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Bulletin de l' art pour tous — 1889

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No 41 (Mai 1889)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24716#0010
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BULLETIN DE L’ART POUR TOUS

N° 41

i

autoritaire qui, là où elle put pénétrer, occasionna une re-
grettable dévastation dans le monde des formes d’art.
C’est ainsi qu’une certaine école d’architecture sud-alle-
mande, où la direction matérialiste-constructive s’unit à
un puritanisme esthétique, montre, à côté de résultats
louables dans la catégorie des constructions utilitaires,
l’insuffisance de ses moyens, sitôt qu’il s’agit d’un art vé-
ritablement monumental. Ces moyens véritables, dont on
s’est privé soi-même par suite de la manie moderne de
tout rattacher aux « principes »? ont été, en grande partie,
qualifiés par erreur comme des inventions des périodes
de la décadence des arts, comme contraires au bon goût,
ou comme contraires à la saine construction, et ont été
jugés sur cette fausse accusation. Parmi eux se ren-
contrent pourtant des traditions fort anciennes de l’art de
bâtir, qui répondent pleinement à la logique des construc-
tions, et plus généralement à celle de la création d’art, et
qui ont leur valeur symbolique plus ancienne que l’his-
toire, valeur qui ne peut en rien être exprimée par « du
nouveau ». Les preuves de cette observation, l’écrit qui
va suivre (Le Style) aura maintes fois l’occasion de les
mettre en évidence.

Une autre réaction de la philosophie spéculative sur les
arts se montre dans l’art iconographique, et dans ses
tendances comme « art de l’avenir » : dans la chasse aux
idées nouvelles, dans l’étalage des pensées « fortes » et
abondantes, dans la profondeur et la richesse de leur
signification, etc., etc.

Ces appels d’un intérêt étranger aux choses d’art, ces
aspirations (auxquelles répond topiquement l’extase artis-
tique, et la manie souvent comique des interprétations
fournies par les connaisseurs en art et les archéologues),
sont indicatives soit de la barbarie, soit de la décadence.
L’art, à son point culminant, abhorre l’exégèse : il évite
conséquemment, de propos délibéré, les vouloirs de cette
nature; il les voile derrière le manteau des motifs vulgaires
et purement humains, et choisit à dessein les tracés les
plus élémentaires et depuis longtemps connus, considé-
rant ceux-ci, ainsi que la matière — argile ou pierre — qui
sert à ses créations, purement et simplement comme des
moyens pour atteindre un but qui se suffit à lui-même.

« Le ciel, je l’ai créé de la terre,

Les anges, de l’épanouissement de la femme;

La matière n’acquiert de la valeur
Que si l’artiste lui imprime la Forme ! »

G. Semper.

(Extrait de l’Introduction générale à son livre Le Style
(1860).

(Traduction inédite de E. Reiber.)

CONCOURS

Médailles de l'Exposition de 1889.

Un concours est ouvert pour la gravure des coins
de deux médailles de bronze, l’une dite : « Médaille
de récompense », l’autre dite : « Médaille commé-
morative ». Le module de ces médailles ne sera pas
inférieur à 5 centimètres et demi. Chacune d’elles
présentera sur une face une figure ou un sujet sym-
bolique, avec la légende : République française.
Le revers portera un sujet composé en rapport avec
la destination de la médaille.

Les modèles devront être déposés à la direction
générale de l’Exploitation, avenue de La Bourdon-
nais, 16, dans les deux mois, à dater de ce jour. Ils
ne seront pas signés du nom de leur auteur, mais ils
porteront une marque qui sera reproduite dans un pli
cacheté que les artistes remettront en même temps
que leur œuvre; ce pli, en outre, renfermera leur nom
et leur adresse.

Dans les deux mois qui suivront le jugement du
concours, les lauréats devront remettre à la Monnaie
les poinçons et les coins nécessaires à la fabrication
des médailles.

Ils recevront pour prix de ces fournitures une somme
de 8,000 francs chacun.

Les auteurs des projets classés en deuxième et
troisième rang pourront recevoir des indemnités de
1,000 et de 500 francs.

RÉSULTAT

Décoration de la Mairie de Nogent-sur-Marne.

Le jury du concours pour la décoration picturale
de la mairie de Nogent-sur-Marne a rendu son juge-
ment au premier degré.

Trois artistes ont été désignés pour prendre part
au deuxième degré du concours. Ce sont, par ordre
alphabétique :

MM. Debon, Karbowsky et François Lafon.

Le jugement définitif aura lieu dans le courant
d’octobre prochain. _

Monument de Danton.

M. Auguste Pâris a été choisi par le jury pour exé-
cuter le monument de Danton.

Une prime de 3,500 francs a été allouée à M. Desca,
une de 2,500 à M. Levasseur.

Le jury a émis le vœu que le bas-relief du projet
Desca, représentant l’enrôlement des volontaires, fût
retenu et utilisé par la Ville.

Le monument sera élevé sur le rond-point, à l’angle
du boulevard Saint-Germain et de la rue de l’Ecole-
de-Médecine, où se trouve actuellement la statue de
Broca, qui doit être transportée dans une des cours
de l’École.


Ventes Artistiques

Collection Ayerst. — Signalons, dans cette vente,
les principales enchères obtenues parmi les porce-
laines de Sèvres pâte tendre :

Une Jardinière ventrue, chantournée et oblongue,
décorée de guirlandes de fleurs et de rehauts d’or sur
fonds lapis à pois et treillis d’or, 4,000 fr.; un Caba-
ret solitaire décoré de guirlandes sur fond bleu pâle,
datant de 1767, 4,000 fr.; une Écuelle à deux anses
avec couvercle et plateau fond bleu turquoise à filets
et rehauts d’or, décorée en 1755 par Pethon, 9,000 fr.;
un Plateau, forme losange lobé, orné de rosaces, dé-
coré en 1765 par Mérault, 3,200 fr.

Parmi les tableaux, objets d’art et d’ameublement :
J. Both, Paysage au soleil couchant, 3,000 fr.; Vénus
et l’Amour, grande toile attribuée à Boucher, 2,050 fr.;
Portrait d’une musicienne, attribué à Drouais,3,000fr.;
Portrait de Molière, par Mignard, 2,050 fr.

Parmi les dessins : Sept figures, Jeunes filles et
Jeunes gens, sur une même feuille, par Watteau,
3,150 fr.

Une Terre cuite, bas-relief, par Clodion, signé et
daté de 1776, représentant VAmour désarmé, 7,000 fr.;
une Terre cuite, l’Innocence aux prises avec l’Amour,
œuvre d’un artiste inconnu du xvme siècle et prove-
nant du pavillon de Louveciennes, 4,050 fr.; une Pen-
dule en marbre, Amours et Bacchantes, attribués à
Falconnet, 2,000 fr. Une Pendule de cartonnier,
bronzes ciselés et dorés, du temps de Louis XV
5,650 fr. ; un Baromètre applique, époque de Louis X VI,
4,100 fr.; un Bureau en acajou garni de cuivre, du
temps de Louis XVI, 6,400 fr.; un autre petit Bureau
de la même époque, 4,000 fr.; un Bonheur-du-jour
Louis XV, 5,100 fr.; une Boiserie de salon, époque
Louis XVI, à panneaux cintrés et peinte par Leri-
che, 5,200 fr.

à

peinture encaustique n’était facilement applicable que
sur le marbre ou sur l’ivoire. Plus tard seulement fut
inventée une méthode plus commode, permettant de
peindre à la cire chaude, fondue, même sur le bois.
D’après la méthode ancienne, la couleur de cire fut
probablement appliquée à l’état de pâte, de sorte qu’il
se produisit une sorte d’émail. Les parties furent
soudées au fer chaud, et les coutures recouvertes
encore une fois à part.

» Ces conjectures s’appuient principalement sur les
dires de Pline (1). Il nomme trois artistes de Paros
comme étant les premiers dont il ait appris qu’ils pei-
gnaient à l’encaustique. Mais on sait aussi qu’à Paros
se trouvaient les plus anciennes et les plus célèbres
carrières de marbre.

» Plus loin, Pline dit qu’au temps passé il y eut deux
manières de peindre à l’encaustique : l’une (sur mar-
bre?) à la cire, l’autre sur ivoire avec des résines
parfumées et avec un style; jusqu’à ce que plus tard
il s’y soit ajouté une troisième, consistant à appliquer
la cire fondue au feu à l’aide d’un pinceau, et cette
peinture ne souffre ni du soleil, ni de l’eau salée, ni
des injures du temps (2).

» Les observations que j’ai communiquées plus haut

(1) Plin. N. H. 35, 39. Geris pingere ac picturam inurere guis
primus excogitavit non constat. Quidam Aristidis inventum putant,
posteà consummatum a Praxitèle. Sed aliquanto vetustiores encaus-
ticæ picturæ extitere, ut Polygnoti et Nicanoris et Archesilai Pa-
riorum.

Une préparation blanche, crayeuse, transparente et pourtant
ferme, devait servir de dessous et de fond à la peinture encaustique
ancienne.

(2) L’expression ds Pline 35, 11 : « Cestro, id est viriculo » fut or-
dinairement appliquée à l’instrument qui était employé dans cette
pratique et mis en parallèle avec le pinceau. Le mot XEçtpov a, par
contre, en grec, une double signification. C’est d’abord un instrument
pointu, un burin; puis c’est le nom d’une plante odoriférante : en
botanique, d’après Dioscorides, « betonica officinalis ». Le mot latin
« viriculum » ne parait qu'à cet endroit. Pline n’aurait-il pas ici
opposé le cestrum à la cera, et pensé à la résine odorante que l’on
trouve dans la couleur des monuments anciens? Il est vrai que dans
un autre passage, Pline oppose les deux expressions « cestrum et
penicillum », de façon que la traduction habituelle du mot cestrum
par « style » a beaucoup de vraisemblance. Mais la chose n’est pas
bien claire.

sur les restes de peinture grecque, fortifient les sup-
positions que je viens de formuler.

»3° Parce que le brillant et la clarté du fond blanc,
éclatant, cristallin, du marbre, se faisait valoir avan-
tageusement sous la couverte de cire plus ou moins
transparente et vitreuse;

» 4° Parce qu’on mettait un grand prix à la valeur
réelle de la matière intérieure. Même ce qui ne frap-
pait pas le regard devait répondre en qualité à l’éclat
extérieur (1). On connait assez l’histoire de la statue
en ivoire de Minerve, de Phidias. L’honneur de la
nation et le respect des dieux étaient en jeu dans
cette œuvre précieuse. »

Ce n’est pas par mépris pour la logique des pensées,
mais c’est à dessein qu’il arriva que le véritable point
de la question : à savoir que l’usage constant des
Grecs de peindre leurs temples, fut présenté à rebours
dans la réponse ironique de l’Oracle, qui explique
précisément pourquoi on choisissait pour la peinture
le marbre blanc. Cette conception de la chose est la
bonne, ainsi qu’on le reconnaîtra plus clairement par
la suite de cette étude.

Mais comme le Bon et le Beau, là où on les dé-

(1) Cette dernière et inattaquable raison est celle qui frappe Ku-
gler; il trouve ceci tout à fait contraire à la nature humaine, et dit
que les exemples connus étaient contraires et non favorables. Les
figures d’ivoire n’étaient-elles pas montées sur une « âme » en bois
commun ?

Mais qu’en est-il donc, si même les statues d’ivoire de Phidias ne
faisaient valoir leur blancheur que sous le voile d’une richesse de
couleurs répondant à l’éclat des broderies et incrustations d’or?
Nous avons des documents sur cet objet.

Si, du reste, M. Kugler ne partage pas mon avis en cela, qu’au
moins il laisse la parole à une plume plus autorisée que la mienne :

Pline dit au chapitre 15 de son 35° livre : « Durât et Cyzicidelu-
brum, in quo filum aureum, commissuris omnibus politi lapidissub-
jecit artifex eburneum Jovem dicaturus intus coronante cum Apol-
line. Tralucent ergo juncturæ Lenuissimis capillamentis Unique
afflatu simulacra refovente, præter ingenium artilicis ipsa matériel
quamvis occulta in pretio operis intelligitur. » Ce passage est, à
plusieurs points de vue, inlércssant pour notre sujet. 11 dit claire-
ment que les fils d’or ne paraissaient qu’à travers une matière qui
les voilait, et ils entouraient les images d'un délicat reflet d’or.
Pouvait-ce être autre chose que la couleur ou l’enduit de cire co-
lorée, polie et diaphane?

couvre, se font valoir dans toutes les directions, et
même ailleurs qu’on ne le suppose communément, il
arriva ici également que, pendant que le marbre, par
son grain noble, par sa transparence cristalline et
sa couleur, formait la matière fondamentale propre
au développement de la sculpture et de la peinture
attiques, l’émail balsamique coloré (I) contribua essen-
tiellement à sa conservation et à sa durée; si bien
que si la barbarie ne les avait mutilés, ces monu-
ments subsisteraient encore aujourd’hui dans leur
beauté originelle. Qu’on lise à ce propos ce que
Sir Humphrey Davy en dit dans son cinquième Dia-
logue des Réflexions consolanles en voyage.


v

Je termine cette polémique, qui n’a pas pour objet
d’examiner au point de vue esthétique les vues artis-
tiques de M. Kugler, d’après le système de polychro-
mie des anciens, établi par lui (2), ni d’attaquer sa j
généalogie des temples, — je terminerai, dis-je, en
rappelant un passage de son écrit où, après avoir
accordé que l’intérieur, et même les portiques an-
térieurs et postérieurs des temples, étaient colorés, il
ajoute :

« Pourtant ici revient la question de savoir si aux
» côtés en longueur des temples périptères, on ait eu
» en vue un effet analogue. Il paraît au contraire plus
» vraisemblable qu’on le borna aux faces principales
» plus étroites, afin, aussi, de faire paraître celles-ci
» plus importantes : car ici, la profondeur des galeries
» de bout formait déjà par elle-même un repoussoir
» asse^ important » (3).

G. S.



(1) J’indique par ces expressions qne chez les Grecs comme chez,
lés Indiens, le parfum étail un des coefficients de la production
d’art générale.

(2) Cependant je me permettrai de demander à M. Kugler si, la
main sur la conscience, le modèle du temple d’Egine, établi d’après
son système dans la glyptothèque de Munich, lui plaît? De tous
les temples grecs-doriques modernes, ce qui me plaît le mieux,
c’est la petite chapelle en granit rouge de Charlottenbourg.

(3) .J'avoue ne pas comprendre ce que l’auteur prétend dire ou
motiver par là.
 
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