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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Editor]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 1905-1906

DOI issue:
No 9 (1906)
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https://doi.org/10.11588/diglit.27145#0079
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68

BULLETIN DES MUSEES ROYAUX

gratid'place de Tournai, les fantaisies généalo-
giques qu'il avait répandues à foison dans notre
pays.
La cotte d'armes des chevaliers différait peu du
tabar des hérauts; elle était moins étoffée. Dans
son célèbre traité du Tournoi, le roi René nous en
donne la raison La cotte d'armes doibt estre faicte
ne plus ne moins comme celle d'ung hérault, ré-
servé qu'elle doibt estre sans ploicts (plis) par le
corps, affin que on congnoisse mieulx de quoy sont
les armes. »
Tandis que, dès les premières années du
xvi" siècle, on cessa de porter la cotte d'armes
militaire, les hérauts seuls continuèrent à figurer
dans les cérémonies vêtus du tabar armorié.
A la différence dont les cottes étaient portées,
on reconnaissait si l'on se trouvait en présence soit
d'un héraut, soit d'un poursuivant. Olivier de la
Marche, dans son « Etat du duc de Bourgogne »,
est formel à cet égard. « Les hérauts, dit-il, lui (au
postulant) vestent la cote d'armes le long des bras
et non autrement, et le doibt porter ainsi tant
qu'il est poursuyvant (7 ans). »
Les armoiries qui ornent le tabar de la Porte
de Hal, dont nous donnons ici la reproduction,
peuvent se décrire comme suit : Ecartelé : au 1"'
contre-écartelé de Castille et de Léon; au 2% parti
d'Aragon et de Sicile; au 3", coupé en chef
d'Autriche et en pointe de Bourgogne ancien ; au
4^ coupé en chef de Bourgogne moderne et en
pointe de Brabant. Sur le coupé des 1"? et 2", un
écusson de Portugal, et enté en pointe de Gre-
nade. Sur le coupé des 3" et 4^, un écusson parti
de Flandre et de Tyrol.
Il faut remarquer que le peintre héraldiste, faute
d'espace sans doute, a fait du lion de Brabant (lion
sur ses pattes de derrière, la tête de
profil) un lion léopardé (lion la tête de
profil).
Nous voyons figurer ces armoiries dans le trip-
tyque dit de Zierickzee, dont les volets seuls font
partie des galeries de notre Musée de peinture
ancienne. La cotte d'armes de Philippe le Beau et
le manteau de Jeanne la Folle y sont armoriés
ainsi qu'il vient d'être décrit. Toutefois, les
armoiries de Portugal n'y sont pas figurées.
Faisons remarquer, en passant, que, sur la cotte
d'armes de Philippe, aussi bien que sur le man-
teau de Jeanne, le lion des armoiries de Léon est
de sable au lieu d'être de gueules.
On peut admirer dans la salle du Conseil com-
munal, à l'Hôtel de Ville de Bruxelles, trois belles
tapisseries, dont l'une a pour sujet l'abdication de
Charles-Ouint.
Ces tapisseries ont été exécutées à Bruxelles,
vers 1700, par Urbain Leyniers et Henri Reydams,

sur les dessins du peintre Victor-Honoré Jans-
sens.
Le tabar dont est revêtu le roi d'armes Toison
d'or, représenté dans la scène de l'abdication, est
armorié exactement comme le tabar du Musée de
la Porte de Hal, à l'exception, ici aussi, des
armoiries de Portugal, qui n'y figurent pas.
Ce n'est, d'ailleurs, ainsi que nous l'a fait remar-
quer notre ami, M. Jean Van Malderghem, le
savant archiviste de la ville de Bruxelles, qu'à
partir de Philippe II que les souverains espagnols
ayant régné en Belgique portèrent les armoiries
dans lesquelles les armes de Portugal sont repré-
sentées. On peut les voir ainsi figurées dans les
portraits de tous ces souverains, à partir de
Philippe II.
Et ce ne fut même qu'après 1378 aue les
armoiries de Portugal purent être incorporées
dans celles d'Espagne. C'est, en effet, à cette date
qu'eut lieu la bataille d'Alcazar-Quivir, qui eut
pour effet de placer le Portugal sous la domination
de Philippe II.
Une cotte de héraut aux mêmes armoiries fait
partie, sous le n° 1117, des collections du Musée
archéologique de la ville de Gand, dans l'inven-
taire duquel elle est qualifiée de -K rare et précieux
vêtement héraldique ».
Elle est reproduite dans un article sur les tra-
vaux d'aiguille, publié par Walter Crâne, dans la
revue de Londres ^Æ2^*<2^ZMgq/lTri(,janvieri8ç8,
p. 148, sous le titre : « Needlework as a mode of
artistic expression ».
Toutes les armoiries qui figurent sur le tabar de
Bruxelles se retrouvent sur celui de Gand.
Des armoiries écartelées, qui peuvent se décrire
comme suit, figurent, en plus, sur ce dernier : écar-
telé aux 1^ et 4" fascé de... et de... de huit pièces ;
aux 2^ et 3= de ... au lion de...
La cotte de Gand est brodée de bis de vermeil
et d'argent et soutachée de ganses de soie; celle
de Bruxelles est peinte.
Notre tabar remonterait donc, au plus tôt, à la
seconde moitié du xvi' siècle, mais il est difficile
d'en déterminer l'époque bien exacte. Quoi qu'il
en soit, il constitue un document précieux, et
nous pensons qu'il doit n'en exister, en Belgique,
qu'un nombre fort restreint d'exemplaires. Pour
notre part, nous n'en connaissons que deux : celui
du Musée de Gand et le nôtre.
E. DE Pu EI.I.B HE LA NlEPPE.
 
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