LE CHARIVARI
cassés comme pantins, désarticulés comme polichi-
nelles huit jours après le premier de l’an.
C’est la France qui a fait joujou.
Franchement elle en avait bien le droit après les
sombres heures que ces gens-là lui ont fait traver-
ser.
Buffet, une voix!... Délirant, délicieux, exorbi-
tant !
Pardon de vous quitter brusquement, mais il faut
que j’aille avaler un verre d’eau.
J’en ai pris le hoquet !
UN ÉLECTEUR.
—--
THÉÂTRES
THÉÂTRE CLUNY : L'Abîme de Trayas.
CIRQUE D’HIVER : Une fête sur la glace.
Le drame de MM. Jules Adenis et Rostaing ne
doit pas, j’imagine, avoir la prétention de s’être
donné le luxe d’un point de départ inédit.
A ma connaissance, on a bien vu une bonne
quinzaine de fois le gredin qui, après avoir assas-
siné un honnête homme, lui vole sa personnalité et
se présente en ses lieu et place pour palper des
héritages ou épouser des héritières.
Mais les situations que la pièce du théâtre Cluny
a sû tirer d’une donnée un p u banale ont parfois
de la vigueur et de l’originalité.
Elles ont réussi à tenir le spectateur altentif aux
péripéties de la lutte engagée entre Robert, l’homme
du monde devenu assassin, et la familie Delormel,
que le chenapan veut dépouiller de toutes les façons.
11 a cummencé par enleverMmo Delormel; il désire
continuer en se mariant avec la fille, sous le nom
d’emprunt qu’il a pris à un officier de marine pré-
cipité par lui dans l’abîme de Trayas.
Ce bandit, aussi fort sur les coups de coude que
sur les coups de canif, finit mal, vous vous en
doutez.
C’est Mm0 Delormel elle-même qui le démasque et
le poignarde au dénoùment.
Je l’ai dit, le drame a de l’émotion et de la poigne.
Voilà une application imprévue du Tue-le!
Maurice Simon s’est fait applaudir, ainsi que
MUo Juillet.
Fort honorable soirée pour le théâtre Cluny, dont
la nouvelle direction marche dans la bonne piste.
Au Cirque d’Hiver, pantomime qui a presque l’air
d'un à-propos, par les temps rigoureux que nous
venons de traverser.
Une fête sur la glace nous fait assister à toutes
les culbutes que comporte le patinage, à une course
de traineaux, à une bataille à coups de boules de
neige.
Le tout saupoudré de papier blanc qui tombe du
plafond et qui couvre jusqu’aux spectateurs pour
ajouter à l’illusion.
Ce que c’est que l’imaginaiion. Uu a signalé le
premier soir trente-deux cas de fluxion de poi-
trine instantanée dans la salle.
Les dames soufflaient dans leurs doigts.
Je conseille aux ouvreuses de louer des chauf-
ferettes en guise de petits bancs.
Cette pantomime, en somme, se laisse regarder
sans ennui ; mais je doute qu’elle fournisse une
très longue carrière,
La Fête sur la glace fera, bien de penser au dégel.
Pierre Véron.
CHRONIQUE DU JOUR
Le clergé est au désespoir.
Le dominicain Hyacinthe Loyson va fonder rue Ro-
chechouart une église catholique gallicane.
On craint cette concurrence.
Mais le père Hyacinthe pourrait porter un coup ter-
rible à ses ennemis en mettant sur le dôme de l’église
cette inscription :
Ici le clergé prie gratis pour ses frères.
Le père Hyacinthe ferait même encore d’excellentes
affaires s’il mettait au rabais les messes d’enterrement
et de mariage.
Voyez-vous le clergé obligé de baisser ses prix I
Le nouveau ballet de l’Opéra est de M. Olivier Métra
un compositeur dont les théâtres n’ont pas su tirer
profit.
Il y a vingt ans que M. Métra fait des œuvres remar-
quables qui ne l’ont pas enrichi.
Il est obligé û’ètre chef d’orchestre pour gagner sa
vie.
Il dirigea, il y a quelque quinze ans, un concert re-
tiré dans le quartier de Cluny. Cela s’appelait, je crois,
l’Athénée.
C’était un entrepreneur de maçonnerie qui était di-
recteur.
Ce brave homme n’entendait, absolument rien à la
musi 'iuf.
A la dernière répétition générale, il veut se rendre
compte de l’effet que produira son orchestre, — comme
il l’appelait.
Il s'asseoit et écoute attentivement.
— Êtes-vous content? lui demande Olivier Métra.
— Oui, et non, répond-il d’un air rêveur.
— Faites vos observations.
— Je vois en haut de l’estrade des musiciens avec
des instruments en cuivre, qui ne font souvent rien,
pendant que ceux qui jouent du violon râclent à tour
de bras. Je veux que tous se donnent autant de mal,
puisque je les paie le môme prix.
A l’ouverture des Chambres, suivant un usage an-
tique et solennel, le sénateur et le député doyens d’âge
ont présidé
Chacun, appartenant à h gauche, a prononcé un dis-
cours en faveur de la République.
Mais supposons qu’un des doyens d’âge fût monar*
chiste.
Il n’aurait pu adresser au gouvernement républicain
des paroles aimables.
Alors quel effet eût produit une harangue commen-
çant ainsi :
Messieurs,
C’est avec le plus vif regret que je préside aujourd’hui
cette Assemblée, composée en majorité de républicains.
La France ne sera heureuse que quand elle appellera
à elle son roi qu’elle aime du fond du cœur.
Permettez-moi d’envoyer de cette tribune au comte
de Chambord mes vœux les plus sincères.
Il est probable que ces paroles auraient jeté un froid.
Félicitons nous donc d’avoir dans chaque chambre un
doyen d'âge dévoué à la République.
En Amérique, on a trouvé le moyen de fabriquer des
œufs artificiels. Voici la recette :
« L’albumine est imitée au moyen d’un mélange de
soufre et de matières grasses tirées des abattoirs et
rendues gluantes avec du mucilage. Le jaune est com-
posé de sang, de phosphate de chaux, de magnésie, de
muriate danmioiiiâquft, d’acides oléiques et margari~
ques ; la couleur est ob enue par du jaune de clirôaie.
Les coquilles sont faites au chalumeau dans une masse
de gypre, de carbonate de chaux et d’oxyde de fer. »
Deux œufs sur le plat ainsi travaillés doivent coûter
une centaine de francs.
Je préfère un œuf nature.
On vient de faire des essais pour faire fondre la neige.
On a jeté du sel sur une chaussée couverte de neige ;
— celle-ci a fondu, mais un joli verglas s’est formé
immédiatement.
La préfecture de la Seine aurait-elle l’intention d’ex-
ploiter un skating dans les rues de Paris?
De nouveaux essais seront faits à la prochaine occa-
sion.
Cette fois oa ajoutera du poivre au sel.
Avec uu filet de vinaigre, cela serait peut-ôlre excel-
lent.
Les banquets des anciens camarades de collège re-
commencent au mois de janvier de chaque année.
Je ne vois pas beaucoup l’utilité de ces agapes qui
ne doivent plaire qu’aux restaurateurs.
On a donné sou adresse aux amis que l’on désirait
revoir; quant aux autres on les a laissés de côte, parce
qu’on ne tenait pas à continuer les relations commen-
cées dans une salle d’étude.
Un monsieur nous parlait l’autre jour de ces ban-
quets.
— Oh ! non, nous disail-il, je n’y as-iste plus.
La première fois je rencontrai un ancien camarade
qui m’emprunta vingt-cinq louis qu’il ne me rendit
jamais. La seconde fois je renouvelai connaissance avec
un farceur qui, tenant sans doute à me rappeler que
nous étions autrefois copains, m’enleva ma femme.
Je serais peut-être retourné à une de ces réunions an-
nuelles si j’étais rentré en possession...
— De votre femme ? demandai-je.
— Non ; de mes vingt-cinq louis.
Deux bohèmes cherchent à se créer une position so-
ciale.
— J’ai trouvé ! dit l’un en se frappant le front,
— Dis vite.
— Gréons une agence matrimoniale.
— Ce n’est pas nouveau.
— Nous aurons un succès énorme : notre agence per-
mettra de rendre les panis qui auront cessé de plaire.
En 1877, le budget dit du droit des pauvres s’était
élevé à 2 728,006 francs-
En 1878, il a atteint la somme de 3.614,606 francs,
sans compter le mois de décembre, dont les comptes ne
sont pas arrêtés.
Différence en faveur de cette dernière année : un
million environ.
L’autre jour un pauvre aveugle implore la charité
d’un passant.
— Comment! .. s’écrie ce dernier, vous osez me de-
mander l’aumône quand cette années vous avez eu sur
vos droits une plus-value d’un million?
Et le bourgeois s’éloigne avec colère, en laissant
l’aveugle plongé dans le plus profond ahurissement.
André Laroche.
-------
Le Charivari offre, cette année, une prime d’un at-
trait tout particulier. C’est :
LE LIVRE D’OR DIS PIANISTES
TRÈS BEL ALBUM, CONTENANT
CENT MORCEAUX DE PIANO
de maîtres anciens et modernes
ET TRÈS RICHEMENT RELIÉ
Ces cent morceaux, chez les éditeurs de musique,
coûteraient plus de cent cinquante francs.
Prix : 10 francs.
2 fr. en sus pour le port.
Envoyer un mandai de 12 fr.
Les timbres-poste ne sont pas reçus.
--♦-
NOUVELLES A LA MAIN
Un vieux célibataire de province était venu à
Paris passer les fêtes du jour de l’an avec son ne-
veu Ernest, jeune étudiant en médecine, dont il se
plaisait à vanter la conduite exemplaire.
Le soir de son arrivée, le voyage l’ayant un peu
fatigué, il se couche de bonne heure et partage, par
économie, le lit d’Ernest.
A huit heures du matin, on frappe légèrement à
la porte de ia chambre.
Pas de réponse.
Deux petits coups secs retentissent de nouveau.
Notre homme se sent alors vivement secoué par
son neveu, qui l’interpelle en ces termes :
— Eh bien ! Clémentine, tu iCentends donc pas la-
laitière qui frappe?.
En cour d’assises. On juge une affaire d’assas-
sinat.
Le prévenu invoque un alibi.
Le présideut procède à l’interrogatoire des té-
moins; puis, se tournant vers l’accusé :
— Vous avez entendu... plus de trente témoins
affirment vous avoir vu sur le lieu du crime.
l’accusé (avec force). — Qu'ils le prouvent !
*
*■ *
Un éerivain naturaliste recevait les compliments
d’un de ses disciples, qui reculait les bornes de
l’adulation :
— Cher maître, disait ce dernier, aucun livre au
monde n’est supérieur à vos derniers romans.
— Pardon, répliqua l’écrivain.
■ Et lequel, je vous prie?
— Celui que je vais faire paraître incessamment.
%
La femme d’un ancien député orléaniste se plai-
gnait à une de ses amies des froideurs de son
mari.
— Tu t’exagères le mal, lui répondit celle-ci ;
somme toute, il ne te refuse rien; c’est toi qui gou-
vernes la maisun.
— Hélas ! je préférerais gouverner un peu moins
et régner davantage.
A.
Deux médecins, anciens camarades de collège,
échangent leurs confidences :
— Je n’ai pas trop à me plaindre, dit l’un, ma
moyenne est de douze mille francs par an ; mais je
suis toute la journée en courses.
— Moi, réplique l’autre, je vois à peine soixante
malades dans l’année, et je gagne le double.
— Peste ! tu as donc une clientèle bien riche ?
— Tout ce qu’il y a de plus riche. Il ne se passe
guère de semaine sans que j'aie un enterrement de
première classe.
Léon Audibert.
Le gérant : Amasochb.
cassés comme pantins, désarticulés comme polichi-
nelles huit jours après le premier de l’an.
C’est la France qui a fait joujou.
Franchement elle en avait bien le droit après les
sombres heures que ces gens-là lui ont fait traver-
ser.
Buffet, une voix!... Délirant, délicieux, exorbi-
tant !
Pardon de vous quitter brusquement, mais il faut
que j’aille avaler un verre d’eau.
J’en ai pris le hoquet !
UN ÉLECTEUR.
—--
THÉÂTRES
THÉÂTRE CLUNY : L'Abîme de Trayas.
CIRQUE D’HIVER : Une fête sur la glace.
Le drame de MM. Jules Adenis et Rostaing ne
doit pas, j’imagine, avoir la prétention de s’être
donné le luxe d’un point de départ inédit.
A ma connaissance, on a bien vu une bonne
quinzaine de fois le gredin qui, après avoir assas-
siné un honnête homme, lui vole sa personnalité et
se présente en ses lieu et place pour palper des
héritages ou épouser des héritières.
Mais les situations que la pièce du théâtre Cluny
a sû tirer d’une donnée un p u banale ont parfois
de la vigueur et de l’originalité.
Elles ont réussi à tenir le spectateur altentif aux
péripéties de la lutte engagée entre Robert, l’homme
du monde devenu assassin, et la familie Delormel,
que le chenapan veut dépouiller de toutes les façons.
11 a cummencé par enleverMmo Delormel; il désire
continuer en se mariant avec la fille, sous le nom
d’emprunt qu’il a pris à un officier de marine pré-
cipité par lui dans l’abîme de Trayas.
Ce bandit, aussi fort sur les coups de coude que
sur les coups de canif, finit mal, vous vous en
doutez.
C’est Mm0 Delormel elle-même qui le démasque et
le poignarde au dénoùment.
Je l’ai dit, le drame a de l’émotion et de la poigne.
Voilà une application imprévue du Tue-le!
Maurice Simon s’est fait applaudir, ainsi que
MUo Juillet.
Fort honorable soirée pour le théâtre Cluny, dont
la nouvelle direction marche dans la bonne piste.
Au Cirque d’Hiver, pantomime qui a presque l’air
d'un à-propos, par les temps rigoureux que nous
venons de traverser.
Une fête sur la glace nous fait assister à toutes
les culbutes que comporte le patinage, à une course
de traineaux, à une bataille à coups de boules de
neige.
Le tout saupoudré de papier blanc qui tombe du
plafond et qui couvre jusqu’aux spectateurs pour
ajouter à l’illusion.
Ce que c’est que l’imaginaiion. Uu a signalé le
premier soir trente-deux cas de fluxion de poi-
trine instantanée dans la salle.
Les dames soufflaient dans leurs doigts.
Je conseille aux ouvreuses de louer des chauf-
ferettes en guise de petits bancs.
Cette pantomime, en somme, se laisse regarder
sans ennui ; mais je doute qu’elle fournisse une
très longue carrière,
La Fête sur la glace fera, bien de penser au dégel.
Pierre Véron.
CHRONIQUE DU JOUR
Le clergé est au désespoir.
Le dominicain Hyacinthe Loyson va fonder rue Ro-
chechouart une église catholique gallicane.
On craint cette concurrence.
Mais le père Hyacinthe pourrait porter un coup ter-
rible à ses ennemis en mettant sur le dôme de l’église
cette inscription :
Ici le clergé prie gratis pour ses frères.
Le père Hyacinthe ferait même encore d’excellentes
affaires s’il mettait au rabais les messes d’enterrement
et de mariage.
Voyez-vous le clergé obligé de baisser ses prix I
Le nouveau ballet de l’Opéra est de M. Olivier Métra
un compositeur dont les théâtres n’ont pas su tirer
profit.
Il y a vingt ans que M. Métra fait des œuvres remar-
quables qui ne l’ont pas enrichi.
Il est obligé û’ètre chef d’orchestre pour gagner sa
vie.
Il dirigea, il y a quelque quinze ans, un concert re-
tiré dans le quartier de Cluny. Cela s’appelait, je crois,
l’Athénée.
C’était un entrepreneur de maçonnerie qui était di-
recteur.
Ce brave homme n’entendait, absolument rien à la
musi 'iuf.
A la dernière répétition générale, il veut se rendre
compte de l’effet que produira son orchestre, — comme
il l’appelait.
Il s'asseoit et écoute attentivement.
— Êtes-vous content? lui demande Olivier Métra.
— Oui, et non, répond-il d’un air rêveur.
— Faites vos observations.
— Je vois en haut de l’estrade des musiciens avec
des instruments en cuivre, qui ne font souvent rien,
pendant que ceux qui jouent du violon râclent à tour
de bras. Je veux que tous se donnent autant de mal,
puisque je les paie le môme prix.
A l’ouverture des Chambres, suivant un usage an-
tique et solennel, le sénateur et le député doyens d’âge
ont présidé
Chacun, appartenant à h gauche, a prononcé un dis-
cours en faveur de la République.
Mais supposons qu’un des doyens d’âge fût monar*
chiste.
Il n’aurait pu adresser au gouvernement républicain
des paroles aimables.
Alors quel effet eût produit une harangue commen-
çant ainsi :
Messieurs,
C’est avec le plus vif regret que je préside aujourd’hui
cette Assemblée, composée en majorité de républicains.
La France ne sera heureuse que quand elle appellera
à elle son roi qu’elle aime du fond du cœur.
Permettez-moi d’envoyer de cette tribune au comte
de Chambord mes vœux les plus sincères.
Il est probable que ces paroles auraient jeté un froid.
Félicitons nous donc d’avoir dans chaque chambre un
doyen d'âge dévoué à la République.
En Amérique, on a trouvé le moyen de fabriquer des
œufs artificiels. Voici la recette :
« L’albumine est imitée au moyen d’un mélange de
soufre et de matières grasses tirées des abattoirs et
rendues gluantes avec du mucilage. Le jaune est com-
posé de sang, de phosphate de chaux, de magnésie, de
muriate danmioiiiâquft, d’acides oléiques et margari~
ques ; la couleur est ob enue par du jaune de clirôaie.
Les coquilles sont faites au chalumeau dans une masse
de gypre, de carbonate de chaux et d’oxyde de fer. »
Deux œufs sur le plat ainsi travaillés doivent coûter
une centaine de francs.
Je préfère un œuf nature.
On vient de faire des essais pour faire fondre la neige.
On a jeté du sel sur une chaussée couverte de neige ;
— celle-ci a fondu, mais un joli verglas s’est formé
immédiatement.
La préfecture de la Seine aurait-elle l’intention d’ex-
ploiter un skating dans les rues de Paris?
De nouveaux essais seront faits à la prochaine occa-
sion.
Cette fois oa ajoutera du poivre au sel.
Avec uu filet de vinaigre, cela serait peut-ôlre excel-
lent.
Les banquets des anciens camarades de collège re-
commencent au mois de janvier de chaque année.
Je ne vois pas beaucoup l’utilité de ces agapes qui
ne doivent plaire qu’aux restaurateurs.
On a donné sou adresse aux amis que l’on désirait
revoir; quant aux autres on les a laissés de côte, parce
qu’on ne tenait pas à continuer les relations commen-
cées dans une salle d’étude.
Un monsieur nous parlait l’autre jour de ces ban-
quets.
— Oh ! non, nous disail-il, je n’y as-iste plus.
La première fois je rencontrai un ancien camarade
qui m’emprunta vingt-cinq louis qu’il ne me rendit
jamais. La seconde fois je renouvelai connaissance avec
un farceur qui, tenant sans doute à me rappeler que
nous étions autrefois copains, m’enleva ma femme.
Je serais peut-être retourné à une de ces réunions an-
nuelles si j’étais rentré en possession...
— De votre femme ? demandai-je.
— Non ; de mes vingt-cinq louis.
Deux bohèmes cherchent à se créer une position so-
ciale.
— J’ai trouvé ! dit l’un en se frappant le front,
— Dis vite.
— Gréons une agence matrimoniale.
— Ce n’est pas nouveau.
— Nous aurons un succès énorme : notre agence per-
mettra de rendre les panis qui auront cessé de plaire.
En 1877, le budget dit du droit des pauvres s’était
élevé à 2 728,006 francs-
En 1878, il a atteint la somme de 3.614,606 francs,
sans compter le mois de décembre, dont les comptes ne
sont pas arrêtés.
Différence en faveur de cette dernière année : un
million environ.
L’autre jour un pauvre aveugle implore la charité
d’un passant.
— Comment! .. s’écrie ce dernier, vous osez me de-
mander l’aumône quand cette années vous avez eu sur
vos droits une plus-value d’un million?
Et le bourgeois s’éloigne avec colère, en laissant
l’aveugle plongé dans le plus profond ahurissement.
André Laroche.
-------
Le Charivari offre, cette année, une prime d’un at-
trait tout particulier. C’est :
LE LIVRE D’OR DIS PIANISTES
TRÈS BEL ALBUM, CONTENANT
CENT MORCEAUX DE PIANO
de maîtres anciens et modernes
ET TRÈS RICHEMENT RELIÉ
Ces cent morceaux, chez les éditeurs de musique,
coûteraient plus de cent cinquante francs.
Prix : 10 francs.
2 fr. en sus pour le port.
Envoyer un mandai de 12 fr.
Les timbres-poste ne sont pas reçus.
--♦-
NOUVELLES A LA MAIN
Un vieux célibataire de province était venu à
Paris passer les fêtes du jour de l’an avec son ne-
veu Ernest, jeune étudiant en médecine, dont il se
plaisait à vanter la conduite exemplaire.
Le soir de son arrivée, le voyage l’ayant un peu
fatigué, il se couche de bonne heure et partage, par
économie, le lit d’Ernest.
A huit heures du matin, on frappe légèrement à
la porte de ia chambre.
Pas de réponse.
Deux petits coups secs retentissent de nouveau.
Notre homme se sent alors vivement secoué par
son neveu, qui l’interpelle en ces termes :
— Eh bien ! Clémentine, tu iCentends donc pas la-
laitière qui frappe?.
En cour d’assises. On juge une affaire d’assas-
sinat.
Le prévenu invoque un alibi.
Le présideut procède à l’interrogatoire des té-
moins; puis, se tournant vers l’accusé :
— Vous avez entendu... plus de trente témoins
affirment vous avoir vu sur le lieu du crime.
l’accusé (avec force). — Qu'ils le prouvent !
*
*■ *
Un éerivain naturaliste recevait les compliments
d’un de ses disciples, qui reculait les bornes de
l’adulation :
— Cher maître, disait ce dernier, aucun livre au
monde n’est supérieur à vos derniers romans.
— Pardon, répliqua l’écrivain.
■ Et lequel, je vous prie?
— Celui que je vais faire paraître incessamment.
%
La femme d’un ancien député orléaniste se plai-
gnait à une de ses amies des froideurs de son
mari.
— Tu t’exagères le mal, lui répondit celle-ci ;
somme toute, il ne te refuse rien; c’est toi qui gou-
vernes la maisun.
— Hélas ! je préférerais gouverner un peu moins
et régner davantage.
A.
Deux médecins, anciens camarades de collège,
échangent leurs confidences :
— Je n’ai pas trop à me plaindre, dit l’un, ma
moyenne est de douze mille francs par an ; mais je
suis toute la journée en courses.
— Moi, réplique l’autre, je vois à peine soixante
malades dans l’année, et je gagne le double.
— Peste ! tu as donc une clientèle bien riche ?
— Tout ce qu’il y a de plus riche. Il ne se passe
guère de semaine sans que j'aie un enterrement de
première classe.
Léon Audibert.
Le gérant : Amasochb.