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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1905-1906

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No 8 (1906)
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https://doi.org/10.11588/diglit.27145#0070
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DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS

59

mais ceux-là, du moins, nous tenons à les rendre
aussi nets et aussi instants que possible.
Le corps de la Nation qui foule le sol de la Bel-
gique actuelle s'est métamorphosé plusieurs fois
d'une façon presque complète. Sans parler des
renouvellements de populations remontant aux
âges de la pierre et dus, en partie, aux agents natu-
rels, en partie à l'arrivée de races mieux douées et
mieux outillées, il est certain que les premiers âges
du métal amenèrent, à leur tour, des changements
radicaux dans notre ethnologie. L'occupation ro-
maine engendra des effets analogues au point de vue
sinon des êtres physiques, du moins de l'esprit et
des mœurs'des Belges d'alors. Sous la pression de la
civilisation romaine, un même niveau moral s'éten-
dit à peu près également sur le pays et, à ne consi-
dérer que les vestiges demeurés de cette époque, il
semble que jamais peut-être, autant qu'alors, les
diverses régions de notre patrie ne se sont trouvées
confondues dans une semblable uniformité de
régime et de vie sociale. Les invasions franques
apportèrent dans la population les derniers boule-
versements vraiment profonds, bouleversements
tels que, sans tout détruire de fond en comble,
comme on le croyait jadis, ils ont néanmoins
changé de rechef la face du pays en le recouvrant
du manteau d'une civilisation nouvelle. C'est
depuis lors seulement, depuis l'établissement défi-
nitif des Francs, que les populations se sont assises
et que les établissements durables se sont fondés
en des endroits qui n'ont plus guère varié depuis.
C'est donc de ce moment, tout au plus, que sont
nés les intérêts locaux qui pourraient être encore
invoqués de nos jours.
Le passé de la Belgique peut dès lors, au point de
vue archéologique spécial qui nous occupe en ce
moment, se diviser en deux parties : le passé en
quelque sorte localisé, le passé de clocher, que peu-
vent revendiquer comme leur « propre » nos com-
munes ou nos provinces actuelles ; et cet autre passé
plus lointain, plus diffus, répandu sur tous les
points du pays, sans que personne puisse, pour le
revendiquer, invoquer autre chose qu'une coïnci-
dence géographique, sans portée véritable.
C'est sur ce dernier passé que je fais porter, en
ce moment, les vœux que j'exprime. Sa valeur est,
avant tout, nationale. U a franchi ce degré d'éloi-
gnement, au delà duquel les attaches de famille
deviennent si faibles qu'on cesse d'hériter. C'est, en
réalité, une succession vacante, qui, logiquement
et en droit, devrait toujours revenir de préférence
à l'État. Droit surtout moral, faut-il l'ajouter,
mais qu'il est d'autant plus du devoir de chacun de
respecter et de servir.
Ce passé-là nous devrions tous, au lieu de cher-
cher à en posséder chacun quelques parcelles plus

ou moins rares, travailler à en concentrer sur un
point les éléments caractéristiques, de manière
à substituer à cette foule d'aperçus de détail,
menus et rapetissants, une vue d'ensemble réelle-
ment impressionnante et parlante.
Quiconque est en mesure de le faire devrait tenir
à honneur d'ajouter un anneau à cette chaîne, un
trait à ce tableau, et de figurer ainsi dans l'œuvre
commune pour une part de collaboration dont
il retirera d'ordinaire plus de mérite et de renom
que s'il avait tenu pour lui, dans son isolement,
l'objet de son apport.
La question ne peut faire de doute pour les par-
ticuliers et nous avons eu déjà le bonheur d'en Voir
un bon nombre diriger généreusement vers les col-
lections nationales les trouvailles précieuses tom-
bées entre leurs mains. Mais pourquoi les sociétés
d'archéologie et d'autres institutions, même celles
qui possèdent un musée ou des collections, n'ac-
cepteraient-elles pas d'en faire autant, elles qui,
par leur éducation spéciale, sont mieux encore en
situation de saisir l'importance de l'œuvre com-
mune à accomplir ?
De ce côté également, le bon exemple a déjà été
donné, entre autres par le Musée communal
d'Ixelles, dont la conduite, vraiment typique,
mérite d'être signalée. Le musée possédait quel-
ques bonnes pièces de l'époque franque décou-
vertes dans une briqueterie à Anderlecht. Il
comprit la stérilité d'une telle possession dans des
collections orientées d'un tout autre côté. Les piè-
ces réclamaient d'ailleurs des soins pour lesquels
on n'était guère outillé. Elles nous furent offertes
et, grâce à ce don intelligent, nos séries se sont
enrichies de deux objets notamment, une paire
d'agrafes en argent et un peigne en os dans son
étui, qui, remis en parfait état par notre prépara-
teur, ont trouvé dans nos vitrines une place occu-
pée précédemment d'une façon bien moins heu-
reuse.
U arrivera,sans doute,que telle société, possédant
des collections plus générales, n'aimera pas à se
dessaisir définitivement de certaines pièces du
genre visé par le présent appel. Elle pourra fort
bien, dans ce cas, les faire figurer néanmoins dans
la série nationale, en les y introduisant à titre de
prêt ou de dépôt. C'est ce que fait notamment la
Société d'archéologie de Bruxelles, à qui nous de-
vons de pouvoir ainsi montrer au public une des
plus belles épées du premier âge du fer découvertes
dans notre pays.
Pourquoi nos provinces ne feraient-elles pas de
même et ne seraient-elles pas représentées chacune
dans la grande collection de l'État par un certain
nombre d'objets dont la propriété pourrait même
leur rester? Une telle prétention est-elle exorbi-
 
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