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Le charivari — 12.1843

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Janvier (No. 1-31)
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D'UNE ABSENCE DE TABAC

qui orfUE vive puisk a t& critiqve»

Au rédacteur du Charivari.

Monsieur le rédacteur,

On a vu bien souvent les citoyens s'insurger contre
l'autorité parce qu'elle les faisait trop fumer. Le Patrio-
te de la Meurthe, et après lui tous les journaux de Pa-
ris, ont dû vous apprendre qu'au contraire les prisonniers
d'Épinal viennent de s'insurger parce qu'ils ne fumaient
pas du tout. Similia conlrariis, des causes différentes
amènent les mêmes eflets ; — les extrêmes se touchent.

Pour parler sérieusement, cette émeute intrà muros
a éclaté au cri: « Du tabac ou la mortl » Au premier
aspect, ce cri de guerre n'est que ridicule, et on se sent
médiocrement ému en faveur de gens qui se soulèvent et
fument parce qu'on ne les laisse pas fumer à leur aise.
On serait plutôt tenté de bénir l'adminislration des pri-
sons, qui, dans sa sollicitude maternelle, veut metlreses
pensionnaires à l'abri des tentations incessantes d'empoi •
sonnement que la régie commet à l'encontre de ses prati-
ques. Mais si l'on veut envisager la question de plus près,
on comprendra que ce tabac frelaté, en comparaison du-
quel l'opium serait une substance éminemment salubre
et bienfaisante,—que cet exécrable tabac, dis-je, est pour
certaines organisations animales un objet de première
nécessité, un élément vital non moins indispensable que

l'air. El encore, les prisonniers, a la rigueur, vivent sans
air dans leurs cellules, mais il en est tels parmi eux qui
ne sauraient vivre sans tabac.

Quand les ouvriers de Manchester et de Birmingham
se sont révoltés l'an dernier au cri : « Du pain ou la
mort! » il n'est pas un cœur tant soit peu généreux qui
n'ait battu de douleur et de compassion. Eh bien ! pour
certains hommes le tabac est le premier aliment. Il n'est
pas rare de voir, datis les prisons, des malheureux ah"a-
més échanger contre une pincée de tabac le tiers ou la
moitié de leur modique ration de pain. Nous en avons
vu fumer clandestinement en été l'herbe de la cour et en

hiver le foin de leur paillasse. Un prêtre vénérable, dont
tous les prisonniers bénissent le nom, l'abbé Montés, est
bien mo ns prisé pour ses hautes vertus que pour la dis-
tribution de tabac dont il gratifie hebdomadairement les
nez indigens et les pipes veuves de la Conciergerie.

Consultez un médecin hibil<\ilvousdi>aque l'habitude
invétérée du tabac est une «le celles qu'il est le plus difli-
cileeile p u-dangereux de déraciner. Passe, encore pour
l'individu qu> jouit de a liberté de se- mouvemei s et de
ses g<<ûts et qui peut se rabattre surd'autres di-tractions;
mais pour le matelot dans son hamac, pour le prison-
nier dans sa cellule, ne pas fumer, c'est ne pas vivre. Or,
au moment où l'on s'apprête à discuter un projet de loi
aur les prisons, il n'«st pas inutile de rappeler que les

prisonniers sont condamnés à la réclusion, non a la mort, (de la Côte-d'Or) a promis de me présenter au ebiteiaia
Si l'on est si jaloux de lessevrer de tout plaisir, de toute de Saint-Point.

consolaiion, qu'on leur interdise sévèrement le tabac de j Continuons le portrait de l'auteur de Jocelyn par Pau-

contrebande, soit; mais nul ne s'avisera sans doute de
considérer le tabac royal comme un objet d'agrément. Il
faut êire poussé, au contraire, par la nécessité, par une
nécessité bien urgente et bien cruelle, pour y recourir.

Qu'on n'ait pas une grande cnmmi-éralion pour les vo-
leurs et les criminels, je le conçois sans peine, et laisse
l'exagération de ce genre de pitié aux philanthropes breve-
tés; mais il ne faut pas perdre de vue qu'il y a aussi des
prisonniers politiques. Si l'amnistie oublie ceux-là, il est
bon que l'opinion publique s'en souvienne.

Qu'on se borne donc à condamner les prisonniers à la
régie forcée; quels que soient leurs délits, ils seront
déjà suffisamment punis.

Agréez, etc. un prisonnier politique.

M. BE LAMARTINE

PEINT PAO M. JOSEPH II AIII).

Un jour je passais en patache devant le château de
M. de Lamartine. Le conducteur réveilla les voyageurs
pour leur dire : «Voilà Saint-Point !—Il parait que voilà
Saint-Point, » répondirent les voyageurs, et ils se ren-
dormirent.

Si M. Joseph Bard avait entendu cette réponse, il se-
rait descendu de voiture et aurait continué sa route à
pied. Car M. Joseph Bard n'admet pas qu'on puisse pas-
ser devant Saint-Point sans se mettre à genoux et sans
baiser la poussière qui garde l'empreinte des pas de M.
de Lamartine.

Dernièrement M. Joseph Bard a eu le bonheur de pas-
ser quelques jours dans la résidence du grand poëte, et
il a éprouvé le besoin de moduler sur son luth de la
Côte-d'Or quelques lignes d'impressions de séjour. Il a
voulu acquitter l'hospitalité qu'il a reçue en réclames.
La postérité y gagnera de ne point ignorer comment M.
de Lamartine vivait à la campagne.

Suivant M. Jo-eph Bard, qui prenait autrefois le titre
de chevalier, la vie de M. de Lamartine est celle d'un
prince : il a des chevaux de choix dans ses écuries, plu-
sieurs domestiques à ses ordres, une table royale, et des
appartemens disposés comme ceux des souverains. Nous
voudrions bien savoir ce que M. Joseph Bard, qui au-
trefois s'intitulait de la Côte-d'Or, entend par des appar-
temens disposés comme ceux des souverains. J'ai vu la
la chambre à coucher de ciDq ou six rois et par consé-
quent de cinq ou six reines, et je n'y ai pas aperçu la
moindre différence avec les chambres à coucher des sim-
ples particuliers, si ce n'est que le meuble est quelque-
fois en palissandre et l'armoire à glace en malachite.
Quant à la table royale de M. de Lamartine, nous en
croyons les indigestions ou plutôt les indiscrétions de M.
le chevalier Joseph Bard (de la Côte-d'Or). Il est temps
de lui restituer ses titres.

Il se boit chez M. de Lamartine, poursuit M. le cheva-
lier Joseph Bard (de la Côte-d'Or), les premiers vins du
monde : Moët première qualité; Laffitte-Comète ; Po-
mard 1813, pas le moindre Montebello-mousseux. Per-
sonne ne se doutait jusqu'ici que la cave de M. de La-
martine fût aussi bien fournie. Ga-lronome et gourmet,
ces deux qualités prouvent que décidément l'auteur des
Méditations est devenu un homme politique.

M. de Lamartine veut que son existence soit à l'unis-
son de, sa harpe (sic), son luxe est une harmonie (sic). Il
y a déjà longtemps qu'on a reconnu que les poêles ne
jouaient pas de la harpe ; M. Joseph Bard, qui a un luth,
persiste à leur infliger ce talent. M. de Lamartine vit
donc en si bémol ou en ut majeur, son existence vibre
comme une corde basse; il vil à l'unisson de sa harpe,
ses jours sont des ar|>égis, ses nuits des modulations.
Quant à son luxe, qui est une harmonie, nous ne savons
pas si M. Jo-eph Bard envisage la question au point de
vue poétique ou au point de vue musical ; ses canapés
sont ils des sonates recouvertes de velours, ou son tapis-
sier lui fournil il dr s strophes eu acr.jou ? c'est ce que je
compte vous apprendre quand j'aurai passé quelque
temps chez M. de Lamartine. M. le chevalier Joseph Bard

teur de nous ne savons trop quoi.

« La situation sociale et morale du grand poëte est
exceptionnelle. Tout en lui imprime une idée de souve-
raineté; l'exaltation logique se combine chtz lui avec le
calme et la sérénité de l'àme.» M. Bard ne nous du pas
quel gaz résulte de cette combinaison. « A dîner nous é-
tions toujours quatre, ajoute le peintre, et la conversation
était toute d'abondance, si je puis m'exprimer ainsi. »

Bien ne s'y oppose, chevalier Bard, vous avez le droit
de vous exprimer comme bon vous semble ; ne vous gê-
nez pas, je vous en prie, faites comme si vous étiez dans
la Côte-d'Or.

Un jour M. Jo«eph Bard adressa une question à M. de
Lamartine; il aurait pu lui demander: « Que pensez-
vous de la récolte? Comment se porte Eivire? Quelle est
votre opinion sur Us traductions de M. Èugène Bareste
(pseudonyme de M. de Bémusat)? ou sur les pièces de
M. de Prémarey (autre pseudonyme de M. de Bémusal)?
ou sur l'éloquence de M. Martin (du Nord) et la probité
de M. Guizot? » Le chevalier Jo-eph Bard se garda bien
de le faire : il aima mieux s'informer auprès du grand
homme de sa pensée sur la littérature du Nord et sur
ce le du Midi.

« La poésie du Nord, répondit M. de Lamartine, est
une maladie, et celle du Midi est une jouissance. »

Goëthe.mort à quatre-vingt-dix^ans.n'était qu'un vieux
malade; Torquato Tasso écrivant des vers au milieu de
la fièvre, est mort de jouissance.

M. Phdarète Chas es, professeur de toutes les littératu-
res au collège de France, envierait celle définition.

Le théâtre de Schiller est une gastrite ; les poésies de
Byron une phthisie; les niebeluugen sont le choléra;
Shakespeare représente la peste. Les poèmes de Guariui,
du cavalier Mari no, les sonnets de l'Arétm sont un bain
après une longue fatigue, un matelas quand on a som-
meil, une main douce quand le dos vous démange. La
postérité sera heureuse de connaître l'opinion de M. de
Lamartine sur les poésies du Nord et du Midi, et elle
n'oubliera pas qu'elle doit cette connaissance à H. le
chevalier Joseph Bard (de la Côte-d'Or), si je puis
m'exprimer ainsi.

Nous avons parlé, il y a quelque temps, d'un procès
devani le iribunal de commerce où figurait M. Baradère,
ex-consul de France à Montevideo et maintenant consul
à Haïti. N ius appn notis aujourd'hui que l'affaire vient
d'être terminée. H suffit qu'à p< opos de ce procès il y
ait eu des interprétations défavorables a M. Baradère,
p iur que nous nous fa-sions un devoir d'impartialité de
constater qu'il a cons> rvé dans toute celte, affaire un
parfait caractère de loyauté et de bonne foi.

OAKILLON.

A entendre M. Guizot, le traité du droit de visite est
un engagement moral pour le cabinet. U serait plus exact
de dire que c'est un engagement immoral.

— Un journal anglais annonce que la Liste-Civile dé-
sirerait vendre k l'État le château de Versailles et son
Mu=ée, moyennant la bagatelle de dix-huit millions.
L'intendant de la Liste Civile suppose apparemment que
les croûtes de Versailles peuvent se vendre comme du
pain.

— La Couronne a toujours rêvé, dil-on, aux moyens
de se débarrasser de Versailles, qui coûte plus qu'il ne
rapporte. S'il est vrai qu'elle rêve à le vendre dix-huit
millions, elle ne fait pas là un mauvais rêve.

— Le Syslème-Guizot, dit un journal, pèse plus que
jamais à la France et aux chambres. On peut dire pour-
tant qu'il n'a jamais eu mo ns de poids.

— Le gouvernement d'Espartero ne procède plus *
Barcelone que par amendes de 200 réaux. A force d»
multiplier lesamende», oa vase donner un air de œen-

dlanï" (la mit* à la patf*-
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
D'une absence de tabac
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Entstehungsdatum
um 1843
Entstehungsdatum (normiert)
1838 - 1848
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Karikatur
Satirische Zeitschrift
Schnupftabak
Tabak
Rauchen
Raucher

Literaturangabe

Rechte am Objekt

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Künstler/Urheber (GND)
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Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 12.1843, Janvier (No. 1-31), S. 62

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CC0 1.0 Public Domain Dedication
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