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Le charivari — 47.1878

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https://doi.org/10.11588/diglit.25492#0359
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Prix du Numéro : 25 centimes

LUNDI 1“ AVRIL 1878

QUARANTE-SEPTIÈME ANNÉE

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Trois mois.,w .. 18 fr.

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Politique, Littéraire et Artistique

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef.

ANNONCES

ADOLPHE EW1G, FERMIER DE LA PUBLICITÉ

Hue Taitbout, 10>

CHARIVA

LA SEMAINE DE LA BOURSE

Du boulevard des Italiens,
Dimanche, 31 mars 1878.

Monsieur le rédacteur.

Mauvaise semaine pour les acheteurs. La baisse
sévit sur toute la ligne. C’est surtout à la fin delà
journée de mardi que le marché prend une mau-
vais. tournure. Les haussiers poussent de longs gé-
missements et se plaignent d’être abandonnés par
les cocalas et les institutions de crédit. C’est alors
qu’un cocalas sensible à ce reproche se présente
avec un téléphone et fait semblant d’interroger un
banquier allemand.

— Que faites-vous en ce moment?

— Nous achetons.

— Vous voyez, s’écrie le cocalas, l’Allemagne est
à la hausse; — et ce mot excite des cris de joie
parmi les haussiers. Mais on apprend presque aus-
sitôt que les banquiers allemands vendent au lieu
d'acheter, et l’on dit même que le grand maître du
faubourg Saint-Honoré en fait autant.

On découvre un moment après que le cocalas
avait tait une farce,- qu’il avait apporté uu taux té-
léphone, et s’était seulement livré à un exercice de
ventriloquie.

Il n'en faut pas davantage pour que l’Emprunt
décroche le cours de 109 Ir.

Le pot de terre et le pot de fer.

Le lendemain, les cours faisaient mine de se re-
lever, mais au bout d’une heure, le mouvement
s’arrête, et l’on reperd à la fin de la Bourse tout le
terrain gagné au commencement.

C’est la conséquence de l’incertitude qui règne
dans les esprits. On ne sait plus que penser, ni s’il
faut croire à la paix ou à la guerre.

Il me paraît évident que les gros bonnets pren-
nent position à la baisse, et que les acheteurs d’au-
jourd’hui ne sont pas de taille à lutter contre eux,
à moins de vouloir recommencer le combat du pot
de terre contre le pot de fer. Et le Crédit lyonnais
lui-même prendrait le pot de fer parles deux anses
pour le soutenir, cela n’empêcherait pas celui-ci
d’être brisé par le choc.

Quand je dis que ce sont les gros bonnets de la
spéculation qui sont le pot de fer, ce n’est que la
moitié de la vérité. Le plus dur, le plus redoutable
des pots de fer, c’est le comptant, qui continue
journellement ses ventes.

Et maintenant que la politique vient se jeter à la
traverse, la spéculation à la hausse n’enlève pas les
cours comme elle veut.

Les vendeurs d’aujourd’hui sont incontestablement
d’une plus solide étoffe que les acheteurs qui n’ont
pas généralement une grande consistance. Si quel-
que mauvaise nouvelle éclatait, ces derniers vou-
draient vendre tous à la fois, et Dieu sait alors
quelle débâcle! On se félicitait mercredi de voir que
les cours ne se dérobaient pas trop.

Les fanfares de jeudi.

Les meneurs ont essayé de maintenir le cours de
109 sur 1 Emprunt'; et, à cet effet, deux des princi-
paux courtiers de la coulisse, mon petit ami Sazias
de la maison Dreyfus, et Alphonse Langé de la mai-
son Lange et Feutsch, s’étaient chargés de relever
les cours le soir sur le boulevard, afin de donner
au marché officiel du lendemain de meilleures dis-
positions. C’est ainsi que mercredi soir on relevait
l’Emprunt à 109 25, mais tous ces efforts n’ont pas
cté couronnés de succès.

Le jeudi était de la mLcarêmc,, et la

Bourse était à chaque instant distratte par les fan-
fares des sonneurs de trompe.'Mais il y avait d’an-
tres fanfares moins joyeuses qui l’occiipaient plus
encore ; c’étaient ceiles des Bourses de Londres, de
Vienne, de Berlin, qui téléphonisaient successive-
ment des cours en baisse.

Comment résister à cette musique?

Déjà le cours de 109 sur l’Emprunt avait été de
nouveau décroché dès le commencement, et, de
chute en chute, on tombe, à 108 55. Inutile d’ajouter
que toutes les valeurs suivent le sort de nos fonds.

Je disais tout à l’heure que s’il arrivait une mau-
vaise nouvelle il y aurait débâcle à la Bourse. Elle
n’a pas tardé à arriver. Dans la soirée de jeudi, on
apprenait que lord Derby avait donné sa démission
motivée par la mesure de mobilisation de la ré-
serve,* adoptée par ses collègues.

La nouvelle était grave, et elle a produit une vé-
ritable panique à la petite Bourse du boulevard.

L’Emprunt est tombé un moment à 107 20.

Les acheteurs, effrayés, cherchent à sc liquider,
mais ils ne trouvent, pour ainsi dire, pas de con-
tre-partie, ce qui les oblige à vendre à vil prix pour
trouver preneurs.

; Il y a longtemps que j’avais prédit cette situation.
J’avais annoncé aux acheteurs à outrance qu’ils
perdraient en quelques jours ce qu’ils avaient mis
quelques mois à gagner.

Le public, qui s’est laissé entortiller par les me-
neurs et quelques institutions de crédit acharnés à
surfaire les cours des Rentes, est vraiment à plain-
dre. Mais il doit s’en prendre à ceux qui l’ont poussé
contre vent et marée, à ceux qui n’ont jamais voulu
tenir compte ni des événements possibles à l’exté-
rieur, ni des grandes dépenses que l’on fait chez
nous depuis quelque temps et qui pourraient bien
finir par amener un déficit sur nos budgets.

Le bal de l’Opéra.

Quelques boursiers sont allés promener leurs
ennuis au bal de l’Opéra. Mais on n’y parlait guère
que de la baisse du boulevard et de la guerre. C’est
à cela que se réduisaient les doqx propos d’amour.

Un joli domino s’élait emparé d’un haussier bien
connu et lui murmurait ces mots charmants à l’o-
reille :

— Qu’as-tu, beau ténébreux? Que cherches-tu?
Qu’atteDds-tu? Une houris du paradis de Mahomet,
ou bien une petite dame des bords du lac? Dis-moi
si tu rêves à des yeux noirs ou à des yeux bleus.
Es-tu occupé en ce moment à rédiger le menu du
souper que tu feras dans une heure avec une aima-
ble compagne? Si c’est avec moi, je t’engage à ne
pas oublier les écrevisses à la bordelaise. Mais tu
ne réponds rien. Parle, que désires-tu? Que veux-
tu ? Quel est ton rêve ?

— Mon rêve, répondit le haussier d’une voix ter-
rible, ce serait de connaître d’avance les prix de
compensation de la liquidation.

Deux autres gentils dominos, un bleu et un rose,
chuchottaient mystérieusement adossés à une loge.

— Sais-tu, disait le domino bleu, à quel cours est
tombé ce soir l’Emprunt russe nouveau?

— Ma foi, non, dit le domino rose.

— Ebbien! il est tombé à 76 1/2, et hier, à pa-
reille heure, il était à ,83 3/4.

— Je l’ignorais. Moi, je ne m’occupe que des
Fonds autrichiens et du Hongrois. Ils ont, eux
aussi, été fortement touchés, mais non pas dans
d’aussi grandes proportions que le Russe.

— Ah ! s’écrie le domino bleu, nous en verrons
bien d’autres, si la guerre éclate. Mais tu me quit-
tes, où vas tu?

— Je vais, fit le domino rose, à la recherche de
Gaston, qui doit me donner quelques conseils en
vue de la liquidation.

Là-dessus les deux dominos se séparent. Tel était
l’aspect du bal de la Mi-Garême. Plus de Bourse

que de galanterie. — C’est le bal des victimes! di-
sait uu coulissier qui se pique de faire des mots.

Pas de prédictions.

Vendredi, le parquet a ratifié et accentué même
la forte baisse du boulevard. Depuis fort longtemps
nous n’avions assisté à uüe Bourse aussi agitée. On
baisse, on remonte, on rebaisse jusqu’à 106 50, et,
finalement, ou a remonté uu peu.

La réponse des primes a eu lieu hier samedi,
par anticipation, le dernier jour du mois étant un
dimanche, il y a eu un mouvement de reprise assez
sensible, et la réponse s’est faite à 107 55 sur
l’Emprunt. Inutile de dire que tant sur ce fouds
que sur le 3 0/0, lTtalien et toutes les valeurs indis-
tinctement, toutes les primes ont été abandonnées.
Après la réponse qui, par le tait, n’en était pas une,
le marché n’a pas changé d’allure. Voici les cours
de clôture :

Emprunt, 107 60.

3 0/0, 70 85.

Italien, 69 70.

Quoique ces cours soient de beaucoup plus hauts
que les bas cours cotés dans la bagarre, la diffé-
rence est encore grande sur les cours d’il y a huit
jours.

C’est demain lundi qu’aura lieu la liquidation de
la Rente.

Gomment se fera-t-elle? Ce n’est pas aisé à dire,
après la dégringolade que la Bourse a éprouvée,
d’autant plus qu’il y a toujours de l’imprévu dans
une liquidation. Si les institutions de crédit qui
sont, à mon avis chargées de Rentes, se décident à
vendre, on pourrait alors aller très-bas. Mais elles
peuvent aussi vouloir tenir bon, et dans ce cas nous
verrions le report plus cher que le mois dernier.

Mais en admettant que Ton liquide dans les cours
où nous avons laissé nos Rentes hier, c’est-à-dire à
107 60, quelle sera la perte des acheteurs? Sur
l’Emprunt, le cours de compensation du mois der-
nier ayant été de 109 10, la perte sera d’un point
et demi, et à peu près d’autant sur le 3 0/0.

Je trouve que les meneurs n’auront pas payé
trop cher leur audace et leur entêtement. Mais que
d’innocents et de naïts se sont laissés prendre à la
hausse exagérée du commencement du mois, sans
laquelle il 11’y aurait pas eu certainement une aussi
forte reculade dans un seul jour! La Rente italienne
a été encore plus maltraitée que nos fonds.

Où nous en s mmes.

A présent la question de paix ou de guerre est
posée plus que jamais, et malheureusement les
chances sont plutôt pour la guerre. Aussi vaudrait-
il mieux être vendeur qu’acheteur. Mais le meilleur
conseil que je puisse donner à mes clients, c est de
n’êtreni l’un, ni l’autre et de s’abstenir de toute af-
faire en ce moment.

11 y a en politique des revirements subits dont il
faut se méfier.

C’est bien assez des complications extérieures
sans qu’on veuille, à tort, y mêler des complica-
tions intérieures.

Que va-t-on parler d’un ébranlement du minis-
tère, à propos du vote du Sénat sur la question
d’amnistie !

Non, certes, le ministère n’est pas ébranlé. Et il
n’y a pas davantage de conflit parlementaire parce
que la Chambre des députés a maintenu ses chil-
fres primitifs, sans tenir compte des augmentations
apportées à certains chapitres du budget par le
Sénat.

Sur tout cela on peut se tenir en parfaite tran-
quillité, quoi qu’eu disent les prétendus conserva-
teurs qui ne rêvent que plaies et bosses.

Apréez, etc.

CASTORINE.

Pour copie conforme :

Zabban.
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