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Société de l'Histoire de l'Art Français [Editor]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1911

DOI article:
Tuetey, Alexandre: L' émigration de Madame Vigée-Lebrun
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.18477#0179

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— I7I —

grinations à l'étranger sont bien connues, mais nous allons
aborder l'examen de son dossier d'émigrée1. Ce ne fut qu'en
1792 que le marchand de tableaux Jean-Baptiste-Pierre
Lebrun commença à se préoccuper de la situation créée
par l'absence de sa femme, qui allait porter atteinte à ses
intérêts. En effet, Louise-Elisabeth Vigée non seulement
fut inscrite sur la liste des émigrés, liste imprimée et
affichée par ordre du Directoire du département, mais
encore sa maison de la rue du Gros-Chenet, qu'habitait
son mari, fut comprise sur le tableau des maisons à louer
comme appartenant à des émigrés; en novembre 1792, le
peintre Lebrun adressa au Directoire du département une
réclamation basée sur l'exception stipulée par la loi du
8 avril 1792 en faveur des artistes absents pour leur art.

Par arrêté du ier décembre 1792, le Directoire déclara
qu'il n'y avait lieu à délibérer sur la demande présentée
par le citoyen Lebrun au nom de sa femme, attendu qu'il
n'était pas notoirement connu que ce fût pour des motifs
relatifs à son art que la femme Lebrun s'était absentée de
la République. Lebrun protesta contre cette décision en
adressant au Conseil exécutif un mémoire détaillé où il
exposait que la citoyenne Lebrun, membre de la ci-devant
Académie royale de peinture, avait quitté la France en
1789 pour se rendre en Italie, lieu chéri des artistes,
n'ayant pu, à raison de son sexe, comme les élèves de
l'Académie, visiter ce beau pays dans sa jeunesse. Arrivée à
Rome, ajoutait Lebrun, sa femme s'était installée à l'Aca-
démie de France, y avait peint plusieurs tableaux, notam-
ment son portrait pour la galerie de Florence, de là s'était
transportée à Naples, où elle avait fait le portrait du
célèbre Paisiello, qui avait figuré au Salon du Louvre de
1791. Lebrun insistait sur ce point que c'était uniquement
pour se perfectionner dans son art que sa femme avait fait
le voyage d'Italie et que rien ne pouvait mieux justifier la
citoyenne Lebrun d'être allée dans un pays le plus propre
à fortifier ses études et augmenter son talent que l'envoi
du portrait de Paisiello au Salon de l'année précédente,
où tout le monde avait pu le voir, sans préjudice des cro-

1. Arch. nat., F7 56519.
 
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