Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]: Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français (1911)

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GUILLAUME BONJEAN

PEINTRE GANTOIS EN FRANCE AU XIVe SIECLE.

Un document des archives du Vatican a permis à
Eugène Mùntz1 d'exhumer le nom du peintre Guil-
laume Bonjean; par lui nous avons appris qu'il était
occupé, en i382, à exécuter des peintures dans la
chapelle du Palais des papes construite par ordre
d'Urbain V, et située « infra palatium », et qu'il avait
fait le voyage d'Avignon à Montpellier pour aller
acheter dans cette dernière ville les matières néces-
saires à l'exercice de son art2.

Or, voici qu'un autre texte, extrait des Archives
nationales, nous apporte de nouvelles lumières sur
l'état civil et la physionomie de cet artiste qui, origi-
naire de Gand, avait vengé la mort de son frère Jean,
survenue vers i36o à Bruges, en tuant à son tour le
meurtrier avec quelques complices. Ce crime lui
avait valu d'être emprisonné à Gand six ou sept ans
après; puis, relaxé, il obtint du roi de France des
lettres de sauvegarde lui permettant de séjourner à
Paris et de voyager dans le royaume partout où bon
lui semblerait, sans être inquiété pour le grave méfait
de jeunesse dont il s'était rendu coupable. Ce sont
ces lettres, datées d'août 1368, qui nous permettent
d'apporter de telles précisions :

Charles, roy de France, etc. Savoir faisons nous avoir

1. L'antipape Clément VII; essai sur l'histoire des arts à
Avignon, dans la Revue archéologique, 1888, p. 14.

2. « De mandato Domini Pape, Guillelmo Bonjehan, pictori,
pro emendis apud Montem Pessulanum certis rébus necessa-
riis pro depingendo capellàm novam factam in caméra Rome,
xxx franc, valent xxxn fl. ca. un s. »