L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (10.1877)

L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

23 Décembre 1877.

DES MOTS! DES MOTS!

— Est-elle assez maigre?

— Et maquillée, donc 1

— Trop de peint sur la'planehe !

M. Grêlon. — C'est vous, au contraire, qui ne nous
parlez que de grincements de dents. Soyez tranquille,
vous grincerez comme les autres. D'abord vous avez
vingt mille livres de rente.

Crochu. — C'est une calomnie !
"M. Grêlon. — Et si vous me dénoncez au tribunal
révolutionnaire, je vous le rendrai, je vous en pré-
viens.

Mmc Graindorge. — Messieurs, messieurs, du
calme... Monsieur Crochu, un peu de foie?

Crochu. — C'est au tout plus si j'ai de quoi vivre.
Je suis plutôt locataire que propriétaire.

M. Grêlon. :—Laissez donc! je connais votre huis-
sier, et il ne se passe pas de terme que vous ne le fas-
siez travailler pour votre maison de Belleville.

Crochu. —Mon immeuble est couvert d'hypothè-
ques; mais on les abolira, soyez tranquilles.

M. Etienne. — Tenez, voulez-vous que je vous
dise? c'est la peur qui vous fait hurler avec les loups.
Eh bien ! je trouve ça lâche.

Crochu. — Moi, lâche? Monsieur, je vous somme
de retirer ce mot.

M. Etienne. — Je ne retirerai rien du tout.

Mmo Graindorge.—Allons, messieurs, messieurs !

Crochu. — Est-ce ma faute, madame, si l'on in-
sulte les amis du peuple à votre table ?

M. Grêlon, exaspéré. — Propriétaire ! proprié-
taire!!!

Crochu. — Assez d'outrages, monsieur!
M. Grêlon. — Vous ne l ètes peut-être pas, pro-
pri-é-tai-re?

Crochu. — Allez ! allez ! on sait d'où partent vos
attaques.

M. Grêlon. — Que voulez-vous dire, s'il vous
i plaît ?

i Crochu.—La rue de Jérusalem...

M. Grêlon, furieux. — Vous osez donner à enten-
dre que je suis de la police !

Mmc Graindorge. — Ah ! monsieur Crochu, c'est
indigne !

Crochu. — Monsieur ne m'a-t-il pas flétri de l'épi-
thète de propriétaire ?

M. Etienne. — Et vous prenez ça pour une in-
sulte? '

Crochu.*— Ce n'est pas quand le peuple souffre qu'il
est convenable de faire parade de sa fortune. Mais
laissez venir l'heure de la revendication !

■M. Grêlon. — Tant pis ! je me fais socialiste !