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Le charivari — 47.1878

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https://doi.org/10.11588/diglit.25492#0599
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Prix du Numéio : 26 centimes

SAMEDI i* JUIN 1878

QUARANTE-SEPTIÈME ANNEE

r*

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IM JUS

Trois mois... 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an. 12 —

les abonnements partent des v et i s de chaque mois.

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

* PIERRE VÉRON

Rédacteur en Clief.

bureaux

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

nue Bossiui, 20.

LE

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON / .

Rédacteur en Chef.

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité

Bue XaUbout, 10* .'

CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

On a démasqué une première batterie.

L’autre jour, dans la commission des finances du
Sénat, on a interrogé M. le ministre de l’intérieur
sur la date qu’il comptait adopter pour le renouvel-
lement partiel.

M. Chesnelong, fort charcutier devant l’Eternel,
a été, avec M. Delsol, le porte-parole des droitiers
alarmés.

— Grand Dieul s’est écrié l’orateur du jambon-

neau, auriez-vous l’intention d’en appeler sitôt au
vote du pays?... Qu’ai-je lu dans la nomenclature
des crédits qu’on nous demande? Une allocation
poüf le déplacement des délégués sénatoriaux !
Apprenez que nous sommes résolus à retarder par
tous les moyens le moment où il faudra que nos
amis de la droite comparaissent devant le scrutin,
leurjuge !.

Ainsi parla, ou à peu près, le Démoslhènes de la
galantine.

A quoi tranquillement le ministre de l’intérieur
répondit que le gouvernement n’avait, pas la moin-
dre intention de convoquer les électeurs sénato-
riaux pendant les vacances prochaines; que les
Chambres seraient nécessairement appelées à se
réunir avant la fin de 1878; et que, l’heure venue, le
gouvernement leur demanderait le crédit nécessaire
pour subvenir au frais du renouvellement partiel du
Sénat.

Mais il paraît que les monarchistes prétendent ne
pas en rester là.

C’est en séance publique qu’ils comptent renou-
veler leurs clabaudages et crier avant que le suf-
frage national les écorche.

Nous verrons bien.

11y a là-dessous un complot qui se trahit par des
indiscrétions prématurées.

On a lait, dans les régions où I on aspire à l’hon-
neur de s’aplatir devant un souverain quelconque,
un raisonnement qui se croit astucieux.

On s’est dit :

— Si nous sommes renouvelés avant la fin de
l'année, tout est perdu. Le pays nous ayant donné
congé, la Chambre des députés tendra la main à la
nouvelle majorité de la haute Chambre, et bonsoir
les restaui ations !

* Sur quoi les fortes têtes de la politique et du
petit-salé se sont coalisées pourtrouver un expédient.

Leur eureka a été celui-ci :

_ Soutenons que le Sénat ne peut être renou-
velé qu’en janvier 1879. En décembre, la Chambre
sera forcée de voter le budget. Nous avons au début
de l’année prochaine une semaine au moins pour
repincer le pouvoir, refaire un 16 mai, frelater les
élections sénatoriales que nous reculerons au be-
soin, dissoudre les députés, prendre enfin une re-
vanche complète. Attention à la manœuvre...

C’était assez ingénieux.

D’autant plus que , le Sénat étant élu par le suf-
frage restreint, on aurait eu bien plus vite fait de
tripoter, d’influencer et de terroriser.

Par malheur, la première condition de succès
pour ces genres de machinations, c’est un silence
absolu.

Et ils n’ont pas su se taire.

Voilà la Chambre avertie. Elle agira en consé-
quence.

On assure que le gouvernement a déjà son plan
arrêté. Les élections sénatoriales auraient lieu le
dimanche 7 janvier, date choisie dans un esprit de
conciliation. Cette date du 7 janvier est, en effet, la
dernière limite, puisqu’il faut que le Sénat soit re-
nouvelé pour le 9, qui sera, l’an prochain, le jour
prescrit par la Constitution pour l’ouverture de la
session des deux Chambres.

Seulement on aura soin de faire intervenir gentil
petit douzième provisoire qui contrecarrera fâ-
cheusement les projets des conjurés.

Gentil petit douzièmeprovisoire devra avoir soin
de n’apparaître que tout à fait in extremis, afin de
replacer nos doux adversaires dans la situation qui
les a si heureusement fait reculer en décembre der-
nier.

Le coup du commandeur, messieurs, ne s’essaie
pas deux fois.

La fête oratoire de la Gaîté a eu le succès que lui
promettait le concours de Victor Hugo.

Dès la veille, en moins d’une heure, toutes les
places disponibles avaient été enlevées d’assaut.

Le discours du maître a été puissant, vibrant,
décisif.

Combien misérables semblent les quolibets des
plaisantins cléricaux devant ce langage admirable,
qui plane au-dessus des haines rampantes !

Le passage suivant donnera une idée de la majes-
tueuse sérénité de cette page grandiose :

« Certes, messieurs, a dit Victor Hugo, la mesure,
la réserve, la proportion, c’est la loi suprême de la
raison. On peut dire que la modération est la respi-
ration même du philosophe. L’effort du sage doit
être de. condenser dans une certitude sereine tous
les à peu-près dont se compose la philosophie.
Mais, à de certains moments, la passion du vrai se
lève puissante et violente, et elle est dans son droit,
comme les grands vents qui assainissent.

» Jamais, j’y insiste, aucun sage n’ébranlera ces
deux augustes points d’appui du labeur social, la
justice et l’espérance, et tous respecteront le juge
s’il incarne la justice, et tous vénéreront le prêtre
s’il représente l’espérance. Mais si la magistrature
s’appelle la torture, si l’Eglise s’appelle l’Iuquisition,
alors l’humanité les regarde en face et dit au juge :
Je ne veux pas de ta loi ! et dit au prêtre : Je ne
veux pas de ton dogme ! je ne veux pas de ton bû-
cher sur la terre et de tou enfer dans le ciel ! Alors
le philosophe courroucé se dresse, et dénonce le
juge à la justice, et dénonce le prêtre à Dieu! »

La France a par cette grande voix remercié Vol-
taire de ce qu’il a fait, pour l’affranchissement de la
pensée humaine et de la conscience universelle.

Elle a acquitté une dette de gratitude sans tomber
dans les fétichismes dont elle laisse le privilège
aux entrepreneurs de superstitions.

Tout est bien.

Pierre Véron.

»- — - - i- 1 m.. ■ ■

LA COMÉDIE CONTEMPORAINE

LES RENSEIGNEMENTS.

La drôle de société que la nôtre.

Jamais la méfiance ne fut plus grande dans les
paroles. Jamais l’insouciance ne fut plus aveugle
dans les actes.

Lisez un journal.

Vous n’y verrez que déclamations sur l’improbité
du siècle. On y raconte sur le ton badin, ou l’on y
flétrit sur le ton grave les tripotages, escamotages,
malversations en tout genre dont les variétés s’épa-
nouissement autour de nous.

Ce ne sont qu’histoires de gérants fallacieux, de
caissiers fuyards, d’entreprises véreuses.

A tel point qu’il y a là-dessus des clichés tout
faits, comme sur les belles mères.

Il semblerait donc que des gens aussi bien aver-
tis que nous le sommes doivent se tenir perpétuel-
lement sur la défensive.

Erreur !

L’incurie n’a jamais été plus extravagante.

Il en est de cela comme des lieux publics où s’é-
talent des écriteaux recommandant de prendre
garde aux pick pockets.

Ce sont les endroits où ces messieurs peuvent
travailler le plus à leur aise, et où les volés se lais-
sent faire le plus naïvement.

Ces réflexions me sont suggérées par les comptes
rendus des procès qu’on voit défiler quotidienne-
ment dans la Gazette des Tribunaux.

L’autre jour, c’était un caissier. Il avait été au
service. Là, on avait dû le poursuivre pour des dé-
tournements bien et dûmerut qualifiés.

De pareils Antécédents auraient dù, n’est-ce pas,
rendre impossible à ce particulier la gestion ou la
garde des deniers d’autrui...

Pas du tout.

On en avait fait un caissier, vous dis-je.

Tout comme si la formule en vogue était :

« Une honnêteté négligée est de rigueur. »

Quelques jours après, autre affaire.

Il s’agit cette fois de ce notaire de Courbevoie,
dont les exploits panachés de vols, de cancan et de
cocottes, ont occupé la presse entière.

Avez-vous remarqué un détail de la cause ?

Ledit, notaire avait déjà opéré dans une autre
ville, d’où il avait été loreé de filer pour des actes
d’indélicatesse parfaitement établis.

Après un petit entr’acte, notre homme éprouve le
besoin de recommencer.

Là n’est pas ce qui nous étonne. L’appétit, au
dire du proverbe, vient en mangeant.

Surtout quand c’est de l’argent qu’on mange.

Mais ce qui s’explique moins, c’est la complai-
sance avec laquelle on met de nouveau le couvert
pour ce glouton.

Comment ! voilà de quelles garanties est entourée
une profession qui donne la trop libre disposition
des deniers d’autrui !

Comment ! le notariat est ouvert, comme un ba-
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