DE M. DE VOLTAIRE.
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formes juridiques. Cela va saire un événement qui —-
certainementcauserait beaucoup de chagrin à M. de I"^2,
la Beaumelle , et qui serait fort triste pour la littérature.
Il doit avoir gagné , par l’édition des lettres de
madame de Maintenon, de quoi pouvoir se passer
du profit léger qu’il pourrait tirer d’une édition
furtive. D’ailleurs, il doit considérer que toute la
librairie se réunira contre lui. Les gens de lettres se
plaignent d’ordinaire que les libraires contrefont
leurs ouvrages, et ici c’est un homme de lettres qui
contrefait l’édition d’un libraire ; c’est un étranger,
qui , dans l’Empire, attaque un privilège de
lempereur. Que M. de la Beaumelle en pèse toutes
les conséquences. Les remarques critiques qu’il joint
à son édition ne sont pas une excuse envers mon
libraire, et sont envers moi un procédé dont
j’aurais sujet de me plaindre. Je ne connais M. de la
Beaumelle que par les services que j’ai tâché de lui
rendre.
Il m’écrivit, il y a un an, du palais de Copenhague,
pour m’intéresser à des éditions des auteurs classiques
français qu’on devait faire, disait-il, enDanemarck,
et dont le roi de Danemarck le chargeait, à l’imita-
tion des éditions qu’on a nommées en France les
Dauphins. Je crus M. de la Beaumelle { et mon zèle
pour l’honneur de ma patrie, me fit travailler en
conséquence.
Quelque temps après, je fus étonné de le voir
arriver à Potsdam. Il était renvoyé de Copenhague ,
où il avait d’abord prêché en qualité de proposant,
et où il était, je crois, de l’académie. Il voulait s’atta-
cher au roi de Prude, et il me présenta , pour cet
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formes juridiques. Cela va saire un événement qui —-
certainementcauserait beaucoup de chagrin à M. de I"^2,
la Beaumelle , et qui serait fort triste pour la littérature.
Il doit avoir gagné , par l’édition des lettres de
madame de Maintenon, de quoi pouvoir se passer
du profit léger qu’il pourrait tirer d’une édition
furtive. D’ailleurs, il doit considérer que toute la
librairie se réunira contre lui. Les gens de lettres se
plaignent d’ordinaire que les libraires contrefont
leurs ouvrages, et ici c’est un homme de lettres qui
contrefait l’édition d’un libraire ; c’est un étranger,
qui , dans l’Empire, attaque un privilège de
lempereur. Que M. de la Beaumelle en pèse toutes
les conséquences. Les remarques critiques qu’il joint
à son édition ne sont pas une excuse envers mon
libraire, et sont envers moi un procédé dont
j’aurais sujet de me plaindre. Je ne connais M. de la
Beaumelle que par les services que j’ai tâché de lui
rendre.
Il m’écrivit, il y a un an, du palais de Copenhague,
pour m’intéresser à des éditions des auteurs classiques
français qu’on devait faire, disait-il, enDanemarck,
et dont le roi de Danemarck le chargeait, à l’imita-
tion des éditions qu’on a nommées en France les
Dauphins. Je crus M. de la Beaumelle { et mon zèle
pour l’honneur de ma patrie, me fit travailler en
conséquence.
Quelque temps après, je fus étonné de le voir
arriver à Potsdam. Il était renvoyé de Copenhague ,
où il avait d’abord prêché en qualité de proposant,
et où il était, je crois, de l’académie. Il voulait s’atta-
cher au roi de Prude, et il me présenta , pour cet
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