SAMEDI 1er JUIN 1850. (_™jr"4"riTn?ri IL DIX-NEUVIÈME ANNEE, •- H' 152.
Mil reneHe"Sli»i-H
l'Odé!^',CS. IpBt chaque jour un nouveau dessin en lithographie |. 42i534SÉP^^te^ Si ^11 ^urean de la rédaction cl k fadrainistraiion, à Paris,
3s dames. S';
e 31 mai.
eudi Prochain
journaux • Ip r
EILLE fa
^etc. S fr.lenacon.Bépi,^
secrètes, DAimus,,,
[^uerisou. Bureau d»%;
ftlK d'actwss rs»
IJ11 tbieues, élîll,.
ter. S adr. rue Saint*,
. a la même adresse. M
enes de Sarcelles (seini
ison LEFORipère.
S
CHARIVARI,
ge d'annonces, 4 toloia
comptent ligne par lient
igné, sur du cinq:
atre..........fir.fO
uf..........» M
une, fermier des ara*
s la Bourse, près le borcsn
JCTEUR
ob-
authenliques
su:
r une M« *
hies, sont u«
our. . , an
toute» les * „
"aiec j«s"ce '
m/> résolu Ie
coroî H o<"lS
'-•ff 8fi*e«rt
|^ue ancioW"*
0U ToiV °\
OllS el
■ail, 2L
OU GRAVUHES, ET VIGNETTES SU* BOIS. -Sï^
ch mais....................... 24 50 Trois mois.................. li fr 1B"
.... 48 u0
^abonnemens datent des <«f et 16 rie chaque moig. OIË\ «àï g^CJ^^^^ÇT" Les abonnemens datent des 4« et 46 de chaque moia.
-h§888§>-
On reçoit en paument nés abonnement, lesman- "^^^^^BtÊKÊ ÉÊmMmH \ù ' W\ On s'abonne: à Lyon, chez Mme Phliippe-Baudier.
y,à vue sur ;e '.résor et sur la Poste, et les effets ^Ê^^^M^V^È Â ' jffl^^V^l^RBfc WÊ^^M^nM 1 «, rue Sl-»ominique; i Bor ieaux.chez Mme Delpech,
a les maisons de Banque de Paris. — Tout ce qui f^^^^MÊ^Êe^,MÊÊÊÊmuM \ If YTÊ&k Mhr.; à Marseille, chez M. Michelet-Peyron et eues
mncenie l'administration du Journal doit être adressé ^^^^^w"^^S|l¥l^B ^%T^V Mm. Camsin, libr.; a Rouen chez Mm. Watré, 30, rue
((raneo)au Directeur, rue du Croissant, 46 (ancien V^^.^^gqy du Vieus-Palais; à Londres, ;hez CGwieelson, F.News
m ColberlJ.— Les lettres non affranchies seront ^^^.^^—^^^^^^^^^•—-S^^^^^ Payer oaico; dans tous les bureaux des Messagerie»
rigoureusement refusées. ^!a*^~-=**ï&sM=*':.-:^S^ac.»——«- . ■ "' - uationaics et générales, et :hez les libraires.
CHARIVAR
ASSEMBLEE NATIONALE LEGISLATIVE.
Séance du 31 mai.
«MM. Louis-Napoléon Bonaparte', président de
la République française, grand'eroix de la Légion
d'honneur ; Dupin aîné, président de l'Assemblée
nationale législative, ancien procureur général près
la cour de cassation, membre de l'Académie fran-
çaise et du comice agricole de Seine-et-Oisc , ont la
douleur de vous faire part du décès de leur père et
cousin le Suffrage universel , mort le 31 mai 1850
des suites d'une maladie aiguë qui l'a emporté au
tout de huit jours. Vous êtes prié d'assister au con-
voi funèbre, service et enterrement qui aura lieu
dans le Bulletin des lois. »
« DE PROFUNDIS, S. V. P.,
Pour le repos de son âme. »
La nouvelle de cette mort a causé une douleur
profonde dans la population. Par la douceur de ses
mœurs le défunt s'était attiré l'estime générale. On
PQut dire qu'il est pleuré et regretté par les honnê-
te gens de tous.les partis.
Plusieurs personnes prétendent que le suffrage
universel était plein de vie et de santé, et que sa
"tort doit être attribuée à un crime. S'il faut en
Mire les rumeurs qui circulent à cet égard, des hé-
ritiers avides et impatiens auraient mêlé de l'acétate
'fe morphine aux alimens du suffrage universel,
'Près avoir surpris sa confiance et écarté de son lit
'outes les personnes qui auraient pu le sau\er. On
■tomme tout haut le nouveau Castaing de cet em-
poisonnement. La clameur publique désigne égale-
nt ses complices. Ce sont des gens puissans avec
ksquels il n'est pas bon de se commettre aujour-
dhui. Le public appréciera notre réserve, mais le
m'de la justice ne tardera pas à se lever.
Le suffrage universel laisse pour tout héritage
ferme d'un immense rapport, la République
'ra'içaise. Il s'agit maintenant de savoir à qui sera
'°hie cette succession. Plusieurs prétendans se
sentent, chacun d'eux assure avoir un testament
ai>s sa poche. Orléanistes, légitimistes, bonapar-
llstes, les différens partis qui ont soigné le suffrage
^iversel pendant sa courte maladie affirment qu'il
a désignés pour ses héritiers. Une transaction a
'ulieu, dit-on, entre les orléanistes et les légitimis-
au moyen de laquelle les bonapar tistes seraient
(0rQplétement exclus du partage. Quelques person-
S ordinairement bien informées, assurent cepen-
dant que le bonapartisme a été désintéressé moyen-
nant un pot-de-vin.
On ajoute que le jour est déjà fixé où les orléa-
nistes doivent prendre possession de la République
française par la force, si la loi ne suffit pas. On as-
sure que leur intention est de la mettre en régie
constitutionnelle et de la faire gérer par un agrono-
me de Claremont.
Heureusement on nous apprend de source certai-
ne que le suffrage universel, sentant qu'il lui serait
difficile désormais d'échapper aux embûches des
serviteurs infidèles par lesquels il avait eu la fai-
blesse de se laisser entourer, avait pris ses précau-
tions, et que son testament itait déposé en mains
sûres; ce testament est fait au profit de l'héritier na-
turel et direct du suffrage universel, le peuple.
Tôt ou tard le testament apocryphe sera cassé et
l'héritier véritable remis en possession de ses droits.
La certitude du résultat nous a empêché de pren-
dre un grand intérêt à la séance d'aujourd'hui dans
laquelle la loi-Bâroche -a été adoptée par 433 voix
contre 241. Nous avons remarqué cependant l'adop-
tion d'un amendement de M. [Nettement qui prive
du droit de suffrage les individus frappés pour délit
d'adultère. La droite, composée entièrement de dé-
fenseurs de la famille, s'est levée contre cet amen-
dement. MM. Molé et Montalembertont protesté par
leur vote contre la morale trop rigide de M. Nette-
ment. Que M. Molé couvre don Juan de sa protec-
tion, cela n'a rien d'étonnant, les jeunes gens sont
indulgens aux faiblesses humaines ; quant à M.
Montalembert, son vote ne surprendra que ceux qui
ignorent que, pour les casuistes, l'ajiultère est un
péché et non pas un crime. L'orateur clérical aura
pensé sans doute que, pour être logique en privant
l'adultère du droit de suffrage, il faudrait étendre
la même interdiction aux individus convaincus d'a-
voir fait gras le vendredi. Le temps n'est pas encore
venu d'être conséquent à ce point, mais il ne sau-
rait tarder.
Le Siècle a été saisi aujourd'hui pour délit d'of-
fense à la personne du président. Ce délit est con-
tenu, au dire de la eitation, dans un feuilleton de
M. Louis Desnoyers. La littérature indépendante ne
peut qu'être fière de ce commencement de persécu-
tion.
Au moment où nous écrivons ces lignes, nous re-
venons du Vaudeville où nous avons vu les magis-
trats de la République battre des mains aux couplets
de MM. Leuven et Brunswick.
LE BELISAIRE DU LIBÉRALISME.
On nous écrit du département de l'Aisne que M.
Odilon Barrot est passé tout récemment à Chauny
dans un équipage à fendre le cœur; il portait des
haillons, une grande barbe, un casque, et il ap-
puyait sur un bâton ses pas chancelans.
Quelques habitans de la ville qui l'avaient vu
autrefois, aux jours de sa splendeur, l'ont reconnu
et se sont approchés pour lui parler. M. Barrot leur
a tendu son casque, en les suppliant d'y jeter une
obole.
En même temps il s'est mis à chanter une triste
complainte, avec ce refrain :
Donnez au pauvre Bélisaire,
Donnez-lui un morceau de pain !
Alors on s'est aperçu qu'il était aveugle.
■— Eh quoi ! lui a dit un des bourgeois de Chau-
ny, est-ce bien vous, monsieur Barrot? Mais com-
ment se fait-il que nous vous retrouvions en cet
état? Comment avez-vous fait pour perdre la vue ,
vous dont la clairvoyance était si renommée ?
— C'est le suffrage universel qui m'a crevé les
yeux, et puis il m'est arrivé bien d'autres mal-
heurs; je suis devenu un Bélisaire constitutionnel :
Donnez nu pauvre Bélisaire,
Doénez-lui un morceau de pain !
— Fort bien; vous nous l'avez déjà chanté, mais
racontez-nous vos malheurs, cela nous distraira et
les distractions sont rares à Chauny. Parlez, pauvre
homme.
— Vous saurez, reprit M. Barrot en s'asseyant sur
un banc au soleil, que je suis tombé dans la disgrâce
de l'eunuque Narsès-Chambolle par suite des intri-
gues de Totila Faucher, l'un des dix-sept Visigoths
de la commission. Totila aspir ait à me supplanter, et
il y est parvenu bien qu'il zezaye et qu'il soit maigre
comme une lame de couteau, tandis que j'ai delà
prestance et un organe sonore, mais les empereurs
sont ingrats. Alors Narsès-Chambolle a fait condam-
ner le vieux Bélisaire à l'exil, après avoir ordonné
qu'on lui crevât les yeux au moyen de deux amen-
demens rougis au feu.
Donnez au pauvre Bélisaire,
Donnez-lui.......
Mil reneHe"Sli»i-H
l'Odé!^',CS. IpBt chaque jour un nouveau dessin en lithographie |. 42i534SÉP^^te^ Si ^11 ^urean de la rédaction cl k fadrainistraiion, à Paris,
3s dames. S';
e 31 mai.
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journaux • Ip r
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^etc. S fr.lenacon.Bépi,^
secrètes, DAimus,,,
[^uerisou. Bureau d»%;
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ter. S adr. rue Saint*,
. a la même adresse. M
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S
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a les maisons de Banque de Paris. — Tout ce qui f^^^^MÊ^Êe^,MÊÊÊÊmuM \ If YTÊ&k Mhr.; à Marseille, chez M. Michelet-Peyron et eues
mncenie l'administration du Journal doit être adressé ^^^^^w"^^S|l¥l^B ^%T^V Mm. Camsin, libr.; a Rouen chez Mm. Watré, 30, rue
((raneo)au Directeur, rue du Croissant, 46 (ancien V^^.^^gqy du Vieus-Palais; à Londres, ;hez CGwieelson, F.News
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ASSEMBLEE NATIONALE LEGISLATIVE.
Séance du 31 mai.
«MM. Louis-Napoléon Bonaparte', président de
la République française, grand'eroix de la Légion
d'honneur ; Dupin aîné, président de l'Assemblée
nationale législative, ancien procureur général près
la cour de cassation, membre de l'Académie fran-
çaise et du comice agricole de Seine-et-Oisc , ont la
douleur de vous faire part du décès de leur père et
cousin le Suffrage universel , mort le 31 mai 1850
des suites d'une maladie aiguë qui l'a emporté au
tout de huit jours. Vous êtes prié d'assister au con-
voi funèbre, service et enterrement qui aura lieu
dans le Bulletin des lois. »
« DE PROFUNDIS, S. V. P.,
Pour le repos de son âme. »
La nouvelle de cette mort a causé une douleur
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mœurs le défunt s'était attiré l'estime générale. On
PQut dire qu'il est pleuré et regretté par les honnê-
te gens de tous.les partis.
Plusieurs personnes prétendent que le suffrage
universel était plein de vie et de santé, et que sa
"tort doit être attribuée à un crime. S'il faut en
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dhui. Le public appréciera notre réserve, mais le
m'de la justice ne tardera pas à se lever.
Le suffrage universel laisse pour tout héritage
ferme d'un immense rapport, la République
'ra'içaise. Il s'agit maintenant de savoir à qui sera
'°hie cette succession. Plusieurs prétendans se
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llstes, les différens partis qui ont soigné le suffrage
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On ajoute que le jour est déjà fixé où les orléa-
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française par la force, si la loi ne suffit pas. On as-
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constitutionnelle et de la faire gérer par un agrono-
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Heureusement on nous apprend de source certai-
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turel et direct du suffrage universel, le peuple.
Tôt ou tard le testament apocryphe sera cassé et
l'héritier véritable remis en possession de ses droits.
La certitude du résultat nous a empêché de pren-
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contre 241. Nous avons remarqué cependant l'adop-
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Donnez au pauvre Bélisaire,
Donnez-lui un morceau de pain !
Alors on s'est aperçu qu'il était aveugle.
■— Eh quoi ! lui a dit un des bourgeois de Chau-
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— C'est le suffrage universel qui m'a crevé les
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heurs; je suis devenu un Bélisaire constitutionnel :
Donnez nu pauvre Bélisaire,
Doénez-lui un morceau de pain !
— Fort bien; vous nous l'avez déjà chanté, mais
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Donnez au pauvre Bélisaire,
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