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Le charivari — 54.1885

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LE CHARIVARI

# *

Mais nous n’en avons pas fini avec ie butin de ces
abeilles de sacristie. En veine de style baroque, le
Pèlerin poursuit, et délicatement nous fait toucher
du doigt les diverses sortes de miel « que les fleurs
sont priées de déposer pour la ruche sainte ».

Recommandé aux fleurs... pardon! aux lecteurs
du Charivari, à fin de dégustation.

Il y a d’abord le miel ordinaire : une souscription
pour le3 pèlerins pauvres, à l’usage des fleurs qui,
ne pouvant se dépoter ou se transplanter en per-
sonne, éprouvent le besoin de s’acheter un rempla-
çant pour « être là-bas par un autre ».

Après le miel ordinaire, le miel supérieur. C’est
celui qui « nourrit les frais d organisation ». Très
demandée, cette qualité-là, l’organisation et les
organisateurs — ayant pour habitude de ne point se
priver sur la nourriture.

Enfin, le miel extra-lin, qui se présente sous la
forme attrayante, variée, ingénieuse, souvent do-
rée, des ex-votos.

— Inventezides ex-votos ! s’écrie le Pèlerin gour-
mand.

Et craignant sans doute que les inventions n’af-
fluent pas, il en suggère complaisamment, quelques-
unes de son cru.

Une statue de saint Pierre est restée en plan,
parce qu’elle n’était pas entièrement payée. « Ii faut
encore 1,631 fr. SS : c'est du miel. » Fendez-vous
donc, fleurs de bonne volonté, et n’oubliez pas les
SS centimes! Ce n’est pas de la cire, ça... c’est du
miel.

Au Carmel, la Vierge étant apparue sous la forme
d’une nuée, on ne peut pas se dispenser de placer
sous ses pieds un piédestal de nuages. Et ce qu’il
faut de miel pour confectionner des nuages épais,
religieux, solides, on ne s’en fait pas une idée à
Narbonne.

Tout cela, sans compter les 101,00û francs de miel
à produire pour l’œuvre du terrain ! Que de miel,
bon Dieu !

#

* #

En attendant, le Pèlerin court au plus pressé et
tambourine les conditions du pèlerinage II y a un
prix déterminé pour Nazareth et Jérusalem, et un
supplément pour le Thabor et la Samarie. Avis aux
amateurs !

La feuille pieuse n’oublie qu’une chose : c'est
de nous dire si chaque supplément payé par les
bonnes gens qui vont chercher le salut de la France
en Palestine leur donnera droit à un député clérical
de plus aux prochaines élections.

Robert Hyenne.

AVIS IMPORTANT

Sur la demande de nombreux abonnés, nous venons
de faire tirer une nouvelle série de nos MENUS CHA-
RIVARIQUES, le grand saccès du *our, la gaieté des
dîners de la saison.

\ Cette série de VINGT DESSINS DE GRÉVIN est

tirée avec luxe sur carton teinté et doré. D'un côté, le
: cioquis avec légende et la place pour le nom du con-
vive ; de l’autre, la place pour écrire le menu.

Nous livrerons ces menus aux abonnés et lecteurs du
Charivari a un prix exceptionnellement réduit de moitié
sur le prix du commerce, soit :

LA SERIE DE VINGT DESSINS, 5 fr., dans une
boîte élégante.

La même, FINEMENT COLORIÉE, 6 fr.

(Ajouter, pour le port, 50 centimes par boîte.)

TrmiTT^ rfl fl nmrn Décoration du Nicham pour ses Produits.

GREIE CASSIS fontbonne, à dijon

LES FRÈRES GROS, Dijon. Moutarde estimée, ! usines.
La gde marque RH U M desuPlan tâtions St-J AMES, serait partout.

Nous rappelons à nos lecteurs que les Cafés-Fouquet
(138, rue de Rivoli), à 2 fr., 2 fr. 50 et 3 fr. le demi kilo
sont incomparablement supérieurs, comme qualité,
goût et arôme, à ceux vendus partout à prix égal ou
même plus cher. Rappelons également aux gourmets
que la Cave-Fouquet recèle des eaux-de-vie, cognacs,
fine champagne et rhumsdes meilleures marque!... ces
compagnons inséparables du café.

CHRONIQUE DU JOUR

U y a plusieurs manières pour le chroniqueur d’en-
terrer le carnaval.

La plus commode est assurément de prendre un ton
de croque-mort et de dresser le réquisitoire funèbre de
la vieille gaieté française.

Mais, outre que les clichés ont déjà beaucoup servi,
il suffit de jeter, de droite et de gauche, un coup d’œil
impartial, pour voir que dans l’ensemble il n’y a pas
de différence sensible entre hier et aujourd’hui.

Peut être quelque prince valaque ou quelque boyard
russe manque-t-il à 1 appel au Grand-Seine-, mais dans
les restaurants et les bals publics, même foule, même
entrain bruyant, mêmes plaisanteries au gros sel qui
se croisent, attestant la bonne humeur des générations
qui nous succèdent.

On danse sans doute uu peu moins; en revanche, on
mange et on boit davantage.

LaVneilleure preuve que le Parisien ne passe pas ses
jours gras les pieds sur les chenets, ou autour d’une
table de whist, est fournie par la statistique: le nom-
bre des rhumes de cerveau légués par le carnaval va,
chaque année, augmentant.

1 Vous n’ignorez pas que les médecins professent, en
général, un suprême dédain pour ce genre de rhume,
disant ironiquement que tout ce qu’ils peuvent faire
pour lui, c’est de l’appeler coryza.

Le docteur Dobson, plus avisé que ses confrères, s’est
ému des progrès du mal et a estimé qu’il était tout
j aussi humain de tourner ses efforts vers les maladies
qui peuvent être guéries que vers les maladies incu-
rables.

Il a cherché et il a trouvé.

La formule de son traitement est fort simple et je la
recommande à tous les clodoches, pierrots et chicards
enchiffrenés qui veulent bien se donner la peine de me
lire :

« Mettre dans un verre deux cuillerées de camphre
pulvérisé, verser dessus de l’eau bouillante et respirer
pendant dix à vingt minutes les vapeurs qui s’élèvent.
Deux fumigations dégagent complètement l’appendice
nasal. »

Le nez rouge va donc devenir l’apanage exclusif des
amants de la dive bouteille qui, du reste, vont avoir
très beau jeu.

Suivant une prédiction qui remonte à la fin du siècl„

dernier et qui se'fonde sur la rencontre de deux plein»!
lunes dans le même mois, la prochaine récolte du Vij
méritera d’être inscrite en lettres d’or dans les fastes d»
l’histoire.

Oncques ne vîmes pareil spectacle.

Les souches craqueront sous le poids des raisins - n,
cuves et tonneaux déborderont et les vignerons appel-
leront les passants, les priant de boire à leur soif, ST
peine d’être obligés de jeter le trop-plein dans’larj.
vière.

Les mastroquets combleront leurs puits désormais inu-
tiles et la buvette du Palais-Bourbon, son déficit.

Puissent ces pronostics se vérifier et le phylloxéra en
crever de rage 1

Mon Dieu 1 qu’il va être difficile d’élever les demoi.
selles de l’avenir !

A tous les arts indispensables, comme la musique la
danse, l’escrime, il va falloir ajouter la natation. ’

Un premier concours solennel a eu lieu, on le sait
dans un vaste bassin de la rue Ohâteau-Landon, et les
journaux se sont empressés de mettre en vedette le
nom des lauréates des prix de vitesse, de plongeon et
de résistance.

Le prix de vitesse est un peu banal.

Celui de plongeon est plus pittoresque. Une mère de
famille a le droit d'être fière de pouvoir dire en pré-
sentant sa fille dans le monde : « Athénaïs n’a pas sa
pareille pour les plongeons 1 »

Quant au prix de résistance, il a des qualités amphi-
bologiques qui, si je ne me trompe, le feront beaucoup
rechercher.

Mais, mon Dieu 1 qu’il va être difficile d’élever...

Tiens 1 je l’ai déjà dit.

On a beaucoup donné de bals d’enfants.

Y a-t-il encore des enfants ?

Dernièrement, j'étais dans une loge de l’Alcazar d’hi-
ver. A côté de moi on avait placé deux petites filles,

La plus jeune, qui paraissait avoir cinq ou six ans,
demanda a l’ainee, qui pouvait bien en avoir huit, en
lui désignant une jeune personne qui faisait bruyam-
ment son entrée dans la salle ;

— Est-ce que c’est une cocote?

Et la gamine de répondre d’un air entendu, après
avoir toise la nouvelle venue des pieds à la tète :

— Oui... une petite.

Non seulement elle connaissait l’espèce, mais elle en
catégorisait les variétés.

Gondinet est fort indulgent pour les jeunes, mais il
ne faut cependant pas passer certaines bornes.

Un candidat-collaborateur lui avait donné à lire une
pièce en trois actes.

— Eh bien ! maître, que m’en dites-vous ?

— Les deux premiers actes sont mauvais, archi-mau-
vais.

— Oui, mais le troisième... Quelle trouvaille 1

— Hum ! \xowvaille que vaille, fit tranquillement Gon-
dinet.

Rue des Ecoles, ou peut entendre tous les matins un

perroquet à magnifique plumage jacasser avec de bon-
nes vieilles dames devant une boutique de papeterie
religieuse.

Gavroche passe et, de sa voix glapissante:

— As-tu déjeuné, Garo ?

M“10 de G..., quoique déjà fort mûre, se donne auda-
cieusement trente ans.

— C’est de l’exagération, dit quelqu’un.

— Pas le moins du monde, fit la baroane avec sa
bienveillance habituelle, cette chère amie prend tout
bonnement la moyenne entre l’âge qu’elle a et celui
qu’elle désire avoir.

Léon Audibert.

SCÈNES ET

FANTAISIES

ELLE M’ATTEND !

— Voyons ! je vous en prie, dépêchez-vous de tne
raser... On m’attend... Ce coiffeur est d'une lenteurl...
Aïe 1 vous me coupez 1

— Monsieur, ce n’est pas ma faute... En voulant me
presser...

— Pas votre faute !... pas votre fauto !... Il ne man-
querait plus que vous eussiez prémédité ce commen-
cement d homicide... Me voilà joli 1... Obligé de ren-
trer chez moi pour appliquer sur la blessure un mor-
ceau de taffetas... La raie un peu plus bas... Pas tant ;
vous allez d’un extrême à l’autre...

— Est-elle bien ainsi?

— Non... oui... c’est bon... je n’ai pas le temps...
C’est comme un fait exprès I Juste le jour où je tiens à
déployer tous mes avantages... Je vous dis que je n’ai
pas le t... Ah ! si, un peu de cosmétique a la moustache
pour dissimuler certains poils gris... Assez !... Où ai-
je fourré mon chapeau maintenant?... Un chapeau tout
neuf... Sans doute ce monsieur, qui se faisait couper
les cheveux, l’aura pris pour le sien...

— Soyez sans crainte, monsieur, nous le connais-
sons... Il le rapportera...

— Il le rapportera! La belle avance !... C’est aujour-

d'hui qu’il me le fallait... Ce vieux feutre me coiffe d’une
façon ridicule... J’ai l’air, ma parole d’honneur, d’un
Cassandre... Ma blessure continue de saigner a flots...

— Nous sommes désolés, monsieur, de ce contre-
temps, et une autre fois...

— Désolés tant que vous voudrez... En attendant...

— Croyez, monsieur, que...

Entendu! Convenu 1 Je crois... Quand celui-là me
reverrai... Me couper un jour de premier rendez-vous...
Et ce chapeau!... Cela me cuit horriblement... Ren-
trons bien vite appliquer un peu... C’est singulier, il
me semblait que mon taffetas d’Angleterre était dans
ee tiroir... Nonl je me souviens... Je l’ai placé à droite,
dans ma commode... Non !... je l'ai serré a gauche,
dans le secrétaire... J’en perds la tète, ma parole 1... Le
voici... Peult 1 de loin cela ressemble à une mouche, et
la mouene ne messied point .. Hâtons-nous, le soleil
est radieux, la nature semble sourire à mon bonheur...
Mieux vaudrait arriver le premier... Cet empressement
la louchera... Il n'y a pas de lettres pour moi, madame
Durand?

— Non, monsieur.

— Pas de conlie-ordre, sauvé!...

— Seulement, le locataire du second m'a chargé de
vous parler... Il se plaint que le matin vous remuez
les meubles dès l’aurore, et il prétend que si vous con-
tinuez, il vous fera donner congé.

— Congé, à moi ! le plus ancien habitant de la mai-
son 1...

— C’est ce que je lui ai répondu. Mais vous savez, il
y a des gens méchants ; j’ai eu beau lui dire : « Mon-
sieur, le locataire du troisième est un homme rangé ;
s’il se lève le matin, c’est pour... »

— Merci, vous m’achèverez ce récit un autre jour...

— Ah 1 mais c’est que je ne veux pas qu’on vous ca-
lomnie. ..

— Un autre jour, madame Durand, un autre jour 1...

Enfin, me voici dans la rue. D’ici aux Champs-®)"
sées, avec un temps semblable, j'en ai pour une demi'
heure à peine. D'ailleurs, je ne suis pas fâche dem-
donner un peu de mouvement... Mou émotion sac-
commoderait mal de l’immobilité... Elle si c6?r'
mante 1... Des yeux, un nez, une bouche!... et “u
cheveux !... des cheveux qu’elle coiffe avec un gou
Je ne le suis guère bien coiffé, moi... Je viens, dans»
glace, d’apercevoir l’abominable feutre... Etdire que
vais avoir le bonheur d'offrir mon bras à un P;ire‘

sylphe pour le conduire au Concours agricole !...

Giel ! mon chef de bureau!... Moi qui ai prétexte
violent rhume pour conquérir cette journée d’indepe
dance... Cachons-nous sous cette porte pour le lalS:'

passer. r ;

Bon ! il s’arrête pour lire les affiches de théâtre i
choses-là n’arrivent qu’a moi... Il cherche ses lune ^
pour déchiffrer des lettres de vingt-cinq centimètrt»
îùn conserve de tels aveugles dans l'administration,
lieu de donner leur place à des employés qui,
moi... Bien sûr il les apprend par cœur... Pe, „orn
temps-la, l’heure s’envole, et il pénètre sous cel e *rcl)j
un courant d’air... Il s'eu va, merci, mon... Son
de bureau qui l’accoste à présent 1... Pour peu
entament la conversation... Le garçon lui reme
lettre ; il cherche de nouveau ses lunettes... ^..]0yi
ai pour trente-cinq minutes au moins... Dieu soit
il s’éloigne en lisant.

Doublons le pas ; car je finirais par m’attarder---

Prenez garde, manants!... Ces maçons sont d une
ladresse... Us ont toujours l'air de se frotter aVj gats
médiiation sur les habits noirs qu’ils rencontren ■ ^
compter que le plâtre frais est d’un tenace... B.
exp iquerai la cause de cet accident et elle me P ^
nera de me présentei à demi enfariué... Elle a 1
si compatissant... C’est une véritable Pe , „ jutr»
femme comme celle-là, et si je puis écarter

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