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Bulletin de l' art pour tous — 1889

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No 41 (Mai 1889)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24716#0009
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L ÀRT-POUR -TOUS

Encyclopédiedf z 'artindustriel et décora t/e

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EMILE REIBER

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Lit rairie, des Imprimeries réunies

28e Année

An-cienne.Maison Morel

PARIS

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Mai 1889

BULLETIN DE MAI 1889

LES ÉCOLES D’ARCHITECTURE

du XIXe Siècle (3)

-o-

Les Doctrinaires (Fin).

Depuis que l’art a été placé sous cette intendance spé-
culative, ni le sens des belles dispositions de l’espace n’a
été vivifié, ni les fibres nerveuses accordées de façon à
devenir sensibles au « vis superba formæ ». Le. jugement
instantané n’est en aucune façon mis en éveil par une telle
esthétique : elle trouve un point d’appui notable dans l’in-
capacité de tant de gens à savoir jouir purement du beau
comme tel! Elle aide à cette incapacité en lui offrant une
traduction pour l'oreille de ce qui est fail pour l’œil ; elle
change l’art en absence d’art, les formes sensibles en idées
abstraites, la satisfaction du beau en d’autres, Dieu sait
lesquelles, et le charme et l’humour des arts en une sévé-
rité pédanlesque. — Mais si la forme, la couleur, la quan-
tité, etc., pour être bien senties doivent préalablement être
sublimées dans l’appareil dislillatoire des catégories; si ce
qui tombe sous le sens n’a, comme tel, plus de sens; si le
corporel, comme le veut cette étrange esthétique, doit tout
d’abord anéantir son corps pour montrer ses richesses,

ny a-t-il pas là pour l’art anéantissement complet du fon-
j dement par lequel il subsiste par lui-même ?

I! y aurait aussi bien des observations à faire sur les
) journaux d’art, qui sont plus ou moins les échos des ma-
j nuels cl’esthétique spéculative. Eux aussi mettent au se-
! cond plan, plus cpie de raison, l'intérêt de la considération

1 de matière dans l’appréciation des formes d’art. Le quoi?

chez eux aussi, domine le comment? le : je pense, le : je
vois : les à-peu-près du pur sentiment et les fictions
idéalistes, la réalité vivante.

C’est ainsi que l’esthétique spéculative rappelle, en bien
des choses, la philosophie naturelle. De même qu’à celle-ci
succédera la recherche exacte, de même à l’autre succé-
dera l’esthétique empirique, expérimentale, pratique (1).

Ainsi, même de ce côté, l’art se voit isolé et parqué dans
un enclos spécial. C’était le contraire autrefois; car chez
j les anciens son domaine faisait, lui aussi, partie de l’empire
1 assigné à la philosophie, artiste elle-même, et qui servait
de guide aux autres arts; puis, vieillie avec eux, elle de-
' vint la science des distinctions byzantines, et inventa, aux
lieu et place des analogies vivantes, les catégories inani-
; niées.

C’est ainsi que la construction gothique fut la traduction
; lapidaire de la philosophie scholastique des \n» et xin* siè-
cles.

(1) Voir à ce sujet le Bulletin de Février : L’architecte ÿemper
cl son Esthétique pratique.

Item, les arts n’ont rien à espérer de ces études d’ana-
tomie artistique : leur succès dépend uniquement du réveil
général et populaire de la capacité pleine, entière et im-
médiate de sentir les impressions d’art, et du plaisir qu’on
y éprouve.

Au milieu de tout cela, l’esthétique spéculative exerce une
influence prépondérante sur nos conditions d’art quelles
qu’elles soient, tout d’abord par l’intermédiaire des soi-
disant connaisseurs et amis des arts qui, par elle et d’après
elle, se sont acquis une autorité doctrinaire et puritaine
(mais de pure fantaisie) sur les choses d’art (1) : direction

(1) Dans ses travaux de haute critique, l'illustre M. de Rumohr,
cité plus haut, a examiné avec beaucoup de justesse les circons-
tances dans lesquelles le ménage des arts — c’est son expression
— s’est augmenté de nos jours par l’effet de l'invasion progressive
des « connaisseurs », qu’il ne faut pas confondre avec les grands
« curieux d’art » du siècle dernier, et dont les Winckelmann, les
Lauraguais, les Caylus et autres, représentent les types connus. Le
connaisseur moderne est complètement étranger à la pratique des
arts, et se fait un jeu de parler d’abondance sur des matières
sérieuses qu'il n’a pas étudiées. Son but est d’éblouir par la plume
et la parole les ignorants et les naïfs, qui sont en grande majorité;
et il arrive ainsi à se créer ce qu’on appelle « une situation », à
laquelle s’attache une certaine influence. Il écrit, parle, inspecte,
rédige des rapports, préside, dirige, etc., ayant à sa dévotion, s’il
est ambitieux, une clientèle plus ou moins nombreuse de connais-
seurs en sous-ordre, jeunes, ardents et « convaincus », qui ont em-
brassé cette carrière « libérale entre toutes », et qui s’attachent à
sa fortune éphémère.

Le curieux type de ces modernes fourrageurs du champ de l’art
serait digne de trouver son Balzac; mais malheureusement, par des
envahissements de cette nature, l’art périclite de plus en plus.

FEUILLETON DU BULLETIN DE MAI 1889

L’Architecture Polychrome

chez les Peuples de l’Antiquité (")

Traduction inédite de E. Reiber

III

La Preuve chimique

(Suite)

Rapport de la Commission de Londres (Fin)

» Dans une lettre de M. Bracebridge à M. Woods-
worth, publiée dans « Athens and Alt ica », il est an-
noncé que, pendant l’année 1835-36, une fouille de la
profondeur de vingt-cinq pieds a été pratiquée à
l’angle sud du Parthénon, où furent trouvés des blocs
de marbre énormes, inlacls et comme sortant de la
carrière, des fragments, etc.; et sous ces fragments,
des débris de poteries et de bois carbonisé. Aucun
des assistants ne douta que l’on ne fût arrivé au ni-
veau de l’ancien ITécatompédon. On trouva là divers
morceaux de marbre sculpté, et parmi ces fragments,
des portions de triglyphes, de colonnes cannelées et
de statues. Les objets de cette dernière classe étaient
peinls du rouge le plus brillant, de bleu et de jaune,
ou plutôt de vermillon, outremer et jaune paille, ce
dernier pouvant avoir pâli sous terre.

» Ces morceaux remarquables ont été soigneuse-
ment déposés dans l’Acropole, mais il est à craindre
que bientôt ils ne perdent l’éclat de leurs couleurs,
tranchant entre elles par leur contraste. Les couleurs
sont posées en croûtes épaisses. La lète de femme a
les cheveux, les yeux et les sourcils peints.

» Si nous prenons en considération la blancheur
éclatante du marbre pentélique en sa fraîcheur, tout

ceci paraît déjà expliquer l’application des couleurs,
notamment parce que les détails de l’ouvrage, au
milieu de l’éclat éblouissant et général, se fussent
trouvés perdus pour l’œil; en outre, c’élait là une
tradition fort ancienne.

» Après cela, on communique le résultat des expé-
riences chimiques entreprises par Mi Faraday sur
divers stucs colorés, en fragments. Dans tous, on a
constaté la présence de la cire et d’une résine parfu-
mée (a fragrant gum) ; mais ce n’est qu’aux fragments
bleus que l’on a pu constater la matière colorante
(cuivre) (1).

» Ensuite furent produites des perles de verre qui
proviennent du tore entre les volutes des chapiteaux
ioniques du portique à quatre colonnes de l’Erech-
theum : elles étaient jaunes, rouges, violettes et bleues.

» Finalement, il est déclaré qu’ « il n’y a aucune
» raison de douter qu’il n’y ait eu des applications de
» couleur, et que de l’analyse des fragments colorés
» que M. Donaldson a rapportés du temple de Thésée,
» il résultait que la surface des fûts de colonnes et
» d’autres parties du temple de Thésée, auxquels ces
» fragments étaient empruntés, étaient revêtus d’un
» enduit coloré. »

(1) L'approbation de Faraday est ainsi libellée :

A. — Fragments de couverte, pris sur des antes des Propylées.

Le bleu obtenu par le carbonate de cuivre, avec mélange de cire.

B. — Fragment de couverte emprunté aux soffiles des têtes de

traverses du Theseum.

Le bleu est une fritte colorée par le cuivre : présence de cire,

C. — Partie de couverte prise aux colonnes du Theseum.

J’ai des doutes sur cette surface. Je ne trouve ni cire, ni couleur
minérale : tout au plus un peu de fer. Une cire odorante apparaît
dans quelques fragments, et dans tous, une matière inflammable.
Peut-être utilisa-t-on ici quelque matière végétale.

D. — Portions du revêtement des caissons du Theseum.

Le bleu est une fritte de cuivre mélangée de blanc.

E. — Partie de la couverte de l’aile nord des Propylées.

La couleur est un oxyde de cuivre avec traces de cire.

F. — Partie de la couverte de l’aile nord des Propylées.

La couleur est un oxyde de cuivre avec traces de cire.

Londres, 21 avril 1837.

M. Faraday.

Ici, M. Kugler possède maintenant « l’approbation
décisive et formelle » des chimistes, et il ne lui reste
plus qu'à enfler ses voiles.

IV

Mieux que des suppositions

M. Kugler ne veut pas du tout comprendre pour-
quoi les anciens auraient, pour leurs édifices deluxe,
amené à grands frais et de très loin le marbre blanc,
si ce n’était précisément pour sa belle couleur blanche.

Comme je ne puis le faire d’une manière plus
brève, je répéterai ici, en réponse (avec quelques
adjonctions), un passage de l’écrit déjà plusieurs fois
cité : « Observations préliminaires, etc. »

« Avant toutes choses, il est difficile de convaincre
les gens que les anciens aient revêtu de couleurs une
matière aussi précieuse que le marbre. Mais, sans
parler des plus anciens monuments de bois et de
briques, la plupart des temples grecs (et les plus
anciens sans exception) étaient formés d’une pierre
grisâtre très abondante chez eux, calcaire, à appa-
rence de marbre, ou d’une pierre poreuse à coquil-
lages, et furent revêtus de stuc avant qu’on en couvrît
la surface de peinture; le marbre blanc ne fut choisi
que plus tard, et là où on l’avait tout à fait sous la
main, ou pour des édifices tout à fait extraordinaires.
» Cela pour les motifs suivants :

» 1° Parce qu’en raison de sa dureté moyenne, de
sa finesse et de l’égalité de sa contexture, il élait
éminemment favorable à la mise en œuvre, et qu’en
même temps il était très durable.

» 2° Parce qu’il rendait inutile le revêtement de
stuc. La peinture pouvait être immédiatement appli-
quée aux temples de marbre. Une technique nouvelle
dans la peinture fut le premier résultat de l’introduc-
tion et la principale cause de l’extension générale et
de la préférence donnée au marbre blanc. Car la

BULLETINS DE L’ART POUR TOUS. — N” 41.
 
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