L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTREE

7 Janvier 1877.

Il ne manque pourtant pas de visiteurs, et de ceux
qui seraient les plus friands du baiser, auxquels, en
dépit de tous les cadeaux, le « vous permettez » n'est
malheureusement pas permis — d'une manière évi-
dente au moins.

Le « vous permettez» est ce qu'on appelle un des
privilèges de l'âge.

La jeunesse peut se dispenser de lui disputer ce-
lui-là; elle en a d'autres.

J'ai pensé que rien ne vous serait plus
agréable.

Phrase qui accompagne invariablement le don :
D'un paquet de cigares à un monsieur qui ne fume
pas;

D'une boite de parfumerie à une dame que les
odeurs font tomber en syncope ;

D'un livre de fondants à un nécessiteux ;

De deux oranges dans du papier à une coquette ;

Enfin, le don au premier venu d'un abonnement
d'un an aux Petites Affiches, d'une action de la Société
des mines de bouchons de carafes, ou d'une litho-
graphie emblématique de douze pieds carrés (enca-
drée s. v. p.! ), représentant le Dix-Neuvième Siècle
terrassant l'Ignorance et appelant à lui la Science
qui donne la main au Progrès !

Ah ! vous avez fait des folies !

La plus douce parole, prononcée par de jolies lè-
vres, qui puisse retentir à l'oreille d'un faiseur de
cadeaux.

C'est le « Soldat, je suis content de vous! » de la
vie privée.

Tout le monde ne peut pas se payer ce cliché-là.
Il revient à des prix fous.

Étrennes utiles.

Rubrique ingénieuse, qui permet à M. Simondet
et au docteur Eguisier d'écouler leurs produits à la
faveur du jour de l'an.

C'est surtout au sein des familles que les étrennes
utiles jouent un rôle important.

Le .mari dit à sa femme :

— Nous avions besoin depuis longtemps d'un sceau
à charbon. Je t'en ai acheté un pour tes étrennes...
Il fera très-bien dans mon cabinet.

Le père prend son fils à part et lui tient ce lan-
gage :

— Alfred, tu t'es bien conduit cette année ; tes
maîtres sont contents, et, quoique le travail porte
avec lui sa récompense, je veux t'en tenir compte.
Si jeune encore (dix ans1', je sais que tu as des idées
de raison au-dessus de ton âge. Tu dédaignerais
quelque jouet futile. Ta mère et moi nous l'avons
compris; nous avons décidé que pour tes étrennes tu
aurais une paire de souliers neufs ët une doublure
nouvelle à ton vieux paletot.

P. P.

LA JUMENT DU PERE DUFLOU (fin)

Après examen de la bête, le père Duflou en-
chanté de son marché enfourche lourdement sa
monture,

Qui. sentant l'écurie, prend des allures de
cheval arabe et malgré une pluie battante fran-
chit lestement les huit kilomètres,

Qui séparent Saint-rourçain de la ferme. La
pluie avait fait déteindre la bête, le père Duflou
redonnait la jument grise ; il n'avait de noir que
la culotte.