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Le charivari — 54.1885

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Mars
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https://doi.org/10.11588/diglit.23882#0342
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LE CHARIVARI

cret ?) seront introduites dans le règlement contre
les orateurs qui abusent de la tribune. »

Vlan ! ça y est.

Pauvre sire... (c’est toujours de l’inamovible lan-
dais que je parle) pauvre sire de Gavardie ! Gom-
ment ne serait-il pas ému, désolé, furieux ?

C’en est fait de ce règlement pour lequel il avait
une prédilection si marquée, de ce règlement bon
enfant, tout sucre et tout miel, qu’il proclamait le
phénix des règlements, attendu que les peines disci-
plinaires les plus contraires à la liberté delà parole
n’y existent pas.

On pouvait tout à son aise abuser de la tribune
— comme dit la commission — et de la patience de
la majorité, sans encourir autre chose que l’anodin
rappel à la question, que le platonique rappel à
l’ordre.

Il n’en ira plus ainsi désormais.

Les jeunes turbulents, les têtes folles du Luxem-
bourg ne pourront plus jouer les enfants terribles
en séance publique, ou du moins, s’ils se livrent à
ces escapades oratoires, ce sera à leur.risques et
périls.

— Eh quoi! vous écriez-vous, Gavardie l’inépui-
sable, le parleur à jet continu, capable de rendre
des points pour la quantité aux chutes du Niagara et
pour la qualité aux produits de nos mouilleurs-mar-
chands de vin, —Gavardie ne sera plus libre d’ac-
caparer la tribune pendant des heures ou d'en esca-
lader les degrés toutes les cinq minutes, de déclarer
qu’il y couchera plutôt que d’en descendre, de
remonter jusqu’au déluge à propos de bottes, de
rouvrir avec de fausses clés toutes les questions
fermées, d’empêcher enfin le Sénat de voter en
rond ?

Mon Dieu, non.

— Comment ! cet aimable marquis de l’Angle-
Beaumanoir qui, au doux temps de l’ordre moral,
se payait le plaisir de prendre, comme préfet, un
arrêté pour défendre à son père de jouer de la
trompe, — cet aimable marquis n’aura pas le droit,
comme sénateur, de jouer de sa propre trompe
pendant toute une séance, sans s’inquiéter des col-
lègues qui ne peuvent pas souffrir ce fastidieux
instrument?

Mon Dieu, non.

— Au moins, l’illustre, l’incomparable, le magis-
tral Chesnelong, qui a pour spécialité de « clouer
au pilori la politique antireligieuse et antifrançaise
d’un minisière qui... «(voir la suite dans n’im-
porte quel numéro du Monde), —au moins ce génial
Chesnelong aura-t-il le privilège de laisser couler
à flots son « éloquence vengeresse » et... (voir la
suite ibid)?

Jamais !

— On ne fera d’exception ni pour Baragnon (Nu-
ma) dit le Rempart de Nîmes, ni pour le révérend
Lucien Brun, ni pour Kerdrel-Morbihan, ni pour
Fresneau, ni pour Paris surnommé le Vaisseau-
Fantôme... ou le Revenant, je ne sais plus ?

Pas l’ombre d’une exception. Tout discoureur in-
tempérant saura ce qui lui pend au nez.

— Oui, des pénalités sérieuses. Mais quelles ?

Sans doute le fameux petit local (interviewer
M. Baudry-d’Asson pour les détails du traitement),
la suppression de l’indemnité mensuelle, le travail
forcé... à temps.

— A perpétuité, ce serait encore plus sérieux.

Le Charivari n’y verrait pas d’inconvénient.

Cependant, si l’on nous consultait, nous conseil-
lerions d’appliquer de préférence aux sénateurs
portés à s’émanciper les peines qu’on inflige aux
écoliers dissipés et bavards.

« Eiève Gavardie, prononcerait le président, je
vous flanque au piquet pour huit jours! »

Ou bien :

« Elève Paris, vous me copierez pour demain le
premier chant de l’Iliade. »

Ou encore :

« Elève Chesnelong, vous me conjuguerez cent
fois le verbe J'abuse de la tribune... et de la patience
du Sénat. »

L’adoption de ce genre d’exercices donnerait vite
des résultats. Les plus mauvaises têtes de la grande
classe du Luxembourg s’amenderaient à vue d’œil.
Double bénéfice : moins de discours et plus de be-
sogne.

Robert Hyenue.

AVIS IMPORTANT

Sur la demande de nombreux abonnés, nous venons
de faire tirer une nouvelle série de nos MENUS CHA-
RIVARIQUES, le grand succès du jour, la gaieté des
dîners de la saison.

Cetie série de VINGT DESSINS DE GREVIN est

irée avec luxe sur carton teinté et doré. D’un côté, le
croquis avec légende et la place pour le nom du con-
vive ; de l’autre, la place pour écrire le menu.

Nous livrerons ces menus aux abonnés et lecteurs du
Charivari a un prix exceptionnellement réduit de moitié
sur le prix du commerce, soit :

LA SERIE DE VINGT DESSINS, 5 fr., dans une
boîte élégante.

La même, FINEMENT COLORIÉE, 6 fr.

[Ajouter, pour le port, 50 centimes par boîte.)

01 DIRA POURQUOI

la plus grande concurrence du Jour

est le Chapeau RENÉ PINEAU,
94» Rue Richelieu, 94.

CHRONIQUE DU JOUR

On chercherait à se le dissimuler « qu’on ne change-
rait rien à ia réalité des faits » : nous sommes dans le
siècle des expositions.

On en annonce de toutes sortes ; et notamment,
pour les jours qui viennent, celle de la meunerie, bien-
tôt suivie de celle du harnachement.

Le but avoué est « le progrès de l’industrie ».

Le but caché, dont oh n’ose parier, est le dé-
veloppement de la haine de l’homme pour l’homme.

Déjà deux patentés exerçant le même commerce dans
deux boutiques contiguës se jalousent et se détestent.

Les rassembler, au nombre de cent-cinquante, c’est
exciter en eux les sentiments les plus blâmables.

Et, comme si ce n’était pas encore assez, on décerne
des prix ; on établit un ordre de mérite !.

Enfin, ça durera ce que ça pourra ; mais, en atten-
dant, des malheurs sont à craindre.

Quant à l’exposition de la meunerie, un journal a
publié et les autres ont docilement répété que le pa-
villon de la Ville de Paris ne suffisant pas à la contenir"
on s’occupait, en ce moment, de construire une annexe
qui aurait la forme d’un « chalet ».

Pour la millième fois je suis choqué par une faute de
langage qui, en effet, est des plus répandues ; et si ie
me permets de l’indiquer, ce n’est bien sûr pas parce
que j’ai l’intention de la corriger à tout jamais.

L’habitude est donc, en France, d’appeler chalet une
maison généralement construite en bois et qui affecte
les lignes architecturales des maisons suisses : escalier
extérieur, très nombreuses et très petites fenêtres, toit
aplati... Vous voyez cela d’ici.

Or, en Suisse, où l’on doit s’y connaître, le chalet
n’est pas fait pour loger l’espèce humaine, mais bien
l’espèce bovine. C’est une cabane faite de madriers de
sapin ou de mélèze et qui est située dans les herbages
de la montagne pour abriter les vaches en cas de mau-
vais temps.

Figurez-vous qu’on élève à Berne un de nos gros
immeubles de rapport du boulevard Haussmann ou de
la rue de Rivoli, et qu’un Bernois, passant devant cette
maison de pierres, s’écrie :

— Oh ! la belle étable 1...

On commettrait une erreur analogue à celle que j’ai
pris la liberté de signaler.

Si je voulais continuer cette chasse aux pataquès je
m’attaquerais à un autre entrefilet qui a couru la presse
cette semaine.

Il s’agissait du jardin de plaisir, célèbre autrefois sous
le nom de Tivoli. Et, dans l’article archéologique qui
lui était consacré, l’auteur n’avait pas l’air de savoir
que Paris avait eu trois Tivolis successifs et non un.

Le premier, créé sous le Directoire, était situé rue
Saint-Lazare ; et vous devinerez son emplacement quand
je vous aurai dit qu’il a été détruit pour livrer passage
a la rue Notre-Dame-de-Loreite.

Le second s’ouvrit vers 182b, dans l’angle compris
entre les rues de Clichy et Saint-Lazare. (Je crois que
c’est sous ses ombrages que se passa l’amuaante «scene
de la valseuse » racontée par Paul de Kock dans ses
Mémoires et dont il dit avoir été le héros.)

Le troisième, établi dans l’ancien parc de laBouxière,
a été absorbé par la création du quartier Vintimilie, et
on n’en retrouve plus 'que quelques arbres épars dans
les jardins des maisons avoisinant le square. Il en est
fait mention plusieurs fois par Gavarni, a propos de la
prison pour dettes, qui lui était contiguë.

Du reste, le nom de Tivoli est si joli... (Tiens, quelle
assonance : « Tivoli — si joli!... » )

Je reprends :

Il est si joli, ce nom, si avantageux par sa brièveté et
son euphonie, qu'il ne disparaît jamais pour longtemps
de la surface des murs de Paris.

Nous avons tous pu connaître le petit théâtre Tivoli,
qui était situé sur ie boulevard de Clichy, en face du
cimetière Montmartre.

On y faisait de très honorable, sinon de très bonne
besogne dramatique.

Une même troupe à tout faire jouait alternativement
l’opéra, le drame et le vaudeville.

Quand on passait, par exemple, de la Favorite iRny
Blas, le Fernand de la veille devenait Ruy Blas, te
moine Balthazard faisait don César de Bazan, et Al-
phonse se transformait en don Salluste.

Le troisième jour on donnait les Canotiers de la Seine;
et l’acteur qui s’etait montré dans les rôles de Balte-
zard et de don César de Bazan, remplissait celui de
Boufîe-Toujours.

Je regrette de ne pas savoir les noms de ces camé-
léons ; mais je puis toujours dire que leurs prouesses
datent delà fin de 1871, c’est-a-dire du moment ou
« l’année » commençait à n’ètre plus « terrible ».

Il y a trente ans, chacun de nous aurait tenu prêt son

PARIS-TABLETTES

NOTES D’UN IIOULEVAUDIER

C’est pour aujourd’hui.

Grande première au Palais de l’Industrie, devenu
pour la circonstance le Palais de l’Ecurie.

Il faut avoir sans doute un dilettantisme spécial pour
déguster ces bonheurs-là. Dilettantisme qui me man-
que absolument.

Je suis entré un jour dans la grande cage des Champs-
Elysées, alors que le concours hippique y tenait ses
séances enivrantes. On y gelait horriblement; pre-
mière attraction. Sur des gradins rembourrés, de pau-
vres dames en grande toilette pâlissaient, rougeoyaient,
verdoyaient. On sentait que les malheureuses auraient
donné cent sous d’une chaufferette. Mais alors que fai-
saient-elles là?

Gomme récréation suprême, on leur servait, ce jour-
là, les courses au trot. Quelles délices I

Imaginez-vous, pendant des heures entières, des
chevaux exécutant je ne sais combien de tours de piste.
Quand je dis des chevaux, il est entendu qu’un seul

figurait à ia fois. Il fallait avoir sa montre à la main et
prendre des notes pour savoir s’il avait mis plus ou
moins de temps que les autres à exécuter son insup-
portable parcours.

Ajoutez comme charme une poussière âcre qui vous
prenait à la gorge et aux yeux, une senteur de moisi et
de crottin panachés. Et toujours l’onglée, et toujours
les bouts du nez rouges, et toujours les pieds gelés.

Ces félicités paradisiaques ne coûtaient que cent sous
par tète. C’est pour rien.

Mais la mode ordonne, ses esclaves obéissent.

Si demain elle décrétait qu’il est pschutteux d’aller à
minuit s’asseoir en robe décolletée au Champ de Mars
sur des bancs de bois, il y aurait d’intrépides élégantes
qui se disputeraient les places.

N'étant pas de la paroisse, je passerai, si vous le vou-
lez bien, à d’autres exercices.

Voilà donc cette bonne Comédie-Française sur la sel-
lette. Quel drôle de peuple nous sommes 1 Dire que
nous faisons des révolutions comme nous changeons la
forme des chapeaux, la coupe des culottes, et qu’à tra-
vers ces déchaînements, ces effondrements, ces fréné-
sies, nous laissons subsister dans une tranquille inamo-
vibilité certains abus qui n’ont d’autre raison d’être
que d’avoir été, certaines fondations saugrenues nées
du caprice d’un despote désireux de poser pour la gale-
rie.

C’est l’histoire du décret de Moscou auquel nous de-
vons encore, à l’heure qu’il est, l’organisation extrava-
gante de noire première scène.

Un beau jour, Bonaparte, ce grand cabotin qui
pensait tout le temps qu’à jouer les épateurs, se dit 5UI
laut étonner le peuple français par quelque bizarreto
quade. Du même coup il espère donner le change sut
les effroyables transes que devait lui causer une
dition folle, courant à un désastre formidable.

Il rédige donc le décret de Moscou à l’usage des a
dauds, pour leur faire répéter en branlant la tète:

— Quel géniel Quel dentiste! Il n’y a que lui. ^
en train de mener la France à sa ruine et trouver e
core le temps de penser à la maison de Molière!

Ce décret de Moscou doit être suspect rien îue PoU
sa provenance. , e„ ’

Ce Bonaparte qui avait du génie d’autre part étal>
matière d’art et de littérature, le plus incoinp®1611
vandales. . ,aurait

U a eu beau dire que si Corneille vivait, u ^
fait prince, — ce qui est d’ailleurs une phrase
vu que Corneille tout court est un grand homme. ___
que le prince Corneille aurait tourné au polichine 1

a effet, toujours^,
rien. Pal

quent, il me suffit qu’il soit le père du décret de

il a eu beau lancer cette phrase a eue», jSe-

épater, cet empereur n’y connaissait T'ea\^ ÿ0scoi

pour que j’aie de la méfiance.

Met
«e cô
Eh
révol
bit!

Pas.
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