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Le charivari — 19.1850

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Mai (No. 121-151)
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LE CHARIVARI.

frite de V Ordre, la Casquette de loutre, le Scorpion
honnête et modéré, le Navet politique et littéraire,
la Chenille, journal universel,sont les seules feuilles
dont j'autorise la circulation.

11 est défendu de lire la République, le Siècle, le
Crédit, la Voix du Peuple, le National, le Chari-
vari.

Maintenant, monsieur Fouché (l'orateur s'adres-
sait à mon compagnon d'infortune, retenu ainsi que
moi par une main de fer), sachez que si je vous ai
choisi pour ministre, c'est qu'il me faut des hom-
mes nouveaux. Vous avez voté la mort de Louis XVI,
vous avez pas mal guillotiné à Nantes et mitraillé à
Lyon et à Toulon, mais à tout prendre ce ne sont
pas là des antécédens. Vous m'apprendrez à con-
naître les hommes et les choses de la révolution,
j'ai besoin de vous, donc je vous trouve innocent
comme l'enfant qui vient de naître. Je vous ai don-
né pour collègue un savant jurisconsulte qui n'a
pas d'autre antécédent jusqu'ici que d'avoir voté
avec tous les partis. Mais où est-il donc? Cambacé-
rès ! paraissez, monsieur Cambacérès ; ah ! le voilà !

L'orateur nous lâcha pour saisir un individu qui
entrait tranquillement chez un marchand de para-
pluies du passage. L'individu se débattait et criait
à l'assassin, l'orateur essayait de lui persuader
qu'il était Cambacérès, qu'on ne voulait lui faire
aucun mal, mais tout simplement le nommer mi-
nistre de la justice, la foule augmentait à chaque
instant, l'orateur enflammé par la vue de tant de
spectateurs continuait à crier de plus belle.

— Tous les préliminaires sont accomplis : plus de
républicains dans l'assemblée ni dans la population
de Paris, plus de journaux hostiles, je puis mainte-
nant achever mon dix-huit brumaire. Vive le dix-
huit brumaire ! vive l'empereur ! vive l'ordre ! vive
Jacquier ! vive Briffault ! vive Carlier 1 vive Tartem-
pion !

Il n'y a plus que trois hommes possibles en Fran-
ce à l'heure qu'il est : Carlier, Tartempion et moi.
Criez donc vive le dix-huit brumaire, vous autres !

Les gardiens du passage étant arrivés sur ces en-
trefaites, on s'empara de l'orateur. Conduit immé-
diatement au poste, il fut reconnu par un des rédac-
teurs les plus assidus du Napoléon nommé Colimard.
La lecture du dernier numéro de son journal l'avait
grisé, et il récitait son premier-Paris dans la rue.
Des âmes charitables l'ont reconduit chez lui où il
reçoit tous les soins que réclame son état.

C'EST LA FAUTE AUX BOUTIQUIERS.

Les socialistes ont triomphé sur toute la ligne,
des Batignolles à Vaugirard, de Neuilly à Bercy,—
c'est la faute aux boutiquiers de Paris.

Les boutiquiers de Paris représentent pour l'ins-
tant Voltaire et Rousseau sous la restauration.

Le journal l'Assemblée nationale ne s'est pas gêné
ce matin pour dire leur fait aux boutiquiers de Pa-
ris.—Après la malédiction de l'herboriste Potard
dans le vaudeville de Prosper et Vincent, je n'ai
jamais entendu rien de plus terrible que les impré-
cations lancées à la tète du boutiquier de Paris par
le coléreux rédacteur de la terrible Assemblée natio-
nale.

Boutiquier, c'est toi qui as nommé Eugène Sue,
puissent toutes tes pratiques émigrer en Angleterre !

Boutiquier,puisses-tu ne plus vendre une aune de
drap, un kilogramme de sucre, une livre de chan-
delle, une once de moutarde !

Boutiquier, puisses-tu voir tous tes billets protes-
tés!

Boutiquier, puisse ta îemme te tromper et ton

enfant mal mouché te faire perpétuellement un
pied de nez.

Boutiquier, je te maudis jusqu'à ta dix-huitième
génération, toi et tous les autres affreux petits bou-
tiquiers auxquels tu pourras donner le jour, —je te
maudis, je te remaudis, je te surmaudis ! et vlan, et
vlan, et vlan !

Tel est le premier-Paris de Y Assemblée nationale.

J'ai vu dans la journée mon épicier, il en était
tout triste ; — mon chapelier ne pouvait pas s'en
consoler et mon bottier pleurait depuis le matin,
rien ne pouvait arrêter ses larmes.

Les bottiers sont naturellement très faciles à at-
tendrir. — Ils ne font pas crédit d'une paire de pan-
toufles, mais ils sont sensibles, ils ont cette qualité
poussée jusqu'à l'excès.

Je n'ai jamais pu savoir si cela tenait au cuir ou
au cirage.

D'après les calculs de l'Assemblée nationale, les
électeurs qui out voté pour Eugène Sue sont tous
des boutiquiers.

Même les deux mille votans de Montmartre ! bou-
tiquiers.

Je n'aurais jamais soupçonné qu'il y eût tant de
boutiquiers à Montmartre.

D'après les renseignemens de la Patrie, il se
trouve que les boutiquiers ont également assuré le
triomphe du candidat socialiste, mais en s'abste-
nant de se rendre au scrutin.

M. Delamarre vous certifiera, foi de Dorinval, que
les cent mille électeurs qui n'ont pas voté sont bou-
tiquiers, tout ce qu'il y a de plus boutiquiers.

Ce qui fait qu'il ne les maudit pas moins que le
rédacteur de l'Assemblée nationale, c'est un autre
genre de malédiction, mais c'est tout aussi triste
pour les pauvres boutiquiers.

Notez que l'on ne fait d'exception pour aucune es-
pèce d'industrie.

Tous les bons citoyens, tous les Parisiens honnêtes
gens sont instamment priés de ne plus acheter quoi
que ce soit dans un magasin de Paris.

Quant à moi, je le déclare, j'aurais besoin de deux
sous de moutarde que je n'hésiterais pas à me ren-
dre à Dijon pour faire cette emplette plutôt que d'en-
trer dans la boutique d'un de ces affreux scélérats de
boutiquiers de mon quartier.

Les épiciers sont notamment des socialistes de la
plus dangereuse espèce, parce qu'au premier abord
ils n'ont pas l'air trop féroces.

Je vous le prédis, Paris sera pillé un jour par les
épiciers !

Mais j'ai l'espoir qu'on pourra ensuite rattraper
tout ce qu'ils prendront, parce que ces brigands
ne manqueront pas d'aller mettre le fruit de leurs
rapines à la caisse d'épargne.

Maintenant additionnons les calculs des deux
journaux, Y Assemblée nationale et la Patrie.

D'après celle-ci, cent mille boutiquiers n'ont pas
voté le 28 avril; d'après l'autre, cent vingt-cinq
mille boutiquiers ont voté pour Eugène Sue.

Total, deux cent vingt-cinq mille boutiquiers à
Paris sur trois cent mille électeurs.

On a bien raison de dire que Paris est une ville
de grand commerce ! — On compte des boutiquiers
dans tous les maisons, et jusqu'au sixième étage.

Boutiquiers de Paris, j'imite l'Assemblée natio-
nale et la Patrie, je vous lance en bloc deux cent
vingt-cinq mille malédictions. Vlan !

LA JOURNÉE DE FALEIÏIPIN.

Les résultats de l'élection de la Seine sont à peine
connus et déjà Fplempin parle d'émigrer.

Jusques à quand, grands dieux ! la France ser-
t-elle sous le coup de l'émigration de Falempu^
pays ne peut vivre sous cette éternelle menace "

A chaque accident politique, Falempin p0se
ultimatum. SOtl

Si l'assemblée ne vote pas le principe de ]a ■
troactivité, je m'expatrie.

Si le pouvoir exécutif ne prend pas des mesures
énergiques, je file.

Si la candidature de la rue Bergère n'a pas Cin
quante mille voix de majorité, je me sauve à travej
champs.

Déjà après les élections du 10 mars, Falempjj
avait fait semblant de quitter la France, mais on ne
tarda pas à le voir reparaître , et l'on découvrit que
son émigration s'était bornée à une promenade '
âne dans le bois de Boulogne ; même l'âne l'avait
jeté par terre; des témoins oculaires l'affirment.
% Hier, au foyer de l'Opéra, Falempin s'écriait • -,
Décidément il n'y a plus que le canon pour en finir
avec cette canaille; mais comme lesBurgravess'op.
posent à ce qu'on le tire, je pars pour l'Angleterre
Rats de ces lieux, vous ne me verrez plus.

Aujourd'hui, Falempin se montre ^dans tons les
ieux publics, suivi d'un commissionnaire portant s]
malle.

Il entre dans un café.

— Garçon, un œuf à la coque ! C'est, le dernier
œuf à la coque que tu me serviras, garçon, à moins
que la proscription ne te jette, toi, sur les côtes d'An-
gleterre. En ce cas, viens à Londres et demande Fa-
lempin dans Regent-street ; je ne t'abandonnerai
pas. Mais où est mon commissionnaire? Approche,
et pose ma malle auprès de cette table pendant que
je vais déjeuner ; ensuite nous irons au chemin de
fer.

Falempin mange son œuf, paie et sort. Au lieu
de se diriger vers le chemin de Boulogne, il entre
chez son Goiffeur, toujours suivi de son commission-
naire et de ses effets.

— Il s'agit de me donner un coup de fer. Je tiens
à ne pas faire peur aux habitans de Londres en ar
rivant ehez eux ; je veux même leur prouver que
l'élection du 28 avril, en donnant la victoire aux ré'
publicains, a chassé de Paris toutes les élégances.
Commissionnaire, où diable as-tu déposé ma malle?
Ah! la voici.—Messieurs, vous permettez? On
voyageur ne se sépare pas volontiers de ses bagages

Le coiffeur donne un coup de peigne à l'émigré
que toutes les personnes qui sont dans la boutique
regardent avec étonnement. Falempin se lève et
disparait en brandissant son stick. Un quart d'heure
après il se présente à une porte du jardin des Tuile-
ries avec ses bagages.

— Monsieur, dit le factionnaire, on ne passe p

— Pourquoi donc?

— La consigne défend de laisser entrer avec <
paquets.

— Ce ne sont pas des paquets, factionnaire, c
ma malle, la malle d'un émigré que le triomphe
rouges réduit à quitter sa patrie. Les rouges sont-ils
déjà maîtres de Paris à ce point que l'on s'opposea
mon émigration ? En ce cas, faites mieux, jetez'm°'
en prison, condamnez-moi à mort, livrez-moi a
hache révolutionnaire ; Falempin saura mourir avec
un courage digne de ses ancêtres.. Je brave la
reur et ses séides. On ne verra pas Falempin s'hu-
milier devant des proconsuls. Factionnaire, sivoui
avez l'ordre de m'arrêter, dite" le, faites votre de-
voir, je vous pardonne ma mort !

— Mais quand je vous dis qu'on ne passe
avec des paquets 1

— C'est bon ; je suis cerné, je le vois ; des âge»
sont appostés pour me mettre la main au collet;
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