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Le charivari — 47.1878

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Mai
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https://doi.org/10.11588/diglit.25492#0595
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Prix du Numéi o : 25 centimes

VENDREDI 31 MAI 1878

QUARANTE-SEPTIÈME ANNEE

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DIRECTION

Politique, littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef.

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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

)

| Rédacteur en Chef.

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ANNONCES

ADOLPHE EW1G, fermier de la publicité

Bue Taitfcout, 10.

LE CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

C'est une question d’une capitale importance,
une question de vitalité nationale que soulève le
rapport sur la pétition du major Labordère.

Chacun sait l’origine de cette pétition, et les sou-
venirs sinistres du 16 mai sont encore trop près de
nous pour qu'il y ait besoin de rappeler comment,
au lieu de sombrer dans le ridicule, le complot
monarchiste faillit se noyer dans le sang-.

Dans sa pétition, le major Labordère explique
les motifs qui ont dicté sa résistance à ce qu’il
croyait être un coup d’Etat.

Le rapport de M. Georges Périn prend le débat au
point de vue général. Ce n’est pas en effet la per-
sonne du général Labordère qui est en cause, c’est
le principe même de l’obéissance passive que l’on
veut à tort confondre avec la discipline.

La commission de la Chambre a pensé que le mi-
nistre de la guerre avait tort de prolonger cette
confusion.

« Frappé, dit le rapport, pour avoir refusé d’exé-
cuter un ordre qu’il jugeait attentatoire aux lois et
à la Constitution de son pays, le commandant La-
bordère demande : « Si l’inférieur doit obéir, quelle
» que soit l’illégalité de l’ordre donné par le supé-
» rieur. »

» Votre commission croyait que M. le ministre de
la guerre aurait pu répondre à cette question sans
porter un coup fatal à la discipline. Elle le croit en-
core. Sans méconnaître la nécessité du principe de
la subordination, principe fondamental de toutes
les armées, elle estime que ce principe n’est pas
absolu , et qu’on peut en déterminer l’étendue sans
le détruire.

» L’armée, en effet, n’est pas un corps indépen-
dant du reste de la nation, elle en fait partie inté-
grante, et tous ses membres sont soumis aux lois
du pays. C’est donc à cette limite du respect de la
loi, imposé à tous les citoyens, que s’arrête le de-
voir d’obéissance de l’inférieur aux ordres du supé-
rieur. »

La démonstration de ces vérités, que toute con-
science honnête ratifiera, est faite par le rapport
à l’aide de preuves historiques d’une haute portée.
Ces preuves, les voici :

« Le gouvernement de Napoléon lor poursuivait
et condamnait des olficiers, auxiliaires inconscients
du général Malet, inférieurs qui avaient obéi aveu-
glément aux ordres de leurs supérieurs.

» Le gouvernement de la Restauration, au lende-
main des Cent-Jours, poursuivait et condamnait les
généraux Gilly, Grouchy, Clauzel et Laborde, qui
cependant n’avaient agi que sur les ordres formels
du ministre de la guerre.

» Enfin le gouvernement de Louis-Philippe —ainsi
que nous le rappelait le pétitionnaire — se gardait
bien de poursuivre, après l’échauffourée de Stras-
bourg, les officiers qui, en refusant de s’associer à
la eutative du colonel Vaudrey, avaient désobéi
à leur chef.

» Cette conduite uniforme de trois gouvernements
différents n’est-elle pas l’éclatante condamnation
de la-doctrine de l’obéissance aveugle? Tous les
gouvernements en ont compris les dangers, comme
vous les comprendrez vous mêmes. Vous recon-
naîtrez qu’admettre le principe de la subordination
absolue, sans restriction ni tempérament, dans un
pays pourvu d’une puissante armée permanente,
c’est préparer les voies à tout chef, que l’ambition
personnelle ou le dévouement à une dynastie dé-
chue peut pousser à s’armer contre la Constitution
existante, c’est ouvrir l’ère des conspirations mi-
litaires, c’est enlever toute stabilité aux institu-
tions et toute sécurité aux citoyens. »

L’exemple du colonel Vaudrey est particulière-
ment frappant.

Que fut le coup d’Etat du 2 décembre? Un Stras-
bouig réussi.

S’il avait avorté, le général Saiut-Arnaud passait
devant une cour martiale.

Supposons même un officier atteint subitement
d’aliénation mentale et ordonnant à ses soldats de
fondre à coups de sabre sur les curieux qui assistent
à une manœuvre.

Faudra-t il, au nom de l’obéissance passive pous-
sée jusqu’à la complicité, que cet ordre insensé soit
exécuté aveuglément?

Oui, une armée ne peut servir utilement son pays
que si elle est respectueuse de la discipline.

Mais il faut se souvenir toujours du summum
Jus, summa injuria.

C’est parce que la République veut une armée ho-
norée qu’elle ne veut pas que l’on puisse la préto-
rianiser.

Le rapport de la commission conclut au renvoi
de la pétition Labordère à la commission d’enquête
chargée d’instruire le procès du 16 mai.

Cette solution est logique et sera féconde, nous
l’espérons.

Ce qui est nécessaire, ce n’est pas tant de mo-
difier les règlements militaires que de bien définir
les responsabilités.

Qu’on obéisse aux ordres des autorités militaires,
mais que ces autorités ne soient pas couvertes par
une immunité inique.

Plus les soldats seront passifs, plus il sera indis-
pensable de sévir énergiquement contre ceux qui
les auront entraînés dans l’illégalité.

La commission d’enquête établira d’où éma-
naient les ordres qui préparaient un coup d’Etat.

Cela fait, on saura à qui s’en prendre.

Pierre Véron.

-—-----

A QUEL SME CERTAIN ON LES RECONNAIT

Vous vous rappelez le mot de Titus. Il paraît que
ce bon prince, car, s’il faut en croire les historiens,
il y a eu de bons princes, il paraît, disons-nous, que
ce bon prince s’interrogeait tous les soirs avant de
se coucher (c’était sa manière à lui de prier le bon
Dieu). « Ai-je ou non perdu ma journée? » Et selon
que la réponse était négative ou affirmative, il dor-

mait sur ses deux oreilles ou sur une seulement ;
mais toujours est-il qu’il dormait, puisque l’histoire
ne dit pas qu’il mourut d’insomnie.

Et pourtant ç’a été un intrépide massacreur ; une
conscience moins robuste que la sienne en aurait
perdu à jamais le sommeil. Mais cela dépend peut-
être des gens qu’on massacre. Il s’agissait alors de
juifs; or, qu’est-ce qu’un juif pour uu prince pieux
et païen? Qu’est ce qu’un huguenot pour un prince
pieux et catholique? Tant plus on en tue, tant plus
on mérite le ciel; et le beau jour de la révocation
de l’édit de Nantes, notre Louis-le Grand dut se
dire comme Titus : Je n’ai pas perdu ma journée.
G’esl tout un, cela paît du même principe, c’est
conscience de prince.

Mais où en voulons-nous donc venir? Ces monar-
ques ont une manière si singulière de comprendre
les choses humaines, que quand on veut s’en rendre
compte ou se sent tout dérouté, la tête se trouble.

Nous y voici.

Nous non plus nous n’avons pas perdu notre
journée; car, sur l’indication d’un vieil ami, un vrai
Rabelais si le sort avait voulu qu’il fût curé de
Meudon, un vrai Socrate, au demeurant, nous som -
mes en mesure de vous les faire reconnaître à pre-
mière vue.

— Qui eux?

— Eh ! parbleu, les cléricaux: car vous n’ignorez
pas qu’en dépit de la loi organique qui leur ordonne
de revêtir l’uniforme de là profession, ces messieurs
s’habillent en laïques pour se mêler à la foule et
n’être pas reconnus.

— Comment? comment?

— Eh bien I un savant des plus distingués, le doc-
teur Gaëtan Delaunay, vient de publier des études
de biologie comparée, dans lesquelles il vous indi-
que le moyen positif, matériel, infaillible de recon-
naître si vous affaire à un idiot ou à un homme in-
telligent.

— Vite, vile, le secret.

— Ecoutez bien.

Tout dépend de l’inspection de la tête.

Jusqu’ici nous avions bien un pressentiment de
la chose ; quand, entrant dans une église, nous dé-
couvrions une tête en pain de sucre, au front dé-
primé, ce qu’on appelle vulgairement une tête de
saint, nous disions : Connu !

Vous plalt-il un morceau de ce jus de réglisse?

Et, faisant cette réflexion, nous tenions le prin-
cipe de la chose, mais nous n’avions pas encore la
certitude d’être dans le vrai, nous n’osions pas af-
firmer.

Aujourd’hui, nous pouvons dire avec certitude :
front déprimé, tête pointue, tête d’idiot; tête d’idiot,
tête de cléricai.

C’est quelque chose, cela, surtout quand il s’agit
de confier l’instruction de son enfant à des têtes
ainsi faites.

Mais si nous ne citons pas textuellement, on va
croire que le Charivari fait des siennes, qu’il est
dans ses jours de belle humeur.

Citons donc un ou deux passages.

Or, sachez en principe que « chez les femmes la
tête se développe jusqu’à vingt-cinq et trente ans,
tandis que chez les hommes bien conformés elle
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