ET COUTUMES RELIGIEUSES.
article x.
Religion des Chinois.
On accusa long-tcms les chinois d'être une société d'athées. Cette in-
culpation , qui tiroit sa source de l'ignorance des millionnaires chargés
de convertir ce peuple asïatique, ne parut pas même vraisemblabie aux
gens éclairés. Aussi personne ne doute aujourd'hui que cette nation ,
bien loin d'être athée , n'adore un être unique, un Dieu suprême ,
maître Se gouverneur de l'univers, à qui elle offre ses prières Se
ses vœux. Quelques docteurs européens , par une suite de l'er-
reur que leur avoient occasionnée les relations infidelles des voya-
geurs , s'étant divisés sur le sens qu'on devoit donner aux mots Tien
Se Chang-ti, dont se servent ces peuples pour désigner le souverain
des êtres, l'empereur Can - hi voulut bien en déterminer la lignifica-
tion. Ce prince , dont l'amour pour les seiences européennes lui fai-
soit tolérer quelques moines deseendus dans ses états pour y prêcher
le chrislianisme , fit publier , pour les satisfaire, en 1710 , un édit
qui fut inséié dcim ico arokivea <àV i'om^iit- , Se imjJiillié dailS tOUteS les
gazettes. L'empereur , qui n'étoit alors que l'organe de toutes les classes
des lettrés chinois, s'exprimoit ainsi dans cette ordonnance : « Nous
» confesfons que ce n'est pas au ciel visible Se matériel, que les chi-
» nois offrent des sacrifices ; mais uniquement au seigneur Se au maître
» du ciel, de la terre Se de toutes choses. Tel est le sens que l'on doit
» donner à l'inscription Chang- ti, qu'on lit sur les tablettes, devant
» lesquelles on offre ces sacrifices. Ce n'est que parunjusle sentiment de
» respecT:, que nous n'osons donner au souverain seigneur le nom qui
» lui convient. C'est pourquoi nous sommes dans l'usage de l'invoquer
y> sous les titres de ciel fuprême, de bonté fuprême du ciel 3 de ciel uni-
» verfel. De même, en parlant respeclueusement de l'empereur, au lieu
» de l'appeller par son propre nom , on emploie ceux de marche du
» trône , Se de cour fuprême de fon palais. Enfin, quelque différens que
» soient ces termes, ils sont, en effet, les mêmes dans leur lignification ».
D'ailleurs ceux qui élevoient de pareilles difficultés, avoient sous les
yeux de quoi terminer facilement la question. Le pere Gozani, jésuite,
î-yant eu occasion d'entretenir les juifs établis, depuis plusieurs siecles,
article x.
Religion des Chinois.
On accusa long-tcms les chinois d'être une société d'athées. Cette in-
culpation , qui tiroit sa source de l'ignorance des millionnaires chargés
de convertir ce peuple asïatique, ne parut pas même vraisemblabie aux
gens éclairés. Aussi personne ne doute aujourd'hui que cette nation ,
bien loin d'être athée , n'adore un être unique, un Dieu suprême ,
maître Se gouverneur de l'univers, à qui elle offre ses prières Se
ses vœux. Quelques docteurs européens , par une suite de l'er-
reur que leur avoient occasionnée les relations infidelles des voya-
geurs , s'étant divisés sur le sens qu'on devoit donner aux mots Tien
Se Chang-ti, dont se servent ces peuples pour désigner le souverain
des êtres, l'empereur Can - hi voulut bien en déterminer la lignifica-
tion. Ce prince , dont l'amour pour les seiences européennes lui fai-
soit tolérer quelques moines deseendus dans ses états pour y prêcher
le chrislianisme , fit publier , pour les satisfaire, en 1710 , un édit
qui fut inséié dcim ico arokivea <àV i'om^iit- , Se imjJiillié dailS tOUteS les
gazettes. L'empereur , qui n'étoit alors que l'organe de toutes les classes
des lettrés chinois, s'exprimoit ainsi dans cette ordonnance : « Nous
» confesfons que ce n'est pas au ciel visible Se matériel, que les chi-
» nois offrent des sacrifices ; mais uniquement au seigneur Se au maître
» du ciel, de la terre Se de toutes choses. Tel est le sens que l'on doit
» donner à l'inscription Chang- ti, qu'on lit sur les tablettes, devant
» lesquelles on offre ces sacrifices. Ce n'est que parunjusle sentiment de
» respecT:, que nous n'osons donner au souverain seigneur le nom qui
» lui convient. C'est pourquoi nous sommes dans l'usage de l'invoquer
y> sous les titres de ciel fuprême, de bonté fuprême du ciel 3 de ciel uni-
» verfel. De même, en parlant respeclueusement de l'empereur, au lieu
» de l'appeller par son propre nom , on emploie ceux de marche du
» trône , Se de cour fuprême de fon palais. Enfin, quelque différens que
» soient ces termes, ils sont, en effet, les mêmes dans leur lignification ».
D'ailleurs ceux qui élevoient de pareilles difficultés, avoient sous les
yeux de quoi terminer facilement la question. Le pere Gozani, jésuite,
î-yant eu occasion d'entretenir les juifs établis, depuis plusieurs siecles,