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Le charivari — 58.1889

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Janvier
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CINQUANTE-HUITIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

MARDI 1er JANVIER 1889

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PARIS

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Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

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ADOLPHE EWIG, FERMIER DB LA PUBLICITÉ
92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

Les ateliers étant fermés aujourd'hui, Jour de
l'An, le Charivari ne paraîtra pas demain mer-
credi.

BULLETIN POLITIQUE

Année 1889, j’ai l’honneur de vous saluer.

Lejour où vous entrez en scène, cela n’engage à
rien Je ne réponds pas, par exemple, qu’on doive
être aussi honoré de se découvrir devant vous le
jour où vous quitterez le monde ; car vous vous an-
noncez d'une façon un peu bien tapageuse, An-
née 1889 !

Et il faut se méfier toujours de ces coups de tam-
tam préliminaires.

Vous êtes aussi placée dans la situation d’un homme
qui hérite d’un nom illustre. C’est toujours lourd à
porter, ces héritages-là.

Vous êtes l’Année du Centenaire, et pour vous le
millésime est écrasant. En 1789, tous les espoirs.
Pourvu qu’on n’aille pas dire de vous, après votre
décès : Tous les regrets !

Vous vous présentez assez mal, ô 1889, malgré vos
prétentions commémoratives, et vous aurez affaire à
de gros embarras dès les premières journées de votre
existence.

Ce mois de janvier au seuil duquel nous sommes
ne s’achèvera pas sans que vous ayez été mise en
demeure de rendre à la République un signalé ser-
vice ou de lui porter un coup funeste.

Encore l’élection de Paris ne sera-t-elle qu’un pré-
lude à la grande épreuve du scrutin décisif. Com-
ment vous et nous en tirerez-vous ?

Je ne vous crois pas capable, même si telle pou-
vait être votre mauvaise intention, de renverser la
République au profit d’une dictature ou d’une mo-
narchie. Non, cela, vous ne le ferez pas. Mais cette
garantie est insuffisante à nous tranquilliser ; car
nous ne nous contenterons pas d’une République qui
végète, nous voulons une République qui vive.

Et l’on a pas mal végété depuis quelque temps.

Si vous laissez les choses eu l’état, c’est-à-dire si
les partis continuent à être aussi morcelés, aussi
tiraillants, nous n’aurons guère à nous féliciter de
votre venue, et la consultation solennelle n’aura
rien sauvé.

Je sais bien qu’en matière de consultation, c’est
déjà beaucoup de ne tuer personne. Mais vous auriez
mieux à faire tout de même, si vous étiez sincère-
ment pénétrée du désir de nous être utile.

Il faudrait commencer par restaurer le bon sens
en France. Ce n’est pas facile.

_ H faudrait aussi nettoyer toutes les écuries d’Au-
gias. Ecuries politiques, écuries financières, écuries '
littéraires, écuries artistiques. Quel retroussage de
manches I Et que de balais à user I

Y suffirez-vous? J’en doute. Mais tout au moins
si vous commenciez la besogne, il y aurait à vous

tenir compte de votre bonne volonté, et ce nettoyage
serait un des spectacles les plus intéressants que
vous pussiez offrir à l’Europe convoquée pour l’Ex-
position.

A ne rien vous cacher, j’ai, jusqu’à preuve con-
traire, grand’peur que votre devise ne soit : « Beau-
coup de bruit pour rien. »

Qui vivra verra. A vous la pose, An de grâce... ou
de disgrâce 1

Pierre Yéron.

ON DEMANDE 1 DÉSAVEU

Qu’il est donc terriblement remuant, M, le cardinal
Lavigerie !

En parlant d’un cardinal, il serait peut-être irrévé-
rencieux de l’appeler « mouche du coche ». Mettons
donc « bête à bon Dieu », si vous voulez, vu sou ca-
ractère sacerdotal.

Ce qu’il y a de bien certain, c’est qu’il veut avoir
l’air de faire marcher le coche, quand, en réalité, il
ne sert pas à grand’chose.

Jamais ambition d’Eglise ne s’était aussi audacieu-
sement manifestée. N’est-on pas allé jusqu’à donner
déjà M. Lavigerie pour un futur pape ? Etoile en
herbe, aurait dit l’imagé confrère que vous savez.

Si les trémoussements de M. Lavigerie n’étaient
que sans gloire pour lui, il n’y aurait pas lieu de s’en
soucier. Mais ils ne sont pas sans péril pour nous,
surtout dans l’état de nos relations actuelles avec
l’Italie.

Le cardinardélion — bonorons-le d’un mot nouveau
— fourre les bras jusqu’au coude dans la politique
internationale, sous prétexte d’anti esclavagisme. Et
j’te remue ! Et j’te bouleverse ! Et j’te tripote !

A chaque instant, par une maladresse ou par un
excès de zèle, il risque de nous compromettre.

Est-ce qu’on ne pourrait pas, par quelque note
officielle insérée au bon endroit, faire savoir poli-
ment mais utilement, urbi et orbi, que le cardinar-
délion se mêle d’un tas de choses qui ne le regardent
pas, que ses ardeurs n’engagent que lui-même, et
que s’il se décidait à se tenir un peu tranquille, il
rendrait service à tout le monde, y comprislui-même?

Paul Girard.

—— -——♦———-

THÉÂTRES

GAITÉ : La Fille du Tambour-Major.

Le mouvement se prouve en marchant. Au théâtre
la stérilité se prouve... en reprenant.

Et, malheureusement pour notre époque, les
reprises y tiennent une place d’autant plus grande

que la production nouvelle devient moins heureuse.

Le Charivari constatait l’autre jour que cinq
théâtres littéraires vont jouer à lafois de l’Alexandre
Dumas. La musique d’opérette est, elle aussi, forcée
de recourir sans cesse au rétrospectif, et tandis que
le Petit Duc s’ébat à l’Eden, la Fille du Tambour-
Major fait son entrée victorieuse sur la scène de la
Gaîté.

Elle m’a toujours beaucoup plu, cette Fille du
Tambour-Major, avec son joyeux chauvinisme, ses
complications primitives et sa bonhomie toute Scri-
bique.

Elle ne s’est d’ailleurs pas donné la peine d’aller
chercher midi à quatorze heures. Tout simplement
c’est une réédition avec variantes d’un vieux livret
qui avait fort bien réussi à la Fille du Régiment.

Ces deux demoiselles sont sœurs ou tout au moins
cousines germaines.

La première fois que parut la Fille du Tambour-
Major, c’était peu de temps après nos désastres. Le
public avait besoin de se remonter un peu le
moral. Aussi, quand on lui montra notre drapeau
acclamé et triomphant, il y eut comme une détente
nerveuse et toute la salle fut prise d’enthousiasme.

Cet enthousiasme-là est plutôt'du patriotisme que
du dilettantisme, on doit le reconnaître. Il contribua
puissamment à la vogue de l’œuvre.

Aujourd’hui qu’on la juge pour elle-même, on n’en
reconnaît pas moins qu’elle mérite son heureuse for-
tune.

Offenbach, même vieilli, était resté verveux.
Il savait comme pas un emballer son auditoire par
la puissance du rythme, par la franchise du motif.

Cela vous jaillit avec une spontanéité qui entraîne.
Puis, comme contraste, il se plaît parfois à soupirer
quelque phrase tendrement sentimentale. Apiès quoi
il reprend son élan endiablé.

C’est toujours uue épreuve périlleuse pour les piè-
ces qu’un changement de cadre. On a une tendance
à taire trop grand aujourd’hui. Mais si cette critique
est en général fondée, je constate qu’elle n’a pas sa
raison d’être cette fois. La Fille du Tambour-Major
comporte parfaitement le développement scénique
que la Gaîté lui a donné.

Disons même que, sur la scène minuscule des
Folies-Dramatiques, cette opérette militaire était
singulièrement à l’étroit. Le plumet du tambour-
major avait l’air de dépasser les frises.

A la Gaîté, on a ajouté tout un tableau : mise en
action d’uu récit jadis un peu refroidissant. On fait
manœuvrer devant la rampe une petite armée. On a
intercalé un ballet pimpant, qui s’agite tandis que
d’anciens airs d’Offenbach, pris çà et là, le mènent
rondement.

Le spectacle est tout à fait varié et délassant.

Il n’est pas non plus dépourvu de son petit à-pro-
pos philosophique.

A l’heure où l’Italie oublie si facilement son his-
toire, il y a dans ce libretto bon enfant plus d’un mé-
mento opportun.

Et le spectateur de 1888, sans y voir autrement
malice, n’était pas fâché d’applaudir une opérette
qui rappelait que nous savons, quand besoin est, en-
trer à Milan soit comme libérateurs, soit comme
vainqueurs.
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