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Bulletin de l' art pour tous — 1889

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No 37 (Janvier 1889)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24716#0001
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L'ART-POUR-TOUS

Encyclopédie df z art industriel et décora t/e

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28e Année

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Janvier 1889

BULLETIN DE JANVIER 1889

Avis

l’intérêt qui s’attache aux écrits, encore si peu connus
■R- nous, de l’architecte Semper, nous a valu un assez
(Md nombre de demandes, nous engageant à en publier,
’tioins en extraits, les passages les plus remarquables,
ijous accédons volontiers au désir exprimé par nos
iJeurs : bien plus, nous les félicitons d’avoir songé.à se
Useigner, d’après les documents puisés à bonne source,
Hi le mouvement et l’organisation des arls à l’étranger,
iMvement qui, tous les jours, gagne en importance et
iMntue ses progrès : les renseignements les plus exacts
rte sont fournis à ce sujet par les idées de l’homme, à
|'ois savant et artiste, qui le prépara dans l’origine et en
''l l’orientation.

IjAns son œuvre considérable, Scmperfail souvent preuve
\M sens véritablement divinatoire: témoin l’article qui
[(.suivre et qui forme un prologue naturel, original par la
iMchise et la justesse de ses observations, à celte volu-
tjNuse et indigeste « Enquête sur la situation des ou-
i|jri's et industries », enquête à laquelle, comme on sait,
(il a été donné aucune suile, depuis qu’elle fut ouverte
M nous en 1882.

It ous avons également fait composer, pour les Bulletins
Zchains : un article de M. Lawrence Harvey, sur l'Esthé-
pée pratique de Semper, et un autre qui a pour tilre :
3 Ecoles d’Architecture du xix” siècle, dont les lecteurs
T'Art poùr Tous auront la primeur : car cette curieuse
[j,6 d’ensemble n’a, que nous sachions, encore été tra-
ite nulle part.

E. R.

DE LA SITUATION

des Artistes de VIndustrie

-o- |

SCIENCE EXACTE élend son action d’une façon surpre-
[jrlÜt- nante dans toutes les relations de l’époque présente : elle est (
devenue le guide, le génie familier de notre siècle spéculateur.

Elle enrichit la vie matérielle; elle élargit la sphère d’action du
monde des affaires (qui ne songe qu’à ses intérêts), par ses décou- (
vertes et ses inventions. Celles-ci, au lieu d'être, comme autrefois, l
filles de la nécessité, sollicitent la spéculation et la poussent à
créer par artifice, pour trouver des débouchés et être appréciées.

A peine introduite, l’invention nouvelle est de nouveau soustraite ;
à la pratique, car aussitôt née, elle est immédiatement démodée,
avant qu’elle puisse être mise en valeur comme technique, et encore
moins comme art: car toujours quelque nouveauté, rarement meil-
leure, vient la remplacer.

L’époque présente n’a pas assez de loisir; elle n’a même pas le
temps de se familiariser avec ces bienfaits quasiment imposés, ce
qui est pourtant la condition indispensable pour l’appréciation de (
dons de cette nature. La pratique et la spéculation industrielle,
intermédiaires entre la consommation et l’invention, reçoivent ces
productions surabondantes à livrer à des prix facultatifs, sans que,
par un usage populaire séculaire, il ait pu se former un style qui leur I
lût propre; et il faut un tact artistique bien plus grand que celui
que l’on rencontre chez nos industriels, pour se passer aujourd’hui
de l’intermédiaire du temps, et pour trouver la forme d’art juste et (
précise pour toutes les nouveautés qui se pressent : à savoir ce
« cachet » qui fait que l’œuvre d’homme, librement créée, apparaît
comme une nécessité de nature, comme l’expression universelle- (
ment comprise et ressentie d’une idée. )

Il est vrai que la spéculation s’efforce, de même qu’elle em- j
prunte à l’intelligence scientifique ses moyens techniques, à mettre j

également à son service les « arts de la forme » ; mais elle a, au
milieu d’une activité aussi développée que la sienne, effectué la
division du travail (assurément nécessaire) d’une façon on ne peut
plus défavorable au résultat poursuivi. C’est ainsi qu’elle sépare,
par exemple, ce qu’on appelle la partie ornementale, de celle de la
technique de la forme, d’une façon tellement mécanique, qu’elle
trahit, de prime abord, le manque du sentiment et de la connais-
sance des rapports véritables entre les diverses fonctions à l’aide
desquelles on arrive à faire aboutir une véritable œuvre d'art.

Il y a un grand nombre d'artistes, en partie excellemment doués,
qui travaillent, avec engagements fixes, pour l’industrie anglaise
et française, et qui se mettent ainsi dans un double état de servi-
tude. Ils dépendent du maître qui leur donne le pain, qui ne les
reconnaît que comme des conseillers d’art assez onéreux, peu à la
hauteur des décorations d’art qu’il en attendait, et qui rarement
les paie convenablement ; ils dépendent aussi de la mode du jour
qui doit garantir le « débouché » des produits: car, en résumé,
tout dépend de là ; c’est le but et l’existence même de l'établisse-
ment industriel.

C’est ainsi que Y initiative (1) dans la production industrielle est

(1) Logiquement, dans batelier de compositions attaché à sa maison,
le patron de fabrique ne devrait apporter que le programme circon-
stancié des objets nouveaux dont l’artiste (qui spécialise le talent, le
goût et la pensée d'art) a pour mission de fournir les dessins. Mais il
n’en est nullement ainsi dans la pratique industrielle.

Avant même d’être livrée à l’exécution, la pensée primitive de l’artiste
subit une série de transformations, où le chef de maison, par amour-
propre (il veut être artiste aussi), et pour la gloriole de sa « raison so-
ciale », cherche à faire prévaloir son goût personnel, qui est en général
fort douteux. Le dessin définitif ne s'établit donc qu’à la suite d’une
sorte de compromis entre l’artiste et le patron, d’une dualité dans la
conception, circonstance éminemment nuisible à Vanité du résultat.

Mais il y a plus.

Comme il ne faut pas que l’artiste prenne trop d'autorité dans la
maison, et reste en sous-ordre, généralement la surveillance de l’exécu-
tion dans toutes ses phases et sa direction générale, lui sont retirées.
11 se produit donc ici une adjonction de nouvelles intentions (dans la

^EUILLETON DU BULLETIN DE JANVIER 1889

l’Architecture Polychrome

chez les Peuples de l’Antiquité (3)

Traduction inédite de E. Reibeiî

II

La Pythie

(Suite)

L>ans l’Inlroduction, M. Kugler oppose les deux
Mis extrêmes, entre lesquels (comme de juste) la
/*'ité doit résider « au beau milieu » (c’est son
j'inion à lui), et il la termine par une désapproba-
l')ri aigre-douce du succès que mes dessins rencon-
trent jadis auprès des jeunes artistes:

« Sans doute on n’a pas bien distingué, lors de la
Amière et rapide impression, comment, chez les
^dens Hellènes, le sentiment, les moeurs et la nature
j6 Comportent avec le Nord, si pauvre de forme el
6 couleur, et qui précisément, pour se vivifier, met


Ri

couvre des moyens plus puissants. »

Ce que M. Kugler semble vouloir dire par là : que
‘Jeu des couleurs vives conviendrait mieux au Nord
0derne qu’au Sud antique, contredit tout ce qui,
y>s la nature el dans les costumes, les ornements,
constructions, etc., des divers peuples de la terre,

ht s’offrir à l’observation.

( Ans le Midi, la lumière non affaiblie du soleil
'vèt tous les objets d’un éclat doré comme le safran,


détache même les parties ombrées ou d’une colo-
on obscure, en clair, sur un ciel d’un bleu pro-

p'Kl et presque noir. Elle réunit tous les tons entiers
^ Plus nourris de la gamme des couleurs sous ce
!Mis doré. Mais elle hausse les blancs et tous les
ds clairs d’une façon qui inquiète l’œil : c’est pour

cela que le blanc ne règne qu’au désert, c’est-à-dire j
au royaume des morts. Comme chez nous le noir, la-
bas le blanc (ou le jaune) est la couleur de deuil.
Partout où il y a de la vie, il y a de la couleur vi-
vante. Nulle part le blanc n’apparaît dans les parties j
principales des formes de la nature (1), et les hommes S
ont été astreints à suivre ici ses indications.

Au contraire, dans le Nord etdansdes pays comme !
l’Angleterre, où le brouillard règne toute l’année et
enveloppe le ciel et la terre de son manteau gris, sur j
lequel tous les objets paraissent sombres, les rayons
obliques, étranges, du soleil, n’éclairent que les ob-
jets les plus rapprochés, avec des effets puissants, je ;
l’accorde.

Qu’ici, chez nous, un tout autre système de poly- j
chromie soit à observer, plus modéré et plus clair,
cela paraît évident. Fort instructive sous ce rapport,
serait sans doute la comparaison des célèbres colo- <
ristes de l’école des Pays-Bas avec les Italiens. (

Mais loal cela n’est ici dit que comme accessoire j
de l’assertion Kugler qui précède, et comme justifi-
cation du manque apparent de goût, consistant à ne
pas trouver belles les parois de marbre blanc. Je
dois, et dussé-je être frappé pour cela d’un double t
ostracisme par les esthéticiens, je dois répéter l’aveu
que je ne puis trouver belles, ni dans le Nord, ni dans
le Midi, les grandes niasses de construclions blanches, j

M. Kugler met un grand poids aux passages pro- j
hauts des anciens pour décider la question en litige,
si bien qu’il faut s’étonner que sa liste de citations
offre une si maigre moisson. Mais c’est au mieux :
elles ont le sort des versets de la Bible, que chacun j
interprète à sa manière.

D’abord M. Kugler glisse rapidement sur quatre ou j
cinq passages qui témoignent en faveur de la poly-

(1) Ce fait se confirme par l’observation. Dans les régions polaires )
ou couvertes de neiges éternelles, certains animaux perdent la co-
loration habituelle de leurs espèces respectives : exemple, l’ours
blanc des banquises, l’hermine de Sibérie, la perdrix blanche des
Pyrénées, etc. (Note du Traducteur.)

chromie; ils ne se rapportent, dit-il, qu’à des ouvrages
anciens (archaïques et provinciaux) ou à d’autres
trop nouveaux; et ce qui est valable en eux ne peut
encore s’appliquer aux temples de marbre antiques.

Cependant il fait cet aveu notable, qu’à l’exclusion
des temples de la vraie Grèce des meilleurs temps, ils
furent, chez les Grecs, peints dans leurs parties cons-
tructives, et que, même chez eux, l’intérieur de la
cella était entièrement coloré (1).

Puis il annonce à grande pompe les témoignages
contre la polychromie ; mais on se voit bientôt trompé
dans son attente, et même Fauteur paraît sentir la
faiblesse d’arguments basés sur une quantité de pas-
sages de Pausanias : car son style s’embrouille subi-
tement, et il devient difficile de suivre la marche de
ses idées. Aussi pense-t-il, après production de la ci-
lalion définitive et décisive, qui doit abattre l’adver-
saire d’un coup, après l’avoir auparavant seulement
excité pour s’entretenir la main, devoir s’excuser par
les paroles que voici :

« Nous avons communiqué les témoignages qui
« précèdent, et qui ne sont pas aussi décisifs, afin
« que le passage d’Hérodote ne se présente pas par
« trop isolé, et que peut-être même son authenticité ne
« puisse être révoquée en doute. »

En effet, M. Kugler a parfaitement reconnu l'auto-
rité décisive de ce passage, et il est naturel que tout
ce qui précède, il l’eslime pour rien, pour un vain mi-
rage. Mais il ne s’étonnera pas que ses lecteurs en
fassent autant, et passent ces inutiles amplifications
du sujet principal. Mais suivons un peu les allées par
lesquelles il nous conduit « dans une douce ivresse »
vers le trépied de Delphes.

(i) Je ne vois pas grand inlérêt à suivre en détail ce que M. Ku-
gler fait valoir pour affaiblir ces passages. Entre autres conclusions
risquées qu’il en tire, ce qui m’a le plus frappé, c’est que comme,
d’après Plutarque, la couleur safran d’une paroi de stuc vint à
paraître en la frottant d’un doigt mouillé, cette couleur devait
paraître blanche avant ce frottement. Pourquoi donc pas noire ou
grise par la vétusté et la fumée des lampes et de l’encens? Pour-1
quoi pas verte ou rouge?

<

bulletins de l art pour tous. — n° 37.
 
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