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https://doi.org/10.11588/diglit.22044#0172
ARCHITECTURE FRANÇOISE, Liv. III.
& Santeuil fit les deux vers latins qui en forment l'infcription & qui font allufion à la Fontaine de
bibliothèque de St. Victor, contre les murs de laquelle cette fontaine eft adoflee. Cess'Via°r'
vers de Santeuil font conçûs en ces termes,
Quœ facros dofîrinœ aperit domus intima fontes,
Civibm exterior dividit Urbk aquas.
Quelques uns donnent les delTeins de cette Fontaine au Cavalier Jean-Laurent Bernin;
fi cela eft, fans doute c'eft un des ouvrages qu'il produifit lorfqu'il fit fon voyage en
France, vers 1663, deux ans ou environ avant qu'on commençât l'édification du bâti-
ment du périftyle du Louvre fur les deffeins de Perrault, & pour lequel néanmoins le
Cavalier Bernin avoit été appelle à Paris, ainfi que nous le rapporterons ailleurs.
Cette Fontaine, qui eft d'une affez belle exécution & dont nous ignorons le Sculp-
teur, eft conftruite toute de pierre, & eft compofée d'une efpece d'urne élevée fur un
piédeftal, dans le milieu duquel eft un mafque de bronze, qui répand de l'eau amenée
de l'aqueduc d'Arcueilj au-deffus de cette urne, couronnée des armes de la Ville & de
deux Syrenes, s'élève un Attique terminé par un fronton brifé, au fommet duquel font
placées les armes du Roi.
Plufieurs prétendent reconnoître dans la compofition de ce monument le goût de
le Pautre, en comparant cette fontaine avec celles du quartier du Temple qui font
de cet Artifte, & dont nous pourrons dire quelque chofe en parlant des édifices de ce
quartier.
CHAPITRE XIX.
Defcription de la Manufacture des Gobelins, fituée à l'extrémité
du Faubourg St. Marcel.
CETTE Manufacture (a) tire fon nom d'un fameux teinturier de Rheims, appellé Manufac-
Gobeltn, qui fous le règne de François Premier vint à Paris établir une Manufac- bSL"
ture, & fit à cet effet bâtir une maifon affez confidérable dans ce quartier. Cet établif-
(a) On compte en France trois Manufactures de tapifferies école de deffein établie par un Arrêt de fon Confeil du
de haute & baffe liffe; celle des Gobelins, celle de Beauvais, 16 Août 1737. On diftribue dans cette école deux fois par
& celle d Aubuffon. Toutes trois font qualifiées de Manufac- année trois médailles d'argent pour prix adjugés aux Elevés &
tures Royales, mais celle des Gobelins l'eft feule par excellence aux Ouvriers de cette Manufacture, qui feuls font admis à
& proprement dite; les deux autres le font par Privilège. Nous concourir à ces prix,
allons donner ici une légère idée de l'origine de ces trois
Manufaâures. Manufacture de Beauvais.
Manufacture JLoyale des Gobelins. Cette Manufacture fut établie dans la Ville de ce nom par
Lettres Patentes du mois dAoût 1664, accordées pour trente
Le travail de cette Manufacture confifte principalement en années à Louis Hinard, Marchand Tapiffier de Paris. Cet
emmeublemens, tels que des tapifferies à perfonnages, des ca- Entrepreneur mourut avant l'expiration de fon Privilège. En
napés & des fauteuils à l'ufage des Maifons Royales, des Cours 1684, le Roi accorda de nouvelles Lettres Patentes pour le
Etrangères & des Citoyens opulens. Elle eft compofée de même nombre d'années à Philippe Behagle, Entrepreneur de
deux ateliers de haute liffe & d'un de bafie liffe; ceux de tapifferies à Oudenarde. Il mit cette Manufacture fur un bon
haute liffe font conduits par les fieurs A.udran & Colette, celui pied, & y fit fabriquer des tapifferies de fécond ordre, qui for-
de baffe liffe l'eft par le fieur Neilfon. L'habileté de ces trois merent un objet de commerce confidérable. Cet Entrepreneur
Entrepreneurs eft un garant affuré de la continuation des mourut auffi avant la fin de fon Privilège, de forte qu'en 1711
fuccès & de la fupériorité des ouvrages de cette Manufacture. on fubrogea les fieurs Filleul, frères, qui étoient dans les
Pour former à ces chefs des fujets d'un talent diftingué par affaires, & fous l'adminiftration defquels cette Manufacture
l'étude des arts, le Roi entretient dans cette Manufacture une déchut de beaucoup; en 1727 de nouvelles Lettres Patentes y
& Santeuil fit les deux vers latins qui en forment l'infcription & qui font allufion à la Fontaine de
bibliothèque de St. Victor, contre les murs de laquelle cette fontaine eft adoflee. Cess'Via°r'
vers de Santeuil font conçûs en ces termes,
Quœ facros dofîrinœ aperit domus intima fontes,
Civibm exterior dividit Urbk aquas.
Quelques uns donnent les delTeins de cette Fontaine au Cavalier Jean-Laurent Bernin;
fi cela eft, fans doute c'eft un des ouvrages qu'il produifit lorfqu'il fit fon voyage en
France, vers 1663, deux ans ou environ avant qu'on commençât l'édification du bâti-
ment du périftyle du Louvre fur les deffeins de Perrault, & pour lequel néanmoins le
Cavalier Bernin avoit été appelle à Paris, ainfi que nous le rapporterons ailleurs.
Cette Fontaine, qui eft d'une affez belle exécution & dont nous ignorons le Sculp-
teur, eft conftruite toute de pierre, & eft compofée d'une efpece d'urne élevée fur un
piédeftal, dans le milieu duquel eft un mafque de bronze, qui répand de l'eau amenée
de l'aqueduc d'Arcueilj au-deffus de cette urne, couronnée des armes de la Ville & de
deux Syrenes, s'élève un Attique terminé par un fronton brifé, au fommet duquel font
placées les armes du Roi.
Plufieurs prétendent reconnoître dans la compofition de ce monument le goût de
le Pautre, en comparant cette fontaine avec celles du quartier du Temple qui font
de cet Artifte, & dont nous pourrons dire quelque chofe en parlant des édifices de ce
quartier.
CHAPITRE XIX.
Defcription de la Manufacture des Gobelins, fituée à l'extrémité
du Faubourg St. Marcel.
CETTE Manufacture (a) tire fon nom d'un fameux teinturier de Rheims, appellé Manufac-
Gobeltn, qui fous le règne de François Premier vint à Paris établir une Manufac- bSL"
ture, & fit à cet effet bâtir une maifon affez confidérable dans ce quartier. Cet établif-
(a) On compte en France trois Manufactures de tapifferies école de deffein établie par un Arrêt de fon Confeil du
de haute & baffe liffe; celle des Gobelins, celle de Beauvais, 16 Août 1737. On diftribue dans cette école deux fois par
& celle d Aubuffon. Toutes trois font qualifiées de Manufac- année trois médailles d'argent pour prix adjugés aux Elevés &
tures Royales, mais celle des Gobelins l'eft feule par excellence aux Ouvriers de cette Manufacture, qui feuls font admis à
& proprement dite; les deux autres le font par Privilège. Nous concourir à ces prix,
allons donner ici une légère idée de l'origine de ces trois
Manufaâures. Manufacture de Beauvais.
Manufacture JLoyale des Gobelins. Cette Manufacture fut établie dans la Ville de ce nom par
Lettres Patentes du mois dAoût 1664, accordées pour trente
Le travail de cette Manufacture confifte principalement en années à Louis Hinard, Marchand Tapiffier de Paris. Cet
emmeublemens, tels que des tapifferies à perfonnages, des ca- Entrepreneur mourut avant l'expiration de fon Privilège. En
napés & des fauteuils à l'ufage des Maifons Royales, des Cours 1684, le Roi accorda de nouvelles Lettres Patentes pour le
Etrangères & des Citoyens opulens. Elle eft compofée de même nombre d'années à Philippe Behagle, Entrepreneur de
deux ateliers de haute liffe & d'un de bafie liffe; ceux de tapifferies à Oudenarde. Il mit cette Manufacture fur un bon
haute liffe font conduits par les fieurs A.udran & Colette, celui pied, & y fit fabriquer des tapifferies de fécond ordre, qui for-
de baffe liffe l'eft par le fieur Neilfon. L'habileté de ces trois merent un objet de commerce confidérable. Cet Entrepreneur
Entrepreneurs eft un garant affuré de la continuation des mourut auffi avant la fin de fon Privilège, de forte qu'en 1711
fuccès & de la fupériorité des ouvrages de cette Manufacture. on fubrogea les fieurs Filleul, frères, qui étoient dans les
Pour former à ces chefs des fujets d'un talent diftingué par affaires, & fous l'adminiftration defquels cette Manufacture
l'étude des arts, le Roi entretient dans cette Manufacture une déchut de beaucoup; en 1727 de nouvelles Lettres Patentes y