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Le charivari — 47.1878

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https://doi.org/10.11588/diglit.25492#0676
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LE CHARIVARI

vendu en détail, comme on fait des grands parcs
seigneuriaux. A l’instar du Vésinet et du Raincy,
des spéculateurs auront divisé les rayons de l’astre
et les débitent par fractions accessibles aux petites
bourses. A la place du soleil, nous avons de petites
planètes qui font tout leur possible pour nous
éblouir, mais qui, il faut bien le reconnaître, malgré
toute leur bonne volonté, nous laissent geler.

Saint Médard, saint Barnabé se sont conduits
cette année comme des paltoquets. Ils avaient été
plus raisonnables en 1867. Peut-être comptaient-ils
sur une invitation spéciale aux concerts du Troca-
déro.Les infortunés ! s’ils savaient ce que c’est, ils
ne se plaindraient point de n’avoir pas été invités.

La revue d’aujourd’hui sera-t-elle favorisée par
le temps? Il est permis d’en douter. On me dit à la
vérité que les soldats préfèrent la pluie à la cha-
leur. Je crois cependant qu’ils aimeraient mieux ni
l’un ni l’autre. On leur défend d’avoir des para-
pluies ; mais, comme cette défense ne concerne
point le public, ces sortes de solennités présen*
tent, quand il pleut, un aspect navrant. Leux ar-
mées semblent en présence, une armée de guerriers
et une armée de parapluies. Celle-ci, entourant
l’autre, semble l’avoir faite prisonnière , et l’empê-
che d’ailleurs d'être aperçue; en sorte que d'un peu
loin, on est tenté de s’imaginer que le chef du gou-
vernement a convoqué tous les parapluies de la
nation, qui exécutent des mouvements tournants
en son honneur. Il est impossible de se dissimuler
que cela manque essentiellement de majesté.

Comme il faut bien penser à tout, on nous a fait,
cette semaine, deux nouveaux académiciens. Un
homme qui n’a pas de chance, c’est M. Taine.
M. Taine avait depuis longtemps l’ambition acadé-
mique; on sait que cette maladie gagne les meil-
leurs cerveaux, quand ils commencent à dépérir.
Or, un beau jour, ou plutôt un vilain jour, M. Taine
se dit : « Jamais on ne voudra de moi à l’Académie,
si je ne fais pas amende honorable, et si je ne sa-
crifie pas mes opinions matérialistes et universi-
taires sur l’autel de l’ambition. » Là - dessus
M. Taine se convertit ; il brûle ce qu’il a adoré,
adore ce qu’il a brûlé, et écrit un gros livre destiné
à l’approbation de M. Dupanloup. Puis, il arrive
tout pimpant, convaincu que les portes de l’Institut
vont lui être ouvertes à deux battants. Point. On
les lui ferme au nez. Pourquoi? Parce qu’il a écrit
le gros livre.

Et M. Taine va partout, répétant : « Il n’est pas
Lieu possible, on m’a changé mon Académie. » Il a
surtout été mis au désespoir par un de ses amis, qui
lui a dit ce mot sincère, mais affligeant :

« Mon cher, ton livre t’aurait peut-être fait du
bien ; mais on l’a trouvé si ennuyeux que personne
n’a pu lire au delà de la dixième page. »

C’est même cette absence de lecture qui cause
les rectifications qu’adresse M. Taine à tous ceux
qui en parlent. « Mais ce n’est pas cela, dit-il ; vous
ne m’avez pas compris ! »

A quoi un plaisant a répliqué :

« C’est précisément ce qu’on vous reproche. »

Ce petit récit démontre que lorsqu’on veut se
mettre du côté du manche, encore faut-il étudier
avec soin où il est. M. Taine a fait comme le bû •
cheron ; il a jeté le manche après la cognée, si bien
qu’il n’a plus rien.

Lundi a eu lieu la séance solennelle d’ouverture
du congrès littéraire international. On a lu le
compte rendu de cette séance et le discours de
Victor Hugo. Le congrès à cette heure continue ses
travaux.

Je profite de cette occasion qui ne se représen-
tera pas d’ici à longtemps d’un congrès littéraire,
pour soumettre au susdit congrès une question fon-
damentale, oubliée dans son programme. Je vou-
drais savoir ce que c’est que la littérature. Si le con-
grès littéraire ne le sait pas, je ne vois pas qui le

saura, et je ne comprends pas qu’il néglige de nous
l’apprendre.

Personne, il faut bien se résoudre à l’avouer, n’a
jamais su ce qu’on entend par un homme de let-
tres. On voit bien que M. Victor Hugo, M. Edmond
About et quelques autres ont écrit en français, ce
qui leur donne le droit de représenter la littérature
française. Mais, à côté d’eux, il y a des centaines de
gens, qui sont non moins hommes de lettres, et
dont jamais personne n’a entendu parler. J’ai un
dentiste qui est homme de lettres ; je n’ai jamais
rien lu de lui, mais il plombe les dents d’une façon
merveilleuse. Je connais, en revanche, des écrivains
d’une certaine valeur qui ne sont point du tout
gens de lettres. Il faut donc qu’il y ait une défini-
tion que nous ne connaissons pas.

Tous les jours nous voyons paraître devant les
tribunaux un homme accusé de s’être mouché dans
le foulard de son voisin, et d’avoir remis, par mé-
garde, ce foulard dans sa poche. Quand le prési-
dent lui demande sa profession, il se déclare
homme de lettres, et le président ne le dément ja-
mais. Les présidents pensent-ils que les hommes
de lettres ont coutume de faire les foulards ? Il est
impossible alors de supposer que Victor Hugo ap-
partienne à cette profession.

La littérature n’est évidemment pas l’art de pas-
ser en cour d’assises. Consiste-t-elle tout simple-
ment à tracer des lignes sur du papier blanc, et à
les faire imprimer? Mais alors tous les confiseurs,
tous les pharmaciens, tous les tailleurs d’habits
sont des gens de lettres; et aussi le percepteur des
contributions. Faites-vous un choix entre certaines
lignes et certaines autres? Lans ce cas, en quoi
consiste ce choix? Et pensez-vous, par exemple,
qu’il n’y ait pas plus de différence entre Victor Hu-
go, déjà nommé, et l’auteur d’un roman à l’usage
des cabinets, qu’entre cet auteur et mon épicier?
De quelque côté qu’on se tourne, on est pris.

Au nom des dieux, définissez-moi la littérature et
les gens de lettres. Nous comprendrons alors pour-
quoi M. de Richelieu, qui ne savait pas mettre l’or-
thographe, a fait partie de l’Académie, et pourquoi
l’on n’a jamais considéré comme faisant de la litté-
rature les membres du congrès de Berli .1, dont les
œuvres seront certainement tirées à des millions
d’exemplaires.

SCARAMOTJCHE.

--—*■----

Nous n’entendrons pas les propos à la Henri Monnier
que ces dames échangeaient entre chaque épreuve.
Cruelle privation !

L’année a perdu son printemps.

J’ai visité l’Exposition... Encore une !... l’Exposition
des modèles envoyés par les sculpteurs qui concourent
pour la statue de M. Thiers, desiinée à la ville de
Nancy.

Grand débat.

Doit-on représenter M. Thiers avec ou sans lunettes?

— Avec lunettes, disent les uns, il n’y a pas de sta-
tuaire possible.

Et puis on tombe trop dans le Joseph Prudhomme.

La nature a de ces caprices, en effet.

Elle donne aux grands hommes des ressemblances
ironiques.

M. Thiers et le Joseph déjà nommé.

Napoléon lor et Polichinelle.

Les autres répliquent :

— Sans lunettes, pas de réalité possible dans .image
du populaire historien.

Nous sommes pour le sans lunettes.

L’art avant tout.

Plusieurs modèles sont dignes d’attention.

Car les noms les plus autorisés figurent parmi les
concurrents.

M. Delaplanche, le prix d’honneur du Salon, a un pro-
jet très-intéressant.

M. Gruyèie a montré M. Thiers étendant la main
pour montrer la rançon payée par la France.

Un peu trop mélodramatique d’allure.

Je choisirais le Thiers de M. Gautherin, très-simple,
très-beau et très-sculptural.

Empruntons une nouvelle à la Chronique théâtrale

de l'Evénement.

« L’administration du Casino de Monte-Carlo vient de
demander à M. Pierre Véron les paroles et à M. Robert
Planqueite ia musique d’un opera-comique en deux
actes, pour l’inauguration du théâtre de Monte-Carlo,
qui aura lieu au mois de janvier prochain.

» L’ouvrage sera intitulé : le Chevalier Gaston. »

AM. Garnier, chargé de la construction, de se pres-
ser maintenant pour prouver que l’exactitude est
aussi la politesse des rois de l’architecture.

Les envois de Rome seront exposés à la fin du mois
dans le palais des Beaux-Arts.

Si les yeux ne se déclarent pas satisfaits de tout ce
qu’on fait pour eux cette année, c’est qu’ils seront
vraiment trop exigeants.

Grande foule au Champ-de-Mars pour regarder les
diamants de la couronne.

Regarder est-il le mot propre?

On devrait dire plutôt :

— Pour défiler devant les diamants de la couronne.

C’est à peine, en effet, si les sergents de ville vous
laissent le temps de jeter un regard iurtif.

Je ne regrette pas, d’ailleurs, cette précipitation.

La contemplation de ces pierreries rentre dans la
catégorie des badauderies inintelligentes.

On ferait mieux, puisque couronne il n’y a plus et
il n’y aura plus, nous l’espérons bien, on ferait mieux
de vendre tous ces joyaux inutiles au profit du budget.

AVIS

L’Album que le Charivari publie tous les ans, a
qui était impatiemment attendu par le public, vient
de paraître, sous le titre de

CHAM AU SALON DE 1878.

Prix : un franc.

Ajouter 33 centimes pour le port.

Eu vente également au même prix, dans nos
bureaux,

L’EXPOSITION POUR RIRE,

Album de soixante caricatures par Giiam.

CHRONIQUE DU JOUR

Infortuné M. Paye!

Il se berçait du fol espoir de recueillir la succession
de M. Le Verrier.

Point.

La nomination du directeur de l’Observatoire appar-
tient au ministre, qui doit faire un choix sur deux lis-
tes émanant, l’une ciu conseil d'inspection de l'Obser-
vatoire, l’autre do l’Académie des sciences.

Le conseil d’inspection avait présenté MM. Mouchez
et Maurice Lœwy.

L’Académie des sciences, réunie lundi, a présenté
MM. Faye, Maurice Lœwy, Puiseux et Mouchez.

MM. Maurice Lœwy et Mouchez étaient les deux seuls
candidats dont les noms figurassent sur les deux listes.

Infortuné monsieur Faye 1

On dit aujourd’hui, pour déguiser son échec, qu’il a
décliné la candidature.

Ils sont trop verts I

M. Faye n’est pas plus heureux comme savant que
comme ministre.

Un joli mot de provincial. ,

Monsieur et madame arrivent au tfaeanc tout essouf-
flés :

— Tu vois, dit monsieur, que nous avions le temps.

Le rideau n’est pas levé. .

— Possible... mais je déteste arriver quand c’est
presque commencé.

Lugele, veneres !

Une décision cruelle est intervenue.

Il n’y aura pas cette année de concours publics au
Conservatoire.

Nous n’aurons donc pas le plaisir ineffable de con-
templer ce parterre de fleurs, composé de mères de fu-
tures actrices, qui réjouissait tant le regard.

Nous ne verrons pas ces cabas légendaires que chanta
Gavarni.

Nous ne verrons pas ces tartans mémorables qui sont
une institution artistique.

X.. le parvenu, pose p.oj11 je grand seigneur.

— Quand je vois ce gaiiiard-ia prendre des airs im-
portants, disait hier noire confrère Y..., cela me fait le
même effet que si on mettait des talons rouges à des
sabots.

Paul Girard

Le gérant : Altarochk.

Paris — Imprimerie J. VoisYenel, U, rue Chauchat.
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