LUNDI l" JUILLET 1850-
Bureau de la rédaction et de l'administration, à Paris,
BUE DO CROISSANT, 16 (HOTEL COLBERT).
DIX-NEUVIEME ANNEE. — Ne 18 2.
jour un nouveau dessin an
«RATCt7.8, H THKKTTU SU» *G1M.
AStolnrsssxirs.
PARIS. lifAM.
M Or
Sixmo,s...................... 24 30 "W^lÈ^^sKmm^^^^^^lXB^^^3^ Sixmois....................... »• *>
TUna"...........■............. 48 60 'W^^^mKÊB^m^^^^m^^^^m^: ****......................... 48 *>
Les abonnemens datent des «or et 16 d3 cliaqus mois. S^^^^^^^wv .^ffW^PP^W^EW^^^ tes abonnemen» datent des t« et 16 de chaque moi».
—0888®—
On s'abonne : à Lyon, chez Mme Philippe-Baudier, %:!WÊÊÊÊÊÊÊËÉBÈÈ ' JÈÊÈÊSf$ïl<\tf ' 1^ WÈÊÊÊÊÊÊIWM 0n re?oit m Piment d«» abonnemens, les man-
M, rue Sl-Dominique; à Bordeaux, chez Mme Delpeeh, "^^^^^^^^BÊ^ËiËËl^^^Wl^^ WÊÊ?*WlÊÊ:\W ' ûatB à vue sur le Trésor et sur la Poste, et les effets
libr.; à Marseille, chez M. Michelet-Peyron et chez S^IPbPHËkÉ '*vJ?- ! J*œ i mkË^hBÈk ^^^^S^^^^ mr les maisons de Banque de Paris. — Tout ce qui
Mme Camoin, libr.; à Rouen, chez Mme Watré, 30, rus '■■^ ^^^^ÊÊ^lJ^I^^M %BjÈ&sË^ ^^^T V5?5:T$> concerne l'administration du Journal doitêtre adressé
duVieux-Paiais;àLondres,chezCowieetson,F.New3 '^^SlzS^^^^^^p^^^^^S^^-i*^^^5, (franco)au Directeur, rue du Croissant, « (ancien
Paper olhce; dans tous les bureaux des Messageries "'*s^ÊS^^^J^^s=^£J^^^^^J_^^^^-r^ g *>°tel Colbert).- Les lettres noj affranchies seront
nationales et générales, et chez les libraires. • .( 7? —— ■ ., ......— rigoureusement refusée».
LE CHARIVARI.
NOUVEAUX DÉTAILS SUR LE RÊGINiCIDE.
Ainsi que nous nous y attendions, les journaux
réactionnaires ont reçu des détails sur l'individu
qui a frappé la reine d'Angleterre, nous nous em-
pressons de les mettre sous les yeux de nos lec-
teurs •:
Robert Pate, disent les feuilles en question, ca-
chait sous son costume et ses habitudes de gentle-
nian les mœurs les plus démagogiques.
■■■^a On sait à n'en pouvoir douter qu'il était à Paris à
l'époque de la révolution de février, il se rendit à
l'Hôtel-de-Yille pour féliciter le gouvernement pro-
visoire à la tète d'une députation d'Anglais de son
acabil. M. de Lamartine lui adressa un discours.
Il eut plus tard de fréquentes conférences avec
Sobrier.
A son retour en Angleterre, Robert Pate essaya
de propager les principes du prophète Jean Journet
avec lequel il était en relations intimes.
Personne n'ignore que le prophète Jean Journet
prétend que les rois doivent disparaître en même
temps que la lune, et-qu'ils doivent être remplacés
les uns par un omniarque choisi dans la plaine de
Babylone, les autres par cinq petites lunes de di-
verses couleurs.
Il assure aussi, et c'est là le point fondamental
de son dogme, que dans un avenir prochain la mer
sera changée en limonade.
Le bon sens national fit promptement justice de
toutes ces erreurs, Robert Pate ne fit pas le moin-
dre prosélyte, quoiqu'il n'eût négligé aucun des
moyens de succès usités en Angleterre.
Ainsi il fit circuler dans la Cité des hommes-affi-
ches portant sur leur dos ces mots écrits en gros ca-
ractères :
TOTAL OCEAN'S LIMONADISATION.
Et annonçant un meeting de croyans dans les vas-
tes jardins de Cromorn, lieu ordinaire des grandes
réunions philosophiques, politiques, sociales et reli-
gieuses.
Personne ne prit au sérieux la transformation to-
tale de l'Océan en limonade, Robert Pate se trouva
seul au rendez-vous.
H II parait qu'il conçut de cet échec un dépit pro-
fond. Le propriétaire de la maison qu'il habitait dans
le West-End déclare qu'à partir de cette époque ses
facultés et ses termes se dérangèrent. Ses discours
devinrent plus incohérens, et il paya moins régu-
lièrement son loyer.
On vit fréquemment entrer chez lui et en sortir des
hommes à grande barbe qui ne pouvaient être que
des socialistes français.
Des visites domiciliaires pratiquées au domicile
de Robert Pate ont amené des découvertes impor-
tantes, entre autres celle d'une foule de brochures
démagogiques imprimées à Paris.
Il est démontré aujourd'hui que Robert Pate était
abonné au Siècle.
Ces divers indices ni îaWsÉït plu? aucun doute^sur
le caractère de l'attentat dont le chapeau de la reine
d'Angleterre a été victime. C'est Robert Pate qui a
frappé, mais un autre a dirigé la main.
Dans tousses interrogatoires, le monstre fait preu-
ve d'un sang-froid et d'une tranquillité d'âme vrai-
ment révoltans. Tel est du reste l'effet ordinaire du
poison démagogique. Il agit comme narcotique mo-
ral, il endort la conscience des malheureux qui en
sont infectés.
Une dernière lettre que nous recevons de Londres
nous apprend à l'instant que la police a découvert
que la canne dont s'est servi Robert Pate avait ap-
partenu à M. Louis Blanc.
Nous n'en dirons pas davantage.
Tels sont les détails que contiennent certaines
feuilles réactionnaires de Paris. Le Times, qui est le
journal réactionnaire de Londres, demande que Ro-
bert Pate soit fustigé publiquement.
Tout en regrettant profondément qu'il se soit trou-
vé un homme assez lâche ou assez fou (nous préfé-
rons cette dernière hypothèse) pour insulter une
femme, il nous semble que le Times aurait pu choi-
sir une peine plus conforme à la pudeur de ses lec-
teurs.
Que vont penser du grave journal les darres an-
glaises ?
RÉCLAMATIONS SUR RÉCLAMATIONS.
Monsieur le rédacteur,
J'étais tranquillement chez moi, montrant à mes
deux enfans, Toto et Tototte, à faire des châteaux
de cartes, occupation qui les distrait jusqu'à huit
heures , moment où je les envoie dans la chapelle
, blanche, lorsqu'un bruit affreux de sonnette est venu
nous surprendre.
Ouvrez, au nom de la loi, a-t-on ajouté d'une voix
sinistre. ' \
Mes enfans, ma femme , mes chàf|(pix de caries
se sont évanouis. J'ai eu à peine la force d'ouvrir la
porte. Aussitôt vingt sergenf de ville sont entrés
m'annonçant qu'on venait faire des perquisitions
chez moi comme, suspect d'avoir ouvert sans autori-
sation un cours de loi électorale.
J'ai montré mon jeu de cartes. Les sergens de
ville se sont alors retirés emportant comme pièce de
conviction de mes opinions démagogiques un por-
trait de Manuel acheté par moi en 1823 ou 24.
Recevez, etc., etc., etc.
cotonnet, rentier.
Monsieur le rédacteur,
Je suis somnambule de mon état.
On était venu me consulter hier sur . une affaire
dont je ne vous parlerai pas (discrétion) et j'allais
m'endormir afin de répondre tout de suite (célérité),
lorsque mon portier frappa à ma porte. Je crus qu'il
m'apportait une lettre (affranchir), et je le fis entrer.
Il était suivi d'une escouade de sergens de ville.
Vous donnez, me dit leur chef, aux citoyens les
moyens de se faire inscrire sur les listes électorales,
pourvu qu'ils vous apportent une mèche de che-
veux de leur percepteur.
Vous leur dévoilez le lieu où sont déposées les piè-
ces qui peuvent servir à la constatation de leur do-
micile.
Vous entravez par vos sortilèges la marche du
gouvernement.
M. Carlier ne saurait tolérer plus longtemps cette
coupable industrie. Vous allez me suivre à la préfec-
ture ainsi que les démagogues qui sont venus vous,
consulter.
Ces démagogues se composaient d'une grisette.
Nous sommes toutes les deux au dépôt de la pré-
fecture. Est-ce légal?
Recevez, etc., Virginie,
Somnambule extra-lucide.
Monsieur le rédacteur,
Le commissaire de police de mon quartier vient
de me déclarer procès-verbal."
Bureau de la rédaction et de l'administration, à Paris,
BUE DO CROISSANT, 16 (HOTEL COLBERT).
DIX-NEUVIEME ANNEE. — Ne 18 2.
jour un nouveau dessin an
«RATCt7.8, H THKKTTU SU» *G1M.
AStolnrsssxirs.
PARIS. lifAM.
M Or
Sixmo,s...................... 24 30 "W^lÈ^^sKmm^^^^^^lXB^^^3^ Sixmois....................... »• *>
TUna"...........■............. 48 60 'W^^^mKÊB^m^^^^m^^^^m^: ****......................... 48 *>
Les abonnemens datent des «or et 16 d3 cliaqus mois. S^^^^^^^wv .^ffW^PP^W^EW^^^ tes abonnemen» datent des t« et 16 de chaque moi».
—0888®—
On s'abonne : à Lyon, chez Mme Philippe-Baudier, %:!WÊÊÊÊÊÊÊËÉBÈÈ ' JÈÊÈÊSf$ïl<\tf ' 1^ WÈÊÊÊÊÊÊIWM 0n re?oit m Piment d«» abonnemens, les man-
M, rue Sl-Dominique; à Bordeaux, chez Mme Delpeeh, "^^^^^^^^BÊ^ËiËËl^^^Wl^^ WÊÊ?*WlÊÊ:\W ' ûatB à vue sur le Trésor et sur la Poste, et les effets
libr.; à Marseille, chez M. Michelet-Peyron et chez S^IPbPHËkÉ '*vJ?- ! J*œ i mkË^hBÈk ^^^^S^^^^ mr les maisons de Banque de Paris. — Tout ce qui
Mme Camoin, libr.; à Rouen, chez Mme Watré, 30, rus '■■^ ^^^^ÊÊ^lJ^I^^M %BjÈ&sË^ ^^^T V5?5:T$> concerne l'administration du Journal doitêtre adressé
duVieux-Paiais;àLondres,chezCowieetson,F.New3 '^^SlzS^^^^^^p^^^^^S^^-i*^^^5, (franco)au Directeur, rue du Croissant, « (ancien
Paper olhce; dans tous les bureaux des Messageries "'*s^ÊS^^^J^^s=^£J^^^^^J_^^^^-r^ g *>°tel Colbert).- Les lettres noj affranchies seront
nationales et générales, et chez les libraires. • .( 7? —— ■ ., ......— rigoureusement refusée».
LE CHARIVARI.
NOUVEAUX DÉTAILS SUR LE RÊGINiCIDE.
Ainsi que nous nous y attendions, les journaux
réactionnaires ont reçu des détails sur l'individu
qui a frappé la reine d'Angleterre, nous nous em-
pressons de les mettre sous les yeux de nos lec-
teurs •:
Robert Pate, disent les feuilles en question, ca-
chait sous son costume et ses habitudes de gentle-
nian les mœurs les plus démagogiques.
■■■^a On sait à n'en pouvoir douter qu'il était à Paris à
l'époque de la révolution de février, il se rendit à
l'Hôtel-de-Yille pour féliciter le gouvernement pro-
visoire à la tète d'une députation d'Anglais de son
acabil. M. de Lamartine lui adressa un discours.
Il eut plus tard de fréquentes conférences avec
Sobrier.
A son retour en Angleterre, Robert Pate essaya
de propager les principes du prophète Jean Journet
avec lequel il était en relations intimes.
Personne n'ignore que le prophète Jean Journet
prétend que les rois doivent disparaître en même
temps que la lune, et-qu'ils doivent être remplacés
les uns par un omniarque choisi dans la plaine de
Babylone, les autres par cinq petites lunes de di-
verses couleurs.
Il assure aussi, et c'est là le point fondamental
de son dogme, que dans un avenir prochain la mer
sera changée en limonade.
Le bon sens national fit promptement justice de
toutes ces erreurs, Robert Pate ne fit pas le moin-
dre prosélyte, quoiqu'il n'eût négligé aucun des
moyens de succès usités en Angleterre.
Ainsi il fit circuler dans la Cité des hommes-affi-
ches portant sur leur dos ces mots écrits en gros ca-
ractères :
TOTAL OCEAN'S LIMONADISATION.
Et annonçant un meeting de croyans dans les vas-
tes jardins de Cromorn, lieu ordinaire des grandes
réunions philosophiques, politiques, sociales et reli-
gieuses.
Personne ne prit au sérieux la transformation to-
tale de l'Océan en limonade, Robert Pate se trouva
seul au rendez-vous.
H II parait qu'il conçut de cet échec un dépit pro-
fond. Le propriétaire de la maison qu'il habitait dans
le West-End déclare qu'à partir de cette époque ses
facultés et ses termes se dérangèrent. Ses discours
devinrent plus incohérens, et il paya moins régu-
lièrement son loyer.
On vit fréquemment entrer chez lui et en sortir des
hommes à grande barbe qui ne pouvaient être que
des socialistes français.
Des visites domiciliaires pratiquées au domicile
de Robert Pate ont amené des découvertes impor-
tantes, entre autres celle d'une foule de brochures
démagogiques imprimées à Paris.
Il est démontré aujourd'hui que Robert Pate était
abonné au Siècle.
Ces divers indices ni îaWsÉït plu? aucun doute^sur
le caractère de l'attentat dont le chapeau de la reine
d'Angleterre a été victime. C'est Robert Pate qui a
frappé, mais un autre a dirigé la main.
Dans tousses interrogatoires, le monstre fait preu-
ve d'un sang-froid et d'une tranquillité d'âme vrai-
ment révoltans. Tel est du reste l'effet ordinaire du
poison démagogique. Il agit comme narcotique mo-
ral, il endort la conscience des malheureux qui en
sont infectés.
Une dernière lettre que nous recevons de Londres
nous apprend à l'instant que la police a découvert
que la canne dont s'est servi Robert Pate avait ap-
partenu à M. Louis Blanc.
Nous n'en dirons pas davantage.
Tels sont les détails que contiennent certaines
feuilles réactionnaires de Paris. Le Times, qui est le
journal réactionnaire de Londres, demande que Ro-
bert Pate soit fustigé publiquement.
Tout en regrettant profondément qu'il se soit trou-
vé un homme assez lâche ou assez fou (nous préfé-
rons cette dernière hypothèse) pour insulter une
femme, il nous semble que le Times aurait pu choi-
sir une peine plus conforme à la pudeur de ses lec-
teurs.
Que vont penser du grave journal les darres an-
glaises ?
RÉCLAMATIONS SUR RÉCLAMATIONS.
Monsieur le rédacteur,
J'étais tranquillement chez moi, montrant à mes
deux enfans, Toto et Tototte, à faire des châteaux
de cartes, occupation qui les distrait jusqu'à huit
heures , moment où je les envoie dans la chapelle
, blanche, lorsqu'un bruit affreux de sonnette est venu
nous surprendre.
Ouvrez, au nom de la loi, a-t-on ajouté d'une voix
sinistre. ' \
Mes enfans, ma femme , mes chàf|(pix de caries
se sont évanouis. J'ai eu à peine la force d'ouvrir la
porte. Aussitôt vingt sergenf de ville sont entrés
m'annonçant qu'on venait faire des perquisitions
chez moi comme, suspect d'avoir ouvert sans autori-
sation un cours de loi électorale.
J'ai montré mon jeu de cartes. Les sergens de
ville se sont alors retirés emportant comme pièce de
conviction de mes opinions démagogiques un por-
trait de Manuel acheté par moi en 1823 ou 24.
Recevez, etc., etc., etc.
cotonnet, rentier.
Monsieur le rédacteur,
Je suis somnambule de mon état.
On était venu me consulter hier sur . une affaire
dont je ne vous parlerai pas (discrétion) et j'allais
m'endormir afin de répondre tout de suite (célérité),
lorsque mon portier frappa à ma porte. Je crus qu'il
m'apportait une lettre (affranchir), et je le fis entrer.
Il était suivi d'une escouade de sergens de ville.
Vous donnez, me dit leur chef, aux citoyens les
moyens de se faire inscrire sur les listes électorales,
pourvu qu'ils vous apportent une mèche de che-
veux de leur percepteur.
Vous leur dévoilez le lieu où sont déposées les piè-
ces qui peuvent servir à la constatation de leur do-
micile.
Vous entravez par vos sortilèges la marche du
gouvernement.
M. Carlier ne saurait tolérer plus longtemps cette
coupable industrie. Vous allez me suivre à la préfec-
ture ainsi que les démagogues qui sont venus vous,
consulter.
Ces démagogues se composaient d'une grisette.
Nous sommes toutes les deux au dépôt de la pré-
fecture. Est-ce légal?
Recevez, etc., Virginie,
Somnambule extra-lucide.
Monsieur le rédacteur,
Le commissaire de police de mon quartier vient
de me déclarer procès-verbal."