusieurs parties par le moyen des
* Chœurs5 qui faisoient le mesme effet que la figure Cubique.
C'est pourquoy voyant que les Anciens ont observé toutes ces choses pour s'accommo-
der à l'infirmité de la nature, & consîderant que ce que j'ay à écrire est obscur & inconnu
i. L'Histoire de sôy. Pline dans une de ses lettres à la spherique qui les dispofe au mouvement \ les Chœurs aussi
Tacite qui I'exhortoit à écrire l'Histoiré , est de mesme fcnti- dans les Comédies des Anciens donnoient occasion aux aâeura
■C ment que Vitruve en ce qui regarde l'Histoiré , sçavoir que sa de sè repofer après le travail d'un long récit. Barbara a cherché
matierelarend toujours divertissaEtCj quelque forme qu'on luy inutilement dans les nombres cubiques une autre explication à
puisse donner ; mais il ne demeure pas d'accord qu'il en soit de ce texte, qui porte que les Anciens divïsirunt jpatia satndanm in
mesme de la Poësie, & il prétend qu'elle ne sçauroit plaire à partts cubica ratioee. Car les Comédies anciennes, de mesme
moins que d'estre autant excellente qu'elle lepeutestre. Oratie- que les nostres estoient divisées en cinq adtes,& lesseenes des
ni & carmini est parvagratia nisi eloqutntid fît fumma. actes n'avoient point de nombre déterminé, Se il aurait fallu
î. Au nombre de deux cent seize. Les Pythago- que les actes ou les seenes eussèntesté au nombre de huit, pour
riciens estimoient ce nombre , pareequ'il vient de 6, qui est faire que la proportion cubique sèrencontrast dans la division des
le premier des nombres parfaits , ainsi qu'il a esté monstrë au parties qui composoient la Comédie. On peut dire néanmoins
premier chapitre du troisiéme livre: car 6 multiplié par luy-mes- que la pensée de Vitruve a quelque sondementsùr lenombre des
me fait le nombre quarré 36, qui multiplié par sbn costé 6 , fait persbnnagcs des pièces Dramatiques qui estoit certain dans les
le nombre cubique 116. Chœurs, ayant esté réduit par une loy qui fut saite pour cela au
3. Qui saisoient le meski ïïïei ote la si- nombredez4pourlesComedies,&àceIuy de 15 pour les Tra- -
gure cubique. C'est-à-dire que de mesme que la figure cubi- gedies-, à cause de la licence qu'j£schyle sè donna d'introduire
^ue est caufe que les corps demeurent en repos, au contraire de jusqu'à cinquante Comédiens dans un Chœur de fes Eumenidesa
 
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