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Le charivari — 54.1885

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CINQUANTE-QUATRIEME AN»

Prix du Numéro : 25 centimes

DIMANCHE i" MARS 1885

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PARIS

Trois mois.
Six mois...
On an.

18 fr.
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72 —

les ‘



41

DIRECTION


Politique, Littéraire et Artistique


PIERRE VÉRON


Béiactear en Chef.

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20


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DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Réducteur en Chef»
ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité

Rue Joguelet, il

CHARIVARI

BULLETIN POLITIQUE

On sent les premiers symptômes de l’agitation
électorale.

Déjà même od formule des programmes.

Des efforts sont faits pour réunir l’Extrême-Gau-
che et la Gauche radicale, à l’effet de rédiger un
manifeste commun dont le premier article serait
encore : Révision de la Constitution.

Tout ce qu’on a fait à Versailles est donc tenu
pour nul et non avenu. L’objectif est une Consti-
tuante. De sorte qu’en réalité on proposerait aux
candidats de dire aux électeurs :

— Nommez-nous pour que nous cédions la place
à d’autres tout de suite après.

Je ne sais pas ce que les électeurs en penseront,
mais je ne crois pas qu’il y ait d’illusions à se faire
sur les résultats de la campagne nouvelle.

Quand on est candidat, on promet tout. Une fois

ki’on est député, on ne tient rien. Ou si peu de
tose !

' lotamment en ce qui concerne une question où
■itérât personnel est enjeu, point n’est besoin d’une
perspicacité somnambulesque pour prévoir que les
élus de la veille ne seront pas tentés de se retirer
une fois qu’ils seront dans la place.

On crie comme cela :

— Il faut nommer une Constituante.

Mais le lendemain, lorsqu’on a mis le pied dans
le palais législatif, qu’on y a choisi son petit siège,
son petit pupitre, qu’on y a pris ses petites habitu-
des, on n’est plus du tout disposé à passer la main
aux constituants futurs.

C’est l’histoire du passé, ce sera l’histoire de l’a-
venir.

Beaucoup enverront promener carrément leurs
engagements antérieurs. D’autres, plus ménagers
de leur popularité, prendront un biais.

— Nous avons déclaré, diront-ils, qu’une Consti-
tuante est nécessaire pour reviser. Mais nous n’a-
vons pas affirmé qu’elle fût nécessaire tout de suite.
Ce sera pour après nous, quand nous aurons fait
cotre temps. Dans la dernière année de notre légis-
lature, nous pourrons examiner la chose à loisir.
Quant à présent, nous nous devons à des besognes
urgentes. Laissez-nous nous recueillir... et nous
reposer.

Cest pourquoi je demeure, en dépit de tous les
Programmes qui pourront être étalés ou brandis,
convaincu que nous ne verrons pas une Cousti-
uante de sitôt. Convaincu que les députés qu’on
nommera au mois d’octobre ne seront pas plus
enclins à déguerpir que ne le furent les députés
no uels lorsque Gambetta leur proposa le scrutin de
ls e ûès leur arrivée.

J® n ai jamais bien compris pourquoi il y a tant
/ otres-Dames. Étant donné que la Vierge s’occupe
e protéger tous les hommes, d’assister tous les
rges, il nous parajt inume et illogique que cha-
e corporation ait l’air de réclamer une Vierge
P°ur elle toute seule.

Pourtant il en est ainsi. On crée même tous les
jours de nouvelles spécialités.

Les journaux dévots nous apprennent qu’une des
dernières créées est Notre-Dame de l’Usine, chargée
spécialement de veiller sur les hauts-fourneaux,
les forges, etc.

C’est au nom de Notre-Dame de l’Usine qu’un
pèlerinage de patrons vient de se rendre à Rome, où
le pape lui a adressé ces paroles :

« ... Les maux qui affligent la plupart des famil-
les appartenant à ces classes sont dus surtout à
l’abandon des pratiques religieuses, et à l’influence
des mauvais principes. Et, en effet, l’ouvrier qui ne
trouve plus dans la religion le soutien et la conso-
lation dont il a besoin, plus que tout autre, pour
supposer les pénibles conséquences de son humble
situation, cherchera son bien-être dans les jouis-
sances les plus basses et donnera un libre cours à
ses plus viles passions, au détriment de son bon-
heur moral et au grand péril de la société tout
entière. Des faits récents et nombreux en sont,
hélas ! une preuve terrible et sans réplique. »

Le cléricalisme a toujours eu la prétention de se
poser en sauvegarde sociale. Aujourd’hui, le pape
donne à entendre que si la classe ouvrière devient
batailleuse et intempérante, c’est parce qu’elle ne
va plus à la messe.

Par malheur, l’histoire est là qui répond, preuves
en mains.

Aucune époque ne fut plus étroitement cagote
que le moyen âge. Aucune époque ne fut plus
adonnée à l’ivrognerie et aux brutalités.

Donc...

Pierre Véron.

GROSSISSEZ LE DOSSIER !

Il est déjà de bonne taille, je vous l’assure. Mais
chaque jour y apporte son supplément. A preuve
l’histoire toute récente du curé de Moissac.

Vous en avez entendu parler, de cet excellent
curé ? Il avait affaire à des divorcés qui voulaient se
remarier. Il a refusé sa bénédiction.

Il fallait s’y attendre.

Jadis, quand c’était un Napoléon qui prenait le
clergé à la gorge, celui-ci s’empressait de prodiguer
les oremws pour le divorcé à couronne qui épousait
Marie-Louise.

Mais, la République étant débonnaire, on en pro-
fite pour bafouer et défier toutes ses lois.

Quelques journaux s’en indignent et protestent.
La chose, au contraire, ne nous déplaît pas.

D’abord ceux qui divorcent savent d’avance que
l’étroit cléricalisme est contre. Par conséquent, ils
devraient se dispenser d’aller demander sa consé-
cration à l’Eglise, ennemie du bon sens et du bon
droit.

Ensuite nous voyons avec un vif plaisir grossir
le dossier dont nous parlions en commençant.

Ce dossier-là servira à prouver, un de ces jours
prochains, qu’il y a définitivement incompatibilité
entre la société moderne et Pultramontanisme.

Allez-y donc gaiement. Ne vous gênez pas.

Plus vous démontrerez clairement cette incompa-
tibilité, plus vous multiplierez les mauvais vouloirs,
les maladresses, les complots mesquins, les manœu-
vres puériles, et plus vous hâterez la séparation de
l’Eglise et de l’Etat.

Le lendemain, par exemple, vous vous mordrez
les doigts jusqu’à l’os.

Il sera trop tard. La bonne besogne sera accom-
plie.

De grâce, poussez ferme, messieurs. Grossissez le
dossier !

Paul Girard.

BEAUX-ARTS

Les peintres et les statuaires fonctionnent en ce
moment à toute vapeur. Parmi les derniers, il en est
qui allongent la journée en travaillant à la lampe
matin et soir. Il faut arriver coûte que coûte, dût-on
passer les nuits à pétrir la glaise ou à tailler le
marbre.

Cette facilité d’augmenter les heures de travail
manque aux peintres. Aussi avec que), soin avare
ils mettent à profit les premières et les dernières
lueurs des sombres jours d’hiver.

M. Rocbegrosse, l’auteur de la curieuse et éner-
gique Andromaque de l’avant-dernier Salon, couvre
en ce moment une grande toile représentant une
Scène de la Jacquerie. Les meurt-de-faim du
xiv° siècle font irruption par les portes, par les fe-
nêtres, dans la salle d’un château où toute une fa-
mille éplorée se presse derrière la châtelaine coura-
geuse qui se présente fièrement aux coups des
assaillants. La fougue du jeune artiste se déploie à
l’aise dans cette page violente appelée à produire
une vive impression. Ses remarquables qualités de
coloriste s’en donnent là à cœur-joie !

Si M. Munkacsy pouvait exposer le palazzo ar-
tistique qu’il a tait construire à grands frais et avec
encore plus de goût avenue de Villiers, il y aurait
foule pour le visiter. Malheureusement ce décor
luxueux se déplante plus difficilement que ceux de
l’Opéra. On ne verra pas davantage le Christ en
croix, ni deux jolis tableaux de genre du maître.
Une publicité restreinte lui suffit, et c’est vraiment
dommage.

Chez Charles Chaplin, des portraits intéressants;
en outre, celui de la très jeune fille du comte de
Paris. Il est charmant de grâce et d’éclat. Avantage
précieux de la peinture claire, comme celle de cet
artiste, elle gagne en vieillissant, ce qui ne sera peut-
être pas le cas de celle de M. Ribot.

Mouginot aura deux toiles enlevées avec son brio
ordinaire. Une Vente de poissons où les tons nacrés
des raies et des turbots font une heureuse opposi-
tion à la puissante coloration du porteur qui les dé-
charge sur le carreau des Halles. La palette deMon-
ginot possède une gamme très étendue : elle monte
jusqu’à l’incarnat des roses et descend aussi facile-
ment à la note la plus basse d’un chaudron ou d’une
marmite qui a vu le feu en bouillonnant longtemps
devant l’âtre de la ménagère. Quelle belle décoration
de salie à manger je commanderais à l’artiste... si
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