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CHRONIQUE DES ARTS

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glantant la neige qui surcharge les branches des sapins
forestiers, gamme nocturne où le violet glacé de bleu
règne sur une nature mélancolique, richesses florales
de la Côte d’Azur, désolation du désert égyptien. On
ne peut que regretter qu’un métier plus personnel ne
corresponde pas à tant de sensibles visions.

— Les peintures, pastels, gouaches et dessins de
M. Simonidy (galerie Barbazanges) sont d’une habileté
fort grande. Cet artiste concilie en effet plusieurs
tendances en ses œuvres qui en évoquent d’autres
signées des noms notoires de l’immédiat passé. C’est
ainsi qu’une barque à la voilure latine, d’un éclatant
orange, retrace avec adresse, aux reflets de l’eau qu’elle
fend, le lumineux souvenir de Ziem, et que tel nu fémi-
nin, tout en savoureuses rondeurs, fait encore songer
à Renoir, et tel autre, plus rude, de beaucoup plus
loin, à Degas. Pouvoir hardiment se réclamer de
maîtres incontestés ne compte certes pas pour un mince
mérite; peut-être lui faut-il cependant préférer celui
qui éclate dans d’autres toiles d’un métier plus origi-
nal. De cet ordre sont celles où fleurissent des tulipes
aux pétales charnues, d’une séduisante opulence, que
l’on retrouve au Dos de femme, dont la chair semble
pétrie de la même matière voluptueuse et nacrée.

— M. Stortesco (galerie Reitlinger) évoque avec
bonne volonté et un louable souci de véracité les rives
du Bosphore, les mosquées turques, les cimetières animés
de visiteuses voilées, les rues riches en souks, et s’ef-
force souvent d’éclairerses toiles à la lumière d’Orient,
si fine dans sa pureté, et dont l’éblouissement passager
n’empêche en aucune sorte le délicat chromatisme des
nuances. A ces œuvres font suite les peintures et aqua-
relles de M. Cochet; ces dernières font augurer au
mieux des dons d’illustrateur du graveur si apprécié
du roman canadien de L. Hémon : Maria Chapdelaide.

Enfin, de M. C. Howard, le talent, fait de sensi-
bilité extrême et inquiet de précision rigoureuse,
s’affirme au marbre, en taille directe, Baigneuse, d’une
belle venue et aux bronzes, dont le plus remarquable,
Fatigue, apparaît d’une si mélancolique vérité.

— Galerie Hébrard, les verreries de M. Marinot
succèdent à l’intéressante rétrospective de Rembrandt
Bugatti. Elles sont des plus plaisantes : la matière en
est dense, la forme simple, d’uue juste sobriété; le
décor n’envahit, n’alourdit ni ne s’impose, mais répond
toujours à une nécessité d’équilibre ou de nuance. Plus,
peut-être, que les pièces de grand format, il faut louer
celles de modèle plus réduit: hanap à la base florale,
toucque arrondie aux teintes du ciel après l’orage,
petits flacons de forme exquise, irisés ou curieusement
noircis par coulées ingénieuses et qui ont la grâce et
la perfection de beaux fruits choisis.

R.-Claude Catroux

CHRONIQUE MUSICALE

Le centenaire de César Franck
Les petits concerts historiques

Les concerts symphoniques viennent de célébrer,
comme il était convenable de le faire, le centenaire de
César Franck, qu’ils ne cessent guère, au surplus, de

célébrer tout le long de l’année. Peut-être cette intense
fièvre de franckisme tient-elle, partiellement du
moins, au nombre toujours croissant des musiciens —
compositeurs, chefs d’orchestre ou instrumentistes —
qui ont été, principalement depuis sa mort, les élèves
du maître. Celui-ci sourirait un peu mélancoliquement
s’il pouvait entendre les exclamations et les dithy-
rambes, et assister aux surenchères verbales qui
entourent sa mémoire, ainsi qu’aux singulières trou-
vailles dues à de zélés commentateurs. « Franck, a dit
Saint-Saëns, était plus musicien qu’artiste : ce n’était pas
un poète. On ne trouve pas dans ses œuvres cette
chaleur latente, ce charme irrésistible qui fait tout
oublier et nous transporte dans une région surna-
turelle... En général, on trouve plutôt chez lui une aspi-
tation violente et incertaine vers la beauté que la beauté véri-
table. » Soit! mais c’est beaucoup, c’est immense! et
il le faut admirer pieusement à une époque où tant de
fantoches, escortés par tant de snobs, se vouent au
culte de la laideur !

Les Petits concerts historiques fondés l’an dernier par
Mlle Jane Gatineau, ont recommencé d’avoir lieu à la
Maison des Artistes, 153, avenue de Wagram. Ils ont
pour objet de mettre au jour les diverses interpré-
tations qu’ont faites les musiciens des œuvres de nos
poètes, et aussi les différentes façons dont furent traités
les grands sujets légendaires et lyriques. D’excellents
artistes secondent l’éminente organisatrice de ces inté-
ressantes séances. La prochaine aura lieu le 10 janvier.
On y entendra des mélodies inspirées par Béranger,
Millevoye et Mme Desbordes-Valmore, et ensuite une
sélection de fragments des opéras inspirés par Didon,
qui s’achèvera sur une scène, jouée en costumes, des
Troyens de notre Berlioz.

René Brancour

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BIBLIOGRAPHIE

James Ward. History and methods oî ancient

and modem painting. — London, Chapman
. and Hall, 1913-1921. 4 vol. in-8, illustrés (250 +

306 -F 301 -f- 344 pages.)

Une histoire générale de la peinture, entreprise par
un seul auteur, semble aujourd’hui un paradoxe ou
tout au moins vouée à la compilation, surtout lors-
qu’elle est conçue sur un plan aussi vaste que celle-ci,
avec un programme si compréhensif qui englobe,
sous le nom de peinture, toute espèce de décoration
en couleurs depuis la mosaïque jusqu’à la broderie.
Pourtant, à en juger par ces quatre premiers volumes
— car l’ouvrage est encore en cours de publication —
tel n’est pas le caractère de l’œuvre de M. Ward.
Certes l’information de seconde main n’y est pas toujours
puisée aux meilleures sources; on regrette l’absence de
notes et de bibliographie ; les erreurs de détail, les
noms écorchés sont nombreux, et certains chapitres,
comme celui qui traite de la peinture grecque, d’une
insuffisance surprenante. Mais avec tout cela, on ne
peut pas feuilleter ce gros livre sans être frappé de
l’esprit d’observation et du goût personnel qui s’y
manifestenfpresque à chaque page ; l’auteur a beaucoup
voyagé, regardé beaucoup de peintures et il les a
 
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