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Le charivari — 54.1885

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Janvier
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https://doi.org/10.11588/diglit.23882#0005
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CINQUANTE-QUATRIÈME ANNEE.

Prix du Numéro : 25 centimes

JEUDI 1" JANVIER 1885

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois. 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an. 72 —

Les abonnements partent des t" et 16 de chaque mois

DIRECTION

Politique. Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Cbef.
BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20


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Trois mois. 20 fr.

Six mois.. 40 —

Un an. 80 —

l’abonnement d un an donne droit à prime groM

DIRECTION

Politique. Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Cbe&

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier db la voKscuà,

Rue Joquelet, ii

LE CHARIVARI

Les ateliers étant fermés aujourd'hui. Jour de l'An,
le Charivari ne paraîtra pas demain vendredi.

BULLETIN POLITIQUE

Année nouvelle, nouveaux espoirs.

L’homme ainsi a besoin de ces haltes illusoires
pour reprendre son élan dans cette course de la
vie qui, en réalité, ne s’interrompt jamais.

Ces divisions chimériques du temps ne laissent-
elles pas au lendemain lesresponsabilités de la veille ?

Nous voici en 1885. N’esi-ce pas comme si nous
étions en 1884? Cependant l’accoutumance fait dire
à chacun :

— Espérons que cette année vaudra mieux que
l’autre.

Elle n’a pas valu grand’chose, l’autre en question,-5'
et les adieux ne sauraient être déchirants.

De tous côtés, des complications ont surgi. Aucune
solution n’est intervenue.

A l’extérieur, le casse-tête tonkinois reste plus
indéchiffrable que jamais. L’imbroglio égyptien n’a
rien perdu de son obscurité. Nul ne sait le but mys-
térieux poursuivi par l’alliance des trois empereurs.
Notre politique coloniale nous menace d’aventures
de plus en plus périlleuses.

Et de même pour toutes les questions. Ün ne voit
clair dans rien.

A l'intérieur, les revendications révolutionnaires
semblent vouloir s’exaspérer. Les difficultés finan-
cières s’accentuent. La République va traverser
l’épreuve de deux scrutins solennels. On pourrait
même presque dire de trois scrutins, puisque celui
qui donnera un remplaçant au Président de la Répu-
blique viendra, au mois de janvier prochain, com-
pléter la série.

C’est de ces votes que doit dépendre tout l’avenir.
Sous ce rapport, par conséquent, 1885 exercera une
influence exceptionnelle sur les destinées de la
France.

Déjà les augures se sont mis en frais de prophétie.
Ils sont bien audacieux, les augures.

Je ne me chargerais pas, même pour les élections
sénatoriales qui vont avoir lieu dans trois semaines,
de prédire un résultat.

Souvent un incident de la dernière heure, dans
un pays aussi mobile que le nôtre, suffit pour tout
modifier.

A plus forte raison est-il téméraire de s’engager
à longue échéance et de vouloir conjecturer ceFque
la France pensera au mois d’août prochain.

— Elle ira, dit-on volontiers, aux deux extrêmes
contraires.

Est-on bien sûr de cela ?

L’impulsion générale en Europe est bien dirigée
dans le sens des outrances. En Allemagne, par
exemple, on a vu récemment le socialisme gagner
du terrain, pendant que la réaction cléricale s’affir-
mait fortement d’autre part. En sera-t-il de même
ici? C’est plus douteux.

Il y a encore plus de vrai qu’on ne croit dans
cette ancienne formule : « La France est juste mi-
lieu. »

Dans tous les cas, si la gauche extrême se ren-
force, il nous paraît bien peu probable qu’il en
puisse être de même pour la droite monarchiste.

Ce qui rendra l’expérience bien plus curieuse en-
core, ce qui la rend aussi plus problématique, c’est
l’adoption du scrutin de liste, dont le fonctionne-
ment ouvre la porte aux surprises.

Et à propos de surprises, peut-on répondre qu’il
ne s’en produira pas une relativement à la date
même des élections ?

Attendra-t-on l’échéance extrême? Ne peut-il
pas se présenter des circonstances qui donnent au
ministère l’envie de brusquer les choses ?

Que de points d’interrogation !

C’est toujours par là que les années commencent.
Le malheur, c’est que c’est aussi par là qu’elles fi-
nissent. il faut en prendre son parti. Salut donc à
1885.

Puisss-ît-elle nous apporter une victoire défini-
tive dû côté de ia Chine et nous permettre de tirer
notre honneur du jeu si nous y laissons notre ar-
gent !

Puisse-t-elle nous déshabituer un peu du régime
des violences et des frénésies auquel nous semblons
nous habituer de plus en plus !

Puisse-t-elle substituer la discussion calme, rai-
sonnée, éclairante, aux débats passionnés, tumul-
tueux et confus, qui embrouillent tout et n’aboutis-
sent à rien !

Puisse-t-elle donner aux passants la sécurité
dans la rue, en nous délivrant des récidivistes, pour
lesquels certains politiciens semblent professer une
tendresse si baroque !

Paisse-t-elle mettre un terme aux fantaisies du
revolver, par lesquelles nous revenons tout douce-
ment à une complète sauvagerie !

Puisse-t-elle trouver, selon la mémorable for-
mule du anache. Part d’accroître le revenu des
impôts en diminuant les charges des contribuables !

Puisse-t-elle.,..

Je pourrais continuer longtemps sur ce ton. Les
vœux ne coûtent rien.

Mais vous allez en entendre assez d’autres au-
jourd'hui, chers et fidèles lecteurs, pour que je ne
vous inflige pas ce supplément de supplice.

Soyez doue tout aux bonbons, aux épanche-
ments intimes et aux agapes de famille.

A demain les affaires sérieuses.

Pierre Véron.

LES MOTS DE PANUR6E

Avez-vous fait une remarque?

Il y a maintenant une mode pour les mots comme
pour les étoffes ou pour la coupe des vêtements.

Un moment ce fut le mot buée.

Zola initiateur.

Il y avait des buées partout.

Des buée? qui traînaient. Car elles traînaient tou-
jours, les buées.

C’était de rigueur.

—o-

! Plus tard sont venues les envolées.

Oh lies envolées! Nous eu a-t-on rebattu les
oreilles!

Pas un compte rendu de volume, fût-ce la Cuisi-
' nière bourgeoise, sans que la critique parlât des en-
1 volées audacieuses de l’auteur.

Ensuite arriva le qualificatif troublant.

Des yeux troublants.

! Un langage troublant.

Une beauté troublante.

Un nez troublant.

Des jupons troublants.

Est-ce que je sais?... Cela u’en finissait pas. Cela
1 n’en finit pas encore !

Mais un autre adjectif est venu faire concurrence
au précédent.

Il est encore plus agaçant, celui-là, parce qu’il
est plus prétentieux.

Vous l’avez rencontré vingt fois, cent fois.

C’est l’adjectif génial.

Une manière de barbarisme solennel et maniéré.
Que le diable l’emporte !

Jadis on se contentait d’avoir du talent.

Présentement dire qu’un homme a du talent seu-
lement, c’est presque l’insulter.

Du talent ! Pour qui ie prenez-vous ?

Il leur faut du génie à tous.

Aux écrivains, aux reporters, aux peintres, aux
sculpteurs, aux arts industriels, aux épiciers, aux
coiffeurs.

D’où l’épithète eu vogue.

Vous n’ouvrez plus un journal sans y lire :

— Le style génial de M. X...

— Le pinceau génial de M. Y...

— Le ciseau génial de M. Z...

— La diction géniale de la cabotine Trois-Eioiles.

— Les lampes géniales du fabricant Machin.

Au secours ! Qu'on nous débarrasse de cette scie
exaspérante. Le gènialisme tourne a la monomanie.

Toutes les rhubarbes font vis-à-vis sur cet air-là
à tous les sénés.

C’est une grande entreprise de flagornerie mu-
tuelle.

L’Académie n’est plus peuplée que de médiocrités
géniales. Le rédacteur d’un fait-divers y déploie
une habileté géniale.

On dirait que plus les hommes rapetissent, plus
les mots grandissent.

Est-ce que vous trouvez que cela fait compensa-
tion?

—o—

O temps passé ! 0 temps naïf et modeste où on se
contentait de faire bien et de laisser dire, qu’es -tu
devenu ?

Nous avons aussi ia politique géniale.

Le langage officieux décerne cette louange aux
gens du pouvoir.

Le langage des opposants aux gens de l’attaque.

Et après ?

En est-on plus avancé?
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