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Le charivari — 19.1850

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Avril (No. 91-120)
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I

LE CHARIVARI.

Elle mettait la main dans la poche du pauvre et
y prenait jusqu'à son dernier sou.

Aujourd'hui il n'y a que les gens riches qui met-
tent à la loterie, et puis toutes les loteries font gagner
quelque chose. Les moins favorisés du sort ont tou-
jours pour le moins un portrait de M. Deguerry, curé
de la Madeleine.

D'abord il n'est point exact de dire que les riches
seuls mettent à la loterie. Je suis très pauvre et on
m'a forcé de prendre deux billets à la loterie des ar-
tistes. Autrefois il n'y avait point de dames patro-
nesses qui vous mettaient poliment le pistolet sur la
gorge pour vous forcer à mettre cent sous ou dix
francs à la loterie royale.

Il est certain que les statues d'argent et les caba-
rets de vermeil fascinent bien plus les cuisinières
que les grandes darnes. Elles se mettent à trois ou
quatre pour avoir un billet. Les portières rêvent des
numéros comme au beau temps du quaterne. Am-
bes de notre enfance, vous voilà, vous voilà reve-
nus ! chantent-elles avec cette voix fausse qui n'ap-
partient qu'à l'institution des portières. Je connais
des couturières qui ont retiré toutes les économies
qu'elles avaient à la caisse d'épargne pour acheter
des billets. Les somnambules gagnent un argent
fou; on vient les consulter de toutes parts. Cinq
francs pour prédire la série, dix francs pour le nu-
méro, le grand et le petit jeu, c'est un prix fait
comme chez le marchand de petits pâtés.

Jugez l'effervescence de la population quand elle
apprendra la nouvelle de la loterie-monstre. Cent
mille francs de rentes inscrits sur le grand livre,
quel lot ! On verra plus d'une femme de ménage
mourir de joie rien qu'à l'idée qu'elle pourra le
gagner.

On annonce qu'une roue monstre va être com-
mandée en Angleterre pour renfermer tous les nu-
méros. Cette roue, de la force de cent vingt Taylors,

a mue par la vapeur et installée sur la place de
ja Concorde, où le tirage aura lieu en présence du
Président de la République et de M. Dupin.

THÉÂTRE-HISTORIQUE.

Urbain Grandier, par MM. Alexandre Dumas et
A. Maquet.

On s'étonnait à cette représentation de l'absence
de M. de Montalembert et de M. Thiers son ami. Ou
étaient M. de Falloux, M. Molé, M. Odilon Barrot ?
Pourquoi l'Univers n'avait-il envoyé aucun repré-
sentant au Théâtre-Historique? On a brûlé un sor-
cier et vous n'y étiez pas! Pendez-vous, braves
gens !

Il faudra pourtant que l'on s'habitue à ces céré-
monies édifiantes. La nouvelle loi sur l'ignorance
publique et obligatoire aura pour effet de faire refleu-
rir la sorcellerie et les deux magies noire et blanche,
ainsi queles pactes secrets avec le diable,dont on con-
serve à laBibliothèque nationalela signature avec pa-
raphe authentique sur l'une des pièces du célèbre pro-
cès de Londun. Après un siècle et plus d'interruption,
au grand dommage de la foi et de la véritable civi-
lisation, les procès de sorcellerie reparaîtront au Pa-
lais-de-Justice ; on arrêtera, on jugera, on brûlera
les physiciens, les chimistes et jusqu'aux simples es-
camoteurs. Ceux des Champs-Elysées et du boule-
vard du Temple ont déjà pris, dit-on, leurs passe-
ports pour l'étranger.

Encore quelque temps et il ne fera pas bon chez
nous pour Robert Houdin.

L'histoire d'Urbain Grandier est assez connue pour
qu'il ne soit pas nécessaire de la raconter longue-
ment. Grandier était un instituteur primaire du

temps du cardinal Richelieu,qui fut révoqué parles
préfets du terrible ministre, parce qu'il connaissait
le latin, le grec et l'hébreu et qu'il savait jouer du
violon. Ces talens le conduisirent au bûcher. Dans
nos temps dégénérés, on se contente de faire mou-
rir de faim les instituteurs révoqués, espérons qu'on
osera enfin les brûler. La Patrie parle d'ouvrir une
souscription pour fournir le bois au gouvernement.

Les auteurs du nouveau drame ont fait d'Urbain
Grandier un magnétiseur d'une force extraordinaire.
Il attire les gens à lui à travers les murs et va jus -
qu'à ressusciter les morts, ou peu s'en faut. Peut-
être ont-ils cru devoir forcer ainsi quelque peu les
talens du célèbre sorcier pour rendre un peu plus
vraisemblable l'arrêt qui le condamna, mais ce n'é-
tait vraiment pas la peine. « Il suffit de quelques
lignes de l'écriture d'un homise pour le faire pen-
dre. » Ce mot historique n'est pas vieux de deux
siècles, comme on le croit généralement, c'est un
mot d'aujourd'hui.

Chose étrange et qui prouve bien la perversité
actuelle en même temps que la haute sagesse qui
a présidé à la nouvelle loi d'ignorance, pendant
tout le cours de cette longue représentation qui a
duré six heures, la sympathie publique s'est con-
stamment concentrée sur le sorcier, sur le magicien,
sur l'homme qui avait signé un pacte avec le diable,
et personne n'a paru s'intéresser aux accusateurs,
aux juges. Les spectateurs auraient même fait volon-
tiers irruption sur le théâtre pour arracher Gran-
dier aux griffes de Laubardemont, tant ils étaient
agités de l'esprit d'indiscipline et de révolte. Il était
évident que Belzébuth avait soufflé son haleine de
feu sur cette foule. Ah ! que M. de Montalembert et
les fils de Voltaire convertis ont été bien inspirés de
ne point assister à cette représentation ! Tant d'im-
piété dans le peuple parisien leur eût arraché des
larmes. Heureusement ils nous ont fait une bonne
loi pour ramener nos Ms aux pures et simples
croyances du vieux temps.

LE NEZ DU RHINOCÉROS.

Tous les ans à l'époque où la chambre des repré-
sentans s'occupe du budget de l'instruction publique,
le Muséum d'histoire naturelle est pris d'un accès
subit de travail et d'activité.

On nettoie deux vitres de l'établissement, on
époussète trois ou quatre moineaux empaillés, on
colle autant d'étiquettes , et l'on fait des réclames
dans tous les journaux.

Pour motiver ces réclames, on achète d'ordinaire
quelque animal digne d'attirer l'attention publique ;
une chèvre à trois pattes, un canard savant, un
singe loustic, ou tel autre animal excentrique qui
puisse s'attirer l'attention générale des badauds et
des journaux pendant quelques jours, et obtenir des
réclames et des canards dans les feuilles périodi-
ques.

Cette année-ci, on n'a point eu recours à un orang-
outang destiné à mourir faute de soins dans l'an-
née, on a voulu donner dans le grand, on a envoyé
un ambassadeur extraordinaire à Londres pour
acheter un rhinocéros ; on a même fait annnoncer
officiellement, par le Moniteur, que M. Florent Pré-
vôt partait, comme ministre plénipotentiaire, pour
obtenir d'honorer de la présence d'un rhinocéros
le grand Muséum de France et de Navarre.

Le rhinocéros a été acheté au prix de neuf mille
francs, sans compter d'assez jolis frais, et il est ar-
rivé la semaine dernière au Jardin des Plantes.

Dès qu'ils connurent cette grande nouvelle, les

professeurs s'élancèrent de leur lit c
peine neuf heures du matin et qu'ils fussent %i
ornés de leurs bonnets de coton. eDcM

Le bonnet de coton est l'insigne légal i
bole indispensable de tout savant en général ^
tout professeur du Muséum en particulier " *

Ils coururent donc tous chaudement coiffé
plus ou moins légèrement vêtus, à la manière f?
chimède, en demandant le rhinocéros pour \
dre les honneurs qui lui étaient dus. VU%

Hélas ! le rhinocéros était là devant leur
qu'ils le cherchaient et qu'ils le demandaient^
core ! ei1'

M. Valenciennes et M. de Jussieu, revêtu de «
illustre paletot vert-pomme, commençaient^
croire les dupes d'une mystification," loreque J
Geoffroy Saint-Hilaire qui avait fini lui-même
frotter les verres de ses. lunettes découvrit et montra
dans une petite cage une manière de petit cochon

— Regardez et admirez 1 dit-il. Voici notre illus'
tre rhinocéros.

— Mon cher et illustre collègue, dit M. Dumétil
assurément je suis touché du zèle que vous mettez!
enrichir la ménagerie d'animaux rares et curieux
cependant je ne puis m'empêcher de me faire l'hi
neur de vous demander où se trouve la corne que
l'histoire et la science assurent devoir être implantée
sur le nez du rhinocéros !

— Cette corne n'y est pas, je l'avoue, mais elle
pourrait y être ! allégua M. Geoffroy Saint-Hilaire
qui aime, on le sait, à aborder franchement les
questions.

— Et vous voulez montrer au public un rhinocé-
ros sans corne ! Voilà neuf mille francs perdus! On
va dire à la chambre que le Muséum manque de zèle
et de cornes, on va y éplucher notre budget, on Ta
y prendre en considération le rapport de la com-
mission. Hélas ! la corne du rhinocéros ne sera
point pour nous la queue du chien d'AIcibiade !

— Pardieu ! j'ai une idée, reprit M. Geoffroy
Saint-Hilaire. Pendant le carnaval, on m'a dit que
l'on portait quelquefois de faux nez au bal de l'O-
péra ; si nous mettions une fausse corne sur le nez
de notre rhinocéros, le public n'y verrait que du
feu.

— J'y consens et je trouve même l'idée bonne,
riposta M. Milne-Edwards. Mais je demande qu'on
ne lui mette au bout du nez qu'une toute petite
fausse corne ; on allongera peu à peu cet ornement,
et le public sera convaincu que la chose grandit
naturellement.

— C'est cela ! et nous ferons annoncer cette nou-
velle scientifique par les journaux.

Les journaux n'y ont pas manqué.

Aussi, dans l'intérêt de la science, nous protes-
tons contre la fausse corne en carton du rhinocéros.

Nous n'admettons les faux nez qu'au bal de l'O-
péra.

THËATRE MONTANSIER.

L'Odalisque, vaudeville en deux actes, de MM.M*
lesville et Xavier.

Nous sommes en plein sérail de Constant^
ou de Trébisonde, je ne sais pas au juste. ^

Cette Circassienne est une geisette de W' .
muet est coiffeur français, ce petit jeune non ^
redingote noire est séminariste ; quant a
orné d'un grand sabre recourbé, c'est bien
Turc, un farouche Ottoman.

Maintenant si vous me demandez cofflin ,
ces personnages se trouvent réunis dans
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