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ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. III. 49

Toute la furface de ce jardin eft occupée par de grandes allées & des contre-allées Palais
dans les intervalles defquelles font pratiqués des bofquets, des quinquonces, des tapis bourg,
verds qui, quoique négligés, ne laiffent pas que de rendre cette promenade très-peuplée,
par le bon air qu'on y refpire & la commodité que l'on y trouve d'avoir des allées
folitaires en tout tems, malgré la multitude. Cet agrément rendrait ce lieu une des
promenades de Paris la plus agréable s'il y avoit des eaux jailliffantesj mais on ne trouve
dans ce jardin que le baflin N, quoiqu'il foit à croire que le grand boulingrin circu-
laire marqué O avoit été fait pour en former un, & que félon le rapport de quelques-
uns il y en devoit avoir un autre dans le centre de la demi-lune vers P, qui fe feroit
alligné avec celui O.

Indépendamment de la principale entrée qui traverfe les bâtimens en face de la rue
de Tournon, il y en a encore deux autres, fçavoir celle de la rue d'Enfer, marquée L,
& celle vis-à-vis des Carmes déchauffés, marquée M.

Plan au re^de-chaujfee. Planche II.

Ce Palais qui fut commencé en 1615 & achevé en 1620, peut être regardé comme
un édifice très-important, tant par la quantité des corps de bâtimens & des ailes qui le
compofent, que par leur grande élévation. Ce bâtiment eft de l'efpece nommée fimple^
en général on peut dire que fa diftribution fe relient du peu de commodité qu'on
affe6toit dans l'intérieur des édifices au commencement du dernier fiécle. La forme de
la cour n'eft pas non plus d'une proportion auffi élégante qu'on les fait aujourd'hui, &
l'on peut remarquer que les galleries A paroiffent ici plus propres à la magnificence
qu'à la commodité, leurs iffues B ne conduifant que très-imparfaitement dans les appar-
temens, ce qui auroit été cependant très-effentiel, puifque les équipages ne peuvent
arriver au pied du grand efcalier C à caufe de la terraffe D {a).

Le porche E eft une des parties la plus intéreffante de cet édifice pour ce qui regarde
la décoration extérieure 5 mais fon peu de largeur annonce allez médiocrement l'entrée
principale de ce Palais. Celle de la cour au jardin eft encore moins digne de la magnifi-
cence d'une Maifon Royale, l'efcalier en occupant la plus grande partie, contre toute
idée de vraifemblance : d'ailleurs cet efcalier {b) eft fi maffif, fi fombre, & fon échappée
fi baffe, que le paffage F laiffe à peine un accès convenable au concours des perfonnes
qui viennent profiter de la promenade de ce Palais.

Les deux pavillons G qui faillent d'environ 40 pieds fur le jardin peuvent être re-
gardés comme un défaut effentiel parce qu'ils mafquent la plus grande partie du milieu
de cette façade. Il eft vrai que ces pavillons, ainfi que ceux marqués H, font les feules
parties de ce bâtiment dans lefquelles font diftribués des appartemens doubles, leur inter-
valle n'étant occupé au rez-de-chauffée & au premier étage que par des pièces fervant de
communication à ces pavillons, de forte que les principaux afpects des appartemens
de ce Palais donnent fur les faces latérales I, K.

Les avant-corps L, M en faillie du côté de l'entrée font beaucoup plus tolérables, ils
flanquent les galleries A, & annoncent d'une manière grave & impofante l'immenfité de
ce bâtiment. Si ces pavillons avoient pu s'appercevoir de la rue de Tournon, l'afpeâ: de ce
Palais auroit fans contredit formé un des plus beaux coups d'œil qu'il y eut à Paris $
cela néanmoins n'étoit gueres poflible, puifqu'il auroit fallu que cette rue eut eu 50 toifes

(a) Cette terraffe eft revêtue d'une baluftrade de marbre
blanc ornée de piédeftaux exprimés dans la Planche VI. Sur
ces piédeftaux on voyoit autrefois des ftatues auffi de marbre
blanc qui furent vendues avec les meubles de Marie de
Médicis, lorfque cette Reine pour des raifons particulières fe

retira du Royaume. — (b) Selon la defeription de Paris, cet
efcalier n'eft pas de de Broffe, ce fut Marie de la Vallée qui en
donna les deffeins, & Guillaume de Touloufe qui en eut la
conduite.

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