DIX-NEUVIEME ANNEE.-N« 213.
Joreaii de la rédaction et de l'administration, à Paris
»3B 90 CROISSANT, 16 (HOTEL COMRM).
PARIS ET DÉPARTEMENS.
« «nia .. «fr.lSixmois........... 32 fr.
pn mois........... i „.
" . m„!c .16 Un an............ 60
Trois mois........ '
w abonnemens datent des i« et16 de chaque mois.
On s'abonne: à Lyon, chez Mme Philippe-Baudier,
H.rueSt-Dominique; à Bordeaux, chez Mme DeJpedi,
lib'r.;à. Marseille, chez M. Michelet-Peyron et chez
MmeCamoin, libr.; à Rouen, chez Mme Watré, 30, rue
()uVieux-Palais;àLondres,chezCowieetson, F.News <L>^£gr>rV— N—
Paper office; dans tous les bureaux des Messageries *
nationales et générales, et chez les Ubraires. - ■-=— JEUDI 1er AOUT 1850.
LE CHARIVARI.
Prix pour Paris et les départemens :
Un mois......... 6
Trois mois........ 1G
Six mois......... 32
Un an........ 60 fr.
Port en sus pour les pays étrangers sans échange
postal.
ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.
Séance du 31 jïiillet.
Avant de se séparer, l'assemblie nationale, par un
vif sentiment des nécessités sociales et de la situa-
tion du pays, voudrait pourvoit aux besoins des
classes laborieuses, et donner du travail à l'ouvrier
de l'arc-de- triomphe de l'Etoile dont le méconten-
tement sourd n'est point sans jeter un certain ma-
laise sur la situation.
Tous les gouvernemens qui se sont succédé de-
puis l'époque à jamais mémorable de ia rentrée des
Bourbons, ont compris qu'il fallait faire quelque
chose pour l'ouvrier de l'arc-de-trbmphc de l'E-
toile.
C'est pour lui que la restauration décida qu'elle
continuerait les travaux d'un monument qui rap-
pelle le temps de délire où la nation française mé-
connut ses véritables souverains.
La catastrophe de juillet parut vouloir suivre sur
ce point les vraies traditions de la monaichie, mais
bientôt entraînée par le vice même de son origine,
*e commit la faute impardonnable d'achever l'arc-
de-triomphe. Jeté brusqueineut sur le pavé, privé
e sa haute paie de quarante sous par jour, l'ou-
Vrier de l'Etoile sentit surgir en lui ce vieux levain
revolutionnaire qui fermente toujours au cœur des
gens de rien, il lut ies feuilletons socialistes du
°nstuutionnel, il fit de mauvaises connaissances,
%enta M. Louis Blanc, bref, il finit par faire la
Solution de Février.
*• Cuvillier-Fleury prouvera prochainement ,
aT1S un de ses feuilletons du Journal des Débats,
qc"6 0uvrier de l'arc de triomphe de l'Etoile fut la
*"Se repaie de la dernière catastrophe.
6 ehemin de fer de Lyon à Marseille a élé inventé
ur fempkcer l'arc (je niomphe de l'Etoile.
La majorité a judicieusement pensé qu'en con-
fiant uniquement l'exécution des travaux de ce che-
min à l'ancien ouvrier de l'arc de triomphe, il en
aurait au moins pour toute sa vie, et qu'il ne songe-
rait point pendant ce temps-là à faire des révolu-
tions.
Le gouvernement secondant les vues politiques de
k majorité, a donc mandé notre homme, et l'a
chargé, sous sa propre responsabilité, d'exécuter les
remblais, les terrassemens, les desséchemens néces-
saires pour asseoir la voie. Aussitôt l'ouvrier de l'E-
toile a entamé le percé d'un tunnel dont le trajet
doit durer cinq minutes chronr- r&ètre m main.
A partir de ce moment, le calme et la sécurité ont
commencé à renaître dans le pays.
Des imprudens poussés à leur insu par les éter-
nels ennemis de l'ordre voudraient recommencer la
faute commise en juillet et achever l'arc de triom-
phe de l'Etoile, nous voulons dire le chemin de fer
de Lyon à Marseille. Ils prétendent que cette voie
importe à la grandeur, à la richesse et à la sécurité
du pays. Grands mots d'anarchistes par lesquels le
gouvernement semble se laisser séduire. C'est avec
une profonde douleur que nous avons entendu M.
Bincau consentir à la destitution de l'ouvrier du
chemin de fer et proposer de le remplacer par une
compagnie.
Que le gouvernement y prenne garde ! Les che-
mins de fer sont une invention socialiste.
L'assemblée nationale ne s'est occupée aujour-
d'hui que de petits chemins de fer tels que Cf ux de
Tours à Nantes et d'Orléans à Bordeaux, mais de-
main probablement viendra la grande question de
l'ouvrier du chemin de Lyon à Marseille. Espérons
que la majorité comprendra ses devoirs.
LE TIMBRE-
Ne vous laissez pas prendre à. la forme bien con-
nue de ce timbre monarchique. Louis-Philippe n'est
pas de retour, la République n'a pas eu le temps de
faire un timbre à ses armes, voilà tout.
Ce n'est point une chose qu'on puisse confection-
ner à la légère qu'un timbre pour les journaux.
Quels seront sa forme, son emblème, sa dimension,
de quelle devise sera-t-il orné en exergue ?
Opt éteignoir sur champ d'azur pourrait suffire.
Mais qu'on se rassure, un grand concours est ou-
vert auquel sont appelés les artistes de tous les
pays.
Anglais,
Allemands,
Belges,
Italiens,
Espagnols,
Russes,
Il n'est pas une seule nationalité qui ne soit ad-
mise à formuler ses idées sur le timbre à appliquer
aux journaux de ce beau pays de France.
En attendant, la République se servira du timbre
de la monarchie comme elle se sert :
De ses idées,
De ses hommes,
De ses lois.
Ce n'est pas sans une profonde humiliation que
le Charivari a senti s'appesantir sur son épaule
frémissante le fer du fisc.
La peine de la marque est rétablie pour les jour-
naux , deux ans à peine après une révolution qui a
aboli la peine de mort en matière politique.
Comme toutes les restaurations, celle du timbre
ne s'accomplit pas sans quelque aggravation à sa
suite.
Le timbre revenu de l'exil a toute la morgue, toute
la suffisance, toute la tyrannie d'une légitimité qui
remonte sur le trône.
11 lui faut une.place spéciale d'où il puisse domi-
ner le journal redevenu son très humble sujet.
Lui-même a mesuré, toisé, déblayé l'espace qu'il
veut occuper. Que rien ne gêne ses coudées, que
rien ne borne son horizon. Il exproprie l'humble
chaumière où s'abritait depuis tant d'années no-
tre abonnement pour y faire bâtir son palais.
Quel crève-cœur c'a été pour le Charivari, lors-
que se regardant à la glace le matin, il s'est vu ré-
duit à une seule manchette.
Ce n'est pas assez pour un journal ami de la toi-
lette, toujours rasé, frisé, pomponné et tiré à qua-
tre épingles. Plus de manchettes, plus de linge blanc,
plus de jabot, les maculatures du fisc lui interdisent
désormais ce luxe,
Les abonnés du Charivari voudront bien excuser
ce négligé, et lui pardonner de se montrer en pu-
blic avec une seule manchette.
Le Charivari, du reste, n'est pas tout à fait com-
me M. de Bufïon. et les manchettes ne lui sont point
indispensables pour rédiger ses articles/
L'avenir le prouvera.
Joreaii de la rédaction et de l'administration, à Paris
»3B 90 CROISSANT, 16 (HOTEL COMRM).
PARIS ET DÉPARTEMENS.
« «nia .. «fr.lSixmois........... 32 fr.
pn mois........... i „.
" . m„!c .16 Un an............ 60
Trois mois........ '
w abonnemens datent des i« et16 de chaque mois.
On s'abonne: à Lyon, chez Mme Philippe-Baudier,
H.rueSt-Dominique; à Bordeaux, chez Mme DeJpedi,
lib'r.;à. Marseille, chez M. Michelet-Peyron et chez
MmeCamoin, libr.; à Rouen, chez Mme Watré, 30, rue
()uVieux-Palais;àLondres,chezCowieetson, F.News <L>^£gr>rV— N—
Paper office; dans tous les bureaux des Messageries *
nationales et générales, et chez les Ubraires. - ■-=— JEUDI 1er AOUT 1850.
LE CHARIVARI.
Prix pour Paris et les départemens :
Un mois......... 6
Trois mois........ 1G
Six mois......... 32
Un an........ 60 fr.
Port en sus pour les pays étrangers sans échange
postal.
ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.
Séance du 31 jïiillet.
Avant de se séparer, l'assemblie nationale, par un
vif sentiment des nécessités sociales et de la situa-
tion du pays, voudrait pourvoit aux besoins des
classes laborieuses, et donner du travail à l'ouvrier
de l'arc-de- triomphe de l'Etoile dont le méconten-
tement sourd n'est point sans jeter un certain ma-
laise sur la situation.
Tous les gouvernemens qui se sont succédé de-
puis l'époque à jamais mémorable de ia rentrée des
Bourbons, ont compris qu'il fallait faire quelque
chose pour l'ouvrier de l'arc-de-trbmphc de l'E-
toile.
C'est pour lui que la restauration décida qu'elle
continuerait les travaux d'un monument qui rap-
pelle le temps de délire où la nation française mé-
connut ses véritables souverains.
La catastrophe de juillet parut vouloir suivre sur
ce point les vraies traditions de la monaichie, mais
bientôt entraînée par le vice même de son origine,
*e commit la faute impardonnable d'achever l'arc-
de-triomphe. Jeté brusqueineut sur le pavé, privé
e sa haute paie de quarante sous par jour, l'ou-
Vrier de l'Etoile sentit surgir en lui ce vieux levain
revolutionnaire qui fermente toujours au cœur des
gens de rien, il lut ies feuilletons socialistes du
°nstuutionnel, il fit de mauvaises connaissances,
%enta M. Louis Blanc, bref, il finit par faire la
Solution de Février.
*• Cuvillier-Fleury prouvera prochainement ,
aT1S un de ses feuilletons du Journal des Débats,
qc"6 0uvrier de l'arc de triomphe de l'Etoile fut la
*"Se repaie de la dernière catastrophe.
6 ehemin de fer de Lyon à Marseille a élé inventé
ur fempkcer l'arc (je niomphe de l'Etoile.
La majorité a judicieusement pensé qu'en con-
fiant uniquement l'exécution des travaux de ce che-
min à l'ancien ouvrier de l'arc de triomphe, il en
aurait au moins pour toute sa vie, et qu'il ne songe-
rait point pendant ce temps-là à faire des révolu-
tions.
Le gouvernement secondant les vues politiques de
k majorité, a donc mandé notre homme, et l'a
chargé, sous sa propre responsabilité, d'exécuter les
remblais, les terrassemens, les desséchemens néces-
saires pour asseoir la voie. Aussitôt l'ouvrier de l'E-
toile a entamé le percé d'un tunnel dont le trajet
doit durer cinq minutes chronr- r&ètre m main.
A partir de ce moment, le calme et la sécurité ont
commencé à renaître dans le pays.
Des imprudens poussés à leur insu par les éter-
nels ennemis de l'ordre voudraient recommencer la
faute commise en juillet et achever l'arc de triom-
phe de l'Etoile, nous voulons dire le chemin de fer
de Lyon à Marseille. Ils prétendent que cette voie
importe à la grandeur, à la richesse et à la sécurité
du pays. Grands mots d'anarchistes par lesquels le
gouvernement semble se laisser séduire. C'est avec
une profonde douleur que nous avons entendu M.
Bincau consentir à la destitution de l'ouvrier du
chemin de fer et proposer de le remplacer par une
compagnie.
Que le gouvernement y prenne garde ! Les che-
mins de fer sont une invention socialiste.
L'assemblée nationale ne s'est occupée aujour-
d'hui que de petits chemins de fer tels que Cf ux de
Tours à Nantes et d'Orléans à Bordeaux, mais de-
main probablement viendra la grande question de
l'ouvrier du chemin de Lyon à Marseille. Espérons
que la majorité comprendra ses devoirs.
LE TIMBRE-
Ne vous laissez pas prendre à. la forme bien con-
nue de ce timbre monarchique. Louis-Philippe n'est
pas de retour, la République n'a pas eu le temps de
faire un timbre à ses armes, voilà tout.
Ce n'est point une chose qu'on puisse confection-
ner à la légère qu'un timbre pour les journaux.
Quels seront sa forme, son emblème, sa dimension,
de quelle devise sera-t-il orné en exergue ?
Opt éteignoir sur champ d'azur pourrait suffire.
Mais qu'on se rassure, un grand concours est ou-
vert auquel sont appelés les artistes de tous les
pays.
Anglais,
Allemands,
Belges,
Italiens,
Espagnols,
Russes,
Il n'est pas une seule nationalité qui ne soit ad-
mise à formuler ses idées sur le timbre à appliquer
aux journaux de ce beau pays de France.
En attendant, la République se servira du timbre
de la monarchie comme elle se sert :
De ses idées,
De ses hommes,
De ses lois.
Ce n'est pas sans une profonde humiliation que
le Charivari a senti s'appesantir sur son épaule
frémissante le fer du fisc.
La peine de la marque est rétablie pour les jour-
naux , deux ans à peine après une révolution qui a
aboli la peine de mort en matière politique.
Comme toutes les restaurations, celle du timbre
ne s'accomplit pas sans quelque aggravation à sa
suite.
Le timbre revenu de l'exil a toute la morgue, toute
la suffisance, toute la tyrannie d'une légitimité qui
remonte sur le trône.
11 lui faut une.place spéciale d'où il puisse domi-
ner le journal redevenu son très humble sujet.
Lui-même a mesuré, toisé, déblayé l'espace qu'il
veut occuper. Que rien ne gêne ses coudées, que
rien ne borne son horizon. Il exproprie l'humble
chaumière où s'abritait depuis tant d'années no-
tre abonnement pour y faire bâtir son palais.
Quel crève-cœur c'a été pour le Charivari, lors-
que se regardant à la glace le matin, il s'est vu ré-
duit à une seule manchette.
Ce n'est pas assez pour un journal ami de la toi-
lette, toujours rasé, frisé, pomponné et tiré à qua-
tre épingles. Plus de manchettes, plus de linge blanc,
plus de jabot, les maculatures du fisc lui interdisent
désormais ce luxe,
Les abonnés du Charivari voudront bien excuser
ce négligé, et lui pardonner de se montrer en pu-
blic avec une seule manchette.
Le Charivari, du reste, n'est pas tout à fait com-
me M. de Bufïon. et les manchettes ne lui sont point
indispensables pour rédiger ses articles/
L'avenir le prouvera.