Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 54.1885

DOI issue:
Août
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.23882#0835
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
Prix du Numéro : 2F> centimes

SAMEDI Ier AOUT 1885

CINQUANTE--QUATRifiME ANNÉE

abonnements

PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six .. 36 —

Un an. 12 —

Us abonnement5 partent des itr et te de chaque mois

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

BUREAUX

DS LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

Journal


Vp

M'

1

4

■1

iHE

il


ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 20 fr.

Six mois. 40 —

Un an. 80 —

L’abonnement d’un an donne droit à la prime gratis
DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Clief

ANNONCES

ADOLPHE EWIG. fermier de la publicité
Rue Joquelet, 11

BULLETIN POLITIQUE

Plus on parle de la politique coloniale el moins
on s’entend.

Cela tient à ce que, de part et d'autre, on pose
le problème de travers.

Ceux-ci disent :

— La pétitique coloniale est sublime.

Ceux-là :

— Elle est abominable.

Ni l'un ni l’autre.

La politique coloniale a des cotés séduisanls.
Parbleu! si elle ne semblait spécieuse par quelque
boni, qui la défendrait?

Abominable est aussi un trop gros mot dans la
bouche des opposants.

La vérité, c’est qu'il s’agit de mettre dans une
balance les avantages et les désavantages.

Puis de voir quel plateau l'emporte.

Cela sans phrases creuses, sans déclamation de
parti.

Et, en notre âme et conscience, nous trouvons
que les perles sont trois, quatre fois plus grandes
que les profits.

Dès lors, pourquoi s’obstiner?

Voilà ce qu’un homme de sens aurait dû venir
dire froidement en rappelant que nous avons à
peine commencé à tirer parti de P Algérie, qui est
à nos portes, et qu'il est, en conséquence, inutile
d’aventurer l'avenir dans d’autres colonisations
problématiques.

Mais on se pla.ce toujours à un autre point de
vue.

Au fond de chaque débat sur la politique colo-
niale, il y a eu une question de portefeuille.

L’est pourquoi on n’a abouti à rien.

Et cela continuera ainsi.

H faut croire qu’on a des loisirs, au ministère
de 1 Intérieur, puisqu’on peut s’y occuper avec
récidive des cercles et du jeu.

Lautre jour, c'était un subordonné qui confec-
tionnait une circulaire.

Une autre est venue du ministre lui-même.

Nous supposions qu’il y avait bien des réformes
ntiles à étudier.

D autant plus que la circulaire de M. Allain-
ittl’Ké ne nous paraît pas avoir des résultats très
féconds.

Elle débute par un aveu d’impuissance vraiment
'°P dépouillé d artifice, quand elle dit :

« Monsieur le préfet,

" Un certain nombre de cercles fonctionnent
,Sans avoir jamais été autorisés : mon administra-

°ü ne possède aucun renseignement sur leur
compte et ignore jusqu’à leur nom. D'autres, en

Us 8ratld nombre, se sont mis en règle et ont

reçu l'autorisation prescrite par l’article 291 du
Code pénal ; mais, contrairement aux instruc
lions, les statuts ne m’ont pas été soumis au
préalable et ne m’ont même pas été adressés
après approbation.

» Aussi existe-t-il dans les archives de la direc-
tion cle la sûreté générale de nombreuses lacunes
en ch qui touche ces associations, lacunes qu’il
est nécessaire de combler pour établir l'unité de
réglementation et arriver ainsi à mettre fin aux
abus qui m’ont été signalés. »

Jusqu’à présent, aucune administration n’avait,
que nous sachions, confessé avec cette candeur
que la loi pouvait être impunément et tranquille-
ment violée

Aucune administration n’avait, jusqu’ici., cons-
taté elle-même quelle était incapable de se faire
respecter et qu’on sc moquaii d’elle.

C’est ce que signifie cependant la circulaire de
M. Allain-Targé.

11 y a un règlement pour les cercles. Et elle
constate que ce règlement est tenu pour nul et
non avenu.

Elle aurait pu se dispenser de cette franchise
intempestive.

Quant à l’efficacité future de la circulaire, je la
suspecte fort.

M. le ministre prescrit à ses préfets :

« Vous voudrez bien, après vous être entouré
des renseignements les plus précis, m’adresser un
rapport détaillé sur les cercles de votre départe-
ment, qu'ils aient obtenu l’agrément de l’adminis-
tration ou fonctionnent en vertu d’une tolérance.

» Il ne s’agit, bien entendu, que des cercles « dans
lesquels on joue », et nullement des Sociétés qui
n’onl des cercles que le titre et poursuivent un but
philanthropique, littéraire, artistique, etc.

» Vous aurez à rechercher avec le plus grand
soin quels cercles existent et à m’adresser sur
chacun d’eux, dans une notice séparée, les rensei-
gnements les plus complets que vous aurez pu re-
cueillir ».

Suit une énumération détaillée jusqu’à la mi-
nutie.

Entre autres, le ministre demande quels jeux
on joue habituellement dans chaque cercle, si les
enjeux sont importants, si les paris sont reçus;
s’il y a une cagnotte, à qui elle profite, aux orga-
nisateurs ou à un directeur; si le cercle s’admi-
nistre lui-même ou a un gérant responsable...

Voyez-vous, on n’en sortira jamais tant que l’on
voudra faire de la distinction subtile. Ou le jeu to-
léré, ou le jeu défendu, voilà le vrai.

Pourquoi vous arrogez-vous le droit de fermer
certains tripots et d’en laisser d’autres ouverts,
comme vous l’avez fait à Paris?

Pourquoi tolérez-vous, chez les privilégiés de la
fortune, le droit au jeu en le refusant au commun
des martyrs?

Vous pataugez dans les équivoques et dans les
compromis.

Et la circulaire de M. Allain-Targé ne changera
rien -au patauge ment.

Pierre Véron.

Jamais la lecture des débats de la Chambre n’a
été aussi intéressante.

A mesure que le terme de leur mandat appro-
che, nos députés deviennent extrêmement remar-
quables.

Assurément, le désir de bien faire n’est pas
niable. Qui donc le niait?...

On sent que le zèle législatif les dévoré. C’est à
qui dira son mot à propos de tout et expectorera
un petit discours toujours bourré des meilleures
intentions du monde.

On pourrait hardiment parier vingt francs contre
un sou que, d’ici la clôture de la session, le Jour-
nal officiel sera forcé de mentionner, dans le
compte rendu in extenso, le nom des cinq cents
honorables du Palais-Bourbon.

Tous auront tenu à se signaler avant le grand
départ!

Croyez bien que s’il n’avait fallu qu’un sacrifice
personnel de quelques louis pour aider à certains
dégrèvements d’impôts très demandés, nos dépu-
tés n’auraient pas hésité une minute à le faire.

Tous leurs efforts, depuis quelques jours, ten-
dent à prouver nu pays qu'il est représenté d’une
façon vraiment exquise, par des hommes animés
d’un patriotisme égal à leur ardeur au travail.

En d’aulres termes, si les électeurs ne sont pas
des aveugles incurables, ils s’apercevront qu’il
leur est impossible de trouver mieux à l’avenir...

Ali I si les électeurs savaient profiter de ces
excellentes dispositions!

Si, aujourd'hui même, de tous les points de la
France partaient des adresses, couvertes de mul-
titudes de signatures, dans lesquelles le public
ferait entendre le désir qu’il a d’une prompte so-
lution des grandes questions pendantes, quelle
fièvre dans les cercles législatifs!

En quinze jours, la Chambre, excitée par l’ap-
proche des élections, voterait tout ce qu'on lui
demanderait, et môme davantage !

En attendant, il faut le reconnaître, elle fait de
son mieux.

Ses dernières séances sont remplies de discus-
sions au sujet de concessions de chemins de fer »
Et, chose extraordinaire, ces discussions ne sont
pas trop longues.

Le rapporteur monte à la tribune, expose en
dix minutes la nécessité qu’il y a d’établir une
voie ferrée ici el là; le président met aux voix, et
paf! la concession est accordée.

On vient cle voler ainsi une quinzaine de con-
cessions en quelques jours.

Soyez certains que la série n’est pas tinie.

La France, qui compte quatre-vingt-six dépar-
tements, aura ses quatre-vingt-six concessions
de chemins de fer nouveaux d'ici la fin de la
session.

C’élait, d'ailleurs, une vieille habitude de toutes
les Chambres passées d'attendre les derniers jours
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen