«agi,
DIMANCHE 14 JUILLET 1850.
Îwm k la rédaction et de lïdrMiÉattofl, à Paris,
Les abonnemens datent des l»r et 16 de chaque mois.
DIX-NEUVIEME ANNEE. ~ N; 195.
#Mt chique jour É ricir^u feè en lithographie
RBE „„ CB0.SS4NT, <6 (HOTEL COL.E.T). *ft#. S™ "°,S-
Les abonnemens datent des 1er et 16 de ebaque mois.
••• B m lier, 9MÊÊÉÊÈ !' ^HSS'Ï^^ ^'-Îfflflfi °" reçoit cn ?»aIt*0*,*,lt *» a,I,0"nc"lc°V ,lcs m?"-
Onsanoimu.a . , „,,..... ^^Iw^^^^^H mtt-i'Ê^/^ir^Wik mgrWMïm) \ flalsà vue sur le Trésor et sur la Poste, et les etlets
«.rue SI-D0.iHn.que; a ' ^' ^ ^ ^^^^^MMK|/gl Wï*k tBdPïï» m,- les maisons de Banque de L'avis. - Tout ee qui
l,br.; a Mtt.»ciUt, cnes . ? . . <L3~-^^^^>^^^SujlS^^R/''%^\ J^AS? concerne l'administration du Journal doit être adressé
M,MCamQm,l* . U uen c.u fa ' " 3 ^^Lll_T>|P L JJ_ (franc0 au Directeur, rue du Croissant, 16 [ancien
uUVieuvPala,s; a Londres, e be, lo v.e et t. Ne vs ^-^^^^^^^r^^^^^-S^^^ Utcl Colber.).- Les lettres non auranebies seront
nationales et aénerales, etcbe^lci libraires.
ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.
Séance dv 13 juillet.
11 est malheureusement trop évident que l'esprit
de la mère Giboti plane sur l'assemblée. Le thé de
cette femme célèbre dans lequel il entrait tant de
choses, ne saurait donner qu'une idée imparfaite de
cette loi sur la presse où s'introduisent les amende-
mens les plus bizarres.
Sous la restauration, l'ouverture des sessions lé-
gislatives était inaugurée par la messe du Saint-Es-
prit; on pourrait aujourd'hui aussi justement ouvrir
les séances par la messe de la mère Gibou.
L'assemblée joue au corbillon avec la presse :—Je
vous vends mon corbillon de journal, qu'y met-on?
Chacun propose quelque chose ; l'un met dans le
corbillon de la tarte à la crème, l'autre de la galette
du Gymnase.
Une discussion s'est engagée sur la question de
savoir si les journalistes seraient tenus d'être blonds
ou bruns et s'il leur serait permis de se marier.
Un amendement tendant à ce qu'ils fussent obligés
d'aller déclamer leurs articles; en tunique.de tragé-
die, au domicile de l'abonné, a été repoussé à une
faible majorité. L'assemblée a adopté un autre a-
mendement par lequel les rédacteurs de journaux
seront tenus de s'habiller de numéros de leurs feuil-
les. La commission, par l'organe de M. Chasseloup-
Laubat, voulait seulement les contraindre à porter
ces numéros suspendus à leur ceinture, comme font
les Indiens des chevelures de leurs ennemis.
M. Laboulie exigeait, en outre, qu'ils ne pussent
86 montrer sur la voie publique sans une botte de
foin attachée aux cornes, ainsi que cela se pratique
dans les campagnes pour les bœufs d'un mauvais
naturel. M. Laboulie croit que les journalistes ont
tous de grandes cornes sur la tète, comme le mons-
tre du récit de Théramène. Sa proposition a été re-
jetée ; on a décidé seulement qu'ils ne sortiraient
dans la rue qu'avec une plume derrière l'oreille, ce
qui est plus conforme aux mœurs de notre temps.
Pendant que M. Chasseloup-Laubat occupait la
tribune, un représentant s'est écrié tout à coup : —
P»e«, j'haïs-t-y les journalistes! Et dire que je n'ai
ïamais eu la chance d'en voir un tomber d'un cin-
tième !
M. Léon Faucher a su glisser un bon mot dans la
•hscussion. Nous regrettons que l'exiguité de notre
CHARIVARI.
format ne nous permette pas de le reproduire, mais
notre intention est de le donner en prime à nos
abonnés au prochain renouvellement: Le président
Dupin, dont la verve baisse depuis quelque temps,
a paru fort contrarié dû bon mot de M. Léon Fau-
cher, qui est vice-président de l'assemblée, comme
personne ne l'ignore ; circonstance aggravante pour
le bon mot, que nos abonnés ne connaîtront que
dans trois mois, au renouvellement d'octobre.
Nous n'attendrons pas si longtemps pour féliciter
M. Earoche d'un bonheur ;d'expression qu'il a eu
dans la discussion de l'article du timbre. Il s'agissait
de savoir si les publications non périodiques seraient
timbrées et si cette mesure s'étendrait aux reproduc-
tions des livres classiques.
— Sans doute, a répondu M. Baroche.
— Mais, lui a-t-on crié de la gauche, Montes-
quieu, Rousseau, Voltaire"?...
— Tout cela sera timbré, a dit le ministre.
Ce tout cela n'est-il pas aussi beau que le fameux
« quoi qu'on die » des Femmes savantes ? Rousseau,
Voltaire, Molière, Montaigne, Corneille, Pascal, nos
plus grands penseurs, nos plus illustres écrivains,
l'honneur du génie français, M. Baroche les résume
et les glorifie par ce seul mot « tout cela » absolu-
ment comme s'il s'agissait de la collection des petites
brochures de la rue de Poitiers. Nous ne faisons
qu'un lot de tout cela, nous jetons tout cela dans la
même hotte, nous timbrons tout cela « quoi qu'on
die. » La commission était du même avis ; elle
aussi voulait, quoi qu'on die, timbrer tout cela.
L'assemblée a décidé le contraire.
Quelques momens auparavant, elle avait glissé
dans notre corbillon l'article du timbre uniforme de
cinq centimes par feuille, que nous y avons retrouvé
à la fin de la séance, entre autres dispositions-Gi-
bou. Ce jeu du corbillon, qui est loin décidément
d'être aussi innocent qu'on le dit, occupera encore
la séance de lundi. c. c.
D'UN AMENDEMENT
en faveur
DE L'iXITIATIVE ET Dl* PSEUDONYME.
Enlèverez-vous tous les voiles, allumerez vous
lotis les lustres, cruel Tinguy, ne laisseiez-vous pas
un peu d'ombre et de (bmi-jour autour de la presse;
cette gaze légère de l'initiale et du pseudonyme?
dernier vêtement qui lui reste, la ferez-vous tomber?
Ne déchirez pas, croyez-moi, le frêle tissu qui
protège.encore la pudeur de la presse. Ce mot vous
'fait rire. Je ne sais quel mirage de haine et de ran-
cune vous fait voir dans la presse une bacchante é-
chevelée secouant sur nos carrefours et sur nos pla-
ces publiques un thyrse où s'entremêlent les pam-
pres et les serpens. Telle est la presse aux yeux de la
majorité des représentai du pays qui a produit
Voltaire.
Laissons celte ménade, fille de la rhétorique ba-
nale desRouher de l'assemblée législative : voulez-
vous voir la presse ? entrez au bal masqué, suivez
ce domino au pied leste, à la taille élégante, le loup
cache ses traits, le capuchon couvre ses cheveux,
c'est à peine si vous pouvez entendre sa petite voix
étouffée derrière la cloison de satin. Elle a tout l'es-
prit du mystère, tout l'attrait de l'inconnu, elle vous
semble vive, malicieuse, agaçante, l'entrain et la
gaîté en personne. Elle vous fuit, elle vous échappe,
vous la cherchez, vous rêvfz d'elle, vous attendez
avec impatience le prochain bal masqué pour la re-
voir. Mais, au contraire, qu'elle se laisse surpren-
dre, qu'elle permette que vous lui ôtiez son loup,
c'en est fait, l'illusion disparait, ce n'est plus Cida-
lise que vous avez devant les yeux, c'est la première
venue, c'est Jeanneton, c'est Margot, c'est la presse.
La véritable presse littéraire, la presse du feuil-
leton et du petit journal, ressemble beaucoup à ces
femmes qui n'ont d'esprit que sous le masque.
Que de gens sont ainsi faits ! Ils parlent, ils racon-
tent, ils sont entrainans de verve, d'éloquence, de
finesse, ils oubliént qu'on les écoule. Mais peu à
peu leur verve hésite, leur éloquence se traîne, leur
finesse s'alourdit, ils viennent d'apercevoir leur au-
ditoire, il faut qu'ils se taisent, ils n'ont plus d'es-
prit.
C'est pour eux que le pseudonyme a été inventé.
D'autres, moitié timides et moitié téméraires, se
montrent et se cachent à la fois, ils aiment qu'on
les devine derrière les saules , ils retroussent la bar-
be du masque, ils élèvent un pan du domino, ils
ont une fleur, un nœud de ruban, un signe de ral-
liement, des initiales pour que leurs amis les recon-
naissent et leur sourient en passant.
Il s'agit donc de savoir si M. Tinguy admet en
matière de presse le loup et le nœud de rubans.
Je crains bien que non. L'assemblée législative
me parait en train de tisser une de ers lois draco-
DIMANCHE 14 JUILLET 1850.
Îwm k la rédaction et de lïdrMiÉattofl, à Paris,
Les abonnemens datent des l»r et 16 de chaque mois.
DIX-NEUVIEME ANNEE. ~ N; 195.
#Mt chique jour É ricir^u feè en lithographie
RBE „„ CB0.SS4NT, <6 (HOTEL COL.E.T). *ft#. S™ "°,S-
Les abonnemens datent des 1er et 16 de ebaque mois.
••• B m lier, 9MÊÊÉÊÈ !' ^HSS'Ï^^ ^'-Îfflflfi °" reçoit cn ?»aIt*0*,*,lt *» a,I,0"nc"lc°V ,lcs m?"-
Onsanoimu.a . , „,,..... ^^Iw^^^^^H mtt-i'Ê^/^ir^Wik mgrWMïm) \ flalsà vue sur le Trésor et sur la Poste, et les etlets
«.rue SI-D0.iHn.que; a ' ^' ^ ^ ^^^^^MMK|/gl Wï*k tBdPïï» m,- les maisons de Banque de L'avis. - Tout ee qui
l,br.; a Mtt.»ciUt, cnes . ? . . <L3~-^^^^>^^^SujlS^^R/''%^\ J^AS? concerne l'administration du Journal doit être adressé
M,MCamQm,l* . U uen c.u fa ' " 3 ^^Lll_T>|P L JJ_ (franc0 au Directeur, rue du Croissant, 16 [ancien
uUVieuvPala,s; a Londres, e be, lo v.e et t. Ne vs ^-^^^^^^^r^^^^^-S^^^ Utcl Colber.).- Les lettres non auranebies seront
nationales et aénerales, etcbe^lci libraires.
ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.
Séance dv 13 juillet.
11 est malheureusement trop évident que l'esprit
de la mère Giboti plane sur l'assemblée. Le thé de
cette femme célèbre dans lequel il entrait tant de
choses, ne saurait donner qu'une idée imparfaite de
cette loi sur la presse où s'introduisent les amende-
mens les plus bizarres.
Sous la restauration, l'ouverture des sessions lé-
gislatives était inaugurée par la messe du Saint-Es-
prit; on pourrait aujourd'hui aussi justement ouvrir
les séances par la messe de la mère Gibou.
L'assemblée joue au corbillon avec la presse :—Je
vous vends mon corbillon de journal, qu'y met-on?
Chacun propose quelque chose ; l'un met dans le
corbillon de la tarte à la crème, l'autre de la galette
du Gymnase.
Une discussion s'est engagée sur la question de
savoir si les journalistes seraient tenus d'être blonds
ou bruns et s'il leur serait permis de se marier.
Un amendement tendant à ce qu'ils fussent obligés
d'aller déclamer leurs articles; en tunique.de tragé-
die, au domicile de l'abonné, a été repoussé à une
faible majorité. L'assemblée a adopté un autre a-
mendement par lequel les rédacteurs de journaux
seront tenus de s'habiller de numéros de leurs feuil-
les. La commission, par l'organe de M. Chasseloup-
Laubat, voulait seulement les contraindre à porter
ces numéros suspendus à leur ceinture, comme font
les Indiens des chevelures de leurs ennemis.
M. Laboulie exigeait, en outre, qu'ils ne pussent
86 montrer sur la voie publique sans une botte de
foin attachée aux cornes, ainsi que cela se pratique
dans les campagnes pour les bœufs d'un mauvais
naturel. M. Laboulie croit que les journalistes ont
tous de grandes cornes sur la tète, comme le mons-
tre du récit de Théramène. Sa proposition a été re-
jetée ; on a décidé seulement qu'ils ne sortiraient
dans la rue qu'avec une plume derrière l'oreille, ce
qui est plus conforme aux mœurs de notre temps.
Pendant que M. Chasseloup-Laubat occupait la
tribune, un représentant s'est écrié tout à coup : —
P»e«, j'haïs-t-y les journalistes! Et dire que je n'ai
ïamais eu la chance d'en voir un tomber d'un cin-
tième !
M. Léon Faucher a su glisser un bon mot dans la
•hscussion. Nous regrettons que l'exiguité de notre
CHARIVARI.
format ne nous permette pas de le reproduire, mais
notre intention est de le donner en prime à nos
abonnés au prochain renouvellement: Le président
Dupin, dont la verve baisse depuis quelque temps,
a paru fort contrarié dû bon mot de M. Léon Fau-
cher, qui est vice-président de l'assemblée, comme
personne ne l'ignore ; circonstance aggravante pour
le bon mot, que nos abonnés ne connaîtront que
dans trois mois, au renouvellement d'octobre.
Nous n'attendrons pas si longtemps pour féliciter
M. Earoche d'un bonheur ;d'expression qu'il a eu
dans la discussion de l'article du timbre. Il s'agissait
de savoir si les publications non périodiques seraient
timbrées et si cette mesure s'étendrait aux reproduc-
tions des livres classiques.
— Sans doute, a répondu M. Baroche.
— Mais, lui a-t-on crié de la gauche, Montes-
quieu, Rousseau, Voltaire"?...
— Tout cela sera timbré, a dit le ministre.
Ce tout cela n'est-il pas aussi beau que le fameux
« quoi qu'on die » des Femmes savantes ? Rousseau,
Voltaire, Molière, Montaigne, Corneille, Pascal, nos
plus grands penseurs, nos plus illustres écrivains,
l'honneur du génie français, M. Baroche les résume
et les glorifie par ce seul mot « tout cela » absolu-
ment comme s'il s'agissait de la collection des petites
brochures de la rue de Poitiers. Nous ne faisons
qu'un lot de tout cela, nous jetons tout cela dans la
même hotte, nous timbrons tout cela « quoi qu'on
die. » La commission était du même avis ; elle
aussi voulait, quoi qu'on die, timbrer tout cela.
L'assemblée a décidé le contraire.
Quelques momens auparavant, elle avait glissé
dans notre corbillon l'article du timbre uniforme de
cinq centimes par feuille, que nous y avons retrouvé
à la fin de la séance, entre autres dispositions-Gi-
bou. Ce jeu du corbillon, qui est loin décidément
d'être aussi innocent qu'on le dit, occupera encore
la séance de lundi. c. c.
D'UN AMENDEMENT
en faveur
DE L'iXITIATIVE ET Dl* PSEUDONYME.
Enlèverez-vous tous les voiles, allumerez vous
lotis les lustres, cruel Tinguy, ne laisseiez-vous pas
un peu d'ombre et de (bmi-jour autour de la presse;
cette gaze légère de l'initiale et du pseudonyme?
dernier vêtement qui lui reste, la ferez-vous tomber?
Ne déchirez pas, croyez-moi, le frêle tissu qui
protège.encore la pudeur de la presse. Ce mot vous
'fait rire. Je ne sais quel mirage de haine et de ran-
cune vous fait voir dans la presse une bacchante é-
chevelée secouant sur nos carrefours et sur nos pla-
ces publiques un thyrse où s'entremêlent les pam-
pres et les serpens. Telle est la presse aux yeux de la
majorité des représentai du pays qui a produit
Voltaire.
Laissons celte ménade, fille de la rhétorique ba-
nale desRouher de l'assemblée législative : voulez-
vous voir la presse ? entrez au bal masqué, suivez
ce domino au pied leste, à la taille élégante, le loup
cache ses traits, le capuchon couvre ses cheveux,
c'est à peine si vous pouvez entendre sa petite voix
étouffée derrière la cloison de satin. Elle a tout l'es-
prit du mystère, tout l'attrait de l'inconnu, elle vous
semble vive, malicieuse, agaçante, l'entrain et la
gaîté en personne. Elle vous fuit, elle vous échappe,
vous la cherchez, vous rêvfz d'elle, vous attendez
avec impatience le prochain bal masqué pour la re-
voir. Mais, au contraire, qu'elle se laisse surpren-
dre, qu'elle permette que vous lui ôtiez son loup,
c'en est fait, l'illusion disparait, ce n'est plus Cida-
lise que vous avez devant les yeux, c'est la première
venue, c'est Jeanneton, c'est Margot, c'est la presse.
La véritable presse littéraire, la presse du feuil-
leton et du petit journal, ressemble beaucoup à ces
femmes qui n'ont d'esprit que sous le masque.
Que de gens sont ainsi faits ! Ils parlent, ils racon-
tent, ils sont entrainans de verve, d'éloquence, de
finesse, ils oubliént qu'on les écoule. Mais peu à
peu leur verve hésite, leur éloquence se traîne, leur
finesse s'alourdit, ils viennent d'apercevoir leur au-
ditoire, il faut qu'ils se taisent, ils n'ont plus d'es-
prit.
C'est pour eux que le pseudonyme a été inventé.
D'autres, moitié timides et moitié téméraires, se
montrent et se cachent à la fois, ils aiment qu'on
les devine derrière les saules , ils retroussent la bar-
be du masque, ils élèvent un pan du domino, ils
ont une fleur, un nœud de ruban, un signe de ral-
liement, des initiales pour que leurs amis les recon-
naissent et leur sourient en passant.
Il s'agit donc de savoir si M. Tinguy admet en
matière de presse le loup et le nœud de rubans.
Je crains bien que non. L'assemblée législative
me parait en train de tisser une de ers lois draco-