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Le charivari — 54.1885

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Février
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https://doi.org/10.11588/diglit.23882#0125
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CINQUANTE-QUATRIEME ANNEE.

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DIMANCHE l°r FÉVRIER 13S5

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PARIS

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Six mois. 36 —

Un an. —

Les abonnements partent des i " et 16 de chaque mois

DIRECTION

Politique. Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Hédaetesir en Chef.

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteisp est CSseî.

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la pdbucïTÉ
Rue Joquelet, il

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L’abonnement dun an donne droit à ta mime gratis

BULLETIN POLITIQUE

On entend dans le lointain un orgue lugubre,
comme l’orgue du procès Fualdès, qui joue :

Adieu, cher édifice,

Au fronton, au fronton pavoisé
Souffrtz que je gemisse ;

Mes beaux jours, mes beaux jours sont passés.

Le cher édifice, c’est le Palais législatif où Tou
croyait encore avoir six mois à passer.

Décidément le gouvernement ne veut pas que la
Chambre actuelle meure, comme ou dit, de sa belle

mort.

Pour hâter son trépas, dans un des derniers con-
seils de cabinet, on aurait trouvé un moyen de
procéder aux élections générales par anticipation,
sans recourir a une dissolution de la Chambre. On
se bornerait à introduire dans le projet de réforme
électorale une disposition fixant le renouvellement
de. la Chambre a une époque antérieure a celle de
l’expiration légale de ses i ouvoirs. Dans ce système,
la seule condition à observer est la durée de cinq
mois assignée par la Constitution pour chaque ses-
sion ordinaire.

Le session actuelle, ayant commencé le 13 janvier,
doit légalement durer jusqu’au 13 juin au minimum.

Or, il serait possible de fixer les élections géné-
rales au 31 mai et les scrutins de ballottage au 14
juin. La Chambre actuelle pourrait donc voir son
mandat se terminer le 13 juin, et la Chambre nou-
velle serait constituée le 14 juin, immédiatement
après les scrutins de ballottage. Il n’y aurait aucun
interrègne parlementaire, mais il y aurait par
contre abréviation du mandat de la Chambre de
quatre mois.

Pour permettre aux députés de se représenter de-
vant leurs électeurs et prendre part a la lutte élec-
torale, la Chambre pourrait d'offrir uu congé à
partir du lor mai sans qu’il soit besoin de recourir à
une dissolution.

On introduirait dans la loi rétablissant le scrutin
de liste un article transitoire portant que les pou-
voirs de la Chambre actuelle expireront le 14 juin
prochain. La loi électorale des députés, qui seule fixe
la durée du mandat législatif, est une loi ordinaire,
sans aucun caractère constitutionnel, et peut être
modifiée dans les formes ordinaires de la procédure
législative.

En voilà, j’espère, une combinaison savante !

Mais elle a un côté faible.

Reste toujours à jouer la scène du Sicicidépar
persuasion.

Cela ira tout seul, si les députés veulent bien se
laisser faire ; sinon, non.

Car, remarquez-le bien, tout dépend ici du vote
des législateurs qu’il s’agit d’occire sans douleur.

Chain contait, avec sa verve endiablée, une his-
toire délicieuse. L’histoire d’un charlatan de place
publique, au boniment tumultueux :

— Montez avec confiance ! Montez ! J’arrache les
dents sans douleur. Je donne 500 fr. aux pauvres

de la commune si un seul de ceux que j’opère fait
entendre une plainte !

Là-dessus un paysan escalade la voiture et ouvre
la bouche. Le charlatan procède. Clameur effroyable
du patient.

La foule gronde. Alors le Fontanarose, impertur-
bable :

— Il a crié, c’est vrai. Mais c’ert un cri de joie!

La situation actuelle a de l’analogie avec l’his-
toire de Cham.

Il s’agit d’opérer la Chambre en lui persuadant
qu’elle doit pousser un cri de joie.

Ce sera peut-être plus difficile qu’on ne croit.

La Justice le fait pressentir en ces termes :

« La Chambre, dit-on, réclamera elle-même le
coup de grâce ; elle neigera pas frappée :.ellé se
frappera. Soit : à quelîe époque a-t-on songé à
un procédé semblable? Qu .Je Chambre française a
jamais éprouvé le besoin du suicide japonais? Au-
cune, jusqu’ici. Et alors, il ne faut pas dire qu'elle
va choisir de son mieux 1 heure de son départ : ceia
ne suffit pas. On ne fera pas croire au public qu’on
vient à cette extrémité sans des motifs graves : les
motifs, s’il vous plaît?

La Justice invoque en faveur de la résistance un
autre argument.

J’avoue que celui-là me paraît moins concluant.

« Si la Chambre s’en allait, se demande la Justice,
qu aurait-elle l’ait? Rien. De tous les projets impor-
tants qui ont paru devant elle, deux seulement ont
abouti : les détestables conventions avec les gran-
des Compagnies, et la révision ridicule que vous
savez. Pour le reste, elle n’a pu aboutir ni à faire
les réformes démocratiques que l’opinion réclamait,
ni même a achever les mauvaises lois qu’elle a vo-
tées une première fois. Cette fois, ce serait le néant
ab.-olu : une lacune où apparaîtrait seulement, au
milieu du vide, le maintien, du suffrage restreint, et
l'abandon des chemins de fer à la féodalité d’argent.

» C’est dans de telles conditions que cette Cham-
bre demanderait à être dissoute. Que se-ait une
telie demande ? — Evidemment un navrant aveu
d’incapacité. »

Ici la réponse se présente d’elle-même :

Si la Chambre n’a été pendant trois ans trois
quarts capable de rien faire, à qui persuaderait-on
qu’elle va, uans le dernier quart de la dernière an-
née, opérer tout d’ua coup des miracles ?

L’opinion publique, prenant au mot l’argumenta-
tion ci-dessus, serait plutôt en droit de s’écrier :

— Puisque vous confessez que vous avez été (les
impuissants, cédez la place à d’autres.

Le raisonnement invoqué ressemble trop comi-
quement à celui qui soutiendrait cptte thèse cocasse :

— Voici un eunuque. Accordez-lui uu sursis d’un
trimestre et vous verrez qu’il procréera tout de suite
un entant.

Quoi qu’il en soit, il y aura du tirage.

Nos députés, eunuques ou non, trouvent leur
emploi agréable.

Et, même n’ayant, rien fait, il se pourrait bien qu’ils
barrassent la route à qui veut faire.

m INVASION PACIFIQUE

Au moment de notre petite épidémie de poche de
l’année dernière, on lisait dans toutes les gares au
Royaume-Uni cet avis bienfaisant affiché en gros
caractères: « Le choléra est à Paris. »

Cinq mots, pas davantage, mais très éloquents
dans leur concision. Il était impossible d’engager
plus clairement John Bull à ne pas traverser le dé-
troit.

Nous sommes moins prudents, nous autres. Tout
en déplorant les excès des fénians, nous nous gar-
dons bien d’afficher dans nos gares eet avertisse-
ment sournois : « La dynamite est à Londres. »

Et cependant nous en aurions parfaitement le
droit, car Dieu sait l’abus qu’on y fait de cette ma-
tière explosible à l’heure qu'il est.

Nous nous contentons de recevoir à bras ouverts
les nombreux émigrés chassés par la peur.

Londre n’est plus dans Londre, elle est tout à Paris !

On s’embarque avec un entrain extraordinaire à
Folkestone, à Douvres pour Boulogne et Calais.

Si l’exode britannique continue, il n’y aura bieu-
tôt plus de place dans les hôtels parisiens, cette
pauvre France étant encore le pays du monde où
l’étranger vit le plus iranquiilement.

Il se promène, visite nos musées, nos monu-
ments, sans crainte de les voir sauter en l’air...
avec lui.

Au Palais-Bourbon, au Luxembourg, il admirera
les peintures d’Eugène Delacroix, les tapisseries de
Marie de Médicis, avec une sécurité parfaite. Si par-
fois il sent une légère trépidation, elle n’est causée
ni par les tremblements de terre, comme eu Anda-
lousie, ni par une explosion quelconque, comme a
Londres, comme en Prusse, comme en Russie ; c’est
tout simplement l’omnibus qui passe..

En se couchant le soir, il ne trouvera aucun pé-
tard sous son oreiller, pas la plus petite cartouche
de nitro-giycérine dans sa table de nuit.

Au réveil, il ne jouira pas de l’étonnement de se
voir englouti sous une avalanche, comme dans la
belle Italie. La neige parisienne fond doucement,
doucement : une cuillerée de sucre en poudre dans
un verre d’eau.

A tous ces avantages joignez un joli froid sec et
presque du soleil! L’Anglais demanderait du brouil-
lard qu’on ne pourrait lui en servir ni pour or ni
pour argent.

Après cela, étonnez-vous de voir les cockneys
prendre leur revanche de la conquête de l’Angle-
terre par Guillaume de Normandie, en se jetant en
foule sur les provinces françaises. C’est au point
que si l’invasion s’accentue, nous serons forcés, à
l’instar des Américains, d’interdire l'entrée du ter-
ritoire français aux émigrants peu fortunés.

On entendra alors à la douane des dialogues dans
le goût de ceux-ci.

Le commissaire central, à un nouveau débarqué :

— Veuillez me dire vos noms, votre situation dans
le monde et vos moyens d’existence?

Le nouveau débarqué, au commissaire central :

Pierre Véron.
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