LA CHRONIQUE DES ARTS
Article 1er. Les fonctions de secrétaire général
de l'administration des beaux-arts sont et demeu-
rent supprimées.
Art. 2. L'administration des beaux-arts, placée
sous l'autorité du sous-secrétaire d'Etat au minis-
tère de l'instruction publique et des beaux-arts, est
réorganisée ainsi qu'il suit.
Elle comprendra :
1° Un directeur des musées et de l'enseignement
des arts, ayant sous ses ordres les trois bureaux
des musées, de l'enseignement des arts du dessin
et de l'enseignement de l'art lyrique et drama-
tique.
2° Un directeur des travaux d'art, ayant sous
ses ordres les quatre bureaux : des travaux d'art,
des manufactures nationales, des monuments
historiques et de la comptabilité.
Art. 3. Sont abrogées toutes les dispositions
contraires au présent décret, qui aura son effet à
partir de ce mois.
En exécution de ces dispositions, deux
autres décrets pourvoient à la nomination des
titulaires de ces deux nouvelles directions.
M. Louis de Roncbaud, secrétaire général de
l'administration des beaux-arts, est nommé
directeur des musées et de l'enseignement des
arts au ministère de l'instruction publique et
des beaux-arts.
M. Jules Pointu, préfet de la Haute-Marne,
a été nommé directeur des travaux d'art au
ministère de l'instruction publique et des
beaux-arts.
UN MOT SUR LA TUNISIE
ET
sur l'Exposition de la Cour Caulaincourt au Louvre
La presse a fait assez de bruit par avance
autour de cette Exposition organisée, non,
comme on pourrait le croire, par l'adminis-
tration de nos musées, mais par le ministère des
travaux publics, dans une des annexes du Lou-
vre, pour que nous n'ayons pas à revenir lon-
guement sur son origine. On sait qu'une mis-
sion avait été confiée à M. le comte d'Hérisson
par quelques-uns de ses collègues du Jockey-
Club pour exécuter des fouilles en Tunisie.
Ceux-ci avaient fourni en commun les fonds
nécessaires. C'est le résultat des recherches de
M. d'Hérisson que l'on peut voir maintenant
exposé près des rives de la Seine.
Des affiches collées sur les murs de Paris,
des oriflammes et une grande pancarte déco-
rant la porte d'entrée de la cour Caulaincourt
invitent le public à la visiter et semblent lui
promettre des révélations d'une actualité toute
particulière.
Un'yajusque-làrien que de très honorable et
même de très louable. De généreux amateurs
ont permis à un galant homme de faire ser-
vir ses loisirs à une œuvre scientifique ; c'est
au mieux. 11 faut les en remercier et souhaiter
que leur bonne volonté ne soit pas découra-
gée. 11 y a encore de par le monde assez de
î'ouilles de première urgence dans lesquelles
notre pays se laisse déplorablement devancer
et où il aurait à récolter grand honneur oc
grand profit. Mais passons.
Acette réunion d'objets d'antiquités de toute
sorte:—mosaïques, terres cuites, vases de verre,
poteries, fragments de marbre, inscriptions,
etc., — qu'il convenait de présenter auxarchéo-
logues avec modestie, c'est-à-dire, pour la plu-
part, comme des débris intéressants de l'art ro-
main provincial ou de l'art grec des bas temps,
on a ajouté un catalogue, des étiquettes à
l'écriture majestueuse. Bien plus, on a accor-
dé à cette exposition des gardiens galonnés et
toutes les herbesde la Saint-Jean de l'estam-
pille officielle, sans parler du local qui a été
fourni par l'Etat, et qui, fort heureusement
pour la bonne renommée du Louvre, en est
complètement isolé.
Ce ne sont plus des antiquités d'un ordre
ordinaire. Malepeste, si nous voulions en
croire les élucubrafions fantastiques du rédac-
teur du catalogue, nous aurions, devant nous,
une résurrection parlante desarts carthaginois
et de la civilisation phénicienne ! Et la situa-
tion tourne du coup au comique.
Le rédacteur dudit catalogue est un illumi-
né ou un mauvais plaisant, il faut avoir le
courage de le dire avec énergie sous peine de
devenir la risée de toute l'Europe. En parcou-
! rant cette exhibition, en lisant ces étiquettes
extraordinaires, nous nous sommes tâté,
comme Abou-Hassan, pour savoir si nous
étions réellement éveillé ou simplement en-
dormi. Il y a de quoi, en vérité, tomber de
son haut. C'est de l'opérette toute pure et
l'immortel archéologue de la Grammaire de
Labiche, au Palais-Royal, est dépassé.
De vulgaires cuillers à miel deviennent des
bâtons de prière, de simples marques de po-
tiers des inscriptions religieuses, de petites
lampes de terre cuite des symboles mysti-
ques, etc., etc. Il faudrait tout citer. Nous
nous contenterons de reproduire in extenso
une seule des étiquettes, celle qui a été placée
sous un petit enfant de marbre, spécimen
agréable, mais absolument courant de l'art
romain. Par celle-ci on pourra juger des autres.
Nous en conservons soigneusement la forme,
avec les mots soulignés et mis en vedette :
nos remarques personnelles sont mises entre
parenthèses.
Chaque phrase ouvre des perspectives inat-
tendues.
ADONIS BIGI.OS
Marbre de Paros, époque grecque (!).
Le bras droit n'a pas été retrouvé, la main gau-
che tient un papyrus (il n'y a pas de main et
pas de papyrus; celte main absente nous rap-
pelle Je général de Ponson du Terrail, qui se pro-
menait les mains derrière le dos en lisant son our-
ual). Ce marbre a été exhumé daus un temple situé
au bas et au nord de l'Acropole (??) consacré à
A D N. L B. 0 L. H M N. Adonis le Libyen qui
porte Hamon, ou le piédestal libyen. Libyen qui
porte Hamon. car A D N peut se traduire par
piédedal et faible, foulé aux pieds (pourquoi pas
« tarte à la crème? »). Il représente le crépuscule
matinal (sic), et comme les artistes se plaisaient
souvent à incarner les divinités nocturnes et infer-
laies sous les traits de la race nègre, l'artiste li-
Article 1er. Les fonctions de secrétaire général
de l'administration des beaux-arts sont et demeu-
rent supprimées.
Art. 2. L'administration des beaux-arts, placée
sous l'autorité du sous-secrétaire d'Etat au minis-
tère de l'instruction publique et des beaux-arts, est
réorganisée ainsi qu'il suit.
Elle comprendra :
1° Un directeur des musées et de l'enseignement
des arts, ayant sous ses ordres les trois bureaux
des musées, de l'enseignement des arts du dessin
et de l'enseignement de l'art lyrique et drama-
tique.
2° Un directeur des travaux d'art, ayant sous
ses ordres les quatre bureaux : des travaux d'art,
des manufactures nationales, des monuments
historiques et de la comptabilité.
Art. 3. Sont abrogées toutes les dispositions
contraires au présent décret, qui aura son effet à
partir de ce mois.
En exécution de ces dispositions, deux
autres décrets pourvoient à la nomination des
titulaires de ces deux nouvelles directions.
M. Louis de Roncbaud, secrétaire général de
l'administration des beaux-arts, est nommé
directeur des musées et de l'enseignement des
arts au ministère de l'instruction publique et
des beaux-arts.
M. Jules Pointu, préfet de la Haute-Marne,
a été nommé directeur des travaux d'art au
ministère de l'instruction publique et des
beaux-arts.
UN MOT SUR LA TUNISIE
ET
sur l'Exposition de la Cour Caulaincourt au Louvre
La presse a fait assez de bruit par avance
autour de cette Exposition organisée, non,
comme on pourrait le croire, par l'adminis-
tration de nos musées, mais par le ministère des
travaux publics, dans une des annexes du Lou-
vre, pour que nous n'ayons pas à revenir lon-
guement sur son origine. On sait qu'une mis-
sion avait été confiée à M. le comte d'Hérisson
par quelques-uns de ses collègues du Jockey-
Club pour exécuter des fouilles en Tunisie.
Ceux-ci avaient fourni en commun les fonds
nécessaires. C'est le résultat des recherches de
M. d'Hérisson que l'on peut voir maintenant
exposé près des rives de la Seine.
Des affiches collées sur les murs de Paris,
des oriflammes et une grande pancarte déco-
rant la porte d'entrée de la cour Caulaincourt
invitent le public à la visiter et semblent lui
promettre des révélations d'une actualité toute
particulière.
Un'yajusque-làrien que de très honorable et
même de très louable. De généreux amateurs
ont permis à un galant homme de faire ser-
vir ses loisirs à une œuvre scientifique ; c'est
au mieux. 11 faut les en remercier et souhaiter
que leur bonne volonté ne soit pas découra-
gée. 11 y a encore de par le monde assez de
î'ouilles de première urgence dans lesquelles
notre pays se laisse déplorablement devancer
et où il aurait à récolter grand honneur oc
grand profit. Mais passons.
Acette réunion d'objets d'antiquités de toute
sorte:—mosaïques, terres cuites, vases de verre,
poteries, fragments de marbre, inscriptions,
etc., — qu'il convenait de présenter auxarchéo-
logues avec modestie, c'est-à-dire, pour la plu-
part, comme des débris intéressants de l'art ro-
main provincial ou de l'art grec des bas temps,
on a ajouté un catalogue, des étiquettes à
l'écriture majestueuse. Bien plus, on a accor-
dé à cette exposition des gardiens galonnés et
toutes les herbesde la Saint-Jean de l'estam-
pille officielle, sans parler du local qui a été
fourni par l'Etat, et qui, fort heureusement
pour la bonne renommée du Louvre, en est
complètement isolé.
Ce ne sont plus des antiquités d'un ordre
ordinaire. Malepeste, si nous voulions en
croire les élucubrafions fantastiques du rédac-
teur du catalogue, nous aurions, devant nous,
une résurrection parlante desarts carthaginois
et de la civilisation phénicienne ! Et la situa-
tion tourne du coup au comique.
Le rédacteur dudit catalogue est un illumi-
né ou un mauvais plaisant, il faut avoir le
courage de le dire avec énergie sous peine de
devenir la risée de toute l'Europe. En parcou-
! rant cette exhibition, en lisant ces étiquettes
extraordinaires, nous nous sommes tâté,
comme Abou-Hassan, pour savoir si nous
étions réellement éveillé ou simplement en-
dormi. Il y a de quoi, en vérité, tomber de
son haut. C'est de l'opérette toute pure et
l'immortel archéologue de la Grammaire de
Labiche, au Palais-Royal, est dépassé.
De vulgaires cuillers à miel deviennent des
bâtons de prière, de simples marques de po-
tiers des inscriptions religieuses, de petites
lampes de terre cuite des symboles mysti-
ques, etc., etc. Il faudrait tout citer. Nous
nous contenterons de reproduire in extenso
une seule des étiquettes, celle qui a été placée
sous un petit enfant de marbre, spécimen
agréable, mais absolument courant de l'art
romain. Par celle-ci on pourra juger des autres.
Nous en conservons soigneusement la forme,
avec les mots soulignés et mis en vedette :
nos remarques personnelles sont mises entre
parenthèses.
Chaque phrase ouvre des perspectives inat-
tendues.
ADONIS BIGI.OS
Marbre de Paros, époque grecque (!).
Le bras droit n'a pas été retrouvé, la main gau-
che tient un papyrus (il n'y a pas de main et
pas de papyrus; celte main absente nous rap-
pelle Je général de Ponson du Terrail, qui se pro-
menait les mains derrière le dos en lisant son our-
ual). Ce marbre a été exhumé daus un temple situé
au bas et au nord de l'Acropole (??) consacré à
A D N. L B. 0 L. H M N. Adonis le Libyen qui
porte Hamon, ou le piédestal libyen. Libyen qui
porte Hamon. car A D N peut se traduire par
piédedal et faible, foulé aux pieds (pourquoi pas
« tarte à la crème? »). Il représente le crépuscule
matinal (sic), et comme les artistes se plaisaient
souvent à incarner les divinités nocturnes et infer-
laies sous les traits de la race nègre, l'artiste li-